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Critiques de Valerio Evangelisti (105)
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Le fantôme d'Eymerich

Voilà, c'est fini. le cycle Eymerich débuté en 1994 se termine avec ce douzième volume. Construit comme les précédents ouvrages, il transporte le lecteur dans l'Europe médiévale aux côtés de l'Inquisiteur Eymerich lors du Grand Schisme d'Occident, dans le futur cauchemardesque auprès du physicien Marcus Frullifer réfugié au sein de la République libertaire de Catalogne pour construire l'astronef Malpertuis, puis dans une dimension lointaine proche du Point Omega dans laquelle l'humanité a évolué.



Le serpent finit par se mordre la queue, Eymerich par rencontrer son double, l'humanité par revivre les anciennes croyances, Mithra renaissant dans les catacombes alors que Grégoire XI vient de mourir et qu'Urbain VI est élu pape, et la Catalogne libertaire de 36 de rejaillir dans le futur…



La lecture d'un Evangelisti n'est jamais consolatoire, mais comme il fascine..Lui seul sait jouer à saute-mouton, passer de Raymond Lulle et de l'Ars Magna, machine logique pour convertir les hérétiques, aux bases lunaires, et au pouvoir de l'ADN fantôme … J'ai particulièrement aimé la partie consacrée à la République catalane libertaire calquée sur celle de la guerre d'Espagne (ambiance, structures, clins d'oeil divers comme l'aéroport Durruti et le groupe Federica Montseny!)



Que d'intelligence et de culture dans ce cycle décidément unique, qui tend vers l'approche holiste de Teilhard de Chardin et emporte son lecteur toujours dérouté vers le Point Oméga, lui ouvre des perspectives, lui offre au gré des volumes d'innombrables pistes de lectures historiques, scientifiques, métaphysiques, et ce toujours à la croisée des genres. Inclassable.
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Black Flag

« Black Flag » est mon 1er Valerio Evangelisti. Cette rencontre ne restera pas isolée. « Black Flag » est un roman bancal, inégal, bourré d’imperfections mais aussi passionnant, riche et diablement efficace.



Le roman est structuré en 3 parties distinctes. Le prologue et l’épilogue font référence à l’opération militaire américaine au Panama en 89, la mal nommée opération « Just Cause ». Le reste du roman alterne des chapitres se déroulant à l’aube de l’an 3000 sur une Terre ressemblant à un immense hôpital psychiatrique laissé à l’abandon où les schizos et les psychopathes se massacrent joyeusement et chapitres se déroulant lors de la Guerre de Sécession. Ces différentes parties ne vont pas finir par se rejoindre mais plutôt proposer des correspondances entre elles, des liens thématiques ou de cause à effet plus ou moins forts. Ces différentes parties sont d’intérêt inégal. Si la partie panaméenne et la partie futuriste se lisent bien et proposent des idées intéressantes, elles sont tout de même très nettement inférieures à l’histoire se déroulant pendant la Guerre de Sécession. La partie panaméenne fait la jonction entre les deux époques qu’on va suivre et c’est plutôt bien trouvé mais cette partie est trop peu développée pour déployer pleinement ses idées. Quant à la partie futuriste, elle est un peu plombée par son ultra-violence. Le reste du récit est très violent également mais traversé par des éclairs d’humanité et surtout peuplé de personnages beaucoup plus intéressants. En l’an 3000, aucune lueur d’espoir ne vient atténuer la violence et aucun personnage ne suscite la moindre empathie. Même le personnage de Lilith, pourtant complexe et ambivalente, ne suscite pas un réel intérêt. Les parties panaméennes et futuristes sont donc intéressantes mais un peu ratées et le roman aurait été bien meilleur sans. Ceci dit, je n’ai pas envie d’en faire le reproche à Evangelisti qui fait preuve d’une ambition certaine en créant des ponts et des échos thématiques entre les époques. Il ne se hisse pas totalement à la hauteur de ses ambitions mais il a le mérite d’essayer.



Si « Black Flag » aurait été plus réussi sans les parties panaméennes et futuristes c’est aussi parce que la partie située pendant la Guerre de Sécession est vraiment extraordinaire. La partie futuriste est loin d’être ennuyeuse mais elle fait pâle figure à côté du 19ème siècle. A chaque fois qu’on finit un chapitre mettant en scène Pantera pour retrouver l’an 3000, on a un pincement, un regret. Il y a comme une cassure de rythme. Il faut dire que la partie située lors de la Guerre de Sécession offre une galerie de personnages tellement formidable qu’on a grand peine à quitter leurs traces. Il y a d’abord Pantera, héros ambigu, mystérieux, magnétique, ultra-charismatique. J’ai été littéralement envoûtée par ce personnage. Tous les seconds rôles sont tout aussi réussis, que ce soient Koger, Molly ou les redoutables bushwhackers. Ils forment une belle galerie de personnages, certains attachants, d’autres effrayants. J’ai particulièrement apprécié les apparitions de véritables personnages historiques comme les frères James, Bloody Bill Anderson et surtout Anselme Bellegarrigue. Ce dernier permet à l’auteur de donner un propos politique à son récit. En effet, si la plupart des bushwhackers qu’on suit dans le récit agissent au nom des valeurs du Sud ou par simple attrait de la violence, la motivation première de Bellegarrigue est la liberté. En témoignent certains de ses dialogues promouvant un anarchisme individualiste à l’extrême qui n’est pas sans rappeler l’idéologie libertarienne.

Au-delà des personnages remarquablement campés et d’un propos politique intéressant, cette partie du roman est surtout un formidable récit d’aventure mêlant western et fantastique dans une histoire très bien menée, riche en action et en péripéties qui s’avère complètement addictive.



« Black Flag » n’est pas un roman parfait, les qualités de la partie western rendent plus criantes encore les faiblesses des autres parties parce qu’on ne peut s’empêcher de faire perpétuellement la comparaison. Mais, voulant aborder western, fantastique, sf et politique dans le même roman, la sincérité et la générosité de l’auteur sont palpables, et cette partie Guerre de Sécession est tellement réussie qu’on a envie de pardonner toutes les imperfections du roman. Une chose est sûre, je n’en ai pas fini avec Evangelisti. J’ai le 1er tome de la saga Eyrmerich dans ma PAL et je compte bien me procurer d’autres bouquins de cet auteur.

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Le Roman de Nostradamus, tome 1 : Le Présage

En l’an de grâce 1530, Michel de Nostre-Dame n’est pas encore Nostradamus.

Ce n’est qu’un obscur petit étudiant en médecine, ami de Rabelais, hantant les bouges de Montpellier. Obscur petit étudiant ? N’exagérons pas : il est capable d’éradiquer la peste de cette ville en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, grâce à ses mesures d’hygiène modernes. Car la peste sévit, et la jeunesse de Nostradamus sera émaillée d’épisodes purulents. Le sud de la France connait en effet une période noire, semblable aux bubons qu’exhibent les pauvres malades.



