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EAN : 9782849504970
Syllepse (08/04/2016)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
On les désigne comme migrants. Parce que réfugiés, on serait censé reconnaître leurs droits. Parce qu’immigrés, il faudrait leur concéder ceux de décider où ils vont et de rassembler leur famille.
Migrants, on s’autorise à les maintenir au-delà de frontières closes, à les confiner derrière des barbelés, à les enfermer dans des camps. Et à tolérer que beaucoup disparaissent…
Migrants et migrantes, femmes, hommes et enfants, ils fuient guerre, tyrannie e... >Voir plus
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Que lire après Contretemps N29 les MigrantsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
De quel pays venez-vous ?… La terre !

Comme pour les précédents numéros, je n'aborde, choix très subjectif, que certains articles

Benjamin Birnbaum dans « Retour vers le futur : les origines du capitalisme et le changement social » nous propose des réflexions très stimulantes. Indiquant des limites de certaines analyses, uni-dimensionnalité, seule logique de circulation, seule logique de production, caractère géographique réduit, vision « transhistorique » du capitalisme, il souligne des pistes ouvertes pour mieux aborder « les mécanismes de l'accumulation primitive sur le plan international ».

Les thèmes abordés sont, entre autres, la rupture qualitative entre les rapports sociaux de propriété précapitalistes et capitalistes, la place de l'Etat « spécifiquement » moderne, les enclosure, la séparation des paysan-ne-s d'avec leurs moyens de subsistance, le travailleur et la travailleuse « libre », le colonialisme et l'esclavagisme, les régimes de « travail » différenciés, la multiplicité de rapports sociaux, l'appropriation du travail gratuit des femmes, la théorie du développement inégal et combiné…

« Loin des visions téléologiques souvent attribuées à la pensée marxiste, se dessine donc une histoire ouverte et déterminée par la lutte des classes. Or, cette lutte ne se déroule pas seulement entre le capital et le travail en Europe, mais concerne également les luttes des peuples colonisés puisque les formes de travail non payé ont été nécessaires à l'avènement du capitalisme ». L'auteur aurait du cependant, y inclure, les luttes des femmes puisque le travail « non payé » effectué par elles fut nécessaire à l'avènement du capitalisme, pour utiliser ses termes.

Mais nous n'en avons pas fini avec les visions téléologiques, les réductions des luttes de classe au seul combat des salarié-e-s, la non-prise en compte de la sexuation du monde (pour utiliser la formule de Geneviève Fraisse), le « color-blindness », etc. Il ne peut y avoir de pensée de l'émancipation inclusive sans prise en compte de tous les rapports sociaux et de leur imbrication, coextensivité, co-production, intersectionnalité (pour ne pas trancher sur les termes les plus adéquats).

Dossier : le défi « migrants »

« On les désigne comme migrants. Parce que réfugiés, on serait censé reconnaître leurs droits. Parce qu'immigrés, il faudrait leur concéder ceux de décider où ils vont et de rassembler leur famille.

Migrants, on s'autorise à les maintenir au-delà de frontières closes, à les confiner derrière des barbelés, à les enfermer dans des camps. Et à tolérer que beaucoup disparaissent…

Migrants et migrantes, femmes, hommes et enfants, ils fuient guerre, tyrannie et misère. Et les voici qui placent l'Union européenne devant un défi qu'elle récuse : assumer les responsabilités qui sont les siennes, accueillir dignement réfugiés et migrants, mobiliser les moyens nécessaires pour leur offrir l'hospitalité.

Pour ce déni, l'Union européenne se voit menacée de dislocation. Et de déshonneur.

Dans ce numéro, une première série d'articles sur ce sujet décisif. »

Une remarque préalable. Il serait plus que temps, que la revue adopte une graphie n'invisibilisant pas les femmes. Donc « migrant-e-s », « immigré-e », etc…

Claude Calame aborde les questions du néocolonialisme, de la « stratégie concertée d'érection de murs physiques et de contrôles répressifs », des mort-e-s et le rejet de leur cause sur les seuls passeurs, « mais s'attaquer (par des moyens militaires) aux convoyeurs sous prétexte d'affranchir les migrants de leur emprise signifie de fait priver ces derniers de la seule possibilité qu'ont les plus aisés parmi eux de rejoindre l'Europe », la séparation entre migrant-e-s et « réfugié-e-s économique », la négation des personnes et de leurs droits. L'auteur rappelle à juste titre que l'Europe n'est pas la principale destination des migrations… L'auteur parle d'alternatives et de « nouveau paradigme économique, écologique et social animé par une idéologie de la proximité et de la solidarité », d'orientations non-extractiviste et non-productiviste, de conditions d'échanges équilibrées…

