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Critiques de Yann Andréa (26)
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Ainsi

« Ainsi » de Yann Andréa est un livre est assez court qui se lit rapidement.

C'est un journal de deuil. Nous sommes en décembre 1999 et le passage à l'an 2000 a quelque chose de symbolique ; l'événement est important et appelle à l'écriture sur les souvenirs de l'amour perdu.

L'amour perdu c'est Marguerite Duras, sa compagne et mon auteure préférée, morte en 1996. Cette perte il ne s'en remet pas même s'il connait l'amour physique avec une autre femme. Il dialogue avec le fantôme de l'unique Amour en regardant la Seine, seul devant sa machine à écrire. Il utilise le style de Marguerite Duras mais c'est normal car il a beaucoup écrit sous sa dictée.

Le début est très bien mais c'est assez vite lassant car on a l'impression qu'il est en boucle, peut-être à cause des répétitions (avec Marguerite Duras qui répète beaucoup je n'ai jamais eu cette impression). Heureusement, il y a quelques belles phrases à propos de l'amour éternel comme, par exemple, « Et tandis que je vous oublie je pense encore à vous. »



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Cet amour-là

Yann Lemée (que Duras rebaptisera Andréa) est un jeune étudiant en philo quand il découvre l’œuvre de Duras, en tombant par hasard sur le roman Les petits chevaux de Tarquinia. Aussitôt il développe une obsession pour l’univers durassien et plus tard il entretient une correspondance à sens unique avec l'autrice, pendant cinq ou six ans, jusqu’au jour où elle lui répond et l’invite chez elle.




Cet amour-là raconte cette rencontre et la relation fusionnelle et passionnelle qui s’ensuit, pendant seize ans, entre lui, qui n'est rien (selon ses propres termes) et elle, le monstre sacré de la littérature. Dans ce livre, Andréa parle aussi (et surtout) de la mort de Duras et de sa (sur)vie (à lui), après. J’ai rarement lu des mots sur l’approche et le moment de la mort aussi justes et percutants. Maintenant, Andréa est mort lui aussi, ce qui apporte une dimension encore plus troublante à cette lecture.
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Cet amour-là



Duras. Ces cinq lettres. Ce nom qui veut tout dire. A travers le monde. Duras. Ce nom qui renferme des milliers de mots, de mots justes, de mots pour dire l'amour. Duras une femme. Duras, l'oeuvre.



Il découvre les mots de Duras en lisant par hasard Les petits chevaux de Tarquina. Et c'est une révélation. Il va lui écrire tous les jours, plusieurs fois par jour, des lettres sans réponse. Jusqu'à ce mot : Venez. Il va alors la rejoindre là-bas à Trouville, nous sommes à l'été 80. Elle va le nommer : Yann Andréa. Il va alors vivre à ses côtés, tous les jours, entre les séparations qui ne peuvent durer.



Il va commencer à écrire tous les mots qu'elle dicte, les mots exactes. Les livres naissent, les films.



Il sera aux côtés de Duras jusqu'à ce jour, ce 3 mars 1996, où la mort s'invite et la vie quitte le corps de Duras.



Ce roman écrit par Yann Andréa est un hymne d'amour pour cette femme qu'était Marguerite Duras avec laquelle il a partagé seize années de sa vie. Comment survivre après Duras, quand la mort frappe.



L'écriture ressemble à celle de Duras, dans le rythme et les mots choisis. C'est beau, c'est touchant.



Je pense que ce livre fait partie de l'oeuvre intégrale de Duras, il est à lire pour comprendre plus cette femme et cette relation avec cet homme.



Si vous êtes amoureux de Duras, n'hésitez pas à découvrir Cet amour-là.
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Cet amour-là

Ce livre est le plus connu de Yann Andrea. Il est aujourd’hui réédité par les éditions Pauvert. Yann Andrea y parle de son histoire d’amour avec Marguerite Duras, de sa mort et de sa vie (sa survie ?) après la mort de l’auteur.

L’ordre chronologique strict n’est pas respecté, il revient à plusieurs reprises sur certains événements, sur l’impact qu’ils ont eu sur lui. Yann avait rencontré l’écrivain avant de rencontrer la femme, il aimait ses mots, son oeuvre avant de l’aimer elle.

