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Adélaïde Pralon (Traducteur)
EAN : 9782383611851
400 pages
Globe (09/03/2023)
4.17/5   69 notes
Résumé :
West Adams, un quartier délabré de Los Angeles divisé par l’autoroute qui mène à la mer et où persistent les traces des émeutes raciales de 1992.
Dorian, Feelia, Essie, Julianna, Marella et Anneke vivent en marge, bâillonnées par le mépris et le souvenir d’un tueur en série qui, quinze ans plus tôt, a sauvagement assassiné treize prostituées dans l’indifférence générale. Mais voilà que les crimes recommencent. En l’espace de dix-huit mois, quatre femmes sont ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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🌷Chronique🌷

🐦J'écris d'un point de vue. Un point de vue, spécial. Sur les pétales de la fleur qui pousse en mon coeur, et dont je fais la promesse solennelle à Feelia, de ne pas laisser crever. Je suis colibri, et dans le vent, j'entends les pleurs de mes soeurs qui remontent des bas-fonds de West Adams. J'utilise toute mon énergie pour faire du surplace, pour ne rater aucune information, pour saisir les drames qui se jouent dans ces ruelles sombres. Je vois le sac et la lame. Je sais le chiffre 13, je vois le sang, je sens le goudron. Je tiens bon dans ma frénésie volontaire. Je reste malgré la peur, malgré l'horreur, malgré la haine. Je résiste à toutes les intempéries, les coulées de boue, les feux intempestifs. Je multiplie les battements d'ailes, les battements de cils, les battements de coeur, pour lutter avec tout mon corps et mon esprit, contre l'indifférence générale face au dédain de ces gens-là…Je lutte, parce que ne rien faire, revient à être indifférente. Hors de question, je fais du bruit! Je ne connais pas l'épuisement dans ma détermination. Alors je suis là, aussi fragile et minuscule que peux l'être un colibri certes, mais je ne pourrai jamais me détourner du chagrin de Ces femmes-là.

👠J'écris d'un point de vue féminin. Je suis née femme, et j'en connais les bonheurs comme les risques. Les actualités nous montrent que chaque jour, aux États-Unis, la condition féminine est alarmante, mais bien plus inquiétante encore, en nette régression. Ce quartier de Los Angeles n'y coupe pas: les discriminations sexistes et racistes font rage, et c'est les femmes qui en pâtissent le plus. La rue est non seulement un territoire cruel, violent, et meurtrier, mais en plus, l'indifférence des autorités à cette violence systémique est monstrueuse. Ces six femmes ont deux points communs, leurs genres et ce tueur en série. Chaque chapitre nous raconte leurs histoires. Chacune est différente. Elles sont mères, soeurs, amies, voisines. Ces femmes-là n'ont que le dédain de la société, parce qu'elles sont nées, femmes.

