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EAN : 9782331030314
Glénat (02/11/2017)
3.6/5   57 notes
Résumé :
Quand Tamara rencontre la belle RafaelaParis, les années 1920. Proche de Gide ou Cocteau, la peintre Tamara de Lempicka est l'une des artistes les plus en vue de la capitale. Artiste sulfureuse, libertaire et ouvertement bisexuelle, elle passe ses soirées à s'encanailler dans les célèbres cabarets des années folles, en quête d'inspiration, d'acheteurs, de modèles ou d'amours d'un soir. Ces nuits d'excès lui valent de fréquentes disputes avec son mari Tadeusz qui lui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Une artiste doit tout expérimenter, mais ne doit jamais tout révéler.
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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. La première édition date de 2017. Cette bande dessinée a été réalisée par Virginie Greiner pour le scénario, et Daphné Collignon pour les dessins et les couleurs. Elle comprend quarante-six pages. L'ouvrage se termine avec un dossier de sept pages, écrit par Dimitri Joannidès, une biographie de l'artiste Tamara de Lempicka, en six parties : Une jeunesse cosmopolite, À la conquête de Paris, le style garçonne, La vanité du paraître, La belle Rafaëla, La fin d'un monde, Une reconnaissance posthume. Chaque page est illustrée, par une photographie dans la première page, et par un tableau pour les six pages suivantes : Vierge bleue (1934), La chemise rose ou Jeune femme les seins dénudés vêtue d'une combinaison de dentelle transparente (1933), Roses dans un vase (1950), La belle Rafaëla (1927), Chambre d'hôtel (1951), Adam et Ève (1932).

En 1923, dans un café huppé, Tamara de Lempicka est assise à une table avec une autre femme et deux hommes, tous en habits. Elle prend une cigarette dans l'étui d'un des deux gentlemen. Celui-ci fait observer que les femmes bien élevées ne se servent pas par elles-mêmes. Elle lui rétorque qu'elle prend ça comme un compliment. Son amie lui demande si elle a repéré le mâle idéal parmi les autres clients. Elle répond qu'il n'y a rien d'intéressant pour le moment. Un homme s'approche de leur table pour inviter Tamara à danser. Elle le toise lentement et répond par un simple non, sans façon. Les autres observent qu'en voilà un qui ne reviendra pas de sitôt, et souhaitent savoir pour quelle raison elle l'a congédié car il était pourtant très séduisant. Elle répond qu'il n'était pas assez italien à son goût, les Italiens sont les seuls hommes qui baisent plus longtemps que n'importe quels autres. À l'invitation d'un des deux hommes, elle se lève pour aller danser avec l'autre invitée. Bientôt un petit groupe se forme pour les regarder, en particulier les ondulations de Tamara.

Une fois la danse terminée, le prince Yusuov, travestie en femme, vient les saluer. Il explique que sa belle robe noire est du dernier chic parmi les gens qui comptent ici et en nomme plusieurs assis à une table : la duchesse de la Salle, Natalie Barney, Jean Cocteau, Gide et Colette. Il continue : Natalie Barney tient le meilleur salon saphique de la capitale, et il espère vivement qu'elle y viendra. Puis il s'avance vers la table et leur présente Tamara de Lempicka : une talentueuse peintre de ses amies, ses toiles accèderont bientôt à une gloire méritée. La conversation s'engage évoquant la Révolution russe, à laquelle Tamara a survécu, le champagne à la cour du tsar, Tadeusz Lempicka, le mari de Tamara. En réponse à une question, elle explique qu'elle essaye d'aller au-delà de l'image. Elle peint les gens comme ils sont, mais surtout ce qu'ils ont dedans. Elle utilise son intuition pour capturer leur vraie personnalité. Elle accepte de faire le portrait de la duchesse de la Salle, et elle accepte l'invitation de Natalie Barney de se rendre à son prochain vendredi.

