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EAN : 9782742789283
196 pages
Actes Sud (03/04/2010)
3.78/5   29 notes
Résumé :
Depuis le comptoir d’un bar glauque de Los Angeles s’élève la voix de celui qui est payé pour déverser nuit après nuit des fleuves d’alcool dans les verres que tendent vers lui les habitués : pochards, camés, ratés, dealers et amateurs de combines dangereuses et illégales en tous genres. Présentés comme une série de notes pour un roman à venir que rédige un barman aussi allumé que ses clients, les chapitres se succèdent au rythme effréné auquel l’alcool et la cocaïn... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
🍺🍻Hollywood. Ses stars, ses boulevards, ses magasins. Mais pas seulement. Dans un bar miteux officie un barman. Celui-ci sert tous les soirs un florilège d'habitués plus décatis les uns que les autres. L'alcool coule à flots, les habitués deviennent de plus en plus glauques au risque de sombrer avec eux.


Après la découverte de Patrick deWitt à la suite de la lecture de Heurs et malheurs du sous-majordome Minor, j'ai eu envie de découvrir son premier roman.


Sous la forme de notes prises pour un roman, le lecteur suit les turpitudes et la lente descente aux enfers du barman entrainé par les habitués. Au fil des verres, l'atmosphère bon enfant de départ laisse apparaître des turpitudes, des comportements déviants de plus en plus noirs et des relations sociales de plus en plus tendues. Les espoirs de carrières au cinéma de certains se heurtent à la réalité ; les apparences de richesse révèlent en un porte-feuille vide ; les désirs, les envies se font jour jusqu'à exploser.


Ablutions est un roman "schizophrénique" dans sa structure. le récit dérive petit à petit dans un autre monde, une autre personnalité que celle de départ, emportant son lecteur dans une déchéance de plus en plus inquiétante. C'est sombre, sinistre, mais le lecteur ne peut lâcher le roman.


Une découverte étonnante et déroutante. Tant par sa structure sous la forme de notes prises pour un roman où le lecteur est intégré à l'ensemble par l'utilisation systématique de la seconde personne du singulier ; tant par son contenu des plus subversif où alcool, sexe, drogue et délit sont prônés comme un modèle de vie. Les personnages croisés près du zinc provoquent une ambivalence des sentiments : on compatit pour eux et en même temps on déteste leurs vices. Entre Curtis dont nous suivons petit à petit la décrépitude de sa vie ; Merlin le médium ; Sam le dealer ; Raymond l'accro du dessin sur serviettes papier ; l'enfant-star, ancienne star ; Junior, le SDF...
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Accoudé seul au comptoir d'un bar, lumières tamisées, néons qui clignotent, un barman qui prend des notes, notes pour un roman, futur roman sur les poivrots, ivrognes, paumés de Los Angeles. La nuit, tout est différent, surtout dans un bar où la consommation d'alcool se déverse en un flot de chapitres courts comme autant de minuscules nouvelles sur mon thème de prédilection. Une bière, un whisky. Pour commencer la soirée, avant de tourner la première page de ces épatantes « ablutions » alcooliques. Parce qu'il s'agit avant tout de purifier ton âme et mon âme !

Outre ce barman qui prend des notes, notes pour un roman, je croise les regards d'autres poivrots, cet absence de pétillement dans les yeux, ce sentiment de honte dans le regard. Des videurs, le regard vide sur toi dans le genre je me fous de toi du moment que tu ne gerbes pas sur mes mocassins noirs. Des fourgues, venus écouler leurs pilules de drogue, hey l'ami moi je carbure à l'aspirine tu n'as pas le modèle générique à me revendre. Ma femme, le regard humide où se mélangent des sentiments comme la colère, la tristesse et le dépit. Des nanas, qui boivent, seules ou accompagnées, qui écoutent là elles sont seules, qui dansent une ficelle dans le cul ou le cul à l'air là elles sont regardés par des dizaines de paires d'yeux à la limite de la lubricité… Bref, de beaux portraits de notre société à lire et à lubrifier.

