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Il ne savait que trop à quel point la lame aiguisée de l'incertitude pouvait entailler l'âme.
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J'ai imaginé le revoir. J'en ai rêvé, obsédée par le déroulé de cette rencontre sous tant de façons différentes, mais jamais je n'ai pensé au scénario d'aujourd'hui, moi en tablier de cuisine avec une tache rosâtre sur le sein gauche. Ç'aurait dû être moi qui l'aborde, les épaules rejetées en arrière, une tirade toute prête aux lèvres, celle que j'ai préparée et répétée des dizaines de fois dans ma tête. Là, je n'ai rien dans la tête, à part les paroles qu'il m'a dites au printemps dernier.

« Votre conduite est extrêmement déplacée. Vous nous avez mis, ma famille et moi-même, dans une situation très désagréable et vous me causez des ennuis sur le plan professionnel. Je crois qu'il vaudrait mieux que vous quittiez le club de l'album de l'année. »
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Il suffit d’un coup d’œil sur l’ensemble de ses œuvres, pour se rendre compte que Van Dijck, durant toute sa première période, malgré une technique déjà très avancée, ne fut, tant pour l'inspiration même que pour l’exécution matérielle, qu’un imitateur, un "épigone" du puissant Rubens. Déjà il avait pris le maître comme exemple et cherché à l’imiter bien avant ses premières relations personnelles avec lui. Son Silène ivre est, au point de vue de la conception comme à celui de l’exécution, brutalement, servilement "rubénien". La figure du vieux satyre est en tous points semblable au type que Rubens avait coutume de lui donner . . . Cette remarque peut d'ailleurs s’appliquer à des compositions entières, à certains tableaux historiques et religieux qu'il peignit avant son voyage en Italie. Le St. Martin de l’Église de Saventhem et l'Arrestation du Christ du Prado sont en réalité des répliques plus ou moins libres d’œuvres analogues de Rubens.



Et voici que je touche à l’une des plus grandes faiblesses de Van Dijck: son manque d’invention personnelle, sa pauvreté d’imagination. Dans la plupart de ses grandes œuvres on chercherait en vain non seulement un groupement nouveau, personnel, mais un type, ne ressemblant pas à quelque point de vue à ceux de Rubens.



Et pourtant, à côté de ces signes de faiblesse, nous trouvons également dans quelques unes de ces mêmes œuvres des traces d’une originalité naissante, originalité se faisant, il est vrai, valoir beaucoup plus dans un autre genre que celui dont nous parlons en ce moment, originalité que ni Rubens ni Jordaens n’ont possédée au même degré et qui consiste surtout en un sentiment presque féminin et en un raffinement bien aristocratique.
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Un jour je lui avais apporté un plein sac d'herbe de mon jardin, mais il m'avait dit que ses lapins n'y toucheraient pas, parce que je l'avais coupée à la débroussailleuse et qu'ildle sentent quand ça pue les gaz d'échappement.
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Le soleil, au zénith, et resplendissant, et si beau. Immense. Comment peut-il continuer à briller comme ça alors que (...je vous évite un spoil)

Comment une telle beauté et une telle immensité peuvent-elles rester indifférente à autant de peine ?
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« Quelqu’un avait dénoncé la présence de trois Juives au village, témoigne la vieille dame. Personne ne connaissait notre histoire, à part les Paumier, Marcel, et nos amies Lucienne et Gabrielle, desquels nous étions devenues si proches que Laure et moi ne pouvions plus leur mentir. J’ai longtemps été persuadée qu’aucun d’entre eux ne nous avait dénoncées, mais en vérité je n’en sais rien. L’âme humaine est si imprévisible… »
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Un art de coloriste s'était fait jour, étalé, plantureux, grassement flamand, mieux prédisposé qu'aucun autre à refléter la grosse sensualité d'une race qui de tout temps a passé pour aimer la bombance, les festins abondants en victuailles, les gaités de l'alcove. Louis Dubois, dès ses débuts en 1857, s'était révélé par des œuvres nourries où le sentiment de la couleur se marquait dans des harmonies profondes et veloutées. Ses Cigognes, profilées sur un large fond de paysage, sa Roulette, d'une observation physiologique curieuse, son Chevreuil mort, superbement couché dans une solitude désolée, successivement attestèrent sa filiation avec les robustes peintres du XVIIe siècle. Il s'était mis au portrait, à la nature morte, au paysage, gardant dans chaque genre sa rutilance cossue et souvent alourdi par son ampleur même.
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Oui, Vraiment, Rops vécut là la vie frémissante d'un créateur d'art et d'esprits. Si la moisson ne fut pas en raison de l'effort du semeur, du moins la graine si largement jetée aux sillons germa dans quelques nobles artistes qui, sans lui, peut-être jamais n'auraient songé à manier l'outil expressif, décidé et rapide en qui peut-être l'impressionnisme des peintres belges prit connaissance de lui-même. Hippolyte Boulenger vivait en ce temps à Tervueren où il avait formé une école d'art rural qui, dans l'histoire de la peinture nationale, eut l'importance d'une école de Barbizon. Il dut à un clair et nerveux génie la vision et le sens d'un paysage qui, dans un grand pays comme la France, l'eût mis parmi les très grands, non loin d'un Rousseau, mais avec la qualité d'un Rousseau moins chimisé et plus grassement peintre. La Belgique, toujours défiante, ne lui donna qu'une gloire modérée, chèrement expiée par des mécomptes sans nombre et la mort. Ce beau peintre ne fit que quelques eaux-fortes, mais égratignées d'une main si spirituelle, avec de si vifs accents d'ombre et de lumière sous le foliolement des arbres et les nébulosités moites du ciel que, sans rien devoir d'immédiat au maître et à l'ami, ce fut néanmoins celui-ci qui, de son conseil et de sa confiance, l'inspira et l'encouragea.
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- Merde, qu'est-ce que t'as ce matin ?

Qu'est-ce qu'il avait ? Gaston Groult se sentit pris de vertige. C'était donc ça, son monde ? Cette boue, cet égout à ciel ouvert ! Ces hardes imprégnées d'huile et de cambouis, cette crasse, ces haleines fétides, ce noir... C'était ce Rital vicelard à la peau vérolée, cette femme immonde aux mamelles violacées, ce gros porc de Massard... et tous les autres, toutes ces épaves qui allaient s'enivrer, se battre, rouler sur les pavés du quai. Il les entendait rire et crier, entendait leurs insanités. C'était un festival de gargouilles grimaçantes, de bouches édentées, de masques noircis par le charbon. Le charbon, si on le laissait faire, il rampait sur vous, s'incrustait partout, grignotait votre corps. Le charbon vous étouffait, vous pénétrait, jusque dans la gorge, jusque dans la bouche. Quand il mangeait, Gaston sentait la poussière qui se mêlait aux aliments, craquait sous la dent. Chaque soir, il se déshabillait dans la cuisine, se lavait comme un forcené. Mais cela ne suffisait jamais. Cette saloperie collait à la peau, qui sait même si elle ne se glissait pas sous l'épiderme, si elle ne le rongeait pas, ne lui pompait pas le sang ?
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Tout alla assez bien d'abord. Rops, sous les espèces de la résine, de la pointe et du tampon, se communiquait activement à sa petite église. Il fut à lui seul le dieu cl l'officiant de la religion qu'il apportait aux Belges et de laquelle il attendait un réchauffement du Vieux sang plastique flamand. Ce merveilleux ouvrier d'art s'attesta là un incomparable délateur en qui le génie de la parole et de l'action s'égala au sentiment d'une prédestination obéie. Il déploya d'infinies ressources de politique, de séduction et d'entraînement. Il subjuguait tout un peuple par sa verve, sa fière mine et son geste décidé. Il apparut, dans sa jeunesse et sa beauté, à travers une sorte d'ensorcellement de l'art, l'ambassadeur attendu des Puissances noires auprès de l'Idéal. Il habitait à cette époque, avenue Louise, près du bois, un coquet hôtel de style français et dont la cour, derrière une haute grille, laissait voir des remises et des écuries. Cet apparat ne nuisait pas à son prestige.
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« une curiosité s’étant transformée en frustration, puis en colère, puis en rage.  »
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« ouvrait des yeux ronds, aussi curieux que des chouettes. »
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Je mets ces lignes sous la protection des maîtres sacrés, Corot, Millet, Delacroix, Rousseau. Ils ont été les grands et les souffrants; ils ont porté sur leurs épaules la croix douloureuse de l’art ; de leur sang, ils ont marqué le chemin à ceux qui les ont suivis. S’il est un lieu de lumière du haut duquel ils puissent nous voir, ils doivent être contents ; la religion qu’ils ont prêchée est devenue la religion universelle. Ils ont créé le Credo moderne. C’est pourquoi ils rayonnent dans une pure gloire d’apôtres, par-dessus cette exposition du Champ-de-Mars où trois d’entre eux ne sont pas.
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Je conseille passionnément aux artistes de sortir de leurs ateliers et de considérer, à la place des poses académiques d’un modèle drapé d’oripeaux symétriques, la prodigieuse variété des allures de la rue. Ils épuisent leur imagination à chercher en eux-mêmes des sujets qu’ils trouveraient là par milliers, — et encore ne parviennent-ils pas à leur donner la communicative vibration qui retentit aux moelles du spectateur. Leurs créations, conçues sans la passion, demeurent des abstractions auxquelles on voit bien que la colère, la haine, l’amour ou simplement l’observation n’ont point eu de part.
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Il est par excellence le peintre d'une création saine jusqu'à l'outrance, et qui se dissout dans le gras-fondu de sa santé même. Ses recherches de grosse animalité satisfont ses appétits de cuisine et de femme, et il peint par tempérament la plantureuse redondance des matrones enflées jusqu'à crever, les grasses chairs moites des filles d'amour, le dépoitraillement étalé des femmes au bain.