Même si la date de la première séquence n'est pas explicite, le lecteur découvre la peintre dans son atelier à Paris, et le récit semble se dérouler sur quelques jours, s'achevant avec la présentation de la toile La belle Rafaëla qui date de 1927. Les autrices ont donc choisi de concentrer leur récit sur cette courte période, plutôt que de réaliser une biographie complète. le lecteur accompagne Tamara de Lempicka dans sa vie quotidienne, et elle est présente sur toutes les planches de l'album. Il observe une femme menant une vie de bohème quelque peu dissolue, mais sans souci matériel grâce à son succès. C'est d'ailleurs d'elle que provient la source de revenu de la famille. Elle vit une vie aussi libre que celle d'un homme, une vie d'artiste, une femme libérée (quasi) ouvertement bisexuelle, qui parle parfois d'elle à la troisième personne du singulier, par exemple quand elle s'adresse à sa fille Marie-Christine (1916-1980, surnommé Kizette) alors âgée d'environ dix ans. Les autrices n'insistent pas trop sur le poids des interdits de la société, ni sur le coût de les braver, le contrecoup étant d'une autre nature.

Dans un premier temps, le lecteur remarque surtout le caractère feutré de la mise en couleurs, propices aux conversations dans les cafés en soirée, et dans les alcôves. La coloriste a choisi une palette volontairement réduite. Dans la première scène, les personnages et le décor sont rendus avec des bruns de type alezan, acajou, auburn, bronze, café au lait, cannelle, chaudron, lavallière, tabac, terre de Sienne, etc. Un personnage peut parfois ressortir par contraste dans une teinte plus orangée. Il ne s'agit pas d'une mise en couleur naturaliste, mais axée sur l'ambiance lumineuse, pour transcrire un état d'esprit, et s'approcher également de certaines couleurs des tableaux de l'artiste. Il en va ainsi tout le long de l'album, avec des glissements dans des tons plus gris, ou plus vert, en fonction de la nature de la séquence. Cela a pour effet d'établir une continuité forte, comme s'il s'agissait de l'état d'esprit de Tamara de Lempicka tout du long. Par voie de conséquence, cette approche accentue également ce qui est représenté dans chaque case, ce qui fait rapidement prendre conscience au lecteur que beaucoup sont consacrées à des visages ou des bustes des personnages en train de parler. Tout en ayant bien conscience de cet effet limité de têtes en train de parler, le lecteur se rend compte qu'il ne produit pas un effet répétitif ou appauvrissant, car il confère plus de présence aux personnages.

Le parti pris de la colorisation étant très affirmé, il imprègne les traits encrés au point d'en devenir indissociable. En se concentrant sur ces derniers, le lecteur perçoit des traits de contour assez arrondis ce qui rend les dessins plus agréables à l'oeil, ainsi que des simplifications dans la représentation des personnages et des décors. Par exemple, les pupilles et les iris se retrouvent réduits à un simple point noir dans certaines cases. Les très gros plans sur les visages ou sur les corps peuvent affranchir l'artiste de représenter quelque arrière-plan que ce soit, ou même le laisser juste en blanc, vierge de tout trait. Dans le même temps, ces choix graphiques apportent une sorte de légèreté et de grâce à la narration visuelle. Pour autant, Daphné Collignon représente des personnages aisément reconnaissables. Elle prend de toujours planter le décor dans plusieurs cases, ne laissant jamais le lecteur dans l'incertitude du lieu où se déroule la scène, évitant de réduire les personnages à des acteurs interprétant leur rôle sur une scène vide et interchangeable.

L'apparence visuelle de Tamara de Lempicka rend bien compte de son caractère affirmé, de sa sensualité sans tomber dans l'exagération ou la vulgarité. Les autres personnages se comportent comme de vrais adultes que ce soit dans leurs postures, leur langage corporel ou l'expression de leur visage. Loin de se réduire à une succession monotone de têtes en train de parler, la narration visuelle emmène le lecteur vers des moments mémorables : Tamara de Lempicka dansant avec une femme dans un boîte très consciente du regard des hommes, la peintre prenant du recul sur le tableau qu'elle est en train de réaliser, les tentatives de son mari pour prendre le dessus de la conversation avec elle, sa concentration en observant les toiles de maître au Louvre, l'intimité artistique qui s'installe entre elle et André Gide (1869-1951), Tamara expliquant à sa fille en quoi sa vie d'artiste est différente de celle des autres femmes, la peintre abordant sa future muse Rafaëla, la réaction des invités lors du dévoilement du tableau La belle Rafaëla. Au fur et à mesure, le lecteur succombe au magnétisme que dégage Tamara de Lempicka, telle que mise en scène par la dessinatrice.

