Second couplet… comme le premier.
Ce second volume de Capitaine Futur – le capitaine Flam de l'enfance de quelques-uns d'entre nous – ressemble à son grand frère comme deux gouttes d'eau.
Une étoile noire fonce vers le système solaire et un dingo à l'allure étrange et épris de puissance affirme être le seul à pouvoir le sauver. Mais il y met une condition : qu'on lui accorde le pouvoir suprême sur le Système. Les foules de toutes les planètes meurent de peur et incitent les instances gouvernementales d'agréer à ces conditions. Seul le capitaine Futur et son équipe de Futuristes ont une chance de régler le problème.
Les ingrédients fondamentaux sont les mêmes que dans l'Empereur de l'Espace : un méchant de service dont l'identité est inconnue, quelques suspects parmi lesquels le capitaine Futur va faire le tri, une espèce intelligente aux pouvoirs scientifiques étonnants qui a la trouille de la domination humaine, des péripéties inventives en veux-tu en voilà, des décors planétaires foisonnant de vie que les connaissances de l'époque (récit publié en 1940) permettaient.
Mais l'habillage est suffisamment différent pour qu'on accroche au récit si on a gardé son âme d'enfant, comme le dit si bien Foxfire. Les pérégrinations du capitaine et de sa bande nous mènent sur Mars et surtout sur Pluton et ses satellites. Il est étonnant qu'Edmond Hamilton évoque trois satellites, Charon, Styx et Cerbère, qui existent réellement mais ne seront pas découverts avant les années 1970 pour Charon et grâce au télescope spatial Hubble au 21ème siècle pour les deux autres. Est-ce le traducteur Pierre-Paul Durastanti qui leur a attribué ces noms (la publication en France étant de 2017) ?
Cela dit j'ai du mal à situer l'auteur vis-à-vis d'un besoin d'intégrer des informations scientifiques admises à son époque. Il évoque les lentilles gravitationnelles, et donc connaît la relativité générale, pourtant il n'hésite pas à montrer des émissions de télévision qui atteignent instantanément tous les points du système solaire, s'asseyant sur la vitesse limite de la lumière. De même, il parle de l'Éther, concept invalidé au début du 20ème siècle.
Mais ces considérations n'ont pas vraiment lieu d'être à propos d'un tel récit qui veut avant tout distraire son public, chose qu'il réussit avec beaucoup d'inventivité (les Sargasses spatiales, les montagnes qui marchent…), d'humour (les prises de bec entre le robot Grag et l'androïde Otho rappellent celles de l'anime) et de suspense bien entretenu.
Prenez place à bord du Comète, le vaisseau des Futuristes, et partez pour l'aventure !
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Pour amateur de pulp, de héros invincible et d'aventures spatiales !
Lire la critique sur le site : Sceneario
— Soit le chiot de lune part, soit c'est moi ! cria l'androïde furieux. Il dévore le métal qui lui tombe entre les griffes... et s'il s'agit d'un matériau précieux, il s'en enivre ! Toutes ses mauvaises habitudes en font un nuisible de premier ordre. Il faut être aussi idiot que Grag pour capturer et apprivoiser un truc pareil.
— Nous autres, humains, nous aimons avoir des animaux domestiques, se défendit le robot. Otho ne comprend pas ça, maître, vu que contrairement à nous, il n'a rien d'humain.
— Rien d'humain ? glapit l'androïde, rageur. Espèce d'atelier ambulant, chacun voit bien que je suis de chair et d'os, et toi une machine !
Le gel raidissait les fourrures du capitaine Futur; l'écume salée lui piquait les yeux quand elle le giflait. Accroupi avec Grag et Tharb à la poupe du petit bateau, il gardait le silence: le hurlement du vent et le rugissement des vagues interdisaient toute conversation.
Il n'en savourait toutefois pas moins chaque instant. Le danger lui faisait toujours l'effet d'un vin capiteux, qu'il le rencontre dans les béants abîmes de l'espace ou sur un monde bizarre comme celui-ci. C'était en de tels instants que Curt Newton se sentait le plus vivant.
L'amas incluait des spécimens de tous les appareils ayant jamais vogué dans le Système : de gros céréaliers joviens, des cargos martiens courtauds, des paquebots fuselés reliant Neptune et Uranus, des croiseurs fuligineux de la Police des planètes, des navires pirates aux canons menaçants, et même quelques yachts spatiaux. Tous ces cadavres flottaient bord à bord parmi les débris interplanétaires de toutes sortes attirés par le maëlestrom : météores et météorites, fragments d'astéroïdes, lambeaux de métal et corps raidis de spatiaux morts, qui, revêtus de leurs combinaisons, avaient dérivé dans le vide durant des années jusqu'à ce champ du repos.
De toute ma vie, on ne m'a jamais témoigné pareille impolitesse! Balancer comme un sac de patates le directeur de l'Observatoire sud de Vénus, le découvreur de la Nébuleuse des Céphéides et l'auteur de la théorie des doubles spectres!
- Je crois que ce n'est pas nous qui l'avons vaincu, mais le destin qui apporte la justice à ceux de son acabit
- Oui, mon garçon, dit le Cerveau. Et les voies du destin échappent à notre science, maintenant comme à jamais.