Tout d'abord, je tiens à remercier les éditions Mnémos pour l'envoi de ce roman !
La Page Blanche. Sur Terre, dans un futur incertain éloigné de plusieurs décennies, la société telle qu'on la connaît s'est effondrée après qu'Internet soit tombé. Plus rien. Plus de médias, plus d'informations, plus de technologie.
L'humanité s'est construite sur de nouvelles bases. Des Forteresses abritent ce qu'il reste de la technologie. Mais celle d'Albi hébergeait un bien encore plus précieux. Endah, un Ardant. Un humain conditionné pour obéir aux ordres que son Maître lui a encodé dans l'esprit. Des personnes qui ne sont même plus considérées comme des êtres humains, surentraînés, dont l'esprit a été dissocié de leur corps.
Aussi, lorsque qu'un groupe de convoyeurs haut en couleurs dont Seeyt, récupère Endah à la chute de la Forteresse d'Albi, c'est une aventure déchaînée et hasardeuse qui s'engage pour le groupe. Car Endah a été encodé pour mener à bien une mission périlleuse, celle de retrouver le mystérieux Prieur, qui attire toutes les convoitises.
Code Ardant, c'est un roman de SF post-apocalyptique de
Marge Nantel, qui n'en est pas à son coup d'essai puisqu'elle a déjà quelques publications à son actif, dont
Hors Caste, sorti en 2022 aux éditions Noir Absinthe. Avec ce roman, l'autrice nous entraîne dans une épopée déjantée, avec des personnages survoltés dignes d'un Mad Max dans le décor du sud de la France et du nord de l'Afrique.
Je trouve ça génial de lire de la SF française qui se passe en France, où des villes comme Albi, Aurillac ou Marseille sont mises en avant, plutôt que l'éternelle Paris ! Je me suis facilement identifiée à l'environnement et le décor ainsi planté me paraissait presque familier. La bande de convoyeurs est vraiment attachante, entre Seeyt, que tout le monde appelle Sioux, qui est un personnage très empathique, la Souris, Cécile la Boss, Jean-Mi la Gomme, c'est un groupe très uni qui semble avoir construit des liens aussi forts qu'une famille. Et c'est ce qu'Endah va trouver en débarquant dans leur groupe. Lui qui n'a connu que la violence, la douleur, la soumission, petit à petit, son esprit conditionné se questionne sur ce qu'il est, sur QUI il est.
Il faut savoir que pour "fabriquer" un Ardant, les Maîtres de Donjon conditionnent des enfants dès leur plus jeune âge. Ce n'est jamais clairement expliqué dans le récit, mais ils subissent des sévices tellement ignobles que leur cerveau se dissocie de leur corps, appelé le Bien, comme s'ils étaient deux entités différentes. Et cela dans le but de servir le Maître, de toutes les façons imaginables, dont sexuelles. Des poupées humaines en gros. Mais Endah est plus complexe que cela. C'est un Ardant extrêmement bien entraîné, et malgré son conditionnement extrême, on sent qu'il est humain, que sous toutes les couches d'ordres et de codes, il souffre et cherche du réconfort.
Code Ardant, c'est un roman qui questionne l'humanité et notre empathie, ce qui reste au fond de nous quand tout semble foutu. le style très familier de l'autrice donne un rythme assez particulier au récit, que j'ai pour ma part beaucoup apprécié. Les répliques sont cinglantes, les dialogues juteux de raillerie, les personnages ne se prennent pas au sérieux et c'est délectable.
On ne nous donne pas beaucoup d'informations sur le "avant", c'est un peu dommage car j'aurai aimé savoir comment tout ça est arrivé, comment l'humanité a fait pour s'en sortir après la Page Blanche, qui a eu cette idée ignoble de créer les Ardant. Quelques indices sont seulement disséminés dans l'intrigue, notamment lorsqu'un manuel d'encodage d'Ardant est découvert dans les ruines de Barcelone. On y découvre des pratiques innommables perpétrées sur des enfants pour les conditionner, mais aussi au travers de flash-back dans les cauchemars d'Endah.
Code Ardant, c'est un roman hyper original qui mérite qu'on lui fasse une place sur ses étagères de SF. Entre une intrigue vraiment prenante et des personnages intéressants, je ne peux que vous recommander cet ouvrage !