Livre d’une renaissance ? Aussi. Parler de Duras est la rendre à nouveau vivante pour lui, mais surtout rendre leurs relations vivantes. Une relation pas si simple aux yeux du monde, Marguerite et Yann sont bien seuls dans leur amour et leurs déchirures.

Les chapitres sont courts, les phrases simples, de forme neutre, puis apparaissent des phrases complexes, avec des anaphores, comme si l’écrivain prenait de l’assurance. Il est toujours à la recherche du mot juste, peut-être parce que c’était ce que recherchait Marguerite Duras. L’importance de l’écriture dans sa vie est d’ailleurs au coeur de ce roman. De même que la mort de Marguerite Duras a pris toute la place dans la vie de Yann Andrea. Il ne s’agit pas seulement de sa représentation matérielle (cercueil, tombe, fleurs) mais aussi de la survie, de la transmission de son oeuvre.

Serait-ce une influence du style de Marguerite Duras ? Pas de dialogue, mais un monologue intérieur, et, pour retranscrire les paroles de Duras, le discours indirect libre qui intègre les paroles dans le récit. Peut-être aussi un moyen de redonner la parole à l’écrivain morte. Yann et Marguerite semblent presque seuls au monde, avec l’écriture comme compagnie exigeante.

Cet amour-là n’est pas une réponse à ceux qui se gaussaient de cette histoire d’amour hors norme. Elle est l’histoire d’un amour qui n’eut rien de banal.
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Cet amour-là

Ce roman raconte l' histoire d'amour entre yann Andréa et marguerite Duras. Si l'histoire est assez simple , elle est magnifier par le style de yann Andréa. Très bonne lecture
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Cet amour-là

Yann Andréa, tombe amoureux de l’écriture de Marguerite Duras en lisant « les petits chevaux de Tarquinia » alors qu’il est étudiant en Khâgne de philosophie. Cette attirance exclusive et compulsive le conduit à écrire régulièrement à Marguerite Duras pendant plusieurs années sans réponse. Puis en 1980, il reçoit un exemplaire de « L’homme assis dans le couloir » et il la rencontre enfin à l’hôtel des roches noires de Trouville pour ne plus la quitter ensuite. L’amour inconditionnel qu’il lui voue est indispensable pour supporter ses humeurs variables et parfois vachardes. Ce livre constitue un excellent témoignage de la personnalité et de la vie de Marguerite Duras consacrée quasi exclusivement à l’écriture. On pourrait toutefois reprocher à Yann Andrea de répéter plusieurs fois la narration des mêmes événements, sans doute parce qu’il les as jugés importants, mais cette redondance déstabilise le lecteur.
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Cet amour-là

"Cet amour-là" c'est l'histoire d'un amour éternel raconté par Yann Andrea après la mort de Marguerite Duras le 3 mars 1996.

Cela commence à Trouville. le mardi 29 juillet 1980, la vie de Yann Lemée va être bouleversée. C'est le jour où il frappe à la porte d'un appartement des Roches Noires. Il est venu de Caen en autocar et a téléphoné d'une cabine à Marguerite Duras qui lui demande de venir en apportant une bouteille de vin rouge. Cela faisait cinq ans qu'il lui écrivait des lettres restées sans réponses.

Il ne repartira plus jamais et son choix va infléchir le cours de son destin car en entrant dans la vie de l'écrivaine il entre en littérature.

Marguerite Duras va rapidement le nommer Yann Andréa en gommant le nom de son père et ajoutant le prénom de sa mère. Elle en fera un héros durassien. Et puis, c'est lui qui écrira ses mots sous sa dictée, jours et nuits.

Il a vingt-sept ans, elle en a soixante-six. Cela aurait été l'inverse ça n'aurait choqué personne mais qu'importe le nombre des années, pour eux l'amour n'a pas d'âge. Elle pense avoir rencontré un ange protecteur, lui l'écrivaine de sa vie. Elle est amoureuse de l'amour, lui de ses livres. D'ailleurs, Duras y parle du côté mortifère de la passion, de l'impossibilité d'aimer sans tuer ou sans mourir.

Leur vie ressemble un peu à un roman. Ils se vouvoient, rient ensemble, écoutent en boucle le tube d'Hervé Vilard "Capri c'est fini", fond des virées en voiture à Cabourg ou à Honfleur, boivent de grandes quantités de vin. Alcoolique et donc parfois irascible, Duras (il adorait son nom) sera malade mais toujours il est là pour elle. Il l'accompagnera jusqu'à sa mort le 3 mars 1996 rue Saint-Benoit à Paris après seize ans de vie commune. Cette date revient souvent.