Ce livre détonnant que dénoterai pas un Charles Bukowski dans ses nuits sobres me plonge dans cet univers de papillons de nuit où volent de comptoir en comptoir les verres de bières et de whisky jusqu'au bout. Au bout du zinc, au bout de la nuit, ou avant si le type s'effondre de son tabouret. le ramasser et le jeter dans le caniveau comme on balancerait un cadavre à la mer. Ce type, qui pourquoi pas pourrait être moi, ne sait plus quoi faire dans sa putain de vie ; alors il va sous une autre lumière, celle d'un autre néon, vert celui-là, et commande un autre verre. Qu'on lui sert bien sûr. le barman est toujours souriant, aimable, mondain quand il s'agit de verser un verre et de faire tinter la sonnerie de la caisse enregistreuse. Et je ne te parle pas de la barmaid. Celle-là, tabarnak. elle est canon avec sa big paires de Joes. Comme une envie de croiser son regard, de la frencher même, de la fourrer carrément.

Mais les effluves d'alcool m'égarent. Un dernier verre avant de gerber. Gerber une vie, ma philosophie. Et ces vies sont savoureuses quand elles dérivent, quand elles accumulent des flaques de vomis dans des chiottes couvertes de merdes. Rien qu'à cette idée, j'ai la bile qui me renverse les tripes. Tiens, je devrais moi aussi écrire mes délires utopiques d'une vie à boire seul ma bière. Mais je n'aurais pas le talent de Patrick DeWitt pour fleurir ces états d'âme d'une telle poésie, ni même sa passion pour le Jameson qu'au final je ne trouve pas aussi exceptionnel (il a la couleur de l'or mais son goût se rapproche d'un Canada Dry, hommage à l'auteur canadien ; d'ailleurs est-ce qu'il y a du Canada Dry au Canada ?). D'ailleurs qui ça intéresserait ces histoires de poivrots. A part, peut-être d'autres poivrots, mais ceux-là ont autre chose à foutre que de me lire. Probablement que si je ne les vois pas accoudés au zinc, c'est qu'ils sont aux chiottes, la tête dans la cuvette, la gerbe aux lèvres. Bienvenue dans mon monde... de poésie.
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Fausses "notes pour un roman" et plongée subtile dans l'enfer rêvé de l'alcool et du morne vice hollywoodien.

Publié en 2009 (en 2010 en France), le premier roman de Patrick DeWitt, modestement sous-titré "Notes pour un roman", suit en une succession de brefs paragraphes thématiques, entrecoupés de séquences de type "road novel", l'évolution (dégringolade, ou au contraire laborieux arrachage à un écrasement programmé, cela reste à décider...) d'un barman hollywoodien, ivrogne astucieux qui doit chaque soir gérer au mieux une clientèle d'habitués dont bon nombre constituent une impressionnante galerie de freaks...

Si l'alcool coule à flots bien serrés, les dérives enjouées pleines de vice et de de délire apparaissent peu à peu, plus insidieusement, et menacent de submerger le narrateur, ses précieuses "notes", et bientôt l'ensemble du récit, avant qu'un inattendu et paradoxal élan libérateur ne s'y fasse enfin jour...

Un livre étonnant, dans lequel Bukowski (les tourbillons de mauvaises pensées sont légion) et Hunter Thompson (le bar prend vite certains soirs l'allure de la chambre d'hôtel de "Las Vegas Parano", si elle avait été ouverte au public) rencontrent Agrati, par cette capacité à transformer un récit de l'intérieur, à accumuler des touches subtilement significatives, jusqu'au moment où la réalité a changé.

Une réussite flagrante qui fait attendre avec impatience le multi-primé "Les frères Sisters", prévu à la rentrée littéraire 2012 chez Actes Sud.

