Citations de Thomas H. Cook (526)
Je connaissais parfaitement l'idée que mon père se faisait du bonheur, les satisfactions qu'il signifiait pour lui : une vie marquée par des événements prévisibles et de faible portée, étriquée et sans inspiration, pâle compensation aux aspirations plus profondes et plus insistantes qui devaient bien le tenailler de temps à autre.
Aussi longtemps que nous aurons notre histoire, (...) nous posséderons une partie de nous-mêmes.
Tom eut l'impression qu'elle était de ces gens qu'on a simplement plantés sur terre comme des herbes sèches - qui ne sont la mère, la soeur, la fille de personne. Son père avait eu cet air-là, celui d'avoir débarqué adulte dans l'existence et d'avoir vécu sans rien qu'on puisse appeler une vie, sans rien qu'on puisse appeler une mort. Il s'était simplement arrêté au milieu de quelque chose qui n'était rien.
Peu de gens comprenaient que tous les jours de leur existence conduisaient à un seul but. Ils se dispersaient dans mille directions futiles alors qu'il n'existait qu'une seule véritable direction de l'existence - celle qui passait par la pupille de l'oeil de Dieu, dans la félicité de l'union ultime et éternelle.
- Il avait l'air de quelqu'un qui aurait été heureux de mourir.
- Pourquoi ?
- Une certaine tristesse. Dans ses yeux. Ça se voit souvent chez les gens plus vieux.
Tu veux faire de tout une chose nouvelle, Tom, avait dit Gentry, une fois. Mais le problème, c'est que tout est déjà très vieux.
« La vie ne vaut d’être vécue qu’au bord de la folie . »
« En un pareil moment, figé par la crainte, le visage de Mme Reed ne devait aucunement ressembler à celui des grandes amoureuses mythiques , Iseult sous sa voile blanche gonflée par le vent, ou Guenièvre attendant héroïquement d’être brûlée vive » ....
« Un artiste ne doit obéir qu’à ses passions...
Tout le reste n’est que noeud coulant autour de son cou. »
« Ce fut alors que les nuages s’écartèrent , laissant tomber sur l’eau un rayon de lune, si bien qu’elle vit la proue blanche d’une barque effleurer brièvement la lisière de la lumière avant de disparaître sous le couvert de l’obscurité . Il y avait quelqu’un dans la barque , silhouette presque entièrement recouverte d’un poncho noir ,ainsi qu’elle le décrirait plus tard.... »
-- Tu ne veux pas me la montrer ?
Je sortis de ma rêverie pour découvrir que Meredith tirait sur la photo que je retenais sans réfléchir entre mes doigts.
-- Bien sûr que si.
Je lâchai la photo et regardai Meredith, qui examina le cliché sans émotion.
--Et pourquoi la cherchais-tu ? s'étonna-t-elle ?
Je haussai les épaules.
--Je ne sais pas. Parce que c'est la dernière où tout semble... (ma voix se brisa) normal.
Un voyageur pénètre le monde qu'il visite, alors qu'un touriste apporte son propre monde avec lui sans jamais voir celui où il se trouve.
Il n'y a rien de pire que la solitude pour vous mettre à genoux.
Nous imaginons notre destruction comme un cataclysme qui fond brusquement sur nous dans un tourbillon d'air et de feu. Mais j'en suis venu à penser que notre chute résulte d'une sape furtive, souterraine, qui mine sans bruit le pourtour du petit abri que nous nous sommes construit, qui trouve la seule planche pourrie que nous avons oublié de renforcer, cette zone d'ombre par laquelle elle peut s'insinuer et faire s'effondrer l'ensemble.
Qu'y a-t-il de plus mystérieux que la souffrance ?
Les hommes sont détruits aussi bien par les petites choses que par les grandes, par les passions les plus intenses que par les besoins les plus triviaux, par des événements aussi considérables qu'une guerre ou aussi minuscule qu'une fausse note.
La souffrance confère un air de mystère.
On est vivant que si l'on sent qu'on est vivant, tout le reste n'est que "mort lente".
Personne n'est vraiment différent des autres. Nous sommes des êtres humains, tout simplement. Normaux. Ordinaires. Sans rien de grandiose. Sans rien de splendide. Nous venons de la poussière et à la poussière nous reviendrons.
Être repoussé de la sorte lors d'avances si timides m'emplissait d'un indicible dégoût de moi-même. Je regardais mes mains et haïssais leurs doigts courts et potelés. Je haïssais mes lunettes et le brun fadasse de mes cheveux. Je haïssais l'alignement de taches de rousseur sur mes avant-bras et la couleur vert gadoue de mes yeux. Je haïssais la moindre odeur, teinte et texture de ma peau. En tout, je me trouvais laid et repoussant, crapaud grotesque que nul baiser ne transformerait jamais en prince. (264)