Il faudra trois longues années à Yann pour remonter la pente et pouvoir aller sur sa tombe au cimetière du Montparnasse et surtout écrire ce très beau livre sur l'amour et la création littéraire.

J'en suis encore toute retournée.



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Cet amour-là

OLNI : objet littéraire non-identifié.

ANC : amour non consensuel

Je ne fais rien, je ne pense rien comme tout le monde, et d'ailleurs j'emmerde le monde. Enfin, même pas, je m'en fous.

Elle est morte : il y a des imbéciles qui voudraient que je "fasse mon deuil". Comme si on faisait le deuil de soi-même sans mourir.

Je suis un homo, comme ils disent, et nous avons trente-huit ans d'écart : qui peut comprendre le lien qui nous unissait, cet amour-là. Charnel, spirituel, et surtout, d'écriture.

Je ne fais rien de mes journées, je suis là et elle me dicte. Je dois être attentif, elle barre, elle crayonne, elle tâtonne à l'oral. A la fin, elle relit, elle reprise, et il y a un texte. L'Amant, en toute modestie, et puis l'Amant de la Chine du Nord, et d'autres chef-d'oeuvres encore.

Je suis là aussi pour veiller sur elle quand elle est folle, saoule, malade. Et jusqu'au bout, jusqu'à la dernière heure.

Ensuite, je continue à lui parler, parce qu'elle est encore là. Sa voix m'a tellement traversé pendant seize ans que je l'entends sans effort. Et je la retranscris, elle m'habite. Alors n'allez pas me reprocher d'écrire comme elle.

Je ne suis pas comme vous, je suis un être différent, et j'ai cherché à aimer à la perfection.

Elle voulait que je la suive dans la mort, vous ne vous en sortirez pas sans moi, disait-elle. Je ne l'ai pas fait, pas tout de suite.

D'abord j'ai écrit cet amour-là.

Injustement critiqué et moi incompris.

Mais ce n'est pas grave à présent. C'est comme ça. Tout est bien.



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Cet amour-là

Après M.D., chronique du retour à la vie de Marguerite Duras, après la seconde très longue hospitalisation de l'écrivaine (9 mois en réanimation),Yann Andrea va écrire l'histoire de son amour pour elle, de son amour à elle pour lui, amour qui contient comme tout amour sa part d'impossible. Un dimanche matin, après des semaines de maladie et de déclin, Marguerite Duras meurt. Yann Andrea va à son tour traverser une sorte de mort, affective, sociale. Cloîtré dans la chambre qu'elle lui a laissée, il s'enfonce de jour en jour dans l'absence au monde, l'absence à lui-même. Il existe, s'il ne vit plus, dans une incurie et une forme de rejet de sa personne ,dans la trivialité d'un corps réduit aux fonctions les plus basses, et qui se dégrade livré à luimême: obésité, crasse, apathie, apragmatisme et aboulie.. Personne ne venant forcer sa solitude, c'est lui-même qui un jour, au bout de trois ans de marasme et de clochardisation, émerge en faisant le constat qu'il n'est pas mort ,qu'il est vain de penser qu'il peut ainsi mourir.

Il revient vers la vie, auprès de sa mère qui vient avec son compagnon le chercher pour le ramener dans son terroir du Lot et Garonne, voyage en auto vers la vie, où la vision du panneau routier de Duras ne lui est même pas insupportable. Et écriture de ce livre qui fait oeuvre, Devant lequel on pense en effet que seul cet homme-là pouvait vivre, et écrire, cet amour-là.
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Cet amour-là

Cet amour-là c'est l'amour inconcevable, intellectuel et physique, entre une vieille femme immensément célèbre et un jeune homosexuel. Incompréhensible et tellement humain, un amour contre toute logique, contre nature : Marguerite, exigeante, tyrannique, cassée, usée, au bout du rouleau, aime le jeune Andréa qui à son tour lui est indéfectiblement attaché, au-delà mort, au-delà de tout.



Dans ce livre dérangeant, magnifique et indélébile, Yann Andréa se met à nu, raconte sans filtre cet amour-là. Il nous laisse étonnés et interrogatifs devant son renoncement à vivre après la disparition de Duras, devant son amour absolu, négation de son moi intime.



