Citations de William Somerset Maugham (444)
Il fallait leur faire comprendre que des conduites qu’ils croyaient naturelles constituaient des péchés : non seulement l’adultère, le mensonge et le vol, mais encore l’exhibition de leur corps, la danse, le manque d’assiduité au culte. Je leur ai fait admettre que c’était un péché pour une jeune fille de montrer sa poitrine et pour un homme de ne pas porter de pantalon.
"Des tableaux de chasse anglais d'autrefois décoraient la salle à manger dont les sièges de style Chippendale étaient d'une valeur inestimable. Des portraits dits Reynolds et de Gainsborough, des paysages de John Crome et de Richard Wilson agrémentaient le salon. Même la chambre qui m'était affectée, avec son lit à colonnes, contenaient des œuvres d'art : des aquarelles de Birket Foster. C'était beau, et vivre dans ce décor était un ravissement."
Les gens ne résistent jamais à ceux qui les font rire. (p455, Jane).
Evert Gruyter parlait aussi couramment l'anglais et le malais que sa langue maternelle, mais il pensait toujours en hollandais. Il ne s'en plaignait pas, appréciant l'aptitude de cet idiome à exprimer des notions inconvenantes. (p.288, le fléau de Dieu).
Le voyageur avisé ne se déplace qu'en imagination. (p.73, Honolulu)
Le regard de lord Mountdrago dévia légèrement. Le docteur Audlin était sûr qu'il ne disait pas la vérité.
- Lui avez-vous jamais fait du tort ?
- Jamais.
Lord Mountdrago n'avait pas bougé, mais le docteur Audlin éprouvait le sentiment étrange qu'il s'était comme recroquevillé dans sa peau. Il avait sous les yeux un homme fort et fier, qui donnait l'impression de juger insolentes les questions qu'on lui posait ; et en dépit de tout cela, derrière cette façade, quelque chose se déplaçait et sursautait, comme un animal effrayé, pris au piège. Le docteur Audlin se pencha en avant, et la puissance de son regard força lord Mountdrago à le regarder dans les yeux.
- En êtes-vous tout à fait sûr ?
Rien d'étonnant à ce que le monde soit dans le gâchis et que le pays aille à sa ruine puisque ce sont les hommes qui gouvernent ; ils ne possèdent pas les premiers éléments du bon sens.
Si l'amour et le devoir se rencontrent, vous êtes touché par la grâce et vous goûtez un bonheur qui passe l'imagination.
p.204
Seule, la beauté que les hommes réussissent parfois à faire naître du chaos rend supportable : la peinture, la musique, les fleurs, une vie bien vécue. Rien ne vaut une existence harmonieuse. Voilà la parfaite œuvre d'art.
p.194
Je suis, bien, entendu libre penseur, et je crois que toutes les religions ne sont autre chose qu'un complot du clergé pour prendre la haute main sur le peuple, mais Monsieur connaît les femmes.
Je n'ai jamais cessé d'admirer comment , tout en s'inclinant avec une élégance de cour devant ces personnages illustres, il savait conserver l'attitude indépendante du citoyen d'un pays où il est proclamé que les hommes naissent égaux.
Les nouvelles que je préfère sont celles que je pourrais moi-même écrire.
La saison touchait à sa fin. Walter et Kitty s'étaient beaucoup vus, mais il demeurait aussi réservé et impénétrable qu'au premier jour. Une certaine gaucherie avant remplacé sa timidité, ses propos ne sortaient pas des généralités. Kitty finit par conclure qu'il n'était pas du tout amoureux. Elle lui plaisait, il trouvait sa conversation agréable, mais, dès son retour à Hong-Kong, en novembre, il l'oublierait. Peut-être même était-il fiancé là-bas à quelque infirmière, fille de clergyman, modeste, consciencieuse, et aux pieds plats. Voilà la femme qui lui conviendrait.
Une fumée légère perdue dans l'espace, voilà la vie d'un homme.
La chaleur tendait sur elle, comme un linceul, un voile de brume. L'eau mobile, malgré la lenteur de son cours, faisait penser à la mélancolie des choses qui passent. Tout finit, et qu'en reste-t-il ? Les hommes, songeait Kitty, ressemblent aux gouttes de cette rivière : fleuve anonyme, serrés I'un contre l'autre et cependant si séparés, ils descendent vers la mer. Quand tout est si fugitif et si vain, n'est-il pas pitoyable d'attacher un prix absurde à des futilités et de se rendre mutuellement si malheureux ?
-Il est très difficile de concilier les devoirs du galant homme et les obligations du biographe.
— Pourquoi ne cessez-vous pas de boire ?
— Parce que je ne veux pas. Qu'importe ce que l'on fait si on est prêt à en accepter les conséquences ? Vous êtes là à me dire de renoncer à la bouteille, mais c'est tout ce qui me reste. Voyez-vous ma vie sans ça ? Vous représentez-vous la jouissance que me procure mon absinthe ? Je la désire ardemment ; j'en savoure chaque goutte et après je nage dans le bonheur. Ça vous révolte. Vous êtes un puritain, et au fond, vous méprisez les plaisirs sensuels. Ce sont les plus violents et les plus exquis. Je suis un de ces veinards doués de sens ardents et je les ai satisfaits de toutes mes forces. À présent, il faut payer. Je suis prêt.
Depuis vingt ans, il se demandait s'il aimait l'alcool parce qu'il le faisait parlé, ou la conversation parce qu'elle lui donnait soif.
Croire la jeunesse heureuse est l'illusion de ceux qui l'ont perdue. Les jeunes sont malheureux parce que le contact avec la réalité meurtrit sans cesse l'idéal dont on les nourrit. Ils doivent découvrir par eux-mêmes que tout ce qu'ils ont lu et entendu raconter n'est que mensonge, mensonge, mensonge ! et, chaque fois, c'est un clou enfoncé dans leur chair sur la croix de la vie. Chose étrange, poussées par une force intérieure, les victimes de cette amère désillusion contribuent à la créer à leur tour.
"Each member of the orchestra plays his own little instrument, and what do you think he knows of the complicated harmonies which unroll themselves on the indifferent air? He is concerned only with his own small share. But he knows that the symphony is lovely, and though there's none to hear it, it is lovely still, and he is content to play his part."