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Citations de Umberto Eco (1507)


C'est alors que je vis le Pendule.
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5. « Le lecteur de romans policiers, s'il s'auto-analyse honnêtement, établira les modalités selon lesquelles il les "consomme". Au départ, la lecture d'un polar – de type traditionnel – présume la dégustation d'un schéma : du crime au dénouement à travers la chaîne des déductions. Ce schéma est capital et les auteurs les plus célèbres ont fondé leur fortune sur son immuabilité. Il ne s'agit pas seulement d'un schématisme dans l'ordre de l'action, mais d'un schématisme stable des sentiments et des attitudes psychologiques mêmes […].
Non content de cela, l'auteur de polar introduit ensuite une série de connotations (par exemple, les caractéristiques du policier et de son entourage immédiat), telles que leur récurrence à chaque histoire soit la condition essentielle de l'attrait du texte. […]
[…] Si notre auteur favori écrit une aventure où n'intervient pas le protagoniste habituel, nous ne nous rendons pas compte que le schéma de base reste le même ; nous lisons le livre avec une sorte de détachement, aussitôt tentés de le considérer comme une œuvre "mineure", un phénomène transitoire, une réplique interlocutoire. » (pp. 154-155)
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4. « De Hercule à Siegfried, de Roland à Pantagruel en passant par Peter Pan, le héros doué de pouvoirs supérieurs à ceux du commun des mortels est une constante de l'imagination populaire. Souvent, la vertu du héros s'humanise, et ses pouvoirs ultra-surnaturels ne sont que la réalisation parfaitement aboutie d'un pouvoir naturel, la ruse, la rapidité, l'habileté guerrière, voire l'intelligence syllogistique et le sens de l'observation à l'état pur que l'on retrouve chez Sherlock Holmes. Mais dans une société particulièrement nivelée, où les troubles psychologiques, les frustrations, les complexes d'infériorité sont à l'ordre du jour, dans une société industrielle où l'homme devient un numéro à l'intérieur d'une organisation qui décide pour lui, où la force individuelle, quand elle ne s'exerce pas au sein d'une activité sportive, est humiliée face à la force de la machine qui agit pour l'homme et va jusqu'à déterminer ses mouvements, dans une telle société, le héros positif doit incarner, au-delà du concevable, les exigences de puissance que le citoyen commun nourrit sans pouvoir les satisfaire. » (p. 131)
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3. « […] Si la problématique d'une narrativité de masse a un sens – et si les problèmes actuels trouvent leur anticipation dans les phénomènes du marché littéraire des XVIIIe et XIXe siècles –, _Les Mystères de Paris_ constituent un terrain idéal pour une analyse cherchant à établir la façon dont se rejoignent et s'influencent mutuellement une industrie culturelle, une idéologie de la consolation, et une technique narrative du roman de grande consommation. » (p. 64)
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2. « Que l'industrie du roman génère en son sein ses propres anticorps "problématiques", que _Eugénie Grandet_ paraisse la même année que _Les Derniers jours de Pompéi_ de Bulwer-Lytton, que _Les Fiancés_ de Manzoni soient contemporains des premières revues de mode d’Émile de Girardin, et que _La Case de l'Oncle Tom_ sorte en même temps que _Moby Dick_, tout cela est un autre discours, dialectiquement lié au premier. Le roman prend conscience de sa fonction superstructurale et la refuse pour s'en choisir une autre. Au début, Balzac est assez sanguin et dénué de scrupules pour écrire tout en gardant à l'esprit les formes du feuilleton ; après lui, d'aucuns renonceront au contact avec le public, ce qui nous mène droit à Proust et à Joyce. Cependant, les deux démarches ne sont pas radicalement indépendantes, du moins pas autant que la critique pointilleuse de notre siècle a voulu le décréter, séparant les deux univers, taxant celui du roman populaire de sous-culture (quitte à encenser comme étant de la littérature les remake de feuilletons soigneusement refondus sous un angle contemporain, quand la critique avait égaré les termes de comparaison). » (pp. 24-25)
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1. « On comprendra donc l'intention provocatrice avec laquelle, jeune universitaire de trente ans, j'avais présenté une communication sur les BD de Superman. Afin d'étayer mon propos "scientifique", j'avais émaillé mon texte de réflexions philosophiques et sociologiques, tout en étalant sur la table un recueil complet des comic books de Superman. J'ai souffert en tant que collectionneur mais ai savouré un grand triomphe en tant que sémioticien lorsque je me suis aperçu qu'à l'issue de ma communication, sous prétexte de me poser des questions et de me féliciter, de sévères pères dominicains avaient escamoté dans leurs amples manches plusieurs exemplaires de mes comic books, tandis que les laïcs avaient eu recours à de profondes serviettes de cuir. Je ne sais si mon intervention a influencé les enquêtes théologiques suivantes, mais il est certain que la théologie a influencé les développements successifs de Superman ; en effet, des années plus tard, il serait difficile de ne pas voir dans le film homonyme une version "christologique" de Superman, auquel Marlon Brando, fusion ambiguë de Dieu et saint Joseph, donne un aval mystique. Quant aux récents comic books sur la mort de Superman, l'élément sacrificiel y est très fort. » (pp. 9-10)
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Pour vendre la révélation d'un complot, je ne devais fournir à l'acquéreur rien d'original, mais bien seulement et spécialement ce qu'il avait déjà ou appris ou qu'il pourrait apprendre plus facilement par d'autres canaux. Les gens ne croient que ce qu'ils savent déjà.