Challenge MULTI-DÉFIS 2018
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Dieu commence chaque matin

Alors que je collectionne l'oeuvre de Marguerite Duras et tous les livres qui s'y rapportent, je n'étais pas pressée de lire ce petit ouvrage de Yann Andréa publié en 2001, intitulé "Dieu commence chaque matin", pour plusieurs raisons. Tout d'abord parce que j'avais été déçue par "Ainsi" une sorte de journal de deuil qu'il a écrit au moment du passage à l'an 2000. Ensuite, parce que je suis athée et que parler de Dieu m'intéresse assez peu.

Bref, je déterre ce petit livre de ma PAL histoire de m'ouvrir l'esprit et je constate que Yann Andréa est toujours dépressif.

Il s'agit d'une commande des éditions Bayard consistant à donner carte blanche à des personnalités pour répondre à la question "Qui donc est Dieu?".

J'ai été assez hermétique à la réponse de Yann Andréa même si à de rares moments on retrouve Marguerite Duras en filigrane, sans qu'elle soit citée, notamment parce qu'il y a la description du bureau où il écrit en tapant à la machine, les balades au bord de la Seine et l'amour divin. Il évoque celle qui a écrit "je vous aime plus que tout au monde" et qui le considérait comme le préféré, l'élu de son coeur. Il a été son dernier compagnon et je pense qu'il ne s'est jamais remis de sa mort en 1996. Après ça, comment ne pas faire le lien avec Dieu.

Pour le reste du texte, il écrit ce qui lui passe par la tête, que Dieu serait dans les moments où les hommes n'y pensent pas par exemple (à aucun moment il n'évoque la fois) et se mélange un peu en se prenant pour Jésus-Christ.

Bon, il a des circonstances atténuantes puisqu'il parle d'amour et une certaine lucidité en écrivant que lorsqu'on fait un livre sur Dieu c'est nécessairement raté.





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Je voudrais parler de Duras

J'aime beaucoup le titre de ce petit livre « Je voudrais parler de Duras ». C'est Yann Andrea qui s'exprime dans un entretien avec Michèle Manceaux à Neauphle, dans la maison où Yann Andrea vit avec Marguerite Duras depuis 2 ans. Nous sommes en 1982 et l'interview a été retranscrite à titre Posthume, en 2016. Elle n'a donc pas été corrigée et la spontanéité du langage parlé lui donne un certain intérêt.

On croit tout connaître sur quelqu'un et bien non. Avec Duras c'est un puits sans fond dans lequel j'adore me plonger.

Dans cet entretien, Yann Andrea raconte de façon sincère et spontanée pourquoi il a envie de parler de Duras. Il veut faire son portrait et revient en arrière avant de d'évoquer le présent.



Yann est étudiant. A l'époque (il y a 10 ans), il trouve un roman chez son amie qu'il lit presque par hasard. C'est "les petits chevaux de Tarquinia" et le début d'une histoire extraordinaire. D'une passion.

Il va tout lire et écrire à Marguerite Duras pendant 6 années puis rencontrer Marguerite Donnadieu, la femme. Il est fasciné et soumis, elle est libre et jouisseuse.

Il parle de l'emprise qu'a Marguerite Duras sur lui et c'est assez terrifiant. Il est sous sa domination et veux parfois s'en échapper mais il ne le peut pas. Il revient toujours. L'amour est absolu.



On se croirait dans un livre de Duras. D'ailleurs il dit qu'il devient une source d'inspiration pour elle. Il évoque la différence d'âge uniquement en rapport à la mort, pas à l'amour. Il a une telle dépendance qu'il aime sans tabou.

Il se livre avec beaucoup de sincérité comme chez un psy et s'embrouille parfois mais Michelle Michèle Manceaux sait poser les bonnes questions au bon moment.



Cet entretien est absolument fascinant. C'est un incontournable pour tous ceux qui aime Marguerite Duras, et les autres aussi.





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Je voudrais parler de Duras

En février dernier est sorti un film nommé Vous Ne Désirez Que Moi dans les cinémas indépendants. Ce titre m’apportant questionnements et étonnements, je me suis renseigné à son sujet. Lorsque je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’un film sur Marguerite Duras, j’ai été très excité. Je suis allé le voir et il m’est apparu en choc cinématographique important, j’étais au milieu d’une salle remplie de vieillards en quête d’un retour de jeunesse. En fin de séance, j’ai appris que ce film était la représentation graphique d’un entretien passé entre Yann Andréa, dernier amant de Duras, et une journaliste, Michèle Manceaux. Ces entretiens furent publié au sein d’un livre avec pour nom Je Voudrais Parler De Duras.



