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Citations de Éric Plamondon (378)


J’avais l’impression de m’enfoncer dans la tempête, de plonger en son sein alors que ce n’étaient que les cieux qui passaient au-dessus de moi en balayant toute la Belle Province. Les phares de la Honda Civic creusaient un tunnel dans le blanc des tourbillons de cristaux. Ce n’était plus le véhicule qui avançait mais les éléments qui se précipitaient vers moi. J’étais comme Han Solo quand il fait passer le Faucon Millenium en hyper-espace et que des milliards de points lumineux semblent bombarder le cockpit : étoiles, super nova, naines blanches, soleils, galaxies… Mon retour devenait l’errance d’un naufragé solitaire.
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J'ai erré dans la maison en me demandant ce que je pouvais emporter. J'ai photographié chaque pièce. J'ai choisi des vêtements : ma robe noire à pois blancs que tu aimes tant, mon pull en laine ramené de Calgary, mon manteau en cuir verte que tu m'avais acheté sur un coup de tête dans Kensignton Market. On était allés passer quelques jours à Toronto pour fêter nos dix ans. J'aurais pu prendre des CD mais ceux que j'aime sont déjà dans ma playlist : Bach, Sati, Tom Waits, Richard Desjardins, Brassens, la trame sonore de Broken Flowers, Janis Joplin, Gotan Project... J'ai quand même craqué pour le Stabat Mater de Vivaldi par Andreas choll et My World is Gone d'Otis Taylor. Par besoin de t'expliquer le pourquoi de ce titre. Côté bouquins, je me suis restreinte à trois. An Unfortunate Woman de Brautigan. Encore un signe ? La Femme aux lucioles de Jim Harrison et, parce que j'en ai tiré le début de cette confession, Alexis ou le traité du vain combat. J'ai aussi failli prendre La femme qui fuit mais je n'avais pas assez de place. Je te laisse mes Pléiades d'Hemingway, de Baudelaire et de Rabelais. J'emporte quelques bijoux.
C'est drôle de réaliser que, tout à coup au moment du départ, tant de choses auxquelles je croyais tenir m'apparaissent insignifiantes. Elles ne servaient qu'à consolider le château de cartes de ma vie.
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Elle disait qu'il faut parfois laisser les hommes croire qu'ils sont plus fort pour mieux les dominer.
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Dans l'Ouest, l'homme blanc a réussi à éliminer les Indiens en éliminant les bisons. Dans l'Est il y avait des saumons. On les a pêchés à coup de barrages, de nasses et de filets jusqu'à l'épuisement des stocks. Les Indiens aussi sont épuisés.
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Le saumon qui bondit et lutte, un même spectacle pour trois hommes différents, trois rêves pour un même poisson, chacun y projetant sa propre histoire, chacune différente mais tournée vers un même but : saisir quelque chose qui nous échappe.
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Elle a les lèvres brillantes d'huile. Elle est vraiment séduisante.
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On s'est fait un dernier signe de la main et ils ont disparu derrière la haie de cèdres des voisins à mesure que nous prenions de la vitesse. Je ne savais pas encore ce que mon père savait depuis longtemps : même si j'allais parfois revenir, c'était fini. En quittant cette maison, je quittais définitivement mon enfance, mon père, sa blonde. Je reviendrais, mais ce ne serait plus pareil. C'était la fin d'un monde. Je comprendrais bientôt ce que signifie être seul, assumer ses choix, décider d'avancer ou de reculer, n'avoir personne à appeler au milieu de la nuit réveillé par un cauchemar où l'on tombe en tourbillon vers la gueule ouverte d'une baleine aux yeux injectés de sang mélange d'Icare et de Jonas, humains punis de leur orgueil et de leurs blasphèmes. C'était la fin de quelque chose. Je me dirigeais tout droit vers les responsabilités, les histoires d'amour compliquées, les haines partagées, les collègues insignifiants, le mariage, le divorce, avoir un enfant, vieillir, changer d'idée, douter, chercher des réponses, sombrer, se relever, tenter, recommencer et, souvent me souvenir de la fois où mon père m'avait dit : "On dirait que t'es allé aux fraises."
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« Le plus important, c’est l’Acte des Sauvages de 1876. Déjà juste le nom en dit long. Au cas où les Indiens n’auraient pas compris leur place, on leur mettait les points sur les i. Ils devaient ‘’rester dans un statut et être traités comme des pupilles ou enfants de l’Etat.’’ […] Tu te rends compte ? On considère que les Indiens ne sont pas vraiment des êtres humains normaux, qu’il faut s’en occuper comme des enfants. On est en 1876, sacramant ! Rimbaud écrit ‘’Une saison en enfer’’ et Graham Bell passe le premier coup de fil de l’histoire ! »
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Dans l’Ouest des Etats-Unis, au milieu du dix-neuvième siècle, pendant qu’Herman Melville écrit Moby Dick, des hommes à cheval, armés de longs fusils, abattent les troupeaux de bisons. Pour certains, il s’agissait d’une stratégie d’élimination des Indiens. De nombreux peuples millénaires de ces contrées ayant basé leur existence sur la symbiose avec le bison, il suffisait de l’exterminer pour faire disparaître ceux qui en vivaient. Un siècle plus tard, l’histoire de ces milliers de carcasses pourrissant au milieu des plaines du Wyoming ou du Dakota souligne la cruauté des colonisateurs. On parle désormais d’un génocide par tuerie interposée.
Dans l’Ouest, l’homme blanc a réussi à éliminer les Indiens en éliminant les bisons. Dans l’Est, il y avait des saumons. On les a pêchés à coups de barrages, de nasses et de filets jusqu’à l’épuisement des stocks. Les Indiens aussi sont épuisés.
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C'est ça, la vraie conquête de l'homme blanc. Il a domestiqué le terrain pour étendre ses possessions. Plus les colons étendaient leurs cultures, plus les Indiens devaient aller chasser ailleurs.
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- Au Québec, on a tous du sang indien. Si c'est pas dans les veines, c'est sur les mains.
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Le sol est couvert de limbes et de nervures qui craquent sous le pied. La forêt s'éclaircit.
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Elle tire une seconde porte. Une bouffée de chaleur lui rend la sensation d’humidité du mois d’août. Il doit faire au moins vingt-cinq degrés. C’est l’été avec le soleil en moins et les odeurs de bière et de tabac froid en plus. Un couple joue au billard. Il est en veste de chasse carreautée. Elle porte un t-shirt de Judas Priest. Ses seins font gonfler l’image de la lame de rasoir sur l’album British Steel.
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On avait fini par apprendre que la descente dans le bar était liée à un jeune recherché par la police depuis un attentat à Vittoria Gasteiz. La mort de Manex m'obligeait à m'interroger et à me rapprocher de ceux qui voulaient l'Indépendance. Je n'avais jamais compris où était le problème. Peut-être que mes ancêtres étaient basques et qu'on avait pêché la baleine et la morue et qu'on était de grands voyageurs, de grands navigateurs, peut-être que la langue basque était unique et que ses racines restaient un mystère, qu'on buvait du cidre, qu'on élevait des brebis, qu'on dansait en sautant, mais moi, j'étais née en France, j'avais suivi l'école en français, je venais d'avoir ma licence et je voulais voyager. Je n'avais jamais parlé basque à la maison avec mes parents. Pourquoi me serais-je mêlée de ces histoires d'indépendance ? Est-ce que la langue basque était en train de mourir ? Peut-être, peut-être pas, mais sinon à quoi servait-elle ? Pour moi, elle était le symbole d'un autre temps, d'une époque révolue, celui du clergé et de la religion régnant en maîtres sur les consciences. Je n'allais pas approuver les vieilles traditions de culs bénis pour le plaisir de faire partie de la bande.
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Mario Trudel a fini son secondaire à 18 ans. Ses notes avaient toujours été sous la moyenne, il avait redoublé son secondaire deux. Sa mère le battait. Son père était plutôt alcoolique. Son frère trisomique passait la semaine en résidence spécialisée. Mario avait toujours rêvé de devenir policier, comme pour se venger. Quand il était petit, à la moindre saute d'humeur, sa mère disait qu'elle allait appeler les bœufs*. « Si t'écoutes pas ta mère, y vont venir te chercher pour te mettre en prison, mon p'tit crisse. »
Alors, très tôt, le petit Mario avait compris qu'il ne serait jamais autant à l'abri que s'il portait lui-même l'uniforme.
(…)
Mario Trudel était devenu une police. Sa mère allait fermer sa maudite grande gueule ! Il n'aurait plus jamais peur de personne.

* policiers
>> http://www.je-parle-quebecois.com/lexique/definition/boeuf.html
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Il y a des moments dans la vie où la question du choix ne se pose pas. On ne choisit pas: on agit.
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L'homme blanc a voulu imposer à l'Indien en un siècle ce qu'il a mis des millénaires a développer et à intérioriser : agriculture, écriture, villes, dieu unique, gastronomie, astronomie, logique, statistiques, mécanique, physique, transcendance, trinité, roue, machine à vapeur, aimant, périscope, verre, chimie, chirurgie, sextant, transistor, famille nucléaire et tondeuse à gazon. Comment faire comprendre à un Indien la nécessité de tondre l'herbe autour de sa propriété pour que ce soit beau et propre ? Comment imposer cette idée à un cerveau sain si on n'a rien à vendre ? Et pourquoi acheter quand la nature vous fournit tout ce dont vous avez besoin ?
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Alors les forces de l'ordre redoublent de coups, s'enragent et deviennent vicieuses. Quand les chiens sont lâchés, quand on donne le feu vert à des sbires armés en leur expliquant qu'ils ont tous les droits face à des individus désobéissants, condamnables, délinquants, quand on fait entrer ces idées dans la tête de quelqu'un, on doit toujours s'attendre au pire. L'humanité se retire peu à peu. Dans le feu de l'action, la raison s'éteint. Il faut savoir répondre aux ordres sans penser.
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Le roi passe le même genre de deal en 1812 avec les Indiens du Canada. Ils sont dix mille à se battre avec les armées royalistes pour repousser l'invasion américaine. A partir de 1870, pour remercier ces vaillants guerriers, on leur enlève leurs enfants pour les emprisonner dans des pensionnats. A grands coups de bâton le matin, de douches froides le soir et de viols la nuit, les institutions vont faire rentrer l'idée de civilisation dans la tête des sauvages.
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Pendant le Moyen Âge, on défend aux meuniers et autres maîtres de moulins de bloquer entièrement une rivière. Il est obligatoire de laisser un espace de montaison pour le saumon. Celui qui ne respecte pas cette règle est passible d'emprisonnement. Et ainsi de suite, sur chaque rivière, de chaque pays, jusqu'au Nouveau Monde, quand l'homme blanc et la femme blanche font la rencontre d'un peuple qui n'a jamais eu besoin de réfréner son avidité par des lois. Depuis des millénaires, la sagesse de l'évidence suffit à ce peuple : si on pêche trop de poissons cette année, il y en aura moins l'année prochaine. Si on pêche trop de poissons pendant des années, un jour il n'y en aura plus.
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