Mais son heure de gloire n’est pas encore arrivée. En ces temps de persécution des juifs et des hérétiques, il veut à tout prix se défaire de son passé de famille juive, lui dont le père est un converti de la première heure, au catholicisme, entendons-nous bien. Et il refuse aussi d’avouer son penchant certain pour l’exploration d’univers plus incertains ; en effet, Abrasax, le dieu-nombre qui permet d’accéder à la connaissance universelle et extratemporelle, l’attire profondément et lui fait atrocement peur.

Le terrible Molinas, cadavérique « familier » de l’Inquisition espagnole non moins terrible, est au courant, lui, des secrets de Michel. Et il le poursuit, le persécute, le tenaille. Celui-ci ne se laissera pas faire, et il pourra compter sur ses amis pour bastonner ce sinistre individu. Cependant, il a la peau dure, le fanatique. Et un moyen particulier pour opérer : les femmes.

Car en en 16e siècle, les femmes ne sont que des femelles, ne l’oublions pas. Faibles, méprisées, elles sont le réceptacle de la haine des religieux. Pas seulement des religieux, d’ailleurs ! Le commun des mortels masculins ne veut pas frayer avec cette basse catégorie de l’humain, quoiqu’il y est bien obligé pour perpétuer l’espèce. Et Michel ne déroge pas à la règle...



Ces 14 années de la jeunesse de Nostradamus nous sont racontées par un romancier historien de formation, et cela se voit, cela se sent. Il s’est inspiré de biographies et d’ouvrages historiques, quoiqu’il nous avertisse qu’il s’agit quand même d’une œuvre de fiction. Ce 1er tome est intéressant pour la description de cette époque troublée et pleine d’obscurantisme mais Nostradamus ne s’y révèle pas encore. Le tome suivant fera probablement se déployer toute son envergure. C’est ce que je lui souhaite, en tout cas.



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Black Flag

Un vent libertaire souffle sur le sud des Etats-Unis dans cet Evangelisti grand cru où l'on retrouve le singulier Pantera, déjà aperçu dans Métal Hurlant.

En pleine guerre de Sécession, un Ranger a fait appel au charismatique sorcier pistolero adepte du Palo Mayombé pour exécuter un homme-loup soupçonné du meurtre de plusieurs prostituées dans la ville de Laredo. Trahi par ses commanditaires, il se retrouve au milieu d'une bande de bushwhackers, celle des frères Franck et Jesse James, fidèles à William Quantrill et Bloody Blood Anderson. En cet été 1864, la troupe progresse vers le Mexique, traquant les sympathisants nordistes et les déserteurs confédérés, drapeau noir à la main.

On pourrait presque se croire dans Josey Wales hors-la-loi, mais nous sommes dans un roman d'Evangelisti, qui revisite le bon vieux western des familles à grands coups de digressions libertaires et de voyages dans le temps.

Comme dans la série Eymerich, l'Italien nous ballade dans le futur, un futur bien aliénant, fait de surpopulation, de famine, de maladies mentales et de violence. A l'aube de l'an 3000, le monde devenu "Paradice" est un asile à ciel ouvert où les liens sociaux ont entièrement disparu.

Et comme dans Tortuga, le meilleur roman de piraterie de tous les temps, Evangelisti se fait libertaire. Pantera s'écrie "Je ne mets pas de putains d'uniformes nordistes. Ni sudistes d'ailleurs. Mais surtout, je ne veux pas recevoir d'ordres du premier type venu. C'est clair?". Et aussi incroyable que cela puisse paraître, le Gersois Anselme Bellegarrigue, en frac noir et melon, fait partie de la troupe et trimballe dans son chariot un attirail digne du cabinet du docteur Caligari dans le but de réaliser des expériences sur la porphyrie et l'homme nouveau. Le lecteur appréciera les allusions à Auguste Blanqui, à la Goguette des fils du diable, et à l'anarchisme fédéraliste de celui qui déclare "J'ai choisi l'Amérique parce que c'est ici que naîtra la véritable anarchie! Sans gouvernements, sans chefs, sans armées régulières. Des individus libres de posséder et de penser à eux, prêts à tuer quiconque voudrait leur imposer quelque chose! Bloody Bill ne le sait pas, mais il est en train d'inventer une nation!"

Ce qui est certain c'est que seul Evangelisti peut à ce point mélanger les genres, western, politique fiction et SF, saupoudrer le tout de recherche biologique, de cosmogonie indienne, de rappels d'histoire politique et sociale, y ajouter des bases lunaires et des laboratoires classés Secret Défense, sans sombrer dans le ridicule. Black Flag est un roman passionnant. On y retrouve bien sûr l'ultra violence dans les rapports humains et le sexe, la thématique de la décrépitude, de l'avilissement des corps, la figure du héros complexe et solitaire (Pantera comme Eymerich) qui lutte dès que son humanité refait surface, et le chaos généralisé.



Adepte de la lecture consolatoire, passe ton chemin. Pour les autres, la route se poursuit avec l'excellent Anthracite. C'est noir, mais c'est bon.
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Le fantôme d'Eymerich

« La religieuse fit une pause.

- Et vous, père Nicolas ? Quel est votre point de vue ?

- Je ne sais pas. Urbain m’a accordé une entrevue qui sera décisive. Je crois comme vous à l’obéissance, qui est le fondement d’une hiérarchie harmonieuse et ordonnée. Je reconnais que le conclave s’est déroulé de façon anormale et sous la menace. Mais cette circonstance est pour moi secondaire. Il serait beaucoup plus grave que le nouveau pontife professe une hérésie ou la tolère.

Catherine écarquilla les yeux.

- De quelle hérésie parlez-vous ? Je n’en vois aucune trace.

- C’est juste un soupçon qui doit être approfondi. »



Rome, printemps 1378. Le dernier des papes d’Avignon, Grégoire XI, est mourant. L’inquisiteur Nicolas Eymerich débarque à Ostie. Il a fui l’Espagne, où, une fois n’est pas coutume, il a connu quelques déboires. Il a été emprisonné et a subi le traitement que d’ordinaire il ordonne.



Arrivé à Rome, qu’il ne connaissait pas encore, il est effaré par cette ville décatie, en ruines, et épouvantablement sale.



Appelé par le pontife mourant, celui-ci lui fait part de sa crainte de voir ressurgir un culte païen, éradiqué près de mille ans plus tôt par l’Eglise naissante. Evidemment Nicolas Eymerich ne peut rester insensible à ces soupçons. Le conclave suivant la mort de Grégoire XI se déroule dans le désordre le plus complet car la populace romaine, appuyée par les évêques locaux et d’étranges visiteurs, exige l’élection d’un pape italien. Et italien effectivement le nouveau pape, Urbain VI, l’est.



