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EAN : 9782493036131
262 pages
Editions Project'iles (11/05/2023)
3.75/5   4 notes
Résumé :
Guidé par un désir impérieux, un écrivain entame un road trip pour sillonner l’Amérique à la recherche d’un certain Glitter Faraday. L’objet de sa quête est un manuscrit qui aurait été confié à cet homme, il y a plus de quarante ans à Alger, à l’époque terre d’accueil des Black Panthers.

Vieux et grabataire désormais, Glitter vit dans la rue comme de nombreux Noirs à San Francisco. S’il ne sait pas ce qu’est devenu ce manuscrit, il a gardé des souveni... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ecrivain algérien, le narrateur se rend aux Etats-Unis pour y retrouver un manuscrit, remis à la fin des années 1970 à un certain Glitter Faraday, un Noir américain qui vécut quelques temps à Alger. Mais l'homme qu'il finit par rencontrer n'est plus que l'ombre de lui-même : à quelque soixante-cinq ans, cet ancien vétéran du Vietnam est un homme abîmé, à qui la ségrégation raciale a fait payer très cher son amour pour une femme blanche. S'il n'est plus en possession du manuscrit, perdu corps et biens semble-t-il, ses souvenirs, entre Amérique profonde et Algérie post-indépendance, vont révéler au lecteur des faits historiques méconnus et le jeter, en même temps que le narrateur, dans un road trip à travers les Etats-Unis d'aujourd'hui. Car, en réalité, le manuscrit a circulé de main en main. A mesure des rencontres jalonnant le jeu de piste pour le retrouver, l'on va comprendre toute sa valeur...


A la fin des années 1960, l‘Algérie fraîchement indépendante est devenue la Mecque de la lutte contre l'impérialisme. Les révolutionnaires du monde entier s'y rencontrent, le point d'orgue de la période s'avérant en 1969 le Festival panafricain d'Alger où se pressent des activistes de tout poil, mouvements afro-américains en tête, mais aussi journalistes, intellectuels, artistes, comme Nina Simone, Manu Dibango ou le jazzman Archie Shepp. Pourchassés par le FBI, les militants du Black Panther Party y trouvent refuge. Alors, après avoir failli périr lynché dans le sud des Etats-Unis, Glitter Faraday, le personnage central du roman, choisit de rejoindre lui aussi cette terre de fraternité. Malheureusement pour lui, l'utopie ne dure qu'un temps, l'Algérie des généraux réprimant de plus en plus violemment les alternatives démocratiques à sa dictature. Les dissidents nationaux sont bientôt réduits au silence et, en 1972, les Black Panthers sommés de quitter le territoire.


C'est ainsi que notre homme, « une belle révolution ayant été détournée par des tyrans et des prévaricateurs », se voit contraint de regagner le Sud américain et les persécutions qui l'y attendent. du monde meilleur dont il rêvait, ne subsistent plus que les souvenirs d'un paradis perdu et un manuscrit taché de sang, arraché à la destruction. Un manuscrit alors encore loin d'avoir terminé son voyage, puisque de ce moment jusqu'à nos jours, comme la quête du narrateur écrivain va peu à peu le retracer, son cheminement de récipiendaire en récipiendaire contribuera, de façon on ne peut plus symbolique, à transmettre la flamme de l'espoir et de la lutte contre l'injustice et l'oppression, toujours autant d'actualité. « Il n'avait jamais cessé de penser à Alger. Je n'avais pas le droit de lui dire qu'il ne restait rien de cette pauvre ville et que ses principes, joyeusement estropiés par des soudards et leurs affidés, avaient fondu comme neige au soleil. » Sans parler des Etats-Unis, bientôt sous la coupe de « l'homme aux cheveux jaunes », où les protagonistes ne cesseront de se trouver en butte aux crimes et aux persécutions des suprémacistes blancs.


Tout en rendant hommage aux artistes engagés depuis les années 1960 pour la cause antiraciste aux Etats-Unis, en particulier les musiciens et les écrivains dont à la fois les constantes références au jazzman Charlie Mingus et le fil rouge d'un manuscrit circulant sous le manteau soulignent la puissance vectorielle, Kebir Mustapha Ammi reprend le flambeau face à l'éternelle violence de la ségrégation raciale aux Etats-Unis. Comme le manuscrit sauvé, puis transmis de main en main dans cette histoire, ce livre est une invitation à ne pas perdre espoir.


Merci à Babelio et aux éditions Project'îles, engagées dans « la défense des valeurs humaines de fraternité » et « ouverte aux débats de société ».