Ainsi, ce court livre est un entretien s’étant passé sur deux jours entre Yann Andréa et la journaliste Michèle Manceaux. Au sein de celui-ci, Andréa se confie sur sa relation avec Duras, comment il a connu l’auteure avant la femme, leur rencontre, et leur lien depuis qu’ils habitent ensemble. Tout est progressif, au fil des pensées et de la narration. Les cassettes contenant ces entretiens allaient servir à Yann Andréa afin de les reprendre et les retravailler, mais il est décédé avant d’en avoir eu l’occasion, puis est venu le tour de Michèle Manceaux. Des années plus tard, la sœur de la journaliste a découvert ces cassettes dans un carton, et s’est dit que les publier serait une bonne chose. Aujourd’hui, ces entretiens sont entre nos mains.



Dans cet immense entretien prenant des heures de paroles, Yann Andréa se confie sur sa relation avec Marguerite. Il parle d’elle comme d’une puissance supérieure, et pourtant parfaitement humaine. Une femme à bien des reprises, désirante et désireuse, mais aussi artiste et intellectuelle. Plus nous avançons dans l’entretien, plus nous avançons dans la relation qu’ils avaient, et plus la profondeur se fait. Yann André ne cesse d’hésiter sur ses paroles lorsqu’il parle d’Elle, puisqu’Elle n’est pas là pour guider ses mots. En écoutant ces mots dans le film, puis lisant ces mêmes mots dans un livre, je me suis rendu compte que la relation qu’ils tenaient était totalement inédite puisqu’il y avait un réel phénomène de déconstruction suivi d’une reconstruction : déconstruction du Yann d’avant puis sa reconstruction à l’image de Marguerite Duras. Elle tenait l’homme dans sa main et ne le lâchait pas. Sans cesse elle lui répétait que cela devait être ainsi, une relation de pure soumission à la grandeur de l’auteure, de la femme et du personnage immuable de Duras. Yann tenait à connaître Marguerite Duras, puis a découvert Marguerite Donnadieu, puis est devenu le compagnon des deux à la fois. C’est ici toute la beauté du texte, il est partagé entre l’amour et la mort : Duras écrivait les deux dans ses textes, comme deux entités dansant une valse folle, et Yann Andréa s’est retrouvé embarqué là-dedans, et ce jusqu’à devenir un personnage à part entière de l’Œuvre vivante de Marguerite Duras. Il a fini par ne plus exister que par elle seule, lui-même n’existant plus. Il a voué sa vie à une œuvre d’art et s’est fait composante de celle-ci. En subissant les commandements, les ordres et les désirs de Duras, il n’est lui-même devenu pas plus symbolique qu’un objet, un objet de désir et de violences. Par ailleurs, il a mentionné plusieurs éléments que l’on retrouve dans La Pute De La Côte Normande, les violences, les choix, l’écriture, le tout empruntant un chemin de croix fatal et nocif, mais enivrant pour les deux personnes qu’ils furent. Il est tant incertain que Michèle Manceaux le guide dans ses pensées et ses mots, et rien que ça il m’est arrivé de détester cette journaliste ne faisant que son travail de creusage psychologique, je l’ai trouvé froide face à Yann Andréa, tout aussi froid, mais par un manque d’assurance personnelle, par un manque de vie, par un amour Durassien.



Je me décide de ne pas parler plus de ce texte, puisque je me sens illégitime d’écrire ces mots pour vendre les sentiments d’un homme sur le papier. Outre ce que j’ai écrit jusqu’ici, je décide plutôt de vous mettre un plus grand choix de citations en dessous de mon paragraphe conclusif, afin que vous soyez vous-mêmes confrontés à ces mots, ses mots.