Eymerich, pris dans les évènements, réussira à enquêter sur ces étranges sectateurs, qui semblent être adeptes du culte de Mithra. Il sera confronté à de grandes interrogations car une sorte de double de sa personne semble le devancer. Un fantôme venu du futur ?



Deux autres narrations s’intercalent entre les chapitres de celle qui se passe à Rome en 1378 : l’une, « L’étoffe de l’univers », se situe dans une Catalogne du futur où le pouvoir local fait appel à un savant qui prétend pouvoir se déplacer instantanément dans l’espace mais aussi dans le temps… La seconde, énigmatique elle aussi, se situe « A la fin de temps ».



En ce qui me concerne ce roman, l’ultime d’une longue série qui peut être lue partiellement ou dans le désordre, est une découverte de l’œuvre de Valerio Evangelisti. Beaucoup de thèmes ésotériques, pas vraiment ma tasse de thé pour tout dire, foisonnent dans ce roman : Mithraïsme, œuvre de Raymond Lulle, Point Omega de Teilhard de Chardin, ba et ka égyptiens…



On pourrait craindre une sorte d’étouffe-chrétien à la sauce Dan Brown, mais pour moi il n’en est rien. D’une part car l’auteur réussit le tour de force de boucler ses récits avec beaucoup de savoir-faire et d’autre part car son style est d’une grande clarté. Un peu « à l’ancienne » diraient peut-être ceux qui préfèrent une écriture moins datée, à base de suspense incessant et de réponses toutes faites.



Je ne sais pas si je vais m’attaquer aux volumes précédents, plus d’une dizaine tout de même, mais ce volume m’en a donné envie. Je remercie les éditions LA VOLTE et Babelio de me l’avoir fait parvenir dans le cadre d’un opération Masse Critique.

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Le Roman de Nostradamus, tome 2 : Le piège

Je terminais le résumé du 1er tome en espérant que Nostradamus déploie toute son envergure dans ce tome-ci...eh bien, je le trouve franchement un peu trop précautionneux...Il m’énerve, en fait. Tout le monde lui dit qu’il devrait s’adonner à l’astrologie et aux prévisions, non pas celles à la petite semaine, celles des almanachs, mais les prévisions en quatrains qu’il a déjà osé livrer lors de transes mémorables. Eh bien non. Il préfère être un petit pharmacien concepteur de bonnes confitures et de pommades pour les belles.

Pourquoi sacrifie-t-il ainsi ses dons hors du commun ? Tout simplement parce qu’il a peur. Peur de l’Inquisition. Il va même faire partie de la croisade contre les vaudois, célèbre pour sa cruauté, quoique lui-même ne supporte pas de voir les tortures infligées par ses pairs aux pauvres gens. En voici d’ailleurs un petit aperçu : « Excitée par le vice-légat Trivulco et par Pietro Gelido, la horde s’était acharnée sur chaque être vivant, inventant les méthodes les plus atroces et les plus sauvages pour infliger la mort. Les jardins de Simiane avaient été le théâtre de l’épisode le plus terrible : le viol collectif de toutes les femmes capturées, à partir de neuf ans. Enivrées de force, contraintes de danser nues, elles avaient été tuées aussitôt après avoir été violentées. »

Bref, c’est après bien des années de veuvage et de remords qu’il se remarie avec une autre ancienne prostituée, pleine de vie et d’entrain. Il changera donc de comportement pour adopter une envie de vivre et surtout un désir de changer les terribles prédictions de son ancien maître Ulrich de Mayence. Ses talents de voyant se déploient, mais il veut transformer la haine en amour, c’est tout son programme. Et quel programme !



Parallèlement à l’évolution positive de Nostradamus, nous assistons aux nombreuses magouilles de l’Eglise catholique et aux coups bas politiques venant d’Italie et de France, par l’intermédiaire de Caterina, la duchesse ancienne comparse de Molinas, l’Inquisiteur. Celle-ci est utilisée comme un simple pion par les politiques et l’Eglise, qui, rappelons-le, considèrent les « femelles » comme « de petits animaux gracieux, incapables d’une quelconque pensée autre qu’élémentaire ». Et ce continuel va-et-vient entre Caterina et Nostradamus m’exaspère car je déteste la politique, même si elle est devenue historique. Caterina, signalons-le, qui ne veut rencontrer Nostradamus que pour lui demander un remède contre le vieillissement. Quel programme, également !



En conclusion, même si Evangelisti proclame ses sources et introduit par conséquent beaucoup de personnages connus, comme Michel Servet, le théologien espagnol exécuté par Calvin et condamné par l’Eglise catholique également, j’ai lu ce 2e tome avec une grande dose d’ennui. La narration trop classique, les nombreuses précisions politiques, le caractère pusillanime de Nostradamus ne m’ont guère plu.



Ah, si on m’avait prédit que je n’aimerais pas ce roman !



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Nicolas Eymerich, inquisiteur

Il y a (déjà !) plus d'un an que j'ai lu dans le cadre d'une "Masse Critique" le dernier volume de cette série, "Le fantôme d'Eymerich", qui m'a beaucoup plu.



J'ai donc décidé de revenir au début, avec le tout premier roman de ce cycle. J'ai été étonné d'y découvrir un procédé tout à fait similaire. La narration bascule en permanence entre XIV ° espagnol, présent uchronique et futur plus lointain.



Mais les qualités d'écriture de Valerio Evangelisti restent toujours aussi solides.



Évidemment l'inquisiteur n'est pas un enfant de choeur. Il intrigue et fait trucider bon nombre de gens. Mais il n'est pas tout à fait antipathique, ce qui est une gageure. le moins qu'on puisse dire c'est qu'il reste droit dans ses bottes : confronté à des phénomènes tout à fait inexplicables, il les range tous dans la catégorie unique "diableries".



J'y reviendrai avec plaisir, à l'occasion. S'ils sont tous bâtis sur le même modèle, il vaut mieux espacer les lectures pour ne pas saturer !

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Les chaînes d'Eymerich

Toujours pas très sympa cet Eymerich (la couverture Pocket est éloquente) ... Pour rappel c'est un Inquisiteur qui a la faveur d'Urbain V, pape en Avignon vers 1350. Le souverain pontife va lui confier la mission d'aller extirper une possible résurgence de catharisme à Châtillon, dans la Vallée d'Aoste.



Pourtant l'Eglise pensait en avoir définitivement terminé avec cette hérésie cent ans plus tôt, sur les bûchers de Montségur. Arrivé sur place il va être saisi d'étonnement et de peur : des créatures hybrides, animales et humaines semblent courantes dans cette région reculée...



Comme attendu dans cette série mi historique, mi SF, on se baladera aussi dans le temps. Ces chimères, nous les retrouverons au fil des siècles et dans un futur assez effroyable où elles seront utilisées comme de véritables soldats zombis.