"Il y a du remue-ménage au bar pour cause de mystérieux problèmes d'argent rencontrés par les propriétaires, qui convoquent tout le monde à une réunion de crise en pleine journée pour évoquer, d'un air sinistre et en toute opacité, la question de leurs finances. À l'idée d'être licencié des fourmillements te viennent dans les mains et tu n'arrives plus à te concentrer sur la discussion en cours car tu cherches à tout prix une occupation sur laquelle tu pourrais te rabattre en dehors d'ouvrier ou caissier, mais il t'est impossible de reprendre l'un de ces emplois, car depuis que tu es commis de bar tu as pris de mauvaises habitudes, tu as tes journées libres et tu es payé en liquide et au noir et tu peux boire tout le Jameson que tu veux ; tu décides donc de ne pas te mettre en quête d'un nouvel emploi, mais de prendre un maximum de crédits à la consommation et ensuite de faire des emprunts auprès de chaque société qui voudra bien entrer en affaires avec toi. En restant attentif à tes dépenses, tu pourras survivre un an, et tu songes à de petits voyages à Big Sur et à San Francisco, à des hôtels bon marché et à des trains-couchettes. Tu pourrais même emporter un sac à dos et dormir sur la plage comme un sale hippie, et peut-être même devenir un sale hippie : tu t'imagines avec une barbe, un chien et un bâton de marche, l'idée te fait éclater de rire et la discussion s'interrompt d'un seul coup et tu te répands en excuses, et quand les propriétaires reprennent leur discours tu tends l'oreille, et voici ce que tu entends : (...)"
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Ce n'est pas l'enfer, mais on n'en est pas loin.
Le narrateur de cette histoire d'ivrogne n'est autre que l'un des barman du bistrot minable où il officie avec des méthodes pas toujours très nettes.
Alcoolique comme il se doit (risque du métier) et de surcroît accro à l'aspirine et aux médicaments qu'il consomme par poignées, il reste juste assez lucide pour tracer des autres employés du bar et de ses clients des portraits saisissants de vraisemblance : tous sont sur une pente descendante, tous dépendent de mauvaises bibines, qu'ils soient mythomanes, cocaïnomanes, chômeurs ou pathétiques voyous à la petite semaine.
De cet océan de misère humaine, au milieu des mauvaises bitures et de la fumée de cigarettes, se détachent pourtant des figures touchantes de femmes et d'hommes en détresse (beaucoup beaucoup plus d'hommes que de femmes) qui, malgré leur déchéance, conservent une minuscule petite flamme qui les relie encore à la vie : signes fugaces d'amitié ou solidarité de buveurs ? Peu importe, il arrive que quelques petites étincelles brillent dans le noir.
Notre triste héros parviendra-t-il à échapper à cet antre de folie et de destruction avant que son corps, soumis à tous les excès, ne se désolidarise de lui et flanche définitivement ?
Bien que je n'ai aucune prédilection pour les histoires d'ivrognes, il faut bien convenir que Patrick deWitt est un excellent écrivain, ce dont m'avaient déjà convaincue ses deux précédents livres "les Frères Sisters" et "Heurs et malheurs du sous-majordome Minor". Son style simple, précis et nerveux, baigné d'un humour omniprésent et noir en fait selon moi un auteur de premier ordre, insuffisamment connu.
C'est une littérature très masculine mais elle n'exclut pas l'autre moitié de l'humanité tant elle sait parler au coeur et à l'esprit. Ici l'interrogation est celle de tous : qu'est-ce que l'humain ? que reste-t-il quand il ne reste rien ? pourquoi sous la texture de l'existence, la tragédie, toujours, émerge-t-elle ? Existe-t-il autre chose et où ?
Quelque chose dans ce livre-ci m'a fait penser à Bukovski et à Henry Miller.
Je conseille de découvrir cet auteur, en commençant par les deux livres cités ci-dessus (au cas où l'on redouterait de plonger dès le début dans des histoires d'alcooliques à la dérive.)
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Aucune eau chaude ou eau bénite dans ces ablutions qui nous sont livrées par Patrick de Witt avec force détails, dans ce premier roman paru en France en 2009, et portant le modeste sous-titre « Notes pour un roman ».