Yann Andréa a réalisé cet entretien passé sur deux jours afin de parler de Duras. Il mentionnera la façon dont il l’a connue, leur rencontre, leur relation et encore d’autres choses, mais à travers ses mots nous ne nous rendons compte que d’une seule chose : l’emprise qu’elle a tenu sur lui, totale, violente, charnelle et dominatrice. Yann a été refondé à l’image de Duras, et cela se sent.
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Je voudrais parler de Duras

Ce n’est pas vraiment facile pour moi de le chroniquer, tout comme il n’est pas si facile de lire ce texte, transposition de l’enregistrement de l’entretien entre Yann Andrea et Michèle Manceaux, amie de Marguerite Duras. Même si sa publication a été possible, j’ai du mal à « entendre la voix des morts », puisque Yann, Michèle et Marguerite, au coeur de ce texte, sont morts aujourd’hui. Ce texte est une transposition fidèle, sans correction : tout y est, y compris les sonneries du téléphone intérieur, les miaulements d’un chat, les lapsus de Yann Andréa… Ce livre se classe désormais comme le premier ouvrage, en ordre chronologique d’écriture et non de parution, dans lequel Yann Andrea parle de son amour pour Marguerite Duras.

Oui, j’ai choisi de dire « amour », et non « relation », même si rien n’est simple entre Yann et l’écrivain. Il est difficile d’analyser les paroles d’un homme passionné par les mots de Duras alors que lui-même se refuse à analyser ce qui a provoqué ce coup de foudre littéraire. D’ailleurs, peut-on réellement analyser une passion ? Je ne le crois pas, sinon, elle cesse d’en être une puisqu’on a acquis suffisamment de distance avec elle.

En revanche, il sait dire leur passion amoureuse, complexe. Les questions de Michèle Manceaux facilitent la parole, poussent dans les retranchements celui qui veut parler mais n’ose dire. Elles fixent des axes, rétablissent une chronologie. Questionner, oui, interroger, non.

La fin du livre aborde les préférences sexuelles de Yann Andrea avant sa rencontre avec Marguerite Duras. Autre temps, autre manière de pensée et le point de vue de Yann Andrea sur l’homosexualité, sur son homosexualité m’a mise mal à l’aise.
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Je voudrais parler de Duras

Je voudrais parler de Duras est la transcription d’une interview que Yann Andréa a accordé à Michèle Manceaux, journaliste et amie de Duras. L’entretien a été enregistré en 1982 alors qu’Andréa partage la vie de Duras depuis deux ans. Il s'y confie sur l’emprise de sa compagne et sur leur amour inouï qui brise tous les codes établis.




J’ai eu l’impression de passer de l’autre côté du miroir de l’œuvre de Duras. Fascinant et bouleversant.
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L'histoire

Un titre simple, épuré, et à l’intérieur du livre deux voix, celle de Maren Sell et celle de Yann Andrea. Maren Sell parle d’elle et de Yann Andrea, Yann Andrea parle de lui et de Maren Sell. Entre eux, l’écriture, l’amour, l’alcool et Marguerite Duras.

Ce livre nous dit beaucoup sur l’écriture, l’édition, et la réception des livres, ainsi que les conséquences sur les auteurs. Maren Sell ne semble vivre que pour prendre soin de ses auteurs – même si son mari, sa fille, sont bien présents dans ce livre, spectateurs involontaires de la passion de Maren pour Yann Andrea. Publier ce livre est un choix, l’histoire aurait pu demeurer secrète, Maren Sell l’a publié avec l’accord de la soeur de Yann Andrea. Lui qui avait cessé de publier (d’écrire ? Difficile à dire) quelques années avant sa disparition ne sera plus là pour assister à la réception de son dernier texte. J’ai été peu sensible à ses textes, sortes de poèmes en prose narrant son quotidien. J’ai été peu sensible à l’homme que nous compte Maren Sell, tant il semble impossible à saisir, intellectuellement et physiquement. Tant il lui semble impossible de se livrer réellement. Est-ce le souvenir de Marguerite qui l’empêche de s’ouvrir aux autres, ou bien est-il trop centrer sur ce que je qualifierai de dépression pour s’ouvrir aux autres ? Le livre n’apporte pas la réponse.

L’écriture de Maren Sell est très fouillée, très recherché, analyse de la passion des mots qui devient passion amoureuse. Récit autobiographique, qui raconte aussi les conséquences pour l’entourage de cette passion. Les réactions contrastés aussi. Il n’est facile ni de vivre, ni d’écrire.
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L'histoire

Je commence par remercier Babelio et les éditions Pauvert pour m'avoir envoyé ce livre, sur lequel je l'avoue je ne me serais probablement jamais penchée dans un autre contexte.