Valerio Evangelisti a de la ressource ! Alors qu'on pense que les carottes sont cuites pour Eymerich, il parvient quand même à le remettre en selle pour un troisième épisode, que je lirai probablement.
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Anthracite

1875... Dix ans que la guerre de Sécession a cessé, c'est sûr. Mais les États-Unis sont un territoire à conquérir et tout est encore à faire au niveau du réseau ferroviaire. Pour le moment, c'est le bordel et tout le monde tente de tirer la couverture à lui, surtout les conglomérats du charbon, de l'acier et du chemin de fer.



Sans compter les Irlandais qui font tout péter, assassinent des gens, et ont réalisé une grève de 5 mois. C'est dans ce sac de nœud que va tomber Pantera, mercenaire Mexicain et prêtre vaudou, engagé par Molly, ancienne prostituée Irlandaise.



Sa mission ? (qu'il a accepté) : trouver et exécuter un espion que l'agence Pinkerton a infiltré chez les Irlandais de l'Ancient Order of Hibernians.



Pourquoi ? Parce que c'est sur base du seul témoignage de cet espion que 19 grévistes Irlandais, membres des Hibernians, viennent d'être condamnées à mort.



Motif ? Accusés d'avoir perpétré des actes de violence lors de la grève. Les patrons des mines de charbon en Pennsylvanie ne rigolent pas et la méthode qu'ils utilisent pour saper les associations ouvrières, c'est de les faire infiltrer par des agents de la Pinkerton... Agents qui pourchassent les Molly Maguire, tout en cassant du syndicaliste et du gréviste au passage.



Bref, dans ce roman, ça ne rigole pas ! Mais ça bouge.



Pantera est un personnage assez violent, il ne rigole pas souvent et tue sans états d'âmes. Niveau compétences "infiltration", c'est James Bond avec un six-coups. C'est l'espion qui va au charbon, au sens propre comme au figuré. Il est impitoyable et je l'ai apprécié énormément !



Si je me suis laissée dire que dans les deux tomes précédents, Pantera, le palero (sorcier vaudou) jouait à l'exorciste, ici, les sorts et autres gris-gris sont remisés au placard, même s'il nous parle un peu de son Nganga.



Ici, pas de duel dans la rue, mais une toute autre lutte, qui est sociale et politique. Une lutte des classes : patronat contre ouvriers, Irlandais contre autres nations - surtout contre les Anglais et les Gallois - entre mineurs et manoeuvres, entre freineurs des trains et conducteurs,....



La guerre de Sécession est terminée, une autre guerre est toujours en cours : elle est sournoise, violente et sans merci. Ici, on n'applique pas l'adage "L'union fait la force" : tout les hommes se déchirent entre eux, faisant le bonheur de ceux qui les exploitent. "Diviser pour régner", c'est bien connu.



Le livre m'a surpris, parce que au départ, je ne pensais avoir affaire qu'à l'infiltration de Pantera chez les Pinkerton afin de découvrir le traître chez les Irlandais. Un roman d'espionnage, en somme... Un James Bond sans gadgets, version western, un Colt Frontier enfoncé dans la ceinture.



Sur le cul ! Si l'auteur se sert bien de ce prétexte au départ, ensuite, le tout dépasse tout ce qu'on aurait pu penser : le puzzle est complexe, on patauge dans la corruption, les manipulations, les conflits sociaux et on se rend compte que les marionnettistes sont souvent haut placés...



Le quatrième de couverture ne mentait pas, nous sommes bien en présence d'un roman noir inclassable, mélangeant le western spaghetti - musique de Morricone - avec du social, de la politique et de l'Histoire des États-Unis.



Le roman, sur ses 451 pages, nous entrainera dans l'histoire des débuts de l'industrialisation des États-Unis, on assistera aux premiers pas, balbutiants et chancelants, du syndicalisme et du socialisme, on découvrira la lutte inégale entre le tout puissant chemin de fer et les "petits" propriétaires terriens.



Quant aux légendes de l'Ouest (les frères James ou Billy The Kid), elles sont manipulées, elles aussi, par plus fort qu'elles.



Les relations entre les immigrants sont tendues : la rivalité règne en maître car ils ont emporté avec eux, dans leurs maigres bagages, les haines européennes (on retrouve les Irlandais à la botte des Anglais).



Pour le reste, on passera en revue les conditions de vie atroces des ouvriers américains en cette fin de XIXème siècle, enfants compris, le tout gangréné par le racisme et la xénophobie (face à leur racisme, on est des petits joueurs, dans les années 2000 !).



Le roman aborde aussi l'histoire d’un certain nombre de société secrètes… Le tout sur un ton assez cynique, avec une écriture trempée dans le vitriol, sans concession.



Bref, on a pour son argent dans ce roman noir qui explore beaucoup de choses très noires de l'âme humaine.



Un bémol tout de même : la profusion de personnages.



Il vaut mieux être bien concentré lors de sa lecture et avoir le temps de lire des pans entier, comme je l'ai fait, sinon, vous risquez de ne plus vous y retrouver. Parce que entre les O'Donnel, les O'Connel, les O'Molavplublan, les McEusdresse, les McCarron, les McDo et autre McEugène, j'y ai perdu mon latin ! Ah, ces Irlandais... Ils sont tous haut en couleurs !



Un roman aussi noir que l'anthracite que l'on a extrait, à la sueur du front et à coup de morts, des mines sordides de Pennsylvanie... Une pépite noire qui ne vous salira pas les mains mais qui ne se prive pas de brosser un portrait fort noir et au vitriol de l'Histoire sanglante des États-Unis...



Allez, Enio, balance la musique...


Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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Nicolas Eymerich, inquisiteur

Un roman de science-fiction qui se déroule sur trois époques.

1) 1352 en Espagne. Nicolas Eymerich est nommé inquisiteur général d'Aragon par son prédécesseur qui lui demande de poursuivre une enquête.

2) De nos jours, c'est une supposition car aucune date n'est mentionnée, un scientifique pense avoir découvert une nouvelle forme de déplacement dans l'espace, plus rapide que la lumière : l'énergie psytronique. Il aura du mal à être pris au sérieux.

3) 2194, nous suivons un membre d'équipage, embarquer dans un vaisseau qui s'apprête à décoller grâce à la fameuse énergie psytronique.

Pas tout compris, lorsqu'au début il parle de l'énergie psytronique. Enfin j'ai compris l'idée générale, mais fichtre que c'est embrouillé pour mon pauvre cerveau de poulet.