🔥J'écris d'un point de vue épidermique. Je suis colère. J'ai entendu toutes ces femmes-là. Entendu et cru. Je les ai cru quand elles disaient la précarité, l'addiction, le déni des uns et la violence extrême des autres. Je les ai cru quand elles ont compris la silenciation, la résignation, l'injustice, mais n'avaient que la sororité, comme kit de survie…Comment canaliser ce sentiment de révolte quand je sais pertinemment que leurs paroles sont ignorées? J'imagine que chercher un échappatoire dans l'art, comme le font certaines, est sans doute la meilleure des solutions, pour qu'enfin, la douleur de Ces femmes-là, laissent une trace dans les esprits…
❤️Alors de mon point de vue, je pense que ce polar est un indispensable cette année. Il n'est pas seulement un thriller captivant, mais bel et bien un roman sociétal, féministe et polyphonique, d'une beauté saisissante. Je crie haut et fort, que c'est un coup de coeur, mais serai-je entendue?
Lien : https://fairystelphique.word..
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Il faut le savoir, de plus en plus de maisons d'éditions publient des polars, des romans noirs et même des thrillers sans pour autant en faire mention dans une collection particulière. Dans ces cas particuliers, on observe qu'il s'agit pour la plupart du temps de récits qui s'inscrivent à la lisière des genres avec une connotations fortement marquée sur les dérives sociales que leurs auteurs s'emploient à dénoncer. En partant de ce constat, on s'intéressera donc plus particulièrement aux ouvrages de la maison d'éditions Globe qui avait déjà défrayé la chronique avec La Note Américaine (Globe 2018) de David Grann, un récit portant sur la série de meurtres frappant la population autochtone des Osages dans les années 20 et qui a récemment fait l'objet d'une adaptation pour le cinéma réalisé par Martin Scorcese. Dans un registre similaire, il faut impérativement découvrir Ces Femmes-Là, dernier roman d'Ivy Pochada qui figure sans nul doute parmi les meilleurs romans de l'année 2023 avec un thriller solide et pertinent aux connotations féministes pleinement assumées tout en s'articulant autour des méfaits d'un tueur en série. Il faudra faire fi des a priori concernant ce fameux personnage de serial-killer, qui a fait l'objet d'un foisonnement de récits ineptes suscitant une certaine lassitude pour bon nombre de lecteurs, car en bousculant tous les codes propres au genre, Ivy Pochada met en exergue le parcours des victimes et de leur entourage pour souligner l'absence d'écoute dont ces femmes font l'objet, ceci sans pour autant négliger l'aspect palpitant d'une intrigue policière d'une rare intensité.

En 1999, du coté de West Adams, un quartier miteux de la partie sud de la ville de Los Angeles, Feelia tente de faire entendre sa voix de survivante parmi les treize prostituées qu'un individu a sauvagement assassiné sans que cela ne suscite aucun écho auprès des services d'une police semblant peu encline à écouter le témoignage d'une victime ne suscitant que mépris et indifférence. Mais après une interruption de quinze ans, les crimes recommencent avec la découverte, en l'espace de dix-huit mois, des corps de quatre femmes dont la gorge a été tranchée et la tête recouverte d'un sac en plastique. En adoptant le point de vue de Dorian, mère d'une des victimes, de Julianna, travaillant comme danseuse dans un bar sordide du quartier, d'Essie, une policière des moeurs qui semble être la seule à se pencher sur cette série de meurtres, de Marella, une artiste s'intéressant également au sort des victimes pour adopter une démarche artistique et d'Anneke, une mère au foyer aux idées bien arrêtées, on découvre la voix de celles que personne n'écoute mais qui semblent posséder, pour chacune d'entre elles, une partie des éléments qui permettront de faire la lumière sur ce meurtrier qui continue d'agir dans l'indifférence générale.

On parle tout d'abord de personnages hors du commun qu'Ivy Pochada décline autour de la magnifique personnalité de ces six femmes composant ce roman chorale doté d'une trame narrative absolument bluffante s'articulant autour des actes de ce tueur qui n'aura d'ailleurs jamais la parole. C'est le parti pris d'Ivy Pochada que de laisser s'exprimer celles que l'on entend jamais. Et quelles personnalités extraordinaires on découvre notamment autour du parcours détonnant de la lieutenante Essie Perry de la brigade des Moeurs circulant désormais à vélo dans la ville de Los Angeles, suite au traumatisme d'un accident de voiture dont elle a été victime. Une enquêtrice mise de côté au sein de son unité qui prend tout de même le temps de recueillir le témoignage de Feelia, une personnalité haute en couleur, qui va devenir le fil conducteur de cette intrigue oscillant entre les événements de 1999 et de 2014. Il faut également mettre en exergue les rapports entre Dorian Williams qui ne s'est jamais remise de la perte de sa fille et Julianna, cette strip-teaseuse aspirant à une autre vie en prenant des photos de l'environnement dans lequel elle évolue. Tout aussi nuancé, on prendra la mesure des rapports complexes qu'entretient Marella, jeune plasticienne ambitieuse, avec sa mère Anneke incarnant la rigueur d'une mère au foyer devant protéger à tout prix les membres de sa famille exposée aux turpitudes d'un monde qu'elle rejette alors que sa fille choisit de le mettre en scène dans un happening violent prenant pour cadre la série de meurtres qui frappe le quartier. Il faut également évoquer l'intrigue policière de haute volée s'inscrivant dans un registre social qu'Ivy Pochada met en place avec une rare intelligence et une sensibilité exceptionnelle en nous permettant d'arpenter ce quartier atypique de Los Angeles dont il faut souligner l'atmosphère tout en tension se dégageant d'un environnement urbain en plein déclin. En ajoutant que le récit se révèle bien plus surprenant qu'il n'y paraît, Ces Femmes-Là peut être considéré, sans l'ombre d'un doute, comme l'une des plus belles découvertes de l'année 2023 avec un roman noir passionnant et d'une force peu commune que l'on n'oubliera pas de sitôt.