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A quoi bon dire que tous les problèmes de l'Europe moderne se forment, tels que nous les ressentons aujourd'hui, au moyen-âge, de la démocratie des communes à l'économie bancaire, des monarchies nationales aux révoltes des paysans : le moyen-âge est notre enfance à laquelle il nous faut toujours revenir pour faire une anamnèse.
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L'Ur-fascisme est toujours autour de nous, parfois en civil. Ce serait tellement plus confortable si quelqu'un s'avançait sur la scène du monde pour dire: " je veux rouvrir Auschwitz, je veux que des chemises noires reviennent parader dans les rues italiennes ! "
Hélas, la vie n'est pas aussi simple. L'Ur-fascisme est susceptible de revenir sous les apparences les plus innocentes. Notre devoir est de le démasquer, de montrer du doigt chacune de ses nouvelles formes - chaque jour, dans chaque partie du monde.
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Il y a un point essentiel ou un menteur politique diffère des autres de la faculté, qu’il ne doit avoir une courte mémoire, qui est nécessaire, selon les diverses occasions qu’il rencontre à chaque heure, de différer de lui-même, et de jurer des deux côtés d’une contradiction, comme il trouve les personnes disposées avec qui il a affaire. […] La supériorité de son génie ne consiste en rien d’autre qu’un fonds inépuisable de mensonges politiques, qu’il distribue abondamment chaque minute qu’il parle, et par une générosité sans pareille oublie, et par conséquent contredit, la demi-heure suivante. Il n’a jamais encore examiné si une proposition était vraie ou fausse, mais s’il était commandé pour la présente minute ou société de l’affirmer ou de le nier ; de sorte que, si vous croyez devoir l’affiner, en interprétant tout ce qu’il dit, comme nous faisons des rêves, au contraire, vous devez encore chercher, et vous vous trouverez également déçu si vous croyez ou non.
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Dans la mauvaise foi, celui à qui l'on ment et qui ment est la même personne, ce qui signifie que je devrais connaître, en tant que trompeur, la vérité que je me cache à moi-même, le trompé.
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Pour prouver qu’un faux est un faux, on doit alors fournir une preuve d’authenticité de l’original supposé.
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Un document est faux si les faits extérieurs qu'il rapporte ne peuvent être connus à l'époque de sa production.
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Avec l’ironie, on dit le contraire de la vérité ("Tu es très intelligent", "Mais Brutus est un homme d’honneur"), et l’ironie fonctionne si l’interlocuteur connaît la vérité. Pour l’aider, on élabore des signaux d’ironie comme faire un clin d’œil, se gratter la gorge, donner une intonation particulière à sa voix, et à l’écrit, utiliser les guillemets, les italiques ou carrément (quelle honte) les points de suspension (cf. Weinrich, Linguistique du mensonge). Mais si l’interlocuteur est stupide, aucun signal d’ironie n’est suffisant, alors autant se jouer de lui. Et voici que l’ironie présuppose un rapport triadique. La victime ne comprend pas l’ironie du menteur (elle prête donc foi à un mensonge) et seul un tiers témoin de l’échange comprend ce que l’ironiste voulait dire – si bien qu’ironiste et témoin se moquent de la victime.
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Celui à rapport monodique, c'est la mauvaise foi, par laquelle quelqu'un, qui connaît la vérité, se ment à lui-même - et en général finit par y croire. Dans la mauvaise foi, celui à qui l'on ment et qui ment est la même personne, ce qui signifie que je devrais connaître, en tant que trompeur, la vérité que je me cache à moi-même, le trompé.
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A fortiori en diplomatie, il est dangereux et déconseillé de dire la vérité, et nous-mêmes, nous recourons amplement aux mensonges diplomatiques, dans nos petits jeux de diplomatie quotidienne, quand on se dit enchanté de connaître quelqu’un que l’on aurait volontiers évité de rencontrer, ou quand on refuse une invitation à dîner en prétextant une maladie pour ne pas dire que la cuisine de ces hôtes est notoirement infâme.
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Mentir, c'est dire le contraire de ce que l'on considère être le cas (...).
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Comme la littérature dit ce qui est le cas dans un monde possible différent du nôtre, le mensonge est seulement l'une des manières de dire ce qui n'est pas le cas dans le monde réel.
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La fumée qui s'élève d'une flamme qui se trouve devant nous n'est pas un signe parce qu'elle ne me dit rien que nous ne sachions déjà ; mais la fumée qui s'élève du haut d'une colline est signe d'un feu que nous ne voyons pas et pourrait être le fait d'Indiens qui signaleraient par là quelque chose, mais quelqu'un pourrait aussi la produire chimiquement pour me faire croire à un feu inexistant, ou pour me convaincre que sur la colline il y a des Indiens (alors que ce n'est pas vrai).
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Le mensonge est l'un des thèmes les plus débattus dans l'histoire de la logique et de la philosophie du langage, sans parler de l'éthique et des sciences politiques.
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