Beaucoup de mal à entrer dans cette histoire, ou plutôt ces histoires. Le décrochage est fréquent, il n'y rien de passionnant, pourtant sur le papier cela avait l'air alléchant. Quand je l'ai choisi parmi ses compagnons d'infortune à la bouquinerie, la couverture m'évoquait déjà des idées d'évasion mais je ne suis allé guère plus loin que le bord des pages. La lassitude m'a gagné et a fini par l'emporter. Je ne lirai pas les suites.

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Tortuga

Dans la vaste littérature de pirates, Tortuga se distingue par la volonté de déboulonner le mythe romantique hollywoodien et de rendre toute la noirceur de cet univers, en le remettant dans le contexte historique qui lui a donné naissance. A la barbarie hypocrite des européens avides de guerres et de richesses, qui justifient leurs tueries et la pratique de l'esclavagisme par les arguments bien commodes de la religion, répond la sauvagerie décomplexée des pirates, qui pillent et massacrent pour le plaisir, en une vie cyniquement dédiée à la satisfaction de l'instinct mais non dénuée d'un certain sens de l'honneur et de quelques lois étonnament démocratiques. Beaucoup sont de simples brutes mais quelques uns sont bien plus ambigus, tout particulièrement les quelques personnages arrachés à l'Histoire : Raveneau de Lussan et Exquemelin, les deux médecins de bord, Laurens de Graaf et Michel de Grammont, les deux capitaines. Et, bien entendu, Rogério. Rogério qui n'a rien d'un personnage sympathique : sournois, cruel, hypocrite, à la rigueur pathétique mais au fond surtout médiocre, doté des défauts majeurs de son époque mais ne les relevant d'aucune prestance particulière.



Un personnage principal antipathique, c'est un peu à double tranchant. C'est intéressant, en soi comme dans la logique même de l'histoire, cela contribue à le rendre particulièrement humain et ambigu, mais en même temps, on peine un peu à accrocher à ce qui lui arrive, surtout lorsque sa mise en scène, comme ici, ne va pas assez loin, manque un peu de profondeur et de recherche. Et c'est là l'un des deux défauts majeurs que je trouve à ce roman : les éléments intéressants qu'il met en scène, personnages mais aussi discussions philosophiques esquissées avec De Lussan et Exquemelin, ne vont jamais assez loin et restent du coup un brin simplistes, frustrantes par le potentiel non pleinement exploité qu'elles recèlent, alors que les descriptions, elles, finissent par se faire un brin redondantes.

Autre défaut à mon goût : le style. Non que M. Evangelisti écrive mal, mais son écriture manque pour moi de relief, de verdeur, de vigueur, vu le sujet abordé. On a des descriptions assez efficaces, des termes d'époque et de marine bien choisis... mais où est le langage des pirates ? Où sont ces jurons, ces blasphèmes qu'on nous présente comme abominables mais qu'on n'entend jamais ? Malgré les viols, les tortures, les flots de sang et de tripes, le langage reste trop lisse pour vraiment nous plonger dans l'ambiance. Et le fait que le personnage principal soit un ancien jésuite, réfractaire à certaines errances de langage, n'excuse rien : ce qui l'effraie tant, on peut bien l'entendre, nous ! Ou serait-ce que l'auteur manque un peu d'imagination ?



Du coup, j'ai suivi la majeure partie de ce roman avec un intérêt certain - dû surtout à la matière historique que l'auteur utilise et détourne - mais sans grand enthousiasme. Jusqu'aux cent dernières pages. Dernières pages qui, elles, sont dignes d'un très bon roman d'aventure, avec une belle ampleur laissée à de Grammont, ce personnage luciférien de loin le plus fascinant de tous et pour le coup assez romantique, que j'ai adoré. Quant au sort final réservé à Rogério et à la belle esclave noire, je ne vous en dirai rien, mais il est extrêmement bien tourné !

Malgré toutes les critiques que j'ai pu formuler, ce final m'a laissé du livre une impression très positive qui m'entraînerait à en conseiller, malgré tout, la lecture...
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Le Corps et le sang d'Eymerich

Le Moyen-Age ou la deuxième moitié du 20e siècle ? L’Inquisition ou le Ku Klux Klan ?

N’importe ! Dans ce roman mêlant le 14e siècle et toutes les périodes depuis 1952, la Mort Rouge est là.

La Mort Rouge ? Non, ce n’est pas la nouvelle d’Edgar Allan Poe, quoique l’auteur y fait référence à la fin de son roman.

La Mort Rouge, c’est une maladie (qui existe, j’ai vérifié sur Wikipedia) du sang : les globules rouges s’agglomèrent et prennent la forme de faux, sous l’effet d’un air pauvre en oxygène, et font exploser les veines.



Nicolas Eymerich, l’inquisiteur bien connu des deux premiers romans de Valerio Evangelisti, romans que j’avais beaucoup aimés, est à Castres où il doit démêler une sombre histoire où des gens sont soupçonnés boire du sang et/ou propager la maladie horrible. Cette partie m’a semblé assez difficile à lire en raison des nombreuses factions rivales en ce 14e siècle où la guerre entre l’Angleterre et la France fait rage. Cathares et autres « hérésies » selon l’Eglise sont mêlés à cette histoire de sang, de meurtres et de tortures. Et je ne voyais pas bien où l’auteur voulait en venir.



Et puis la 2e partie, qui s’intercale continuellement, traite donc du 20e siècle. Nous voyons se dérouler sous nos yeux des séances du Ku Klux Klan ainsi que des conversations entre un savant fou sachant manier l’ADN et les responsables de la CIA. De la guerre d’Algérie à l’assassinat de Kennedy, de la guerre en Irak à un futur proche de nous, nous assistons à des élucubrations scientifiques à des fins meurtrières. Ici, le spectre de la race supérieure voisine avec le spectre de la Mort Rouge.

J’ai trouvé cette partie moderne assez décousue, et franchement, ne menant pas à quelque chose d’intéressant ou de surprenant.

D’autant plus que je n’ai pas vu le lien de cause à effet entre le Moyen-Age et le 20e siècle.



Bref, je suis déçue, n’ayant pas été emportée par le suspens. Valerio Evangelisti écrit bien, décrit bien une ambiance, mais cela s’est arrêté là pour moi. Pas de tension extrême, rien que du convenu, finalement.



Alors, le corps ou le sang d’Eymerich ? Bêrck, ni l’un ni l’autre !

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Tortuga

« Tuez-les ! Tuez-les tous ! » rugit le chevalier de Grammont, dernier grand capitaine de la Flibuste, sur la colline dominant Campeche au Mexique, quelques semaines avant de trouver la mort dans un combat naval épique aux abords de l'Isla de la Vaca. Nous sommes en 1685 et la dernière heure de la piraterie française est sur le point de sonner : Louis XIV et sa Cour se sont lassés des exploits sanglants de la Flibuste et ont décidé d'y mettre définitivement terme. Ce sont les dernières convulsions de ce petit peuple barbare que nous invite à découvrir « Tortuga » par les yeux du portugais Rogério de Campos, enrôlé de force sur le navire pirate « le Neptune » commandé par le capitaine Lorencillo. Il passera ensuite sous les ordres du diabolique chevalier de Grammont et apprendra sous sa férule les terribles lois du monde de la Flibuste, ses souffrances et ses joies sanguinaires. Témoin fasciné et révulsé, il assistera aux dernières aventures des Frères de la Côte et à leur ultime grande entreprise, la prise de Campeche, avant de tout perdre pour l'amour d'une belle esclave noire.



