Jeanne a 90 ans, elle est veuve, comme les femmes le sont presque toutes à cet âge, les hommes résistent moins bien au passage du temps, et vit seule dans sa grande maison à la campagne. Au départ, quand ce roman n’était encore qu’une idée, Jeanne était un personnage de fiction. Puis j’ai commencé à écrire et peu à peu ma mère a commencé à habiter mon personnage. Comme Jeanne, ma mère m’a eue tard, elle est donc très âgée ainsi que ses amies : toutes ont entre 80 et 100 ans !
Le fait que l’on en parle très peu, comme si ces personnes n’étaient plus dans la vie, étaient déjà passées de l’autre côté, dans un ailleurs que nous ne connaissons pas ou ne voulons pas connaître, par peur peut-être d’affronter l’image de notre propre vieillesse inéluctable. Alors que ce que Jeanne nous enseigne, c’est qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur, au contraire. Et c’est cela qui m’intéressait, et que je me suis efforcée de faire ressortir.
J’avais mes modèles, mes inspiratrices. J’avais la chance de disposer de tout un matériau d’anecdotes ! Ma mère m’a toujours fait beaucoup partager les grandes et petites choses de sa vie, ses idées, ses réflexions, elle me raconte ses journées, ses amis. Son enfance et sa jeunesse aussi, ses parents, ses cousines, la pension, la guerre, son mariage et sa vie sous le toit de sa belle-mère… Depuis que je suis très jeune nous parlons beaucoup toutes les deux, nous confiant l’une à l’autre. C’est donc assez naturellement que sa voix s’est mêlée à la mienne, puis qu’elle est devenue la mienne, le temps d’un livre.
J’avais envie de me mettre dans la peau de l`une de ces femmes, dans sa tête et dans son corps aussi. Peut-être pour apprendre à ressentir comme elles, apaiser mes peurs, celles de la vieillesse et de la mort. Vivre comme elles, penser comme elles, profiter de la vie, de l’instant présent et des choses simples, comme ma mère et ses amies, malgré la fin si proche (ou peut-être à cause d’elle ?), savent si bien le faire. Et pour cela, quoi de mieux qu’un journal, qui dit le quotidien, et qu’une écriture intime, qui permet l’émotion et la réflexion, où le cœur côtoie l’esprit ? Le journal est une forme qui permet d’allier l’anecdote et la pensée, la légèreté et une certaine profondeur.
Peut-être, mais elles font aussi en sorte que ces personnes se sentent chaque jour un peu plus dépassées, décalées, exclues d’un monde auquel elles ne comprennent déjà plus grand-chose. Et puis, à cet âge on se sent davantage rassuré par les choses que l’on connaît, que l’on peut faire sans réfléchir. Depuis de si longues années le cerveau a pris ses habitudes, il fonctionne non pas au ralenti mais à l’ancienne, ce qui n’est pas la même chose. Et puis, arrive un moment où l’on n’a plus envie de se donner du mal à essayer de comprendre des choses dont on n’est pas sûr qu’elles vont nous faciliter la vie. Un GPS, cela peut sembler si compliqué avec tous ces réglages à effectuer, tous ces boutons… La nouveauté fatigue, affole même, parce qu’on ne la maîtrise pas. Plus on avance en âge et plus on se met à rechercher le familier comme un cocon rassurant. Tourner avec le doigt ou une clé les aiguilles d’une pendule est un geste familier, appuyer sur des boutons ou sur un écran pour mettre une horloge à l’heure n’est pas naturel ; les heures, ça tourne. Nous vivons à l’ère du clic et du tactile, on touche, on appuie et on commande à distance ; Jeanne et ses amies ont grandi avec les manivelles - du presse-purée, du moulin à café, de la voiture – et les clés traditionnelles ; dans leur temps à elles, on tire et on tourne.
Oui, ça j’en suis absolument certaine. Si l’écriture de ce livre m’a enseigné une chose, c’est bien celle-ci. Nous ne cessons de courir après des bonheurs artificiels et éphémères alors que le vrai bonheur est là, sous notre nez, fait de petites joies que, pris dans notre fuite en avant, nous ne savons pas savourer. Nous les goûtons, puis nous passons à autre chose, nous nous lassons vite et voulons toujours plus. Passé 80 ans, nous avons cessé de courir, nous vivons davantage dans le présent et nous apprenons à faire durer les petits bonheurs, à les savourer. Ils font le sucre de la fin de vie.
Fantômette !
C’est drôle, je me suis fait très exactement cette réflexion quand j’ai lu les premières lignes de Mammifères de Pierre Mérot, un livre que je n’ai découvert qu’en 2012. Mes phrases me sont alors apparues d’une fadeur désespérante tant l’écriture que je découvrais était brillante et, pardon, le mot n’existe pas mais je n’en trouve pas d’autre, « emportante ».
Grande ? A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du Côté de chez Swan... de Marcel Proust. Je l’ai dévorée en quelques mois.
Il y en a deux : L`étranger d`Albert Camus et Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor .
Ulysse de James Joyce. Je n’y arrive pas !
Je ne sais pas si ce roman est vraiment méconnu mais je citerai tout de même Mrs Palfrey Hôtel Claremont d’Elizabeth Taylor, encore une histoire de vieille dame d’ailleurs ! Sinon, resté méconnu je crois, le très beau livre de l’architecte Paul Andreu , La maison, paru il y a une dizaine d’années chez Stock.
J’ai beau chercher, je n’en vois pas… Surtout, cela me paraîtrait bien présomptueux de déclarer une chose pareille !
Fétiche, je ne sais pas… Mes livres sont pleins de phrases soulignées au crayon de papier, j’en recopie certaines dans des carnets de moleskine, je les relis souvent mais je ne les retiens pas. Il y a celle de Jean Cocteau, « La jeunesse vient avec l’âge », une des rares que j’ai retenues et que j’aime beaucoup ; de très nombreuses d’Oscar Wilde dont « L’expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs », « Il est parfaitement monstrueux de s’apercevoir que des gens disent dans notre dos des choses qui sont absolument et entièrement vraies », « Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d’entre nous regardent les étoiles ». Et il y a celle-ci, de Voltaire, que je cite de mémoire : « Je préfère les convulsions de l’inquiétude à la léthargie de l’ennui. »
L`Éternité de Xavier Dupont de Ligonnès, de Samuel Doux.
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