AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 978B00903FAIU
LME (19/08/2012)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Sur les chemins aventureux du Moyen âge, nous partageons le quotidien d’hommes et femmes beaucoup plus proches de nous qu’il n’y paraît, et découvrons la vie silencieuse des monastères et les champs de bataille de la première croisade. Thibaud est moine copiste, et des circonstances exceptionnelles ont permis à ce clerc issu d’un milieu modeste d’accéder au savoir. Quand il rencontre Pierre l’Ermite, prédicateur ardent et fanatique de la première croisade, les indul... >Voir plus
Que lire après De silence et d'ombreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai retardé le plus possible l'instant fatidique où je devrai refermer définitivement ce livre. J'avais déjà apprécié L'Apothicaire de la rue de Grenelle mais comment ne pas craquer devant ce petit moine évoluant dans ma période de prédilection ? On apprend énormément de choses car l'auteur s'est extrêmement bien documenté sur le sujet et les détails foisonnent. L'écriture est très fluide d'ailleurs avec quelque chose que j'apprécie beaucoup : le texte est saupoudré de vocabulaire ou expressions médiévales sans pour autant en être alourdi. de ce fait, cela rend la lecture très agréable et nous permet de nous transporter aisément dans ce passé lointain.

Le parcours de ce jeune moine s'apparente à un chemin initiatique. Thibault n'est pas épargné par les aléas de la vie. Son parcours est engendré par une mort, celle de son ami Jean, un guérisseur un brin sorcier, bref un être à part qui lui avait tout appris. Il fut tué par les mains du propre père de Thibault, Martin. A partir de là, le jeune homme décide de prendre sa vie en main. Il part afin de fuir ses parents, "fuir l'impardonnable" comme il le dit lui-même et va devoir faire preuve à la fois de courage et de ténacité car sa foi va être mise à mal à plusieurs reprises. Amour charnel, vengeance, croisades, tout est fait pour le détourner de son objectif. Jusqu'à un événement ultime... que je ne dévoilerai pas !

Le fait que le narrateur soit Thibault aide le lecteur à s'identifier, à adhérer à l'histoire. Il devient pratiquement son compagnon de route, tremble pour lui et veut presque le remettre sur le droit chemin lorsque celui-ci se dévergonde. Justement, il est tellement sympathique qu'on lui passe aisément ses frasques. Ce n'est qu'en dernier lieu que l'on comprend vraiment le titre, même si certains indices étaient déjà présents. Titre judicieux qui met en lumière, sans jeu de mot, le récit antérieur.

Thibault représente tour à tour toutes les couches sociales de l'époque, nous permettant ainsi de découvrir la vie quotidienne de ces dernières. L'originalité réside justement dans le fait qu'il ne soit pas ancré dans un clan social. N'est-ce pas d'ailleurs ce qui va être le moteur de son errance ?

Le roman fourmille de références culturelles. Je ne peux pas m'empêcher de voir une relation entre Thibault et Abélard (bien que ce dernier soit plus jeune que notre héros). Certes, l'histoire est somme toute différente. Mais quelques détails sont similaires. Lisez et vous verrez.

Oserais-je dire que Jean-François Zimmermann excelle dans le roman historique ? Oui, j'ose !
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
Commenter  J’apprécie          4017
Ce livre est un régal pour qui aime le moyen âge et se délecte de flâner au sein de cet univers où s'égrainent des mots d'un vieux français dont les sonorités et la poésie sont une douceur autant pour l'oreille que pour l'esprit. C'est à une intrusion dans ce monde du XI ième siècle que nous convie Jean-François Zimmermann. le récit qu'il nous livre, ce sont les mémoires de Thibault, ce jeune garçon de basse condition qui vivra un destin hors du commun. Doté d'une soif d'apprendre et d'une mémoire extraordinaire, le monde du savoir s'ouvre à lui grâce à Jean, moine défroqué qui le prendra sous son aile et fera, enfant, son éducation. Par jalousie et incompréhension, le propre père de Thibault concourt à la mise à mort de ce précepteur attentionné. Par dépit autant que défi, le jeune garçon, futur moine et scribe, parcourra les chemins et ira à la rencontre des grands évènements de son siècle :
- la scission au sein de l'église catholique entre les partisans d'une église "établie" et prospère vouée à s'enrichir et ceux qui oeuvrent pour un retour aux sources par l'observance stricte des règles de Saint Benoit
- la transmission et la préservation des savoirs et des écritures saintes par le prêt et la copie des précieux livres qui circulent d'abbayes en églises sur les routes de France toutes aussi peu sûres les unes que les autres. Chargement précieux, attisant les convoitises ...
- l'appel aux croisades qui emmena une foule hétéroclite composée autant de chevaliers aguerris et de moines novices, que de femmes et d'enfants, accompagnateurs aussi incongrus qu'encombrant sur le chemin qui mène à l'orient et à la guerre sainte.
- ...

