Vous l'aurez compris, ce titre ne se prend pas au sérieux.
Adam Roberts, pseudonymé ici en A.R.R.R. Roberts, ne fait pas dans la dentelle. Oui, c'est une oeuvre de commande pour faire du fric. Oui, c'est assumé. Donc autant l'assumer jusqu‘au bout et y aller franchement.
Adam Roberts prend un malin plaisir à décortiquer le chef-d'oeuvre de
Tolkien,
Bilbo le Hobbit, prélude à sa fabuleuse épopée mondialement connue qu'est
le Seigneur des Anneaux. Tellement malin, et d'une oeuvre tellement connue, qu'il ne se laisse impressionner par aucun obstacle. A certains moments on est en droit de se demander : « Non, il ne va tout de même pas… ? » Eh bien si, il le fait quand même.
A noter que tous n'en sont pas capables. Une bonne parodie se doit d'être pourvue d'un semblant de trame de l'oeuvre originale (check), d'un humour volant un peu plus que la cime des pâquerettes (check), et d'un tant soit peu de talent d'écrivain (check). Pour ceux qui sont un peu familiers des jeux vidéo sur PC, je dirais que ceci est la configuration minimale. Et
Adam Roberts, lui, a en sa possession une machine de guerre. Il a lu le roman original, l'a adoré, sait écrire, et, de surcroît, manie cet humour à l'anglaise dont nous sommes si friands (mais si, voyons. Vous avez lu
Terry Pratchett ?).
Comme toute bonne saga de fantasy qui se respecte, l'auteur nous livre juste après les pages de garde sa carte du monde. Enfin, la carte du monde dans lequel ses personnages vont évoluer.
Tout près du début de notre aventure, nos héros (enfin, nos héros… nos protagonistes, dirons-nous pour rester polis) devront passer par les bois de Contreplaqué, laisser les
Tiger Woods derrière eux, pour ensuite traverser le bois des Arbres en Bois. Au Sud, sur la mer, on pourra voguer sur les côtes d'Uröhn ; au Sud-Ouest se trouvent les landes Minkishanth ; à l'est de la forêt Boire se situe le puits Skifoyaléfoyalé. En plus du Mont Tladsutuveramonmarthr, tout au nord, une mention spéciale aux oasis à l'ouest de la même forêt Boire : Oasis, et Blur. D'ailleurs, avez-vous jamais visité Jimmisommerville ? Un village charmant, attenant aux bois Jtedisafermh.(*) En passant, un tonnerre d'applaudissement pour le traducteur, qui a certainement dû en baver pour en arriver à ce résultat. L'oeuvre est localisée, comme il se doit (ou pas, d'ailleurs, l'éternel débat entre éditeurs, traducteurs, lecteurs et j'en passe) ; en tout cas les références font mouche.
C'est dans le charme cossu des habitations bucoliques des Posstits (plutôt pompeux pour désigner de simples trous, non ? Bon, ils ont des fenêtres et généralement une porte, mais quand même) que commence le dram… l'aventure de nos amis. Bingo, jeune Posstit de son état, reçoit par un beau matin la visite impromptue d'un magicien. Enfin, soit c'était un magicien (le « M. » brodé sur son poncho était un indice), soit c'était « un clip de ZZ Top survitaminé qui aurait mis son poncho à l'envers. ». Quant aux quatre premiers nains (**), ils arrivèrent une demi-heure plus tard. « Ils martelèrent la porte si fort qu'elle sortit de ses gonds et s'effondra. ».
Voilà ; tout le monde est arrivé, le décor est posé, il n'y a plus qu'à commencer. Les Posstits sont de petits bonshommes souffrant d'arthrite chronique aux pieds (ce qui fait qu'ils ne peuvent pas porter de chaussures, même s'ils le voulaient). le magicien n'a pas la prestance de quelqu'un de son statut, pour être franc : sourd comme un pot, une forte impression de sénilité – du coup, très difficile de se souvenir d'un sort un tantinet soit peu efficace –, atteint de narcolepsie (et probablement de tuberculose. Pas étonnant, vu ce qu'il fume.) C'est moche, de vieillir. Et les nains, ben… Ce sont des nains, quoi.
Et tout ce petit monde s'en va battre la campagne, les bois et autres monts afin d'atteindre, vous le saviez, le puissant drag… Non, l'or. C'est ça. L'or du dragon. le dragon n'a pas d'importance. Il n'y a pas de dragon ; c'est l'or qui nous intéresse.
Le périple, comme je vous le disais, est narré avec humour, et bien entendu force références. Et avec talent, ce qui ne gâche rien. A mettre entre toutes les mains d'adultes consentants.
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(*) Maintenant, prononcez ces noms de lieux à voix haute. Si vous êtes dans les transports en commun tant pis pour vous, vous rirez tout(e) seul(e).
(**) Non, il n'y a pas de capitale. Vérifiez si vous ne me croyez pas – non, vraiment.