Du sang, des tripes, des viols, des membres amputés, des yeux crevés, d'abominables tortures… Charmant programme, n'est-ce-pas ? Mais nous sommes chez les pirates, pas chez les bisounours comme ne manque pas de nous le rappeler abondamment Valerio Evangelisti. Oubliés le bel Errol Flynn se balançant élégamment de cordage en cordage dans « L'aigle des mers » ou le cocasse Jack Sparrow de « Pirates des Caraïbes » ! Place aux trognes écarlates d'ivrognes, aux brutes vociférantes, au sadisme décomplexé, bref, au flibustier sous son jour le plus noir et le plus sauvage. On ne peut qu'applaudir l'enthousiasme avec lequel Evangelisti rentre dans le lard de l'imaginaire romantique, pulvérisant cliché après cliché avec l'ardeur d'un psychotique armé d'un sabre d'abordage.



Mais bon… le sang et les tripes, c'est très chouette mais ça ne suffit pas à faire un bon roman. Premier point faible de « Tortuga » et non dénué d'importance puisqu'il m'a empêchée de m'immerger complétement dans le récit : un style pas vraiment à la hauteur des ambitions de l'auteur. Non qu'il soit mauvais, mais il manque de relief et de crudité, notamment au niveau des dialogues, presque compassés. Toutes ces brutes sanguinaires parlent comme des livres, sans jamais un écart de langage, ce qui donne parfois au roman un aspect surréaliste, voire involontairement comique. C'est quand même pas la mer à boire d'attendre d'un pirate qu'il sache dire « Merde » de temps en temps !



Autre point faible : l'ami Rogério est un peu chiant. le problème n'est pas tant le manque de sympathie qu'il inspire au lecteur que son manque criant de présence. D'un caractère plutôt sournois et dissimulateur, il lui manque les vices triomphants qui rendent les canailles charismatiques. On se fiche un peu de savoir s'il va survivre ou pas, et encore plus de ses histoires de coeur – assez malsaines en demeurant. Quelques personnages secondaires ont du potentiel, notamment le chevalier de Grammont, mais ne sont assez développés pour pallier à la platitude du héros. Le tout donne un roman d'aventure assez divertissant avec un point de vue original sur l'univers de la piraterie, mais desservi par une plume peu inspirée. Pour les amateurs de la Flibuste à la recherche de plus de profondeur et d'ambition, je conseillerais plutôt l'excellent « Long John Silver » de Bjorn Larsson (je sais, je radote un peu, mais je ne peux pas m'en empêcher…)

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Picatrix : L'Echelle pour l'enfer

Nicolas Eymerich, Inquisiteur : hait tout ce qui n'est pas chrétien, et là encore avec d'immenses réserves. La tolérance, connait pas trop. Alors quand, avec un juif converti il doit s'allier à deux musulmans pour résoudre une affaire surnaturelle issue d'une religion païenne...

De nos jours, Espagne. D'étranges comportements sont observés par dans une clinique psychiatrique : le 7 septembre, certains patients aboient.

Afrique. Deux forces armées font se converger des millions d'enfants vers le Bouganda. Un empereur capable d'appeler à lui d'obscures forces surnaturelles agit sur eux comme un aimant.

Comment vont se relier tous ces éléments ? Très bonne question ! Il semble que certaines forces ne sont arrêtées ni par le temps ni par l'espace et si on sait comment leur parler, elles vous répondent et vous obéissent...

Beaucoup de foi, d'intolérance. Mais aussi d'intelligence et de savoir, quelque que soit le siècle de l'action. On la chance de croiser de grands savants musulmans, ceux qui influenceront le renouveau de la pensée européenne. Mais aussi le pire, comme l'inquisition ou les missions armées où le cynisme et le profit font place à l'idéal de sauver le monde et de défendre les plus faibles (comment ça je suis utopiste ?)

J'ai quand même eu un peu de mal avec les allers-retour dans le temps et dans l'espace. Ils étaient un peu artificiels par moment ; pour moi, tout ce qui se passe en Afrique, du point de vue de l'intrigue me semble inutile. Surtout pour y voir massacrer des quantités invraisemblables d'enfants. Ce n'est évidemment que mon avis.

Je remercie Babelio et les éditions La Volte pour l'envoi de ce titre.



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Tortuga

Tortuga est le premier livre de « vraie piraterie » que j’ai eu l’occasion de lire et je dois bien avouer que j’y ai pris un véritable plaisir. Une mise en abîme bien loin du mythe du pirate hollywoodien (nous y reviendrons plus tard) et des films de J. Deep qui ont trop tendance à présenter cette figure haute en couleurs comme le héros romantique libre et coquin des temps modernes.



Ici il est plus souvent question d’assauts sanguinaires, de gorges tranchées et l’odeur du sang est presque perceptible dès la première page du maître italien du roman moderne : Valério Evangelisti :



« Rogério de Campos crut sa dernière heure arrivée. Le pont du Rey de Reyes ressemblait au sol d’un abattoir. Du sang le maculait et ruisselait de toutes parts, au milieu des mats abattus, des amas de voiles et des enchevêtrements de haubans fracturés. »



L’histoire débute très brutalement en narrant l’ultime aventure des « frères de la Côte » : la principale confrérie de flibustiers des Caraïbes. Le frère jésuite Rogiero, suite à l’assaut des pirates, est capturé et va voir son destin changé au milieu de sa « nouvelle famille ».



Intégré de force grâce à sa qualité de maître d’équipage, notre héros va devoir littéralement réapprendre à vivre et fournir un réel effort d’adaptation pour survivre (donc se faire accepter) dans son nouvel environnement en 1685 : année charnière de la flibuste caraïbaine.



Vous allez découvrir que la vie des pirates est très structurée et organisée telle une microsociété : nous sommes bien loin de l’anarchie souvent présumée, les rôles sont bien déterminés, le capitaine est élu parmi ses pairs et peut être destitué suite à un nouveau vote, la vie sur le bateau est extrêmement rude et les haltes sur la terre ferme excessives. Bref personne ne rigole.



Les flibustiers n’ont qu’un seul but : l’or, soit l’enrichissement personnel : » tout ce que nous voulons c’est de l’argent et nous faisons fi de toute règle. Nous nous emparons de tout et vendons de tout, y compris des hommes. Nous sommes le futur et personne ne nous arrêtera « .



