"Itinéraire atypique et digne d'un roman que le sien : il commence en Allemagne, passe par la Tchécoslovaquie puis par le camp de concentration de Buchenwald, pour finalement aboutir en France. Sur sa route, des personnes croisées, chargées d'un vécu historique méconnu, mais non moins remarquable. Le parcours de vie de Rudolf fut pour beaucoup la résultante de la répression de sa sexualité par les nazis."
A partir du témoignage qu'il a recueilli auprès de Rudolf Brazda, né en Allemagne de parents tchèques mais dont la seule langue et culture de référence était l'allemand, Jean-Luc Schwab retrace non seulement le parcours de cet homme de l'insouciance à l'arrivée progressive des lois répressives contre les homosexuels en Allemagne. Son manque de méfiance lui vaut d'être d'abord envoyer en prison puis expulsé en Tchécoslovaquie - n'étant pas considéré comme un citoyen allemand. Puis vient l'invasion des Sudètes, une nouvelle arrestation. Mais cette fois, direction le camp de Buchenwald.
J'ai trouvé cet ouvrage intéressant à plusieurs titres. Le fait d'avoir relayé la voix de Rudolf a permis a Jean-Luc Schwab de dérouler l'Histoire et son impact sur les individus qui l'ont subi très concret. Il nous renseigne ainsi sur l'Allemagne d'après la crise et rend d'un coup très compréhensible plusieurs dates marquantes du conflit qui n'étaient qu'énumérés en cours d'histoire à mon époque, sans que mes professeurs parviennent à me faire toucher du doigt leur impact sur le quotidien des individus.
Chaque partie apporte donc des renseignements sur ces différentes étapes. Que ce soit celle à Buchenwald ou même avant, on comprend à quel point l'humiliation est d'abord passé par le langage.Pas assez pris au sérieux au départ, les parcours des personnes citées nous font vivre cette intrusion de l'idéologie nazie sous couvert de "morale" ou "moralisation" de la vie allemande qui s'est infiltré dans les institutions comme la Justice jusque dans les foyers des individus.
Un document historique riche dont la conclusion m'a paru un peu galvaudée, mais c'est ça, c'est une affaire de sensibilité très subjective sur un sujet et un ouvrage qui réussit à être très objectif et à faire rentrer très peu de sentiments.
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Voici mon retour de lecture sur le premier tome de la bande dessinée À la vie, à la mer de Julie Ricossé.
1970, Rudi et Sol ont tout quitté pour vivre une odyssée sur un voilier qu'ils ont volé, le "Mooi" ("la beauté" en néerlandais), à la fin de leur adolescence. Les années ont passé. Leurs enfants, Ximi, 8 ans, et Tao, 14 ans, ont grandi dans ce quotidien aventureux, empli de liberté et de débrouille. Derrière ce gai vagabondage bohème, leur passé encombrant ne cesse de les pousser vers l'horizon, au grand désespoir de Ximi qui rêve d'aller à l'école.
Mais comment mettre pied à terre quand les problèmes qui vous y guettent paraissent insurmontables..
À la vie, à la mer est une bande dessinée qui nous fait voyager.
En 1970, Rudi et Sol ont volé un bateau et passent leur vie en mer. Ils ont deux enfants : Tao, 14 ans et Ximi, 8 ans. Leur quotidien est fait de liberté, de système D.
Si Tao a l'air de s'en accommoder, c'est plus difficile pour la jeune Ximi. A 8 ans, elle a envie d'aller à l'école, de se faire des amies, d'avoir un amoureux..
Des choses simples mais sans papiers pour le bateau les parents savent qu'ils vont être accusés de vol et aller en prison.
Alors cette vie de bohème continue..
J'ai beaucoup aimé suivre le quotidien de cette famille et les allers retours dans le passé des parents.
On découvre peu à peu ce qui s'est déroulé et comment ils en sont venus à faire ce choix de partir en mer.
J'ai aimé ce premier tome qui pose les bases et nous emmène à l'aventure. La fin m'a totalement laissé sur ma faim et j'ai hâte que la suite sorte pour la découvrir.