Ablutions – ou les vignettes du barman d'un bar glauque de Los Angeles - ruisselle le whisky par tous les pores. On y croise les habitués du bar, un défilé impressionnant d'individus cabossés, imbibés d'alcool et de poudre blanche, les lendemains difficiles du barman alcoolique qui engloutit des tubes entiers d'aspirine pour soigner ses gueules de bois, des rencontres féminines assez éloignées d'un rêve hollywoodien, un détour par le Grand Canyon et Las Vegas, et au final le chemin détourné qui va le mener vers une vie différente.

Il paraît que Patrick de Witt a été barman pendant six ans. C'était peut-être un boulot de merde. Il en a fait un grand livre, que ses illustres prédécesseurs Bukowski ou Hunter Thompson n'auraient certainement pas renié.

« Monty a trente ans et ne se lave pas ; ses lunettes sont rafistolées avec du scotch, et les poignets de son élégant manteau en velours grenat sont sales ; il dégage l'effluve psychique typique de celui qui a vécu dans des hôtels de passe et des hôpitaux psychiatriques. Il fait volontiers la conversation mais ses sujets se limitent à l'alcool et au cinéma, ses deux obsessions et raisons d'être. »

« Un soir, pour des raisons rendues obscures par le whisky, tu prends de la cocaïne. Tu n'en sniffes qu'une petite quantité mais la drogue te prend sous son emprise et bientôt il est quatre heures du matin et tu palpites comme un poisson hors de l'eau, grinçant des dents en attendant ton tour pour prendre la parole. Vous êtes dix autour d'un cercle, tout le monde veut parler et personne ne s'intéresse à ce que raconte celui qui est en train de s'exprimer. L'un se met à pleurer parce qu'il a subi des agressions sexuelles dans son enfance, l'autre parce qu'il a perdu sa mère, un troisième voudrait aller à Las Vegas. Tu sors en douce par la porte latérale et te diriges vers ta voiture. Il est cinq heures et demie du matin et le ciel a la couleur d'un bleu vieux de trois jours. C'est beau. »
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Tu es souvent en train de boire ou ivre mais depuis quelques temps tu consommes plus de bière que de whisky. Tu es décidé à porter assistance à ton foie, à éliminer les rougeurs sur ton visage et ton cou, et à apaiser ta femme. Pendant un temps tes efforts portent leurs fruits : tu te sens plus robuste, une énergie nouvelle illumine tes yeux et anime tes membres et tu recouvres sommeil et appétit, mais la bière fait grossir et tu prends cinq kilos ; le surpoids se pose comme un chat sur l'estomac, altérant ta svelte silhouette. Lorsqu'un comique de l'happy hour te demande pour quand est le bébé, ta vanité est blessée et c'est donc avec soulagement et enthousiasme que tu retournes au whisky, sauf qu'entre-temps ton seuil de tolérance a baissé, et le whisky te rend malade et au bout d'une semaine tout a un goût de lait. Le whisky lui-même a un goût de lait, le coca a un goût de lait, tout ce que tu manges ou bois te laisse un goût de lait en bouche. Ce n'est pas la première fois que ça t'arrive et tu n'es pas inquiet, tu y vois seulement le signe que tu en es au stade où ton corps a divorcé de ton esprit. L'esprit est le maître, l'endroit où naissent les appétits ; le corps est le domestique. L'esprit s'étant révélé un dirigeant incompétent, le corps prend des mesures pour se protéger de lui. Pour des raisons que tu ne comprends pas et n'as pas envie de comprendre, tes papilles gustatives en ont été affectées.
Tandis que s'opposent en toi les forces du corps et de l'esprit, tu te réconfortes en pensant qu'après tout, tu aimes bien le goût du lait et l'as toujours aimé, depuis l'époque où tu étais un petit bébé grassouillet.