Ivy Pochada : Ces Femmes-Là (These Women). Editions Globe 2023. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Adélaïde Prodon.

A lire en écoutant : 6 Underground de Reverie. Album : Quicksand (Remastered 2023). 2023 Satori Mob Record.
Lien : http://www.monromannoiretbie..
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Après plusieurs années d'interruption, des meurtres de prostituées reprennent dans West-Adams, un quartier délabré de Los Angeles.

Déambulation sur les pas de Dorian, Feelia, Julianna, Marella et Anneke, femmes fortes au destin brisé et dans les roues de Essie la seule flic de L.A qui circule à bicyclette,

Essie Perry, lieutenant de Police au lourd passé n'en démord pas, il y a un lien évident entres les meurtres passés et présents

Un polar à la trame classique et toujours efficace, un tueur en série, une flic en disgrâce de sa hiérarchie et la description méticuleuse d'une ville et d'un quartier.

Mais alors me direz-vous, pourquoi se jeter et dévorer « Ces femmes-là » d'Ivy Pochoda ?

Tout simplement parce que « Route 62 », son précédent roman, nous avez laissé un très bon souvenir et qu'un polar qui progresse dans son intrigue avec le point de vue des victimes ou futures victimes et des dommages collatéraux sur leurs familles est, avouons-le, assez original.« Ces femmes-là » nous entraîne dans un récit de sororité empathique devant la tristesse des oubliées de l'American Way of Life.

Des femmes laissées pour compte qui ne comptent vraiment pour personnes, qui restent à jamais des proies pour hommes violents et frustrés.

On pense à « In the cut » de Jane Campion et on imagine sans peine quel beau film il ferait, réalisé par Kelly Reichardt, une de nos réalisatrice américaines préférées.

Son dernier roman réussit à être féministe, humaniste et qui tient son lecteur en haleine dans le déroulé de l'enquête...

Ivy Pochoda possède un vrai univers et a une véritable empathie pour ses héroïnes miséreuses....