Jamais car je ne connais l’œuvre de M. Duras que de nom, car je n'ai pas un penchant particulier pour les biographies / autobiographies, car plein de bonnes et mauvaises raisons.



Mais c'est avec plaisir que j'ai lu ce livre (les découvertes Masse critique Babelio!). Je ne l'emmènerai pas sur une île déserte mais il s'agit d'un récit relatif à la passion, à la nostalgie, à la difficulté de faire face à l'absence, à la fascination, à l'écriture qui constitue une lecture très agréable.



L'on y découvre le monde de l'édition, le travail de l'éditeur, la pugnacité de Maren Sell, le soutien à l'auteur à bouts de mots...



Un livre à découvrir.

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L'histoire

Une Ode à l'admiration ! Une Ode à la passion et à l'amour ! Une belle écriture pour cette belle histoire de deux êtres qui se rapprochent, se cherchent, se trouvent, s'éloignent pour mieux se retrouver... Où les mots se posent sur les maux de ses deux personnages, enivrants, attirants chacun à sa manière. Très bon moment de lecture.
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L'histoire

« L'histoire » est un récit qui aurait pu s'appeler « une histoire » mais c'est le point de vue de l'auteure, Maren Sell, sur ce qu'elle a vécu avec Yann Andréa, le dernier amant de Marguerite Duras.

Signé à quatre mains, ce livre vient d'être publié alors qu'il a été écrit il y a une quinzaine d'années. C'est sans doute en raison de la mort de Yann Andréa il y a un peu plus d'un an. Cela pourrait ressembler à de l'opportunisme mais ce livre m'a intéressée parce qu'il est plutôt bien écrit et que Maren Sell a des choses à dire.

Car Yann était Celui que Marguerite Duras appelait le préféré, celui qui l'a accompagnée pendant 15 ans jusqu'à son dernier souffle. Alors on comprend pourquoi il est dépressif quand Maren le rencontre au Roseburd, bar du 14ème arrondissement de Paris, en 1998.

Elle va aimer cet homme qui n'a pourtant rien d'attirant, oisif et alcoolique. Mais ce qui va la mener à la passion est en rapport à son métier d'éditrice. D'abord, c'est l'omniprésence de Duras qui ne les quitte jamais vraiment et parce qu'elle va faire renaître Yann à la création littéraire, tel un phénix. Elle va raconter la genèse de « Cet amour-là » et de « ainsi » les deux récits signés Yann Andréa sur sa relation avec Marguerite Duras et la douleur de son absence. Il y a même eu une adaptation au cinéma de « Cet amour-là » avec Jeanne Moreau.

Et puis il va aussi écrire des petits textes les soirs de déprime devant une vodka orange, dans les bars qu'il fréquente la nuit : le Roseburd, le Bedford ou le café de Flore. Maren va les intercaler avec ses textes à elle, comme s'ils se donnaient la main (car cette relation ils l'ont vécu à deux). Elle le raconte et explique la co-signature de ce livre qui n'a, en fait, été écrit que par elle.

Les textes de Yann ne sont pas toujours passionnants car ce sont ceux d'un dépressif. de plus, ces faux airs durassiens sont parfois agaçants mais on peut le comprendre. le style de Maren Sell dérape aussi parfois avec des expressions durassiennes comme « sans raison aucune » par exemple mais cela ne m'a pas empêché d'apprécier cette histoire-là.

Ce livre est un cadeau de mon mari pour ma fête et il m'a fait plaisir car je m'intéresse à tous les écrits sur Marguerite Duras.





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L'histoire

J'ai reçu ce livre en SP sans vraiment l'avoir désiré, l'histoire d'un Amour entre une éditrice et le dernier compagnon de Marguerites Duras, dépressif, alcoolique, n'arrivant pas a se détacher de son dernier Amour.

La prose est belle mais je n'ai pas accroché a cette histoire, peut être par ce que je n'aime pas les gens qui ne savent pas tournés la page et qui se morfondent dans les souvenirs.

Je n'ai pas encore lu de livre de Marguerites Duras, ce n'est pas mon style de lecture préféré, je passe peut être a côtés d'une romancière de talent mais il y a tellement d'oeuvre d'autres Auteurs que j'ai envie de découvrir.

Merci quand même a Babelio et aux éditions Pauvert pour ce petit livre.
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