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EAN : 9791097594008
272 pages
Serge Safran éditeur (11/01/2018)
3.36/5   7 notes
Résumé :
Dankala est un petit pays d’Afrique noire écrasé par le soleil, où les ressortissants français, les expatriés, essaient de tuer le temps chacun à leur façon.
Le meurtre isolé d’un soldat français vient soudain perturber cette société blanche et désœuvrée. Et lorsque d’autres meurtres sauvages viennent s’ajouter, ils perturbent la communauté française de la capitale, les discussions s’enflamment, ragots et rumeurs vont bon train, certains cœurs même s’émoustil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Meurtres mystérieux en Afrique
Pour son premier roman Isabelle Sivan nous entraîne en Afrique où la communauté française est victime de meurtres en série. L'enquête s'annonce délicate.

À 62 ans, Jean Richemont retrouve Dankala où il a commencé sa carrière diplomatique. Après être passé par Madagascar, l'Inde, la Chine, la Côte d'Ivoire et le Sénégal, il a retrouvé Mme Pernaud, sa secrétaire, pour ce qui sera sans doute son dernier poste de Consul.
Le résumé de sa carrière peut se lire sur les murs de son bureau et sur la pile de dossiers qui garnissent son bureau. D'une part des scènes de la vie dankalaise, «des femmes accroupies dans un marché. La silhouette ciselée d'un berger. Un dromadaire sur fond de pierres noires» pour ce qui est de son environnement et de la vie dans cet État que l'on qualifiera d'ex-colonie française, sans davantage de précisions. Et d'autre part, la routine administrative «la prise en charge des nouveaux expatriés. Les présentations, les courbettes et tous les salamalecs qu'il serait obligé de faire pour les accueillir.»
Si le pays peut faire rêver, le quotidien au sein de ce microcosme d'exilés devient vite étouffant. On ne peut quasiment faire un pas sans croiser le colonel Patte, sa femme ou ses quatre fils, le procureur de la République, Mohamed Ibrahim Moussa et sa femme Nadine ou encore la bele Julie Charpentier, directrice du dispensaire, sans oublier le banquier Leguenec qui vient de débarquer avec son épouse. À part les ragots sur les uns et les autres, les écarts alcoolisés de suns, sexuels des autres, voire les deux visant une seule et même personne, on s'ennuie…
Avec autant de cynisme que d'intérêt, on dira que la découverte d'un jeune militaire français assassiné va mettre un peu de piquant dans cette commnauté. Quand, au bout d'un mois deux nouveaux cadavres s'ajoutent à la liste, l'affaire devient «un événement particulier qui remuerait un peu les pierres et les esprits engourdis par l'ennui de ce petit pays».
Et si la métropole continue à faire la sourde oreille, le consul sent que, comme Romain Gary ou Jean-Philippe Rufin, il y a là matière à littérature. Tandis que l'on se perd en conjectures dans les beaux salons de l'ambassade, il s'attelle à son chef d'oeuvre.
Pendant ce temps les autorités locales essaient de trouver une piste, les militaires édictent des consignes de prudence et les morts s'additionnent.
Laurent Radiguet «philosophe et éditorialiste du journal le Monde» se rend à Dankala. Dès lors, l'affaire prend une autre dimension. À l'indifférence polie devant les cadavres qui s'accumulent («personne ne sait rien, personne ne veut savoir») succède un intérêt très particulier, puisque chacun tente de tirer la couverture à lui et d'attirer la «nuée de sauterelles» qui viennent du monde entier pour analyser ce phénomène et donner à Dankala, sinon ses lettres de noblese, au moins une notoriété nouvelle.
Isabelle Sivan réussit à donner à son roman la moiteur de la ville et la vacuité qui caractérise ces néo-colonialistes. On l'imagine se cachée derrière le personnage d'Achille, un mendiant qui est un le spectateur privilégié de ce psychodrame. Avec ses yeux, on prend la dimension très contrastée qui règne dans ce pays. Ici tout est, au vrai sens du terme, noir ou blanc. Européen ou africain, riche ou pauvre, cultivé ou ignorant, dominant ou dominé. Jusqu'à ce que les certitudes commencent à vaciller, et que la vérité commence à déchirer la nuit pour laisser place à un soleil écrasant. «Les anciens disaient qu'à Dankala, la lumière était la mort, cette impossibilité à vivre dont le spierres noires du désert se chargeaient. Et lorsqu'on la sentait s'abattre sur le front, on ne pouvait que les croire».