Mais le plus plaisant est encore cette galerie de personnages qui vient étayer, de façon très naturelle, ce récit et qui nous fait découvrir, non seulement leur implication dans l'histoire qui se joue devant nous, la vraie, celle avec un grand H, mais aussi différents métiers et différentes "classes sociales" en ces temps souvent méconnus quand ils ne sont pas tout simplement oubliés. Ici les paysans et marchands, les nobles et chevaliers, là les vignerons et la spécificité de la taille des vignes et l'optimisation des rendements, en passant par les moines et leurs vies et "missions" rythmés par les messes et prières aux différentes heures du jour et de la nuit...

J'ai adoré aussi retrouver des lieux arpentés et des bâtiments connus et le destin de ces hommes et femmes qui ont participé à la construction de ce moyen âge que j'affectionne.

Bon, je pourrais encore développer longtemps ainsi mais je voudrais d'une, vous laisser le plaisir de la découverte et de deux, et surtout, faire naître en vous l'envie d'ouvrir ce livre, roman historique qui nous donne l'impression d'une fenêtre ouverte sur la vie de nos aïeuls, grâce au talent de son auteur qui sait partager son érudition sans lourdeur ni pesanteur...

" Chaque feuillet tourné appelle le suivant et la vie entière m'apparaît d'ores et déjà trop courte."
Que dire de plus ?
Commenter  J’apprécie          244
L'auteur met en situation un personnage afin de nous faire revivre le moyen age et la première croisade.
Un très beau roman que je recommande à ceux qui aiment l'histoire sans être des spécialistes.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
- Es-tu certain, Thibaud, qu'il n'y ait qu'une vérité ? Le dogme, ce principe fondamental donné comme intangible, ne souffre pas d'être contesté. Dieu a laissé à l'homme la liberté. La liberté et le choix. Il peut donc contester. Satan ne pourrait-il pas nous dire : "Je suis le frère aîné de l'homme. Vous m'avez affublé des oripeaux de de l'épouvantail des consciences alors que je tentais de vous libérer du joug de l'église. J'étais la révolte légitime de votre conscience. J'ai voulu affranchir le monde. Je me suis fait chair en m'appelant Jésus. Je suis monté au Golgotha pour briser les chaînes de la servitude".

- Luigi, je te prie de t'accoiser. Ta rhétorique n'est que rhétorique.

- Je regrette que tu ne saches, ou n'oses, contester. Le doute est permis. La foi n'est pas innée. Un saint bardé de certitudes n'est pas un saint, c'est un rasoté.

Nous sommes sur le chantier, je profite d'une pause entre Sexte et None. Luigi affine une taille négligée par un apprenti. L'air est doux, le printemps se respire à pleins poumons. Sans me regarder, Luigi poursuit :

- Il n'est pas sain de laisser la violence du désir inassouvie chez les jeunes moines pleins d'ardeur et de sang. Je les soupçonne, sans les juger ni les condamner, de mignonner du regard les courbes évocatrices et provocantes des vierges qui leur tendent les bras, drapées dans leur étroite robe de pierre. Découpé dans le carrare, le frêle corsage de la jeune fille de Nazareth hante les nuits de leur solitude monastique. Je le sais, moi qui sculpte cette chute d'épaule, le galbe d'un sein, la veine palpitante d'une gorge, ces lèvres en forme de baiser ardent, ces ventres tièdes où l'homme heureux, accompli, comblé, aime à reposer sa tