AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Vincent Engel (130)


Adriano resta figé en découvrant l’homme qui les attendait. Bonifacio Della Rocca était un géant comme on n’en rencontre qu’exceptionnellement dans les pays où le soleil incline davantage qu’ailleurs à l’humilité physique. Ses cheveux blond foncé renforçaient cette impression de héros capable de défier l’astre divin, tout comme l’apparente vigueur de sa musculature. Mais ce qui parut effrayant à Adriano ne fut pas tant cette prestance naturelle que le violent contraste imprimé sur le visage de cet homme encore jeune et manifestement vieilli par un drame intérieur.
Commenter  J’apprécie          20
Ils furent accueillis par Nancy Smith, la nurse que le comte avait engagée pour veiller sur son fils de cinq ans, Domenico. Elle les fit aussitôt entrer dans la villa tandis que le jeune enfant les considérait avec curiosité et méfiance.
Commenter  J’apprécie          20
C'est dingue, l'espoir. Ça rend bête, ça vous livre pieds et poings liés à ceux qui vous feront le plus souffrir. Je sais.
Commenter  J’apprécie          20
Il y a des rêves comme des romans de gare, avec des histoires à l'eau de rose.
Commenter  J’apprécie          20
Il fut surpris de les revoir ; cela faisait quelques jours à peine qu'il les avait quittés, ils ne pouvaient pas avoir changé autant qu'il lui semblait ! Etait-ce que, durant ces derniers mois, il ne les avait pas regardés vraiment, vivant avec le souvenir d'une image ancienne ?
Commenter  J’apprécie          20
Que tout ait été vécu n'atténuera jamais ni la joie ni la souffrance d'un être, pas plus que cela n'empêchera des enfants de naître, de grandir, de mourir. Nous sommes tous des fais divers.
Commenter  J’apprécie          20
Nettoyer les champs, leur rendre vie, nettoyer le village, le vider de ses morts. Nettoyer son esprit, pour ne plus être obligé de travailler sans relâche par peur d'être envahi par des souvenirs qui l'effrayaient encore. Il allait devoir faire ça tout seul; alors il l'aimait bien Bizot, mais il pouvait se garder ses commentaires. Quand il se surprenait à parler ainsi à son caporal, Dominique s'interrompait brusquement et s'injuriait. Il avait autre chose à faire que parler aux morts, surtout ceux qui n'étaient pas du pays, désolé Bizot, mais j'ai vraiment pas le temps; et zut, voilà qu'il lui parlait encore. (p.99-100)
Commenter  J’apprécie          20
Quelque chose l'attendait ici, et c'était ça plus que le lit vide de ses parents qui l'avait tenu éloigné de cette pièce depuis son retour; aligné sur la commode, le musée de sa mère, comme ils disaient en riant gentiment d'elle, toutes les photos de la famille, tous les âges, du mariage jusqu'au flash géant de la bombe. (p.129)