De beaux portraits de femmes, de putes, de mères, Ivy Pochoda coche toutes les cases de l'excellente romancière...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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J'ai découvert ce titre grâce à la merveilleuse chronique qu'en avait fait ma Fée Stelphique de *****Mon féerique blog littéraire!!!!!*****
En plus je me suis aperçue que Marianne, ma complice, me l'avait proposé à l'achat pour notre bibliothèque. Alors je n'avais aucune de raison de ne pas l'acheter et aussi de le lire. Et j'ai donc attendu qu'il arrive pour l'équiper, l'exemplariser et l'emprunter et enfin le lire.
Mais alors que nous raconte Ces femmes-là :
A West Adams, quartier délabré de Los Angeles, Dorian, Feelia, Essie, Julianna, Marella et Anneke vivent en marge, hantées par le souvenir d'un tueur en série qui, quinze ans plus tôt, a sauvagement assassiné treize prostituées noires dans l'indifférence générale. Mais voilà que les crimes recommencent.
Durant tout le roman nous allons passer d'une époque à l'autre.
Nous serons en 1999 avec Feelia qui est une victime du tueur mais elle s'en est mystérieusement tirée. Cependant elle garde d'énormes cicatrices de ce drame et pas seulement celle qui lui barre le cou.
Puis en 2014 avec d'autres protagonistes, Dorian par exemple, la mère d'une des victimes du tueurs de prostituées noires. Pourtant Lecia n'était pas une prostituée.
Il y a aussi Essie. Essie qui fait ce qu'elle peut pour aider ses femmes que tous méprisent, surtout ses collègues policiers. D'ailleurs notre petite policière par sa taille s'avère être une véritable femme forte et déterminée.
Mais il y a aussi d'autre filles comme Julianna. Elle, elle est jeune, souvent insouciante, même si la reprise d'activité du tueur aux prostituées la met mal à l'aise surtout depuis qu'il s'en est pris à l'une de ses copines.
Et puis on rencontre aussi Marella, Marella elle est artiste, elle aime saisir la marge, elle fait dans le subversif, ici la peur qui s'est installé dans le quartier est son sujet d'étude.
A travers toute cette série de personnages appartenant à diverses communautés, mais surtout à la communauté noire, Yvy Pochoda évoque le quartier de West Adams, un endroit délaissé et enclavé, au passé lourd de violence et d'où l'on rêve parfois de s'évader.
Elle nous propose ici une peinture réaliste qui interroge sur la possibilité d'une rédemption. Mais est-il possible de sortir de sa conditions quand on est une femme pauvre, noire et exploitable ?
C'est un roman chorale qui s'attache surtout aux victimes, notre auteur dresse le portrait de celles-ci. C'est édifiant de vérité et de sincérité.
C'est, surtout, un putain de roman noir que nous offre là notre auteure engagée, c'est sûr !
J'ai adoré !!! 🖤
Lien : https://collectifpolar.blog/..
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Engagé, d'une sonorité virtuose de sincérité. Un coup de tonnerre implacable et nécessaire. Ce roman noir serré comme un café fort est une urgence de lecture. La définition même d'une littérature essentielle et vibrante.
Ces femmes-là d'Ivy Pochoda, et Los Angeles lève son voile dans une orée de haute contemporanéité.
Sociétal, sombre, West Adams et l'idiosyncrasie dévorante de ce quartier pauvre, risqué, où le clivage entre les classes sociales est prégnant. le racisme tragique et mimétique, sa capacité de destruction, les femmes noires, vulnérables, prises en tenaille entre la lucidité des résistances et l'inéluctable sauvagerie de leur monde.
Ce pourrait être un thriller, lire ainsi ce livre entre feu dans la cheminée, sable sous les pieds, il n'en sera rien. Ivy Pochoda écrit avec cette fulgurance de remettre d'équerre la vérité. Ces femmes-là, assassinées, toutes avec le même rituel d'un psychopathe glaçant, un assassin qui tue pour anéantir celles qui sont prostituées, droguées, simplement pauvres. Ici, c'est l'effet dominos. Ces meurtres en cascade, treize jeunes femmes dévorées par la haine, le rejet, l'insoutenable assassinat mutique. La police en déni d'une justice. Elles ne sont qu'ignorance, corps sacrifié, murmure à peine audible à la face du monde.