Dans un premier temps, le lecteur peut s'interroger sur le choix réducteur de s'intéresser à une très courte période de la vie de la peintre, sans évoquer ses années de formation, les aspects concrets de son succès, l'impact de son oeuvre sur les artistes de l'époque, ou simplement la pertinence de son expression artistique comme incarnation de l'esprit du moment, et ce qu'elle comportait également d'universel. Mais en fait si, tous ces éléments s'y trouve bien, sous une forme elliptique, le temps d'un dialogue ou d'une case, sans pour autant prendre la forme d'un exposé exhaustif, plus d'évocations allusives. Au fur et à mesure, il apparaît que cette focalisation sur cette courte période permet de cristalliser comment sa peinture constitue à la fois l'expression de la personnalité de l'artiste, ainsi que sa recherche d'un idéal de beauté et de la façon d'en rendre compte par sa peinture, de se montrer à la hauteur de ce qu'elle souhaite exprimer.

L'exercice de la biographie peut parfois paraître vain du fait que personne ne peut réellement savoir ce que pensait un autre individu au cours de sa vie. En effectuant un choix clair dans la reconstitution de la vie de Tamara de Lempicka, les autrices indiquent explicitement qu'il ne s'agit pas d'une oeuvre exhaustive, tout en concentrant leur vision de ce qu'incarne cette artiste pour elles. Grâce à une narration visuelle douce qui parvient à être sensuelle, elles parviennent à donner vie à cette femme, à la faire s'incarner, le lecteur tombant sous son charme et quelque peu sous sa domination, sans en avoir forcément bien conscience.
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Une bande dessinée qui retrace la vie très libertine de Tamara de Lempicka et illustre son désir bisexuel comme force créatrice dans son oeuvre.
On y voit également son mariage raté et les célébrités de l'époque qu'elle côtoie (André Gide, Jean Cocteau, ...) dans un esprit très mondain des années 1920.

Une présentation sympathique, mais sans plus à mon goût.
Toutefois le dossier à la fin de l'ouvrage est très intéressant et élargit les perspectives données dans la BD.
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A vrai dire, je n'ai pas trop aimé l'introduction qui est une longue débauche dans le Paris des années folles où l'on fait la connaissance d'une artiste-peintre hors du commun à savoir Tamara de Lempicka.

J'avoue que mes notions de peinture ne m'ont pas permis de la connaître avant cette lecture fort enrichissante et qui répare ainsi une lacune culturelle. Cette artiste a eu du succès mais a connu également l'oubli sous l'effet de la mode avant de recevoir une reconnaissance posthume.

Elle a connu le Tsar puisqu'elle s'est marié avec l'un des ses fidèles amis. Elle est morte au Mexique en 1980 après avoir eu une vie bien remplie. C'est seulement les années 20 qui sont explorées par cette bd.

Au niveau du graphisme, ce n'est pas celui que je préfère mais je dois reconnaître une certaine sensualité dans le trait qui m'a touché.

C'est un personnage assez troublant et sulfureux. On arrive à la comprendre à un moment donné où elle justifie ses sorties auprès de son mari et de sa fille. Il faut bien trouver l'inspiration à travers des modèles, nus de préférence.

