J'ai eu un coup de coeur pour la plume de cette auteure dès ma découverte de
Arlington Park, il y a près de dix ans. Un roman que j'ai d'ailleurs relu il y a peu et que j'ai récemment chroniqué. Lors d'un périple en Bretagne, j'ai découvert ce merveilleux petit village : Becherel dont les rues sont si joliment envahies de bouquinistes. Par le plus grand des hasards, je suis tombée sur
Contrecoup et sur Bienvenue à
Egypt Farm. Ne manquera plus qu'à ma collection
Les variations Bradshaw.
Rachel Cusk est décidément bien mal « notée » sur le site du géant Amazon. Et sur Babelio, ce n'est pas mieux. Ma curiosité ne m'a pas poussée sur d'autres sites car peu importe : ses romans me plaisent. Plus que ça : ils me touchent. Il y a de ces auteurs qui pourraient me raconter ce qu'ils veulent tant leur façon de m'embarquer est forte. Les mots, le ton…Une réaction presque inexplicable je dois dire.
Je comprends qu'on puisse ne pas apprécier
Contrecoup. Il est très atypique. Je raffole de l'atypique, surtout lorsqu'il s'agit de confessions. Se confesser sur l'échec de son couple est un exercice difficile qui tendrait à vite basculer vers la sensiblerie. Or, ce n'est pas le cas ici. La confusion qui règne à l'esprit de la protagoniste, qui n'est sans doute que l'auteure elle-même ou du moins une grande partie d'elle-même, est parfaitement retranscrite. le personnage vit très mal sa séparation. C'est le chaos dans sa tête. C'est le chaos dans les mots. La femme se lance dans des récits confus, passe d'un sujet à un autre sans transition. Semblable à un journal dans lequel elle déverserait tout son mal être,
Contrecoup m'a parfois fait penser à un essai bien plus qu'à un roman. On tente de la suivre mais le labyrinthe est parfois si tortueux qu'on s'y perd. Mais pour ma part, pas longtemps.
Rachel Cusk parle parle parle, et moi j'acquiesce quand soudain, au milieu d'une phrase, elle lance une vérité qui me va droit au coeur. Au milieu de mots, en apparence sans grande importance, je reçois un uppercut.
Fiction ? Réalité ? Mélange des deux ?
On retrouve des thèmes chers à l'auteure. le mariage. L'échec du couple. Les valeurs féministes. Et puis, cette terrible culpabilité. Il y a une certaine clairvoyance qui se dégage de cette oeuvre, ce qui n'est pas aisé quand le sujet et soi-même.
Une psychanalyse dont le lecteur est pris à témoin.
Toujours fin. Incroyablement subtil.
Un livre qui, néanmoins, n'est pas à mettre entre toutes les mains.