Commenter  J’apprécie          20
Le paysan avait souffert de découvrir la nature calcinée, son jardin réduit en poussières toxiques ; mais cette peine, plus vive que celle éprouvé à la mort de Bizot, c'était déjà un retour à la vie, un adieu définitif à la guerre. Il était allé saluer Bizot et lui confirmer qu'il avait eu raison pour LA bombe, mais tort pour le reste, et que lui, Dominique Hardenne, s'en retournait chez lui pour vivre enfin, coûte que coûte.
Commenter  J’apprécie          20
Ce n'est que parce qu'aux yeux de tous, utopie est synonyme d'échec qu'aucune n'a jamais pu aboutir.
Commenter  J’apprécie          20
- Tout à fait ! C'est ce que je vous dis : l'odeur de la démocratie, le goût de la démocratie, la couleur de la démocratie, mais une dictature douce ! (p.89)
Commenter  J’apprécie          10
Ne jamais poser deux questions dans la même phrase ou le même courriel à un homme au QI moyen. (p.27)
Commenter  J’apprécie          10
Le fascisme moderne est plus intelligent que ses prédécesseurs. Il communique avec subtilité. Il tient compte des désirs inavouables de ses sujets et veille à ménager sa sensiblerie autant que ses économies. Qui veut encore se charger de ses vieux? Personne.
Commenter  J’apprécie          10
[...]; mais nous emportons nos disparus, n'est-ce pas? Je ne suis pas très croyant, pour dire vrai je ne le suis pas du tout; je considère que le seul paradis qui nous attend réside dans la mémoire affectueuse de ceux qui nous survivront.
Commenter  J’apprécie          10
Et puis on grandit. On pose des choix, on rencontre des gens, on vit des événements... Et nous devenons petit à petit ce que les gens retiendront de nous. Notre destin ! C'est ce que nous serons devenus à défaut d'avoir été tout ce que nous aurions pu, si les circonstances avaient été différentes. L'arbre de nos possibles pousse à l'envers; plus nous vieilissons, moins les branches sont nombreuses. Et nous échouons sur le tronc, si glorieux soit-il, dont on tirera les planches de notre cercueil!
Commenter  J’apprécie          10
Cette lettre est comme un adieu sur un quai; on ne sait plus que dire mais l'on dit n'importe quoi pour rester ensemble quelques instants de plus.
Commenter  J’apprécie          10
La majorité des toiles ici étaient anodines, comparées à celles de la cage d’escalier ; il s’agissait de scènes vénitiennes dans le style du Canaletto, auteur de plusieurs d’entre elles, ainsi que le confirma Asmodée Edern. Une seule peinture rompait cette sécurisante harmonie : exposée face à la place où un valet fit asseoir Bonifacio, elle représentait un somptueux éphèbe vêtu d’un simple pagne, le corps convulsé, les mains liées dans le dos par un épais cordage ; dans ces muscles longs et puissants, dans cette peau fine et douce étaient fichées des dizaines de flèches qui transperçaient ici un bras, là une cuisse ou le buste, faisant ruisseler des larmes rouges sur cette beauté trop parfaite. Le visage, tourné vers le ciel, rayonnait ; lèvres entrouvertes sur un gémissement extatique, yeux légèrement plissés, iris vibrants et voluptueux, tous ces traits évoquaient davantage ceux d’une très jeune femme au faîte du plaisir qu’un saint subissant le martyre.
Commenter  J’apprécie          10
Le Grand Canal s’ouvrit au vaste bassin San Marco où baignaient d’imposants trois-mâts auxquels on interdisait d’aller plus loin. Puissamment amarré, l’élégant vaisseau de San Giorgio Maggiore attendait sans hâte que le Doge invisible vînt l’autoriser à accoster.

Dans une courbe gracieuse, la gondole se rangea en face des deux colonnes et de la Piazzetta.
Commenter  J’apprécie          10
En 1849, le comte Bonifacio Della Rocca avait fêté seul ses trente-neuf ans ; ses parents étaient morts et, jusqu’à ce jour, il n’avait pas songé à se marier. Il fréquentait peu le monde, occupé à gérer le domaine familial et préférant consacrer ses loisirs à la lecture. Il savait qu’il lui faudrait sans doute se marier un jour et avoir un héritier, comme le lui soufflait l’instinct de sa race ; mais il savait aussi qu’il ne rencontrerait personne correspondant à ses aspirations dans cette région retirée qui avait perdu, au fil des derniers siècles, toute habileté à engendrer des êtres dotés d’assez d’intelligence pour apprécier les miracles de beauté qui s’offraient à eux en pareille abondance. Et comme il ne quittait que rarement la villa, et seulement pour de brèves visites à Sienne ou à Florence chez des marchands ou des banquiers, il avait peu de chances de rencontrer l’épouse qui aurait comblé ses attentes.
Commenter  J’apprécie          10
Baldassare ne révéla pas à Adriano que, de retour chez lui après la première visite, le gamin avait déclaré qu’Adriano avait bien de la chance, lui, de savoir où se trouvait sa mère ; outre que, le répétant, l’adulte n’eût su rendre l’innocence de l’enfant, qui seule exemptait son propos de cruauté, Baldassare savait que cela l’eût mené sans plus de détours possibles à l’histoire qu’Adriano attendait. Ce n’était d’ailleurs pas tant de narrer le drame vécu par Bonifacio Della Rocca qui effrayait Baldassare ; ce mystère constituait surtout une barrière efficace derrière laquelle le prêtre protégeait le pauvre secret de son propre passé.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Vincent Engel (741)Voir plus

Quiz Voir plus

La Princesse de Clèves

En 1678, La Princesse de Clèves paraît ...

sous le nom de son auteur
sous un pseudonyme féminin
sous un pseudonyme masculin
anonymement

10 questions
80 lecteurs ont répondu
Thème : La Princesse de Clèves de Madame de La FayetteCréer un quiz sur cet auteur

{* *}