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Léon Mercadet (Traducteur)
EAN : 9788493697594
140 pages
13e Note Editions (15/09/2010)
4.09/5   28 notes
Résumé :
De l'alcool dur et du génie… en version originale A gin-pissing-raw-meat-dual-carburetor-V8-son-of-a-bitch from Los Angeles réunit les derniers poèmes en prose de Dan Fante. Dans une veine proche des Bons baisers de la grosse barmaid, ces poèmes nous « tombent dessus tel un fleuve de feu venu de l'enfer ». On y trouve l'essence de la vie et du travail de Fante : mariages ratés, amours naissantes, nostalgie du père et du frère, cet « enfoiré » de Nick disparu sans un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Cynisme. Rage. Humour (noir). Brut. A vif. Tendu. Sincère.
En quelques mots (il n'en manque plus qu'une petite centaine) voilà ce que nous offre Dan Fante avec de l'alcool dur et du génie. Si on souhaite résumer le tout, disons que ce n'est rien de moins que ses tripes encore toutes chaudes qu'il nous déballe à chaque page de ce phénoménal (pas moins) recueil de poèmes en prose.

Pas mon premier Dan Fante pourtant (on avait d'ailleurs mal commencé tous les deux avec Les anges n'ont rien dans les poches, pas plus accroché que ça à la lecture de sa relation souvent méprisable avec son chien... C'était pas le sujet du livre mais j'ai retenu que ça du coup) m'enfin sachant que le talent est tout sauf héréditaire, ça ne m'avait pas exagérément surprise. Par contre ce coup-ci, pan ! Pour la première fois je le trouve supérieur à son illustre paternel, ce qui n'est pas peu dire (notons que des poèmes by John Fante auraient sûrement été intéressants à découvrir).

Tout le mal-être, les abus en tout genre, les mauvais choix, la haine de soi, les ratages à répétition, tout, absolument tout est tellement bien rendu.
Le choix des mots, la mise en forme, le traitement des sujets (à deux exceptions près : la comparaison femmes-bagnoles d'occaz, ainsi que, je cite : « fatigué d'entrer dans un 7-Eleven pour constater que je suis le seul à parler notre belle langue »), tout semble tomber à pic, couler de source, impression que si Dan Fante trouvait souvent son écriture à chier, cette fois pas de mouron à se faire, pour ce recueil sa muse a arrêté de lui faire la gueule.

C'est tellement jouissif que parfois et sans exagération, ça m'a franchement donné envie de chialer.
Pour un peu, je remercierais sa dépression profonde, sa sacrée putain de vie de merde et sa propension à toujours foirer dans les grandes largeurs. Désolée Dan mais sans ça, on aurait été privé de ce qui est aujourd'hui devenu mon recueil de poésie fétiche. D'ailleurs c'est bien simple, je vais divorcer d'avec le Spleen de Paris pour pouvoir épouser de l'alcool dur et du génie.