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Ce n'est pas seulement le climat qui est étouffant à Dankala, ce petit pays d'Afrique noire où la France continue d'envoyer ses militaires malgré la décolonisation. L'atmosphère entretenue par le petit groupe d'expatriés français y est également irrespirable. Ces notables s'y ennuient sans grâce, s'épient et glosent sans fin sur les attitudes des uns et des autres, confits dans l'égoïsme et la condescendance des ressortissants de pays riches. le meurtre horrible d'un jeune militaire français y est traité sur le même plan que l'alcoolisme de l'épouse du consul, comme un moyen de lutter contre l'ennui en faisant circuler les plus folles rumeurs, quitte à en inventer certaines. Cette insensibilité au sort des autres demeure, même lorsque les morts se multiplient. Si Jean Richemont, le consul, s'y intéresse quelque peu, c'est uniquement parce qu'il est certain d'y trouver matière à l'écriture d'un roman qui le placera dans la lignée de Claudel ou Chateaubriand. Seul Achille, le mendiant qui contemple imperturbablement ce mesquin théâtre des apparences et des vanités, semble distinguer les forces qui agissent souterrainement et qui font peser des menaces latentes sur ce microcosme dérisoire.
L'écriture d'Isabelle Sivan exprime magistralement ce climat poisseux et l'ennui désabusé de ces personnages qui errent au bord d'un volcan. La vacuité de leur existence, leur apparente absence de conscience ne suscitent guère d'empathie, ni de sympathie. La manière dont ils sont figurés les apparente à des types, à des rôles désincarnés, dont la véritable intériorité échappe au lecteur. Tout se passe comme si le seul vrai personnage du roman était Dankala, que la description toute en sensorialité, mêlant poésie et réalisme, rend charnel, comme si l'on pouvait en percevoir et en comprendre les mystères et les vibrations.
C'est, pour moi, un roman tout en contrastes. Noirceur de la mort qui plane et lumière obsédante du soleil. Aveuglement des expatriés et conscience aiguë d'Achille. Richesse et pauvreté. Europe et Afrique. le rythme de la narration et l'écriture épousent ces oppositions sans en donner toutes les clés. Si je n'ai pas toujours été emportée par l'intrigue, j'ai été subjuguée par la force évocatrice de cette écriture souple et précise qui donne à la fiction les couleurs du réel. Indubitablement, une auteure à suivre !
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[Livre lu dans le cadre de la masse critique.]

Je commencerai cette critique en mélangeant (un peu) les points positifs aux caractéristiques spécifiques de l'édition imprimée de "Dankala".
Le roman a une couverture veloutée très agréable au touché et, avec sa taille et son poids raisonnables, c'était un petit bonheur de le tenir en mains durant ma lecture.
Le roman est divisé en 10 parties (numérotées de I à XI car il n'y a pas de n° XVII). Ces parties sont elles-mêmes divisées en petit chapitres. Personnellement, j'aime bien les chapitres courts car ils facilitent la lecture et me donnent l'impression de lire plus vite.
Le style d'écriture est agréable à lire et contient des passages assez poétiques, quelques périphrases ainsi qu'un bon équilibre entre dialogues et narration. de plus, le fait qu'il y ait un changement de personnages après chaque chapitre rend le livre plus captivant.
Pour finir, voici mes points négatifs sur ce roman.
La lecture de ce roman m'a vraiment ennuyée. le déroulement de l'histoire n'est qu'un ensemble de "discussions de bar" (ragots) et d'introspection chez les personnages principaux. Sans parler du dénouement de l'histoire qui est tellement inattendu qu'il ne mérite pas qu'on lui consacre 250 pages. le roman ne met même pas l'accent sur une enquête policière suite aux différents meurtres commis à Dankala. On ne fait que suivre le quotidien de quelques habitants et l'impact (un simple frisson euphorique ?) qu'ont les meurtres sur la population du pays. Ce qui rend l'histoire ennuyante par manque de rebondissements. Je n'ai aucune idée pourquoi je m'attendais à lire un roman policier après la lecture du résumé en quatrième de couverture.
La seule consolation que je peux retirer de mon ennui est que le roman reflète à merveille l'inactivité qui règne à Dankala, cette atmosphère lourde et atone où les habitants ont besoin de s'accaparer du moindre événement pour se sentir vivants.
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C'est un drôle de roman, pour un drôle de monde, celui des expatriés, notables en exil, désoeuvrés, dont la principale occupation est de s'observer.
Je ne suis pas particulièrement fan de ce genre d'ouvrage, mais je l'ai pourtant beaucoup aimé.
L'écriture en est parfaitement maitrisée, il faut du talent pour retenir le lecteur parmi ces personnages, leur ennui, leurs états d'âmes, et leur manque total d'empathie.
Pour cela il y a les meurtres, c'est ce que j'avais pensé, un polar… ça m'intéresse. En fait ils ne sont que le prétexte à dérouler un récit qui met en évidence l'incongruité de ces personnages dans cet environnement, géographique, social, culturel.
Englués dans leurs solitudes, sous la chaleur écrasante de Dankala, comme dans la poussière noire des pierres, ils n'imagineront jamais l'invraisemblable réalité.
Le talent d'Isabelle Sivan est incontestable, elle nous emmène jusqu'au dénouement, sans lourdeur, sans ennui, doucement, sans heurts, et pour ma part, je ne l'avais pas deviné non plus.
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A Dankala, dans ce petit Etat d'Afrique francophone écrasé par le soleil, aux portes du désert, des gens qui se côtoient. Les Dankalais, mais aussi la petite communauté française, qui fluctue au gré des expatriation et des vols Paris-Dankala. Cette année, il y a le consul Richemont et sa femme qui va nourrir les chiens des bas fonds, Julie Charpentier la jeune femme en mission humanitaire, le colonel Patte qui aura la délicate mission de faire face à des attaques ciblées contre l'armée française en place, le banquier Leguenec et son épouse,... et Achille, le mendiant qui contre quelques centaines de Cfa peut devenir l'indic de Richemont. C'est que dans ce petit pays ou quasiment rien ne se passe, d'abord un puis deux autres militaires français ont été retrouvés assassinés. Et d'autres victimes suivront...