Evangelisti, historien de profession utilise de véritables faits et introduit un grand nombre de personnages qui ont bel et bien existé : comme de Cussy, De Graaf et surtout De Grammont ainsi que de Lussan, un des seul pirate écrivain dont les récits représentent la référence historique de cette période.



Amateurs de rhum, de sang, de vocabulaire et tactique maritimes, jetez vous sur ce roman qui mixe habilement fiction et réalité (le contexte diplomatique entre la France et l’Espagne est passionnant).



TLB
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Nicolas Eymerich, inquisiteur

Valerio Evangelisti est un écrivain italien né en 1952. Diplômé de sciences politiques à l'Université de Bologne, sa ville natale, où il se spécialise en histoire moderne et contemporaine, il publie des livres et des essais historiques avant de se consacrer à la littérature fantastique. Son premier roman Nicolas Eymerich inquisiteur obtient le Prix Urania en Italie. Après une première édition française en 1998, le livre vient de ressortir chez La Volte. Neuf autres romans du cycle Eymerich ont suivi et ont été récompensés.

Nous sommes en 1352 à Saragosse en Espagne, le père dominicain Nicolas Eymerich âgé de trente-deux ans, est désigné Grand Inquisiteur par son prédécesseur mourant qui dans son dernier souffle le met en garde contre une mystérieuse découverte faite près de la citerne, lui enjoignant de poursuivre l’enquête. Peu après, le nouvel inquisiteur croît apercevoir dans le ciel une forme féminine faite de nuages et de lumière puis découvre, sur la margelle du puits de la citerne, le cadavre égorgé d'un tout petit enfant avec deux visages. Un autre ecclésiastique lui apprend que ce phénomène s'est déjà produit plusieurs fois.

Nicolas Eymerich va se lancer dans une traque sans merci contre une secte hérétique adepte du culte de Diane dont les ramifications s’étendent jusqu’à l’entourage du roi Pierre IV. Le grand inquisiteur devra se mouvoir habilement entre le roi et le pape Clément VI dont les rapports sont très tendus, déjouer les ruses de ses ennemis qui sont plus proches de lui qu’il ne l’imagine et affronter des faits relevant de la sorcellerie.

Mais s’agit-il réellement de sorcellerie ? C’est là que Valerio Evangelisti introduit dans son roman des éléments narrativement très malins. En parallèle aux aventures d’Eymerich qui se situent en 1352, un vaisseau spatial, Le Malpertuis, envoyé en 2194 en mission à la recherche d'une relique mystérieuse, s’égare dans le passé. Les chapitres alternent actions dans le passé et le futur et nous comprenons très vite que celles-ci vont fusionner en fin d’ouvrage pour nous révéler le fin mot de l’histoire. Ajoutez à ces deux ingrédients, une troisième épice, un livre écrit par un certain Marcus Frullifer, dont des extraits viennent ponctuer le récit, pour expliciter et prouver scientifiquement la réalité de ce que nous lisons.

Valerio Evangelisti a écrit un excellent roman car très astucieux. Une enquête avec un inquisiteur luttant contre une secte, un thème très porteur. Un voyage spatial mystérieux qui intrigue le lecteur car il n’en connaît pas le but. Le tout échafaudé sur une théorie scientifique ( ?), la physique psytronique, basée sur la puissance mentale des foules qui pourrait expliquer les miracles et autres phénomènes paranormaux ainsi que les voyages dans le temps. J’avoue ne rien avoir compris à cette théorie, mais c’est justement tout son intérêt ! Tout en apportant une note de sérieux et de véracité, elle reste obscure et nous laisse dans le mystère le plus complet.

En entremêlant ces différents récits à l’intérieur d’un même roman, en entraînant le lecteur dans des mondes complètement opposés tout en réussissant à les réunir dans les dernières pages, l’écrivain nous passionne et nous oblige à le lire à une vitesse folle tant nous avons hâte d’en venir au dénouement.

Au-delà de l’intérêt narratif, on peut peut-être aussi y lire un message pro-féministe. Pour information, le personnage de Nicolas Eymerich (1320-1399) a réellement existé, il est l’auteur d’un manuel de référence de l’Inquisition. S’il est devenu un héros récurrent dans l’œuvre de Valerio Evagelisti, dans ce premier volet du moins il n’apparaît pas comme vraiment fréquentable puisque représentant « de tout ce que l’Eglise combat (…), l’abandon à la nature, la stupide notion de liberté ».

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Nicolas Eymerich, inquisiteur

Bel exemple d’hybridation que ce roman :polar + fantastique + SF voilà qui donne un curieux résultat . On commence par ,à l’époque contemporaine, une histoire de chercheur marginal rejeté par les instances académiques effarouchées par ses théories sur le voyage temporel mâtiné de physique quantique et d’énergie imaginaire . Puis premier arc narratif : en 2914 un vaisseau « spatial » , le Malpertuis (Jean Ray , salut !) basé sur les susdites théories part pour une mystérieuse expédition .Enfin deuxième arc narratif au 14ème siècle , en Espagne , Nicolas Eymerich ,fraichement nommé grand Inquisiteur , est confronté à la résurgence du culte de Diane … Cette trame complexe m’avait assez séduit à la première lecture en 1998 mais, à la relecture, j’en vois plutôt les défauts : un personnage de fanatique religieux parfaitement antipathique (et l’actualité s’en mêle) . Des passages pseudo scientifiques parfaitement indigestes . L’intrigue médiévale est intéressante mais le côté SF est peu convaincant. En fait , c’est une resucée bancale du « Malpertuis » du grand Jean Ray (le cimetière des dieux morts, l’abbé Doucedame devenu Sweetlady, les Barbusquins …) . Bilan ce n’est pas très bon (à mon goût) et je suis étonné de la moisson de prix obtenus.



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Nicolas Eymerich, inquisiteur

Salut les Babelionautes

Comme j'ai reçus en Masse Critique le tome onze de cette Décalogie que je possède qui c'est transformé en hendécalogie, et qu'il est passé trop d'eau sous les ponts depuis ma découverte de cet auteur, j'ai entrepris sa relecture.

Valerio Evangelisti fait débuté son récit en 1357 + J. C., au temps de l'Inquisition, et nous allons suivre Nicolas Eymerich, personnages qui a vraiment existé mais qu'il s'est approprié.

La Grande peste a fait des ravages au sein de la région de l'Aragon en Espagne, et suite au décès du Frère Dominicain ayant la charge de grand Inquisiteur, il va être promu contre le souhait des puissants.

Mais ce roman est divisé en trois partis et il saute dans un flashback un peu désorientant d'une époque a l'autre.

Je ne me rappelais plus rien de ce premier tome et je l'ai redécouvert, en pestant contre ces retours et projections dans le futur intempestifs.