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Tu as demandé à Raymond ce qu’il faisait dans la vie et il a répondu, “Je respire et je marche et quand on me dit de m’asseoir je m’assieds et quand on me dit de partir je m’en vais et je rentre chez moi pour me délecter à la pensée que je les hais tous.” Il laisse entendre qu’il y a un rapport entre son travail quotidien et ses dessins, ce qui a incité certains à croire qu’il serait une sorte d’architecte, mais tu doutes qu’il puisse trouver la moindre place, même au sein du plus incompétent des cabinets.
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Le bar s’est rempli et la jolie barmaid n’a guère le temps de discuter, mais après ton cinquième verre elle sait que tu as menti en disant n’avoir jamais touché au whisky, et dès qu’elle a un moment elle revient vers toi, les bras croisés sur la poitrine et l’air faussement consternée, et tu lèves la main en signe de repentance et tu lui proposes de lui payer un verre pour faire la paix, mais elle dit qu’elle ne peut pas boire pendant son service, et désigne du doigt une vieille caméra fixée au plafond au-dessus de sa tête. Tu lui demandes alors à quelle heure elle finit, elle te dit six heures, et tu lui fais part du plan que tu viens d’élaborer, et qui est le suivant : tu vas retourner à ton hôtel pour prendre un bain et te faire beau, et à la fin de son service tu reviendras, et si elle veut bien vous partirez bras dessus, bras dessous au rodéo, où vous pousserez des cris à la vue des clowns déprimants et pas comiques, des taureaux torturés et fous de haine et des pitoyables losers artisans du lasso, et vous boirez sans crainte des caméras hors service ou qui n’ont à coup sûr pas de film dedans, et puis, verre après verre, vous pourrez continuer tranquilles, seuls dans une chambre quelque part sans personne pour vous interrompre avec les mensonges de sa vie et autres haleines fétides ou chaussures de lutin bizarres, et puis après, et après… ta phrase reste en suspens et la jolie barmaid sourit timidement, t’apporte un autre whisky, se sert une eau gazeuse et vous trinquez, et vous buvez.
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Chaque matin tu te réveilles en te demandant à quel point tu vas avoir la gueule de bois. Tu es à moitié endormi ou à moitié saoul ou les deux et de prime abord tu n’arrives pas à évaluer ta propre souffrance et tu lèves la main et te demandes, comment cette main se sent-elle ? Et le bras, et l’épaule, et la poitrine, et le torse ? Tes jambes sont-elles endolories ou fatiguées ? Sur une échelle de un à dix (un correspondant à une pichenette du doigt sur ta tête, dix, à la mort), quelle est l’intensité de ta douleur du niveau de la nuque jusqu’au sommet du crâne ? Tu clignes des yeux pour tester leur sensibilité à la lumière, tends le cou pour faire craquer tes cervicales et la pesanteur comprime ton cerveau gonflé et déshydraté et tu t’auscultes le corps à la recherche de douleur ou de sensibilité. Tu es ton propre médecin, attentionné mais déconnecté au bout du compte.
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Il te jette un torchon au visage et t’indique le chemin des toilettes. « Nettoie tout ça », ordonne-t-il. Il est furieux mais tu ne tentes ni de t’excuser ni de manifester le moindre repentir ; contournant la queue, tu pénètres dans les toilettes pour hommes où tu trouves un gros tas d’excréments déposé sur la lunette des cabinets. Bien qu’il s’agisse là de ce que tu redoutes le plus dans ton travail, tu ne soupires même pas mais te saisis d’une poignée de serviettes en papier et, retenant ton souffle, ramasse le tas afin de le déposer doucement dans la cuvette bouchée et sur le point de déborder, mais il est trop lourd et tu le laisses tomber dans l’eau sale. Des éclaboussures jaillissent en te mouillant les cuisses, tu inhales l’odeur et tu vomis instantanément comme un extincteur, sur la lunette, la chasse d’eau et une partie du sol. Simon est debout derrière toi. « Faudra que tu nettoie la gerbe aussi, mon pote, dit-il. C’est comme ça. »
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