« Ces femmes-là » d'une lucidité radicale, d'une générosité sans faillite. L'écriture capable et loyale, qui défie les diktats et n'aura de cesse l'obsession de l'évidence.
Dorian mère de Lecia, la première d'une série de folie et d'injustice. le crime dont elle refuse le rituel. Sa fille était entre l'éclosion d'une jeunesse, rebelle et innocente. La pauvreté, écailles sur sa peau. Comment lui donner un dernier adieu dans la négation de l'impartialité ?
Dévorée de révolte, il n'y a pas d'antidote contre le chagrin. Pas de résilience pour une mère qui fait le serment de désolidariser sa fille de tous les mobiles d'un tueur (euse) qui fracasse sous ses pieds l'humanité féminine, ressac de survivance, l'écho des englouties et des oubliées du beau monde.
Ce livre finement politique est le porte-voix de ces femmes-là, aquarelles gorgées de pluie et de sang. Elles revivent ici, en polyphonique mission.
Ce livre est fascinant, dans son pouvoir de réhabilitation. L'halo sur les survies battues en plein vent d'un West Adams, où les femmes noires sont fauchées en pleine jeunesse.
Un tueur (euse) emblématique, le point d'appui d'une fiction au réalisme avéré. Ce livre est un combat, une mise en lumière des résistantes, de celles qui n'ont de cesse que la soif de la justice. Il aura fallu que les meurtres recommencent la course folle pour qu'enfin la ténacité d'une policière aux mille et une meurtrissures coopère à l'enquête dans ce versant alloué aux femmes victimes. Un kaléidoscope dont l'aura : la voix de ces femmes plongées dans les misères où « persistent les traces des émeutes raciales de 1992 ».
Un thriller sociologique, fondamental, percutant et frénétique. « Classé parmi les meilleurs thrillers de 2020 par le New York Times ». Traduit de l'anglais (États-Unis) par Adélaïde Pralon. Publié par les majeures Éditions Globe.
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critiques presse (2)
LeMonde
26 juin 2023
L’écrivaine américaine s’attache plutôt à décrire la « vie d’après » des victimes, qu’elles soient directes ou indirectes. Elle veut leur redonner une voix, faire entendre leur détresse. Et surtout montrer leur rage de survivre.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LePoint
17 mars 2023
Pochoda se glisse dans la vie – et dans la tête – de celles qui restent. La mère d'une des victimes en 2014, Dorian. Sa meilleure copine, Julianna. Marella, artiste subversive qui tente de saisir en images l'angoisse, au quotidien, suscitée par la violence de la rue.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
J'avais toujours peur pour elle. Des garçons. De la drogue. Des voitures. Des gangs. De la police. Elle traînait ses emmerdes derrière elle et elle ramenait tout ici dès qu'elle passait la porte. Je les vois, les filles comme elle dans la rue, dans le bus, qui changent tout le temps d'endroit, des filles avec des tatouages et des tenues moulantes, avec leur maquillage et leur coiffures. Des filles qui boivent, des filles qui fument, des filles qui se baladent avec des mecs qui pourraient être leur grand-père. Et je me dis, heureusement que c'est pas ma fille. Mais en fait si. C'est ma fille qui est couverte de tatouages. C'est ma fille qui fume comme un pompier. C'est ma fille qui sent l'herbe. C'est ma fille qui pue le sexe et pire encore.
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On dit que t’as du pot si un mec ralentit à ton niveau. Du
pot si on te laisse te pencher à la fenêtre d’une bagnole. Du pot si on t’emmène faire un tour – dans une des impasses crades près de Western Avenue ou dans les petites ruelles de Jefferson Park. Encore plus si tu vas à l’hôtel. Et encore plus si t’en sors indemne.