Marie-Christine Vergiat revient sur la régionalisation des migrations, « Seul un tiers des migrants internationaux se sont déplacés d'un pays en développement vers un pays développé », la France, comme « vielle » terre d'immigration. Elle souligne qu'« il est d'ailleurs impropre, voire scandaleux, de parler d'immigrés de la 2ème, 3ème… génération » que « le statut ne se transmet pas d'une génération à l'autre ». L'auteure parle de ces français-e-s qui ne sont pas nommé-e-s migrant-e-s mais expatrié-e-s, de la déstabilisation du Proche-Orient, de la construction des murs, du refus des Etats européens du « statut unique des travailleurs migrants », de l'externalisation des frontières, du fichage et du tri des « réfugié-e-s », des transferts monétaires des personnes migrantes très largement supérieures aux « aides » au développement, de l'austérité et de la xénophobie comme « les deux faces de la même médaille », du respect du droit et notamment du droit international : droit à la vie, droit d'asile, droits de l'enfant, droit de vivre en famille, droit à l'éducation, droit à la santé, droit au travail…

Je souligne aussi les analyses de Gregory Mauzé sur la « gauche et l'immigration », le dépassement de l'universel abstrait, l'oubli du point de vue situé lorsque l'on fait partie d'un groupe majoritaire, les dominations liées à la racisation, la nécessité de combats communs pour « réenchanter l'idéal universaliste »…

J'invite aussi à lire le beau texte de Florence Prud'homme : « Calais, rien de l'autre ne m'est étranger ».

J'ai aussi particulièrement été intéressé par les deux articles de la rubrique « International ».

Alda Sousa revient sur le nouveau cycle politique au Portugal et présente le fonctionnement et la politique menée par le Bloco (Bloco de Esquerda : Bloc de Gauche). Elle décrit, entre autres, le contenu « transparent et public » des négociations avec le PS, les avancées et les limites de l'accord signé, les tensions qui ne manqueront pas de traverser la « majorité parlementaire » composée du PS, du Bloco, du PCP et des Ver… Elle insiste particulièrement sur « la centralité de la restructuration de la dette et de la confrontation avec l'UE ».

Bruno Della Sudda, Arthur Leduc, Richard Neuville analysent, à la lumière de l'expérience en Grèce, des impasses et des questions stratégiques. Les auteurs soulignent trois impasses stratégiques : la possibilité d'un « compromis honorable » et la « prégnance d'un mode de pensée issu de la période du « compromis fordiste » ; le refus de prendre immédiatement la moindre mesure unilatérale comme « autoprotection populaire » ; le refus de susciter la mobilisation populaire.

Ils pointent aussi une illusion : « l'idée qu'on puisse faire l'économie d'un affrontement avec les institutions européennes » et j'ajoute aussi avec les puissances économiques nationales. Ils réaffirment le triptyque proposé par ATTAC et la Fondation Copernic : « désobéir, rompre et refonder la construction européenne » (voir : Attac, Fondation Copernic : Que faire de l'Europe ?. Désobéir pour reconstruire).
Ce qui implique, entre autres, de soutenir le développement des formes d'auto-organisations, « l'invention de nouveaux lieux de citoyenneté active » et de penser les questions stratégiques à l'échelle de l'Europe. J'aurais écrit à l'échelle du sous-continent et/ou de la région euro-méditerranéenne.

Et encore une fois, un texte passionnant de Gilles Bounoure, ici sur André Masson, « vagabond du surréalisme ». Et pour finir je signale l'entretien avec Nadia Benchallal sur la photographie et les femmes.

Sommaire
Edito : Francis Sitel : L'Europe et les migrants
Dossier migrants
Claude Calame, L'Europe des murs et le néocolonialsme occidental
Marie-Christine Vergiat, Penser les migrations autrement
Catherine Wihtold de Wenden, A propos de l'exposition « Frontières », entretien
Gregory Mauzé, La gauche et l'immigration : rendez-vous manqué ?
Florence Prudhomme, Rien d'humain ne m'est étranger…
Syndicalisme et politique (2)
Benoît Borrits, Syndicalisme de rupture ou de transformation sociale ?
Jean-Claude Mamet, Quand le syndicalisme s'intéresse aux alternatives politiques. Retour sur les expériences du Front populaire et de Mai 68.
Pierre Cours-Salies, Trouver une unité nouvelle ? ¤££¤34Janine Guespin-Michel42¤££¤nouveaux et questions.
Josiane Zarka, Vers des luttes de transformation de la société
Patrick Darré, Crise systémique et enjeux du syndicalisme
Jean Gersin, Filpac Cgt. Les enjeux d'un congrès
International
Alda Sousa, Portugal : un nouveau cycle politique
Bruno Della Sudda, Arthur Leduc, Richard Neuville, Grèce/Europe : impasses et questions stratégiques
Marxisme
Benjamin Birnbaum, Retour vers le futur : les origines du capitalisme et le changement social
Livres
Annie Coll, Frédéric Lordon ou la cellule de dégrisement révolutionnaire. À propos du livre Imperium
Janine Guespin, Émancipation et pensée du complexe. Entretien avec Janine Guespin-Michel
Culture
Gilles Bounoure, Masson « vagabond du surréalisme »
Nadia Benchallal, L'« océan d'images », les femmes et la photographie aujourd'hui. Entretien
Lien : https://entreleslignesentrel..
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