Les illustrations et la colorisation sont superbes.
Le scénario tient parfaitement la route.
L'ensemble donne une très bonne bande dessinée que j'ai adoré.
Vous l'aurez compris, ce premier tome de À la vie, à la mer est une bonne surprise, que je vous recommande :)
Ma note : 4.5 étoiles.
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Sordide.
J'arrête à la moitié de l'ouvrage.
J'ai, bien entendu, également lu les dernières pages mais pourquoi s'infliger cette lecture ? Pour comprendre ? Même pas car un article de fond m'aurait épargné les détails scabreux et j'aurais néanmoins compris l'engrenage, la spirale infernale.
Alors oui, nous sommes ici dans un fiasco judiciaire, une affaire qui s'emballe, des victimes marquées à vie, des innocents accusés à tort et qui ne s'en remettrons jamais, des familles décimées mais je ne suis pas sûre que le traitement qui en est fait, qui frôle le fait divers, le sensationnel rend justice à ce désastre.
Une analyse argumentée, une étude presque sociologique voire des témoignages m'auraient paru plus efficaces et surtout moins voyeuriste.
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Acquis en 2004 - Relecture avril 2024
Petite Pépite que j'avais depuis longtemps dans ma bibliothèque....Vrai trésor d'émotions d'autant plus fort que l'auteur dans sa narration, reste d'une sobriété absolue...
Quatre soldats en perdition issus de l'Armée Rouge, qui sortent d'une forêt où ils viennent de passer un hiver terrible. Il y a la beauté des scènes muettes : razzias dans les villages, baignades dans un étang, bataille...
Parmi ce groupe, Pavel, le plus déterminé, à l'autorité naturelle, Kyabine, gros ours au coeur tendre, le Monsieur Muscle du groupe toujours serviable..Sifra, compagnon très habile de ses mains mais le " taiseux" de notre fine équipe, et le dernier larron, le narrateur, ayant perdu ses deux parents, s'était décidé à s'engager dans l'armée rouge afin de combattre sur le front roumain....
Texte poignant, bouleversant...qui met au centre la fraternité, l'entraide, la franche camaraderie dans ce monde belliqueux et fou !
Il y a ce gamin,Evdokim, enrôlé volontaire, dont la présence devient très précieuse aux quatre hommes car il écrit quotidiennement dans un petit carnet, il est donc le seul à savoir écrire. Chacun de ses nouveaux compagnons va le solliciter pour écrire et conserver des moments importants qu'ils ont partagés ensemble, gais, émouvants ou simplement amusants....
On constate chaque jour les épreuves invraisemblables qu' ils doivent traverser, dans une déroute et absurdité absolue...Ils tiennent le coup car ils sont ensemble et trouvent des astuces pour se rassurer les uns et les autres..
Des rituels se créent entre eux pour garder courage et espérance, comme celui du prêt à tour de rôle, chaque soir, d'une montre ancienne cassée, mais qui contient une photographie de femme, leur redonnant comme la perspective du retour à une " vie normale", où chacun retrouverait fiancée ou famille aimante...
Tout est bon pour garder l'espoir, coûte
que coûte !
Un très court texte, avec des mots simples, une narration loin de toute sophistication, qui, toutefois, expiment à merveille l'absurdité de toute guerre...tout conflit massacrant des pauvres gens, leur avenir et les complications, lorsqu'ils ont la chance de survivre, de se réadapter à la vie civile...
Cette fiction n'est pas sans me rappeler le texte de Buzzati, " le Désert des tartares"...par certains côtés !
Découverte toute première de cet écrivain avec ce récit singulier et vibrant, ramenant à l'universelle humanité !...
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« Les gens ne semblent pas
se rendre compte
qu’il y a un nouveau prince
dans cette ville
même si je ne suis
qu’un clochard pour l’instant. »
Dany Laferrière vient de débarquer à Montréal dans la fièvre des Jeux Olympiques de l’été 1976. Il déambule dans les rues, prenant possession de la ville avec tous ses sens en alerte. Chroniques de la dérive douce restitue ces sensations inédites qu’éprouve tout nouvel arrivant. La drague, le climat, le travail, le voisinage, la politique mais aussi la littérature, Laferrière enrobe ses réflexions philosophiques dans de courts poèmes sans rime ni raison, au gré de ses errances et de ses coups de cœur.