J’ai du pot. Je connais la rue. Enfin, c’est ce que je croyais. Je vais te dire un truc : faut être vigilant. C’est un grand mot. Dur à prononcer. Mais ça vaut le coup de le connaître. Vigilante. Si je me retrouve encore en cloque, c’est comme ça que j’appellerai ma fille – Vigilante. Vigilante Jefferies.
Mais putain, j’aurais jamais cru qu’il fallait être vigilante en
dehors du taf. Quand j’étais pénarde au supermarché de la 65e en train de choper un quart de Hennessy et des Pall Mall.
Même pas en train de taffer. Juste tranquille là, au coin de la rue, en train de cloper, de kiffer ma race, tu vois. Parce qu’il faisait frais pour une fois. Si ça, c’est pas un putain de miracle.
Une journée fraîche, une nuit fraîche. Du vent dans les arbres, tu vois de quoi je parle ? Du vent qui fait danser les arbres. C’est beau à voir, ça
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On dit que t’as du pot si un mec ralentit à ton niveau. Du
pot si on te laisse te pencher à la fenêtre d’une bagnole. Du pot si on t’emmène faire un tour – dans une des impasses crades près de Western Avenue ou dans les petites ruelles de Jefferson Park. Encore plus si tu vas à l’hôtel. Et encore plus si t’en sors indemne.
J’ai du pot. Je connais la rue. Enfin, c’est ce que je croyais. Je vais te dire un truc : faut être vigilant. C’est un grand mot. Dur à prononcer. Mais ça vaut le coup de le connaître. Vigilante. Si je me retrouve encore en cloque, c’est comme ça que j’appellerai ma fille – Vigilante. Vigilante Jefferies.
Mais putain, j’aurais jamais cru qu’il fallait être vigilante en
dehors du taf. Quand j’étais pénarde au supermarché de la 65e en train de choper un quart de Hennessy et des Pall Mall.
Même pas en train de taffer. Juste tranquille là, au coin de la rue, en train de cloper, de kiffer ma race, tu vois. Parce qu’il faisait frais pour une fois. Si ça, c’est pas un putain de miracle.
Une journée fraîche, une nuit fraîche. Du vent dans les arbres, tu vois de quoi je parle ? Du vent qui fait danser les arbres. C’est beau à voir, ça
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– Il ne s’agit pas de résoudre des meurtres commis il y a plus de dix ans. Il s’agit de réparer une injustice.
Sa voix est forte, rageuse et ferme. Elle ébranle Anneke.
– Il s’agit de comprendre pourquoi l’assassin de nos filles a été en liberté pendant toutes ces années, pourquoi la police n’a rien fait à propos de la mort de nos filles. Pourquoi ils s’en fichaient. Pourquoi ils ont regardé ailleurs. Il s’agit de comprendre pourquoi la police pense que nos filles n’en valent pas la peine.
Dorian tient un poster montrant le visage de sa fille.
– Voilà pourquoi, dit-elle en désignant la joue de Lecia. Voilà pourquoi, crie-t-elle. À cause de sa couleur de peau.
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Mais cette policière n’y va pas de main morte. On dirait qu’elle essaie d’être quelqu’un d’autre, avec son maquillage et ses cheveux faits pour un autre type de peau. Et pourtant, elle est flic. D’après l’expérience de Dorian, un flic n’essaie pas d’être quelqu’un d’autre. Un flic se contente d’être flic.
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Vidéo de Ivy Pochoda
West Adams, un quartier délabré de Los Angeles divisé par l'autoroute qui mène à la mer et où persistent les traces des émeutes raciales de 1992. Dorian, Feelia, Essie, Julianna, Marella et Anneke vivent en marge, bâillonnées par le mépris et le souvenir d'un tueur en série qui, quinze ans plus tôt, a sauvagement assassiné treize prostituées dans l'indifférence générale. Mais voilà que les crimes recommencent. En l'espace de dix-huit mois, quatre femmes sont retrouvées la gorge tranchée et la tête recouverte d'un sac plastique dans une ruelle du quartier.
Dans ce roman noir, qui bouleverse tous les codes du genre, Ivy Pochoda place les victimes au centre de l'histoire et fait entendre la voix de celles que personne n'écoute, dans un monde qui veut détruire leur corps et les réduire au silence.
« Ces femmes-là » d'Ivy Pochoda Traduit de l'anglais (États-Unis) par Adélaïde Pralon
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