Sans doute, tout cela est de la vérité, mais une vérité un peu courte, qui n'a rien à faire avec un temps plus spécialement qu'avec un autre.



Elle n'en paraissait pas moins très extraordinaire alors, et le public regardait ces orgies de débraillé avec stupeur, sans oser s'avouer qu'après tout il avait peut-être dans son lit autant de gorges et de mentons que ceux qui fleurissaient dans les ouvrages du peintre.
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Son importance comme artiste n'en est pas diminuée, car c'est quelque chose que d'aider la vérité à se formuler, et Courbet a déblayé les ruines sous lesquelles elle gisait. Il a repris pour son compte le beau métier de la peinture, il a remis en honneur la clarté et la simplicité, il a dessillé les yeux fermés à la lumière, et ce programme du réalisme, auquel les maîtres avant lui s'étaient conformés, il l'a fait servir au large épanouissement de ses œuvres.



Il a annoncé la bonne parole aux hommes, et sous ce rapport, il a été un apôtre convaincu. S'il a eu un tort, ça a été de croire qu'il avait concentré toute la vérité de l'art en lui; il n'a réalisé, en effet, qu'une partie de la vérité, et non pas la plus haute. Une épaisse croûte de limon mure la vie spirituelle chez ses créatures; il les étouffe sous une montagne de chair, les endort dans un engourdissement de bienêtre, et cette matière épaisse ronfle, digère, sans être troublée par la pensée d'une rédemption.
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« plus facile de trahir son pays que ses amis. »
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C'est un moment de grande paix active dans sa vie. Son Marteleur qu'il envoie à l'Exposition Universelle lui vaut la médaille d'honneur. Louvain lui commande pour son parc public un monument à la mémoire d'un héros évangélique, le Père Damien. Avec son bas-relief de l'Industrie qu'il met au travail, il sent tressaillir la synthèse de son œuvre dans l'édifice définitif qu'il projette de dédier au Travail. En même temps il ne cesse pas de peindre. Sa peinture, par le sujet et les grandes lignes, approxime son art de sculpteur. A l'huile, à l'aquarelle, au fusain il exécute des paysages cabossés de terris et enchevêtrés de charpentes industrielles, d'apocalyptiques résurrections de laminoirs et de hauts fourneaux flambants, des ponts, des puits, des aqueducs, des carcasses é ventrées et farouches de vieux charbonnages. D'une habileté impérieuse, avec ses fortes mains raides d'argile, il se met à manier le fragile pastel. C'est une cuisine neuve, topique, comme improvisée avec des hachures de crayon, des éclaboussures de gouache et des rehauts pastellés, et qui amalgame les genres et aboutit à de mordants et savoureux accents d'estampe en couleur. Sans rien perdre de sa manière farouche et burinée, il subit l'évolution de la lumière. Sa peinture s'éclaircit, frissonne d 'atmosphères légères , vibre de poussières hautes , aériennes , tourbillonnantes.
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Tiki

  

  

  

  

J’ai acheté au Centre Vaima un tiki marquisien sculpté dans

un os de pourceau. Le dieu mesure quatre centimètres. Il n’a

ni haut ni bas. Dans un sens, il a l’air de sourire, muet ; dans

l’autre, on croit qu’il interroge.

Les dieux savent-ils d’où ils viennent et, mieux que nous, où

ils vont ?





p.29
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« il la détestait.

— Pour une raison particulière ?

— Son avarice. Elle ne vivait que pour mettre de l’argent à la banque, semble-t-il. C’était son plus grand bonheur et, si j’ai bien compris, son seul bonheur. »



Extrait de: Donna Leon. « Dissimulation de preuves. » iBooks.
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