Un texte qui, au premier abord, peut se lire trop rapidement, mais qu’on aurait tort de ne pas savourer tranquillement. Prendre le temps, se bercer dans ses phrases au rythme décousu, c’est bien le meilleur que peut nous souhaiter Dany Laferrière, l’écrivain qui allie l’art de la paresse au beau geste.
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Hélène, enceinte de sept mois, fuit avec sa fille un ancien amant menaçant.
Elle trouve refuge dans le pigeonnier d’une ferme poitevine habitée par la veuve Gransagne.
Ces trois femmes vont affronter les fantômes du passé, du présent et de l’avenir.
Ce roman mêle un récit réaliste campé dans la contemporanéité à une histoire ancienne plus magique, plus secrète, qui se dévoilera progressivement.
Il allie ainsi réalité, souvenirs et imaginaire, donnant à l'histoire une tonalité singulière.
C’est Alice, la petite fille de dix ans qui croit aux contes de fées, qui fait le lien et traverse le miroir pour déterrer les secrets enfouis.
Le marais poitevin et sa description font partie intégrante de ce roman imprégnant de mystère et de brume les lieux, les gens et l’histoire.
L’autrice mobilise ses talents de conteuse de romans jeunesse pour nimber d'une atmosphère ténébreuse un récit haletant, suspendu.
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Tout commence par un récit très factuel, froid et distant : presque un rapport de police. Pour enfin après un long moment d'écoute comprendre de qui on parle et pourquoi on en parle.
Un deuil n'est jamais chose facile, mais quand le deuil est entravée par la police, la justice et de vieilles histoires de famille ; ça doit être l'enfer.
C'est touchant. C'est aussi assez inquiétant quant à la façon dont peuvent fonctionner la police et la justice.
J'ai apprécié ce récit.
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Je n'adhère généralement pas des masses aux biographies de peintres en BD (même si quelques exceptions sortent du lot) mais quand je suis tombée sur ce tome dédié à Degas, j'ai été très tentée, curieuse de voir ce que les auteurs allaient pouvoir nous raconter sur cet homme mystérieux dont on connait finalement peu de choses.
Et la BD nous rend bien la complexité du personnage, son ambiguïté, da noirceur. A aucun moment on ne cherche à nous rendre le personnage sympathique (ce qu'il n'était pas du tout).
J'ai trouvé ça très intéressant, d'autant que cette BD nous donne également une vision relativement cohérente de la lutte entre les bohèmes et les classiques et les querelles parfois définitives qui pouvaient parfois en découler entre deux amis.
Les personnages sont justes, les situations sont bonnes.
Le dessin, au rendu pastel, est bien réussi et colle parfaitement au propos.
Une bonne découverte
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Faut-il attendre une balle de pistolet qui perfore le corps de part en part pour contre toute attente révéler le drame qui se joue chez les Girac, dans ce monde manouche qui se paie des caravanes et berlines dernier cri avec de la monnaie de singe et qui les voit partir en se consumant pour terminer poussière dans un grand feu de la Saint-Jean avec dedans naturellement pour rite le maître à bord déjà occi avant d'être l'ail ou le pruneau de la farce macabre. Bon, on n'en est pas là fort heureusement, mais il s'en est fallu de peu. le fumet était pourtant bien avancé, alcool, cocaïne, relégation, ostracisme de Soraya par les gens du voyage, et baignant dans tout ça, l'enfant de l'amour ..
Bon allez Kendji pour te refaire les idées va écouter de la country ou du chant indien des plaines. Les tiens t'aiment mais, ils t'abandonnent, tu pourrais contre ta roulotte trouver le gîte et le couvert dans un palace parisien, mais tu te dis manouche, il te faut renifler le vent de la plaine où tu es né parfois vicié sur un bord d'autoroute, ou dans la cuvette d'une bretelle... Soraya rapplique, indignée par ce qu'on dit de faux sur vous ..