La deuxième époque évoqué n'est pas précisément datée, Marcus Frullifer a une théorie et a bien du mal a la faire acceptée par la communauté scientifique, il faut dire qu'elle parait un peu extravagante.

La troisième partie nous propulse au XXIIe siècle, et débute par le témoignage d'un spatiaux sur des évènements s'étant déroulés a bord du vaisseau psytronique Malpertuis.

Pour un premier tome je l'ai trouvé confus, j'espère que la suite saura me plaire, en attendant je remercie Serge Quadruppani qui a assuré la traduction des cinq premier tomes.
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Nicolas Eymerich, inquisiteur

Saragosse, 1352. Nicolas Eymerich devient Inquisiteur général alors que de mystérieux évènements troublent une époque déjà difficile. Université du Texas, à notre époque, Marcus Frullifer tente de faire accepter une de ses théories par ses pairs. Carthagène, 2194. Un anonyme témoigne des faits s’étant produits durant le voyage du vaisseau Malpertuis.



Je vais encore une fois commencer en vous déconseillant de lire la quatrième de couverture, qui dévoile des éléments intervenant assez tardivement dans le récit. Avec ce genre de format, on se doute bien qu’à un moment ou un autre, les différentes lignes temporelles vont se lier, mais ce n’est pas une raison pour raconter la fin du livre dans le résumé :roll:



Heureusement pour moi, je n’avais pas relu le pitch et j’avais ce livre dans ma PAL depuis suffisamment longtemps pour en avoir tout oublié. Tout ce que je savais, c’est que j’y rencontrerais Nicolas Eymerich et que le personnage était un inquisiteur, puisque c’était dit dans le titre ^^ Du coup j’ai été très surprise en lisant le prologue, qui s’ouvre sur des théories pseudo-scientifiques particulièrement longues et qui m’ont profondément ennuyée. Ceci d’autant plus qu’elles reviennent régulièrement au fil de l’avancée de l’histoire. Et, pour être honnête, la partie SF de l’intrigue, avec le voyage spatial, ne m’a pas spécialement emballée non plus.



Donc, au départ, ça s’engageait plutôt mal: seule la partie historique, avec sa légère dimension fantastique, m’intéressait réellement. Il m’a fallu attendre le dernier quart pour apprécier tous les pans de l’histoire à égalité, c’est-à-dire quand les choses commencent à s’emboiter pour de bon. Avant ça, j’avais eu le temps de comprendre comment ça allait se faire, du coup j’ai trouvé le temps long avant qu’on en arrive enfin là.



Et avant d’y parvenir, j’ai eu beaucoup d’occasions de m’énerver sur le sexisme ambiant. La partie située dans l’avenir est la seule à en être dénuée, pour la simple et bonne raison qu’on n’y rencontre pas de femmes… Alors l’auteur apporte un oeil critique à cet aspect, en soulignant par exemple l’intolérance religieuse, mais il a fallu attendre assez longtemps avant que ça soit clairement exprimé.



Ce roman est le premier tome d’une série de 11, mais il se suffit à lui-même. L’intrigue est bouclée en arrivant à la fin, même si celle-ci est suffisamment ouverte pour appeler une suite. En ce qui me concerne, elle m’a satisfaite et je n’ai pas aimé cette lecture au point d’avoir envie d’en lire plus sur le sujet. Je voulais découvrir ce qu’avait à proposer la SF non-anglophone/francophone et j’ai été contente de lire de la SF italienne, mais je ne suis pas assez intéressée par cette série-là pour m’aventurer dans la suite.



Le style est agréable, ça se lit facilement. L’auteur use de l’ironie pour dénoncer certaines choses ou met carrément les pieds dans le plat sur la fin. Si comme moi les explications scientifiques vous barbent, vous pouvez les lire en diagonale une fois que vous aurez compris la théorie exposée par Frullifer, les détails apportés sous forme de pavés indigestes ne sont pas indispensables à la compréhension des évènements.



Pour résumer: une découverte intéressante, mais qui ne m’a pas spécialement embarquée. Si le roman avait été plus long, je l’aurais probablement abandonné.



Si vous l’avez lu, ça m’intéresse de savoir ce que vous en avez pensé, parce que j’ai l’impression d’être passée à côté de cette lecture. Et si oui, avez-vous lu aussi les tomes suivants? Que valent-ils à votre avis?
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Tortuga

Tortuga... Ou le bouquin "je vous mets deux kilos de tripes ? " ... "ah y en a plus je vous le laisse? "



Pitch:

Le Neptune est en vu, le navire du terrible capitaine Lorencillo, l'abordage est proche, la fin est proche pour le galion espagnol le Rey !

Rogério de Campos jésuite survivant à cet abordage sanglant, se voit enrôler de force par les Frères de la côte .... et heu... bin va falloir survivre...



Ici nous somme dans un roman historique, le roman d'aventure... Mais à la Evangelisti...

Vous avez envie de vous faire un coup de romantisme pirate choubidou ? Passez votre chemin...

vous avez envie de lire un coup de pirate des caraïbes ? Passez votre chemin, même si ça se passe dans les caraïbes...

Evangelisti tord le cou à toute l'iconographie pirate qu'on nous sert depuis des lustres... Et il le fait bien.

Parce qu'ici le pirate est veule, le pirate est violent, le pirate ne s'embarrasse pas de considérations éthique... le pirate est monstrueux, le pirate est glauque... oui.



Evangelisti se sert du contexte historique (les dernières heures de la piraterie du XVIIe siècle), géographique, politique, des noms de pirates qu'on connaît tous, des véritables noms de bateaux (c'est très très documenté comme roman) pour nous écrire une histoire hautement aventuresque, mais hautement sombre, doté d'un fort taux de violence à tous les niveaux.. on a le droit à toutes, du meurtre ( normal) en passant par le viol et la torture ( franchement celle-là, je sais pas si elle a existé un jour, ou si elle sort du cerveau de l'auteur.. mais Tain... elle est encore dans ma tête...).

Oui pas un bouquin pour les cœurs tendres... y a des moments où faut s'accrocher.



D'habitude, enfin souvent, on peut avoir identification avec un des héros, des protagonistes.. là clairement non, ou alors vous avez de sérieux problème mental... ^^

Et ce n'est pas pour ça que le livre n'est pas bon.. oh non...

Ce livre secoue, autant par la question qu'il soulève, comment faire pour survivre, et jusqu'où peut-on aller ? ( notre Rogério il va aller pas mal loin...)



Et la métaphore est magistrale, si énorme, si visible, ces pirates qui ne sont plus que des être à la poursuite de leur moindres désirs, qui ont laissé toute humanité sur le bord de la grève et ce pour une seule raison, l'or... l'enrichissement personnel...

Dites, là, le Evangelisti il parlerait pas d'autre chose que de pirates ?
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