Publié à l'origine chez feue la très regrettée 13E Note Éditions, j'espère qu'une nouvelle maison éclairée rachètera leur catalogue et publiera l'infernale prose de Dan Fante en poche. Après ça, je le ferai monter en scapulaire et il ne sera plus question de me trimbaler où que ce soit sans l'avoir avec moi.
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Le pire danger quand on s'attaque à une traduction d'un auteur dans le style de Fante fils, dont le style littéraire, simple, efficace, réside dans la façon de jongler avec ce vocabulaire courant, le pire danger donc, c'est justement la traduction. Qui plus est dans un recueil de poèmes... Et bien j'ai retrouvé dans le recueil l'univers du repentant de l'alcool, toujours sur le fil, à mi chemin entre Dieu et la folie (quand les deux extrêmes ne se rejoignent pas pour les poèmes les plus couillus). du grand Dan Fante, comme d'habitude, qu'on aimera ou détestera, peut être encore plus à travers ce concentré d'écriture de 3 ou quatre strophes, sorte de jus de nouvelles. Il reste pour moi un vrai de vrai, un authentique, pas de fioritures, juste de l'écriture pour exorciser, humain et superbe. le recueil se lit aisément, les lecteurs boudant la poésie n'auront aucun mal à venir à bout de celui ci, la forme en prose aidant considérablement. Seul regret, qui m'a accompagné de la première à la dernière page : l'introduction précise que l'édition originale comprend des illustrations des poèmes, par Dan lui-même et un ami, absent bien sur de l'édition de 13e note. C'est d'autant plus dommage que la mise en page laisse supposer que ces illustrations aèrent et rythment le texte, donc donnent une autre perspective à la lecture. Pour les anglophones et les fans, l'original sera donc à privilégier... Pour les impatients et les autres, foncez, les poèmes sur le frère Nick et les parents John & Joyce sont splendides.
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J'suis tendu comme une carpe avant son évolution en sushi, mon vieux c'est super chaud de parler de Dan Fante sans avoir déjà dis ce qui a été répété mille fois, en voulant lui rendre l'honneur qu'il mérite et témoigner de la beauté de ses mots.

Dan Fante, fils de John, est quand même super influencé par les auteurs contemporains du paternel. C'est pour ça que tu retrouveras sûrement un peu de Bukowski quand il parle de vomi, de femmes, de baise bien bien sale, d'Italie, de Los Angeles et des nuits sombres new-yorkaises, assis dans son taxi.

Ça doit être compliqué de vivre avec le fantôme du père, de finir par voir Dieu en comprenant qu'il est peut-être un peu trop tard.

Pourtant Dan s'en sort mieux qu'Alice dans son pays des merveilles. Pas besoin d'passer de l'autre coté du miroir, il transforme son aigreur, son verre souvent rempli mais toujours à moitié vide, en arme puissante, douloureuse et beaucoup trop tragique.

On vieillit au fur et à mesure des vers, ceux qui sentent la transpiration, la crasse des taudis fréquentés, les amours avortés souvent renouvelés par la pute du trotoir d'à côté.
On pourrait croire qu'à force, on se lasserait de tout ce côté blasé, pendant 10 secondes l'envie de lui botter le fion et gueuler « putain mais secoues toi un peu tête de thon. » et puis non. En fait la seule chose que t'as envie, c'est de crier au génie. Tu sais bien, "AU GÉNIE".

L'écrivain maudit sur lequel tu peux faire vite fait ton propre transfert.
Merde merde merde.

Le coup de pied au cul qu'il faut si tu veux te mettre à écrire, le coup de soleil qui t'brûle au point de choper ton ordi pour entendre le son des touches crépiter, taper, t'énerver sans jamais t'arrêter.

J'm'emballe. Voilà, on part loin, très loin. C'est à peu près ce que provoque Dan Fante dans ce recueil de poèmes magnifique. S'il t'en faut encore et pour malgré tout passer à coté j'y comprends plus rien.

(bon t'as intérêt à avoir la dalle quand même parce qu'il est épuisé, krkr).

J'vais essayer de faire descendre la boule dans les intestins.

J'lève mon verre de sale gosse à c'vieux crado plein d'talent !

Terriblement vôtre,
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Pendant des années
j'ai versé du bourbon dans ma tête
pour tuer les voix

Mais vint le temps où j'ai dû lâcher la gnôle
ou rendre mon passeport

Des jours ca allait si mal
que je devais remballer mes affaires dès le matin
dire que j'étais malade
et quitter mon poste de télé-vendeur
trente secondes avant de tuer quelqu'un

Je passais prendre deux Big Mac et louer deux pornos
je rentrais
tirais les rideaux
et me branlais dans du steak haché
pour étouffer le bruit

Il me fallait des heures de télé et des romans de 800 pages sans
répondre au téléphone
pendant des jours
sans me raser ni laver une assiette
ni changer de slip
juste pour garde la tête hors de l'eau