T'es sûr Kendji que t'as acheté un pistolet la veille dans une brocante où il n'y a que toi pour t'en souvenir ?
Pour l'heure tu ne chantes plus
On te fait chanter !
La nuit je mens,
Je prends des trains à travers la plaine
La nuit je mens,
Je m'en lave les mains.
J'ai dans les bottes des montagnes de questions
Où subsiste encore ton écho !..
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Tamara de Lempicka a été une icône des années folles et ses peintures sont parmi les plus représentatives de l'Art Déco.
Femme dotée d'un caractère bien trempé et d'un esprit de liberté parfois assez mal compris par ses contemporains, elle reste une des grandes figures féminines de la peinture du XXe siècle.
Dans cette BD, nous la suivons alors qu'elle travaille à Paris et est en quête du modèle parfait pour son nouveau chef-d'oeuvre.
Si cette brève tranche de vie permet de découvrir le personnage, je dois avouer que je reste un peu sur ma faim car il y avait beaucoup d'autres choses à dire tant sur son art que sur sa vie.
Côté dessin, c'est une très très belle surprise. D'un aspect général stylisé, le graphisme est beaucoup plus profond et abouti qu'il n'y parait au premier coup d'oeil. La mise en couleurs est très réussie également et met magnifiquement le dessin en valeur.
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"On est pris tout de suite, captivé, emporté par un art qui tient du sortilège La vague sonore déferle et se brise subitement, laissant les auditeurs littéralement hallucinés, envoûtés par la magie de ce crescendo de plus de vingt minutes"
Maurice Ravel ne dort pas assez pour rêver d'un tel chef d'oeuvre.
Il n'est pas un artiste maudit, sans le sou. Et il n'a pas d'épouse, de maîtresse ou d'amant...
L'artiste disparaît avant même de mourir, derrière le Boléro. Il y a si peu de photos, et d'enregistrement. Et sa signature est brouillée par son apraxie: troubles neurologiques qui le rendent .. incapable de composer et de jouer de la musique!
Tout Ravel est pourtant dans le Boléro : son goût pour les défis, son amour de l'Espagne et de la danse, son génie d'orchestrateur et sa fascination pour la mécanique, héritée de son père ingénieur.
Le" Boléro de Maurice Rave" est une oeuvre composée de 2 éléments:
L' Ostinato (caisse claire et pizzicato), et de deux mélodies. Ces deux thèmes sont répétés tout au long de l'oeuvre, dans un très long crescendo (de plus en plus fort).
Maurice Ravel ne dort pas assez...
Ce n'est pas une biographie, juste les dernières années de la vie de Maurice Ravel. Et cette musique : taim taim tin tin, tin tin taim ...
Le crescendo du Boléro se réalise grâce à un changement progressif d'indication de nuances, ainsi que par l'ajout successif d'instruments. "Il n'y a pas, dans toute l'histoire de la musique, un exemple d'une virtuosité pareille. Ce tour de force est un enchantement pour l'oreille". Emile Vuillermoz,
Et, sa muse et ami Ida Rubinstein ensorcelle le public avec le Boléro sur la scène de l'Opéra Garnier le 22 novembre 1928...
"Avec une indifférence quasi démoniaque, Ida Rubinstein tournoyait sans arrêt, dans ce rythme stéréotypé, sur une immense table ronde d'auberge, cependant qu'à ses pieds les hommes exprimant une passion déchaînée, se frappaient jusqu'au sang."
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Mal lu le titre que m'a conseillé mon ancien collègue. J'avais compris 'ma' vie et donc je pensais que c'était une biographie sur Camus. Rien à voir ! Il s'agit de Albert Algoud, humoriste sur Canal + qui a débuté comme prof en Haute-Savoie. Après quelques déboires avec les élèves, l'éducation nationale et des parents à l'esprit obtus, sa vie va être sauvée grâce à la télévision. C'est drôle, coloré et inattendu ! À mentionner : les dessins sont de Florence Cestac.
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