Citations de Xavier de Moulins (348)
Toute expérience humaine est intégralement autocréée. Chacun de nous est l’auteur de ses pensées et de ses émotions. Il faut savoir s’arrêter de s’identifier à tout ce que l’on a accumulé par le passé et arrêter de croire que le futur sera ceci ou cela. Il n’existe pas. La seule chose que nous avons s’appelle le présent. Vivre, c’est prendre conscience de ce qu’on est à l’instant. Être humain, c’est pouvoir façonner les situations dans lesquelles on vit comme on veut les vivre. Pour façonner nos situations, il faut comprendre qui on est. Ensuite seulement on peut envisager d’être bien où nous sommes. C’est tout. Les gens ne savent pas qui ils sont. C’est pour ça qu’ils sont malheureux et courent après un hypothétique bonheur qui ne dépend jamais d’eux. Il est là, le piège.
« L'orientation sexuelle ne change pas l'aspiration à la route. Homme-femme, homme-homme, femme-femme, rien ne change finalement, puisque tout le monde veut la même chose.de la lumière, un point d'appui pour ne pas crever sel. C'est pourtant seul et dans l’obscurité que tout s'achève. »
C'est inutile d'anticiper nos chagrins, on a toute la vie pour la peine.
Les enfants ont cette force dont sont dépourvus les adultes, ils passent vite à un autre sujet. Ils détestent perdre leur temps à souffrir pour rien.
Le petit chat est mort.
Les mots sont une détonation.
Les choisir pour l'annoncer aux enfants n'a pas été chose facile, alors je me suis résigné à faire simple, cinq mots et un point final. Court, cruel, monstrueux.
La vie, mon Paulo, est plus vaste qu'un chagrin d'amour.
Mon père est un gangster moderne. Il m'a donné la vie et l'a ouverte au cran d'arrêt.
Ciel bleu vantard, mercure déchaîné. Le soleil cogne sur les carreaux de la cuisine, la lumière écrase les yeux, fournaise de mai.
Un père a deux vies: la sienne et celle de son fils.
Jules Renard
Mes paragraphes transpiraient la guimauve d'un romantisme adolescent.
Même protégés par leurs morts, les vivants restent libres, de gâcher leur vie.
"Parce que la vie passe tellement vite qu'on n'a pas le choix, il faut la mordre à pleines dents en acceptant que les situations nous échappent, sans s'en faire."
Jamais d'autre que toi en dépit des étoiles et des solitudes
En dépit des mutilations d'arbre à la tombée de la nuit
Jamais d'autre que toi ne poursuivra son chemin qui est le mien
Plus tu t'éloignes et plus ton ombre grandit
Jamais d'autre que toi ne saluera la mer à l'aube quand
Fatigué d'errer moi sorti des forêts ténébreuses et
Des buissons d'orties je marcherai vers l'écume
Jamais d'autre que toi ne posera sa main sur mon front
Et mes yeux
"Elle ouvre ses yeux immenses et m'explique que malgré le temps, les rides et la mémoire qui flanche, les jolies choses restent intactes. Alors quand la vie fait sa garce, parce que la vie peut facilement nous faire dérailler et prendre un mauvais tournant, il ne faut pas hésiter à descendre au plus profond de soi et refaire jaillir une odeur, une matière, une image, une note de musique, quelque chose de doux pour affronter la violence et, surtout, s'en protéger."
"Devenir vieux, c'est devenir bon perdant."
« C’est un long processus, toutes ces graines d’amour à planter dans tous ces cœurs épuisés, mais quand on y parvient, c’est une joie pure que l’on ressent .
Quand le lien se tisse entre les vivants et les morts, que le dialogue s’instaure, c’est une renaissance et une épiphanie .
Même protégés par leurs morts, les vivants restent libres, de gâcher leur vie. »
On ne prend jamais le temps de souffler.
Souffler, c'est réaliser son absence, l'entendre mourir de nouveau.
Chez nous, souffler, c'est crever.
Ciel bleu vantard, mercure déchainé. Le soleil cogne sur les carreaux de la cuisine, la lumière écrase les yeux, fournaise de mai. La main en visière, Charles Draper ouvre la fenêtre, torse nu. Le saule pleureur au fond du jardin masque la perspective. Il ressemble à un yeti, son vert est jaune, ses branches trempent sur la terre, elles forent les dernières gouttes du cours d'eau. A sec, la nature brule sous ce printemps étouffant. Dans les champs, l'herbe est déjà cramée. Écrasés par la chaleur matinale, les chevaux cherchent l'ombre à l'abri du bosquet, la gueule mangée par les mouches, ils ont soif. La campagne a un air de garrigue avant l'incendie. Charles Draper est prudent quand il écrase sa cigarette. Il trempe la tête sous le robinet de l’évier, tire la langue, lape, animal. La main dans les cheveux, il se tourne vers l'imposant réfrigérateur, un modèle américain. De quoi nourrir un régiment.
Ce mois de mai annonce un été canicule.
L'établissement est une ancienne ferme plantée au milieu d'un champ, juste à la sortrie de la ville. Des pommiers glandent au milieu de l'espace vert bien taillé. Un jardinier ramasse les fruits. Les pensionnaires n'ont pas le droit d'y toucher pour des raisons d'hygiène et de sécurité. De toute façon la majorité ne peut plus se baisser pour les ramasser, sauf ceux qui vivent déjà pliés en deux, mais ceux là n'ont pas très envie d'attrapper des pommes. Et puis ce n'est pas bon pour ce qu'ils ont.
Dehors, la lune tire pleins feux sur sur le toit de la forêt. Les nuages la défient, en vain.