Citations de Thomas H. Cook (526)
Avec le temps, on oublie la douce exaltation qui nous saisit la première fois que l'on s'adresse à vous comme à un adulte. Moi, ce fut ce que je ressentis à cet instant-là : une douce exaltation, la sensation qu'une partie de mon enfance venait d'être arrachée et mise de côté, que l'homme en-dessous recevait la permission de commencer à respirer tant bien que mal.
- Il avait l'air de quelqu'un qui aurait été heureux de mourir.
- Pourquoi ?
- Une certaine tristesse. Dans ses yeux. Ça se voit souvent chez les gens plus vieux.
« Un artiste ne doit obéir qu’à ses passions...
Tout le reste n’est que noeud coulant autour de son cou. »
- Sauver un homme d'une passion stérile, je tenterais sans doute de la faire aussi, reprit-il. Après tout, une passion peut s'éteindre. Mais pas un mystère, Paul, à moins de le résoudre.
Je me remémore souvent des vieux souvenirs. Je crois que ça nous aide à continuer notre route de là où nous sommes. Chose qu’on ne peut pas faire si on n’a pas réfléchi au passé, découvert ce qui est réellement arrivé.
Elle l'avait conduit à la kermesse du comté et observé avec lui les autres enfants qui s'aventuraient sans peur dans la Maison hantée ou sur les manèges. Ils prenaient des risques devant lesquels Graves se dérobait, ils voulaient connaître la peur parce qu'ils n'avaient jamais connu la terreur.
Car la vie ne vaut d'être vécue qu'au bord de la folie.
Dans la philosophie bouddhiste, on raconte l'histoire d'une femme dont le mari était mort. Elle le pleurait, était entièrement absorbée par son chagrin. Elle est allée voir le Bouddha. Et le Bouddha lui a ordonné de préparer une tisane composée d'herbes très simples. Mais ces herbes devaient être cueillies dans des propriétés où personne n'était jamais mort, où la mort n'était jamais entrée.
Reardon hocha la tête.
- La femme n'a jamais pu trouver un endroit où personne n'était mort.
Reardon regarda Melinda d'un œil avide.
- Vous ne comprenez pas ? Cette femme s'est rendu compte que tout le monde a du chagrin, que tout le monde souffre de la mort de quelqu'un qu'il aimait, parent ou mari. Mais que tout le monde apprend à le supporter.
Avec le temps, on oublie la douce exaltation qui nous saisit la première fois que l'on s'adresse à vous comme à un adulte. Moi, ce fut ce que je ressentis à cet instant-là : une douce exaltation, la sensation qu'une partie de mon enfance venait d'être arrachée et mise de côté, que l'homme en dessous recevait la permission de commencer à respirer tant bien que mal. (p. 58)
Avec le temps, tout change, sauf le passé...
Pour les autres professeurs, j'avais toujours été décevant, un élève qu'ils supportaient parce qu'il était le fils du directeur, un garçon peu prometteur et sans ambition, un "bon petit", ainsi que je l'avais entendu dire par mon père d'un ton qui m'avait frappé par son extrême condescendance, une manière de dire que je n'étais et ne serais jamais rien.
Un voyageur pénètre le monde qu'il visite, alors qu'un touriste apporte son propre monde avec lui sans jamais voir celui où il se trouve.
- La terre d'origine, quelle importance ? dit Farouk avec indifférence. Nous venons tous de par là, ajouta-t-il, montrant la baie [de NY] de la main. Vous, vous venez de Pologne ?
- Peut-être de Russie, peut-être de Pologne, dit Fischelson. Selon le jour de la semaine où on partait.
Farouk se mit à rire.
- Les frontières changeaient tout le temps, dit Fischelson. J'avais neuf ans. Qu'est-ce que j'en savais ?
- L'intelligence est la mort de la sagesse, Paul.
Je vis en lui le parfait spécimen de l'agressivité crasse de cette part de l'humanité qui s'asphyxie irrémédiablement sous les plis de sa terrible intransigeance.
La vengeance a un goût amer.
"Vois, l'hiver est fini, la pluie a cessé pour de bon. " Ce vers du Cantiques des cantiques prononcé lors de l'enterrement de Mlle Channing résume, à mon avis, toute la tragédie de ce roman.
Ça m'a plu de voyager avec toi, de te parler, de t'écouter.
- Moi aussi, bien sûr.
Elle se mit à rire.
- Tu sais, dans un roman, une scène pareille serait d'une mièvrerie !
- Oui, c'est sûr, chuchotai-je. Sauf que dans la vie ces moments-là, ce sont souvent les plus beaux.
Parfois, aucune autre issue ne s'offrant à nous, nous n'avons d'autre solution que de continuer d'avancer sur la même route.
Au bout du compte, Warren était peut-être moins un perdant qu'un homme qui avait beaucoup perdu.