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Je suis très partagée sur ce livre qui m'a été proposé dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée. le résumé et le 4e de couverture vous expliquent que les Blacks Panthers avaient trouvé refuge à Alger après la guerre d'Indépendance, ville qui est devenue la ville championne de ces mouvements (rebelles, opprimés etc).
Naïvement je m'attends à découvrir Alger, ville rebelle. Je m'attends à essayer de comprendre pourquoi cette ville a pris ce statut, pourquoi les Blacks Panthers s'y sont refugiés.
Voilà mon premier et magistral bémol : 95% du bouquin se passent aux Etats-Unis. En fait la période "Alger" est un détail. Commentaire pour l'éditeur : revoir le résumé du livre et son 4e de couverture.
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On va suivre un narrateur ("je") dont l'identité nous sera révélée à la toute fin du livre (pour le coup j'ai bien aimé ce principe) qui part à la quête (aux Etats-Unis !) d'un manuscrit perdu d'un écrivain et poète algérien.
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Voilà pour l'histoire. le problème c'est que ce narrateur va rencontrer de multiples personnages. Personnellement j'ai fini par m'embrouiller mais surtout je n'ai pas réussi à m'attacher à qui que ce soit car les personnages sont trop nombreux et donc trop survolés. Et difficile de s'attacher au narrateur vu qu'on ne sait pas de qui il s'agit ni le pourquoi du comment. Quant à Glitter, le Glitter du titre, il n'est pas assez central pour avoir le temps de l'apprécier. Pourtant c'était un personnage qui méritait d'être davantage fouillé.
A ce la s'ajoute un découpage chronologique un peu erratique.... et voilà j'étais perdue !
Manifestement je n'étais pas le public pour ce roman qui n'a pas répondu à mes attentes (dues au fameux résumé de présentation).
Mais si je maintiens une note moyenne en dépit de ma déception, c'est pour la très belle plume de l'auteur !
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Tout d'abord je voudrais remercier le site Babelio et les éditions Project'Iles pour ce Service Presse.

Le début de ce récit est déroutant : le narrateur veut récupérer un texte écrit par un algérien, en Algérie et il a écumé les Etats Unis pour le retrouver. Très vite, le lecteur se pose de nombreuses questions. Qui est ce narrateur ? Pourquoi veut-il ce texte ? Comment ce texte est-il passé de l'Algérie ? Pourquoi ce Glitter a-t-il ce livre ? Qui est ce Glitter Faraday ? Ces questions trouvent une réponse mais il faudra attendre certaines réponses jusqu'à la fin du roman.

Le roman est aussi déconcertant car c'est un triple portrait de personnes à la recherche de Glitter Faraday et pourtant le narrateur le rencontre dès les premiers chapitres. Une fois l'homme rencontré et écouté, que pourrait-on apprendre de plus sur Glitter Faraday ? C'est probablement parce que Glitter n'est que le sommet de l'iceberg qui cache tellement de vies qui cherchent la même chose que lui. le roman offre une galerie de personnages qui s'entrecroisent, se cherchent les uns les autres mais se ratent. Ils commettent le crime d'espérer malgré la malédiction qui pèse sur eux.

J'ai beaucoup aimé ce roman mais il est difficile d'en parler sans en dévoiler trop. C'est un vibrant hommage aux personnalités qui ont marqué le mouvement des droits civiques aux USA, notamment Charlie Mingus. Un vibrant hommage aussi aux hommes et aux femmes ordinaires qui ont cru dans ce mouvement, qui l'ont fait vivre et qui ont pu subir les conséquences de leur engagement, les "héritiers de la malchance", comme le narrateur les appelle.