Aujourd'hui
je vais mieux

j'ai changé pour Burger King
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J'ai vu un type signer son bon de sortie
juste avant le déjeuner – aujourd'hui

J'attendais le signal piétons au coin de Whilshire
un vieux livre d'occase et le journal sous le bras

j'avais fumé mon cigare et siroté un café chic au Starbucks
papoté avec Ann la fille du comptoir
celle qui a un bonnet D – sur les chances qu'elle avait de quitter son mec
et de ficher le camp
au Mexique
avec une grande gueule comme moi – puis
pris la résolution de commencer un nouveau roman
aussitôt conscient que ça finirait comme toutes mes
autres merdes
du moment
plates et nulles
et
qu'au final
ça ne changerait rien

Puis
ce bruit d'enfer
j'ai levé la tête
juste pour voir un éclair de métal et du rouge en zigzag
puis une autre voiture qui heurte la première qui s'écrase sur un poteau de béton
et le corps d'un type genre businessman – tête la première – cravate paisley et costume trois-pièces bien en place –
a explosé le pare-brise
de son 4 x 4 pour un vol direct vers son rendez-vous de 11: 07
avec Jésus
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À 6 heures du mat'
dans la moiteur de Milan
les yeux flous
en décalage horaire jusqu'à l'os
insomniaque
paré à lire mes oeuvres
à ajuster mon chapeau
et – si possible
ne pas me curer le nez en public

l'important
dans ce genre de voyage
c'est de cacher l'imposteur que je suis
d'empêcher
à tout prix
un connard du troisième rang à moitié soûl
de brailler
hé le débile – fais chier – dégage

Mais moi je sais
ce que lui ignore
que la peur d'être nul et chiant
devant une foule cruelle
est le vrai moteur de l'écrivain
oubliez les chèques
les critiques
il s'agit juste de sauver la face

Merde
tout le reste n'est que
chance
fumée et miroirs

c'est ça le secret
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Je veux devenir poussière
quand je serai au bout du rouleau
pulvérisé par ma douce folie
je veux qu'on rie et qu'on raconte des blagues à la veillée
les lunettes de Groucho sur mon cadavre blanc
et
qu'une voix dise
en souriant
« ce type avait brûlé tout son carburant »

Je veux une baston
deux putes bourrées
qui s'engueulent
et entendre Little Richard
brailler Lucille
quand ils rouleront mon cercueil vers les flammes

Je veux qu'on sache qu'à travers le chaos
j'ai trouvé ma voix
et trouvé dans la souffrance une nouvelle naissance

Je veux entendre des chiens aboyer
des pneus hurler
la vie qui va et va et continue sans moi

Je veux de la barbe à papa dégoulinante
les culottes sales de ma femme et leur odeur
et
je veux qu'on sache
que ce vieux diable surpayé qui sourit
dans sa caisse bordée de satin

a passé aujourd'hui le meilleur jour de sa putain
de vie
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NICHOLAS JOSEPH FANTE

Salut enfoiré
trois ans déjà que tu as sifflé ton dernier quart de bourbon de supérette
puis craché tes tripes et ton sang
sur le sol de la cuisine
que tu as
nié et bluffé
que tu es
mort
assuré à cent pour cent – désespérément seul

aussi blanc que les draps impeccables de ta femme

je ne vois toujours pas le sens
ni l'idée
ni l'ombre d'une sagesse
ni quelle symétrie spirituelle
autorise cette souffrance
et cette perte

Tout ce que je sais, tu avais l'alcool dur et du génie – paumé triste colérique

J'aimerais juste avoir eu le temps de te dire au revoir
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Videos de Dan Fante (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dan Fante
Dan Fante explique pourquoi il est devenu écrivain, parle de son amour pour le public français, sur Bruno Dante, son alter-ego littéraire et sur son sevrage alcoolique.
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