C'est incontestablement un beau portrait d'une femme moderne et d'une artiste accomplie qui est devenue la chantre de la période art déco.
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Tamara de Lempicka a été une icône des années folles et ses peintures sont parmi les plus représentatives de l'Art Déco.
Femme dotée d'un caractère bien trempé et d'un esprit de liberté parfois assez mal compris par ses contemporains, elle reste une des grandes figures féminines de la peinture du XXe siècle.
Dans cette BD, nous la suivons alors qu'elle travaille à Paris et est en quête du modèle parfait pour son nouveau chef-d'oeuvre.
Si cette brève tranche de vie permet de découvrir le personnage, je dois avouer que je reste un peu sur ma faim car il y avait beaucoup d'autres choses à dire tant sur son art que sur sa vie.
Côté dessin, c'est une très très belle surprise. D'un aspect général stylisé, le graphisme est beaucoup plus profond et abouti qu'il n'y parait au premier coup d'oeil. La mise en couleurs est très réussie également et met magnifiquement le dessin en valeur.
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Bande dessinée style Art déco, garçonne pour traduire la vie dissipée de la peintre novatrice Tamara de Lempicka à Paris dans les années 1920. Peintre à succès, symbole des années folles, épouse et mère de famille et artiste bisexuelle qui veut accéder à sa liberté et fréquente clubs mondains et travestis à la recherche de modèles..
La bande dessinée ne retrace qu'une partie de la vie de l'artiste, celle du succès, de la vie mondaine ( elle rencontre Gide, Colette et le Tout Paris) et non l'enfance ou la fin du succès. Cependant, à la fin de l'album, ces aspects-là sont évoqués.
Un graphisme très travaillé, de superbes couleurs, un scénario intelligent. Bref une petite perle hélas un peu trop brève.
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critiques presse (3)
Bedeo
22 janvier 2018
Tout d’ocre et de rose - comme l’or qui coulait parfois à flot dans les années 20 et la poudre des fards des femmes émancipées de cette époque - le duo Virginie Greiner (scénario) et Daphné Collignon (dessin) a paré son nouvel opus ’’Tamara de Lempicka’’ de ses plus beaux atouts.
Lire la critique sur le site : Bedeo
BDGest
13 novembre 2017
Cet ouvrage, tout en subtilité, projette l'admirateur dans l'intimité d'une destinée talentueuse au détour d'une courte période d'existence certes, mais suffisamment intense pour appréhender dans son essence une figure précurseuse de la modernité au féminin.
Lire la critique sur le site : BDGest
Sceneario
17 octobre 2017
Daphné Collignon nous offre ici un album absolument magnifique ou son trait se métisse admirablement avec le style de Tamara de Lempicka, nous offrant même des études au crayons, des représentations de toile, des portraits d'une incroyable finesse, troublante beauté stylisée.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Mesdames et messieurs, un instant d’attention s’il vous plait ?! Le dîner va bientôt va être servi, notamment par cette charmante personne ici présente. Soyez particulièrement attentif aux mets que vous choisirez et à quel moment ! Inna, notre jolie serveuse, va circuler dans l’assistance en vous proposant des plateaux. Dès qu’un plateau sera vide, elle enlèvera un de ses vêtements. Ainsi de suite, l’un après l’autre, jusqu’à ce qu’elle soit nue. Et alors… Alors, les plus gourmands d’entre vous auront de quoi se régaler ! […] Bien ! Mesdames et messieurs, il est temps de s’occuper du dessert. Avant tout, chaque toile se doit d’être soigneusement préparée avec un enduit adéquat. Mesdames et messieurs, que les plus affamés se précipitent pour déguster ce chef-d’œuvre ! Car chaque saveur est unique. Mais personne ne sait où se trouve la plus délicate.
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Ada, je ne reconnais plus l’homme que j’ai épousé. Lui si élégant, si brillant lorsque nous vivions à Saint Pétersbourg… Il n’est plus que l’ombre de lui-même, sombrant toujours plus dans la dépression et la colère. Nous avons parfois de violentes disputes et il arrive que nous nous battions, mais… Tadeusz ne se remet pas de la chute du tsar. Il en était si proche ! C’est comme s’il m’en voulait de l’avoir tiré des griffes des bolcheviks. De ne pas l’avoir laissé mourir là-bas.
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J’essaie d’aller au-delà de l’image. Je peins les gens comme ils sont mais surtout ce qu’ils ont dedans. J’utilise mon intuition pour capturer leur vraie personnalité.
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Rafaëla est exceptionnelle. Elle possède ce don divin de déclencher le désir rien qu’en la regardant.
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Non, je ne suis pas un monstre ! Je suis une femme !
Je suis même l'incarnation de la femme !
Une femme moderne qui fait de sa vie ce qu'elle a décidé d'en faire...
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