J'ai aussi été marquée par l'importance des mains, notamment dans la première partie mais un peu dans tout le roman : les mains, symbole du travail et de l'art, mains qui sont mutilées comme forme de torture ultime pour de nombreux "héritiers de la malchance", que ce soit les noirs américains qui luttent pour leur droit ou les algériens victimes d'un pouvoir autoritaire. Les mains se sont aussi les liens familiaux quand la grand-mère de Glitter l'emmène, le tenant par la main. Les mains symbolisent bien l'ambivalence des hommes dans l'histoire et dans ce roman : cette partie du corps permet aussi bien de produire un travail, de l'art, de prendre dans les bras comme de repousser, de frapper et de mutiler.
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critiques presse (1)
LeMonde
26 juin 2023
Une invitation, en somme, à réenchanter le monde en vue du bien commun, comme peut le faire un film… ou un roman.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Dans un poème qui circulait sous le manteau, Sellam avait osé dire que les nouveaux maîtres étaient aussi méprisables que les anciens et que la vraie révolution devra être un jour de se débarrasser des soudards et de leur clique, qui ont confisqué les idéaux de tout un peuple ! Cela lui avait valu les pires tourments qui soient. Au lendemain de l’Indépendance, il avait eu le mauvais goût d’adresser une lettre ouverte aux Français, pour leur dire qu’il n’avait aucune haine à leur encontre. Un juge, d’une perversité crasse, en avait pris prétexte pour jeter le discrédit sur Sellam. Il avait déformé à dessein son propos pour affirmer que Sellam était un collabo et qu’il était inacceptable qu’un tel homme continue de vivre dans l’impunité la plus totale. Ce juge, un rallié de la dernière heure, était rompu dans l’art de jouer des coudes. Il avait su gagner, au lendemain de l’Indépendance, une place de choix, dans l’organigramme de la nouvelle nation. Il faisait la pluie et le beau temps. Sellam était sa bête noire. Il avait fait détruire ses œuvres et interdit aux éditeurs de le publier. Il lui avait ensuite fait abîmer les mains pour l’empêcher d’écrire, mais Sellam continuait de répéter sans cesse, du matin au soir, qu’il faudrait libérer, un jour ou l’autre, ce pays devenu exsangue sous les coups répétés de ses fils. Peu de temps après, des hommes masqués allaient le mutiler jusqu’au point où il ne pouvait plus parler. L’Algérie s’était laissé enfoncer dans les ténèbres. Les héros de la veille avaient jeté leur idéal aux orties, ils avaient un autre visage, leurs valeurs s’accommodaient de toutes les infamies.
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Il n’avait jamais cessé de penser à Alger. Je n’avais pas le droit de lui dire qu’il ne restait rien de cette pauvre ville et que ses principes, joyeusement estropiés par des soudards et leurs affidés, avaient fondu comme neige au soleil.
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Elle se souvenait de tous ces hommes et de toutes ces femmes qui avaient cru en un monde nouveau. Elle n’osait pas croire que tout cela était parti en fumée et qu’il ne restait quasiment plus de traces ni d’empreintes de cette époque. Des dizaines de noms se bousculaient dans sa mémoire. Des héritiers de Fanon, qui voulaient porter haut le flambeau de la lutte contre toutes les discriminations. Elaine Brown, Bobby Seale, Eldridge Cleaver, Stokely Carmichael, Ericka Huggins, Huey Newton, Angela Davis... Houria se rappelait les visages qui avaient fait vibrer Alger. Et celui de Miriam Makeba qui avait été si merveilleuse en chantant « Je suis Algérienne et libre » en arabe. Houria n’avait pas été la seule à pleurer d’émotion ce jour-là. Des milliers de gens disaient leur joie à travers leurs larmes. L’Algérie était la sœur ainée des opprimés. On croyait qu’une aube nouvelle était sur le point d’éclore.
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Archie Stepp raconte quelque part la grande amitié qui l’a uni à Ted Joans, à Alger, et il parle des « exilés », le bar mythique qui avait dû fermer un jour, comme le lieu d’une incomparable fraternité. Il dit qu’aucune ville n’a jamais réuni comme Alger tous les enfants d’Afrique. Pour sûr, Alger était le lieu au monde où on pouvait se sentir chez soi d’où qu’on était. La guerre qui avait embrasé un pays pendant huit ans, et permis à un peuple de se libérer, n’avait laissé trace d’aucune haine. C’était le pays des hommes libres. Puis la ville, autrefois si bienveillante, est devenue un cauchemar. Le bar les « exilés » a été bouclé. Tout le monde est parti . Petit Ahmed est allé grossir les rangs des déshérités, avant de disparaître, et Sellam a été abattu dans une ruelle obscure.
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Ils l’ont relâché en précisant, avec une grande mansuétude, que s’ils le chopaient une autre fois, il irait déterrer ses père et mère pour leur exploser les couilles et les maudire d’avoir donné la vie, un jour, à un sale négrillon.
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Kebir-Mustapha Ammi - Un génial imposteur .Kebir-Mustapha Ammi vous présente son ouvrage "Un génial imposteur". Parution le 30 janvier 2014 aux éditions Mercure de France. Rentrée littéraire 2014. Notes de Musique : "Scout Niblett" by Noise Problems Selections (http://noiseproblems.net/)
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