"Babylon system is the vampire"
Si vous lisez cette phrase et que ça ne vous évoque ni une mélodie reggae, ni une dénonciation forte, c'est que vous ne connaissez pas vraiment
Bob Marley. Cherchez le titre, écoutez-le et revenez lire cette critique ensuite!
Prenons de la hauteur avec
Alexandre Grondeau qui nous offre une biographie étonnante par les angles et les perspectives qu'elle met en avant dans la vie de Bob, notamment la récupération mercantile de son image partout et sur tout après sa mort (et de nos jours encore) pour vendre tout et n'importe quoi, système capitaliste qu'il rejetait. Il n'y a pas de chronologie dans cette biographie, c'est un choix qui me va car on est amené à réfléchir autrement: quel est le véritable héritage culturel qu'il a laissé? Et on dépasse très vite les clichés du rasta avec son spliff (quoi qu'en dise la couverture...) dès qu'on s'intéresse à ses paroles, à ses engagements et à sa musique. Métissage, écologie, spiritualité, amour, et combat. Pas un combat violent, un combat par les émotions et par la musique. Pour lutter contre les oppresseurs, les profiteurs et défendre ceux qui souffrent. Oui c'est un héros universel qui a sa place à côté de Gandhi,
Martin Luther King ou
Nelson Mandela, il incarne une rébellion, un espoir dans un monde meilleur, et une lutte de tous les instants.
Un jour j'ai entendu une chanson de Bob puis toute la compil "Legend", j'ai compris que UB 40 n'était pas vraiment du reggae (c'est mon avis, désolée pour les fans!). Depuis il y a toujours une chanson de Bob qui correspond à mes émotions: mon réveil c'est le chant des oiseaux au début de "Natural mystic", l'envie de révolte c'est "War", la tristesse c'est "Johnny was" ou "She's gone", le besoin de danser c'est "Stir it up", la méditation "Time will tell" ou "Jah live". J'arrête de raconter ma vie après je vous promets, mais je regrette souvent de ne pas avoir pu assister à ses concerts. Une fois, au concert de Ben Harper, j'ai ressenti la puissance du rythme reggae, une vague qui embarque le corps et l'esprit.
Merci M.Grondeau pour ce dernier chapitre très jouissif et très désespérant en même temps, où on imagine ce que sa volonté, son pouvoir symbolique et sa générosité auraient pu apporter à notre monde s'il avait vécu plus longtemps. On peut toujours en rêver.
Merci à Babelio pour ses Masse critique, et merci beaucoup aux éditions La Lune sur le toit, qui publient des livres de qualité sur une certaine contre-culture qui est ignorée par les médias et le grand public.