Ce premier roman est un délicieux bijou d'écriture. La plume de l'auteure nous abreuve de phrases ciselées, délicates, qui nous plantent un décor suspendu, qui laissent le temps s'égrener entre les mots. J'ai été immédiatement séduite par son style littéraire et les images qu'il me permettait d'évoquer.

Sous nos yeux évolue un petit microcosme peu actif. Les femmes de se préoccupent de leur prochaine toilette pour honorer telle ou telle réception, les notables s'observent sans concertation claire sur la suite à donner à ces évènements tragiques. Rien ne bouge, ce qui fait l'affaire de Richemont qui va s'atteler à la rédaction d'un roman. Un bel hommage à l'écriture qui sauve de l'ennui ! Les ragots s'enchaînent, les suppositions vont bon train. Bientôt une dizaine de morts parmi la communauté française, alors on pense à un tueur en série ou un groupuscule terroriste en formation. Soit l'un soit l'autre. Des mois passent. Et il semble que certains se satisfont qu'enfin la métropole daigne se préoccuper du petit état lointain, et d'enfin faire venir journalistes et renforts militaires...

Un beau roman sur une Afrique non située mais assez réaliste, davantage qu'un roman policier, mais l'auteure parvient à créer le suspense, une tension qui pourra être un tantinet déçue par le dénouement, ou pas.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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critiques presse (1)
LaCroix
26 janvier 2018
Une série de meurtres réveille une petite communauté d’expatriés français qui s’ennuyait ferme dans un pays fictif d’Afrique noire.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Achille ferma les yeux. La chaleur fondit sur sa peau d’ébène. Depuis le matin, il n’avait pas bronché, accroupi, les bras tendus posés sur les genoux. Ses longs doigts noueux et secs comme du bois mort tricotaient l’air blanc. Il avait choisi un endroit, le bord d’un trottoir, où il savait qu’il ne serait pas dérangé par l’ombre. La fin août était le meilleur moment de l’année pour observer les passants. Le moment où de nouveaux expatriés arrivaient de France. Si roses, si pâles qu’on les voyait briller la nuit comme des lucioles. Cette année, ils n’étaient pas nombreux. Comme souvent les années aux chiffres pairs. Achille aimait les années paires. Elles étaient riches en événements à l’inverse des autres. Tout particulièrement, les millésimes multiples de quatre. 1976, l’indépendance du pays ; 1984, le grand tremblement de terre ; 2008, l’attentat au bistrot du Palmier Oublié.
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Tu ne retrouveras pas ton chemin. Toute la noirceur de l'Afrique lui renvoyait cette phrase, un vent sale sans image. Renaud Girod n'avait pas sa veste, son téléphone sur lui. Ses espadrilles n’étaient pas faites pour marcher. Il avait trop bu, trop fumé. Dam quel sale plan s’était-il fourré? Ses pieds alourdis par l'alcool raclaient le sol. Sa fatigue et autre chose, irrémédiablement, se transformaient en une ritournelle sans espoir. Tu ne retrouveras pas ton chemin. Les baraques en tôle sous l’estompe de la nuit se courbaient pour l’éviter. Il n'osait pas les approcher. ll voyait bien, assis sur le seuil, que des hommes riaient sur son passage, que les femmes secouaient leurs mains autour de leur visage pour le chasser. Tous lui criaient qu'il n'avait pas à être là. Lui, dans ce quartier de Noirs à l’écart du centre-ville, lui Blanc, loin de ceux qui lui ressemblaient. Tu ne retrouveras pas ton chemin. Alors, en retrait dans l’obscurité, de loin, il scrutait les îlots de lumière. Il espérait reconnaître, les yeux plissés, un lieu, la couleur jaune d’un taxi qui le ramènerait à la caserne.
Depuis combien de temps marchait-il? Les doigts serrés, il se frotta le poignet pour sentir le bracelet de sa montre. L’heure était son seul repère: sa trace entre le moment où il avait quitté la boîte de nuit et celui où il atteindrait les premières lueurs du jour.
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Pour la première fois, elle s’engageait sans voiture sur ce chemin. À l’exception du centre-ville, il n’était pas prudent de se déplacer à pied dans les rues de Dankala. Marie-Claire serra son sac contre sa poitrine. Les derniers meurtres qui avaient eu lieu dans le quartier de Belbali n’étaient pas pour la rassurer. Elle suivait l’affaire de loin. Les histoires de politique ne l’intéressaient pas. Mais tout le monde en parlait hier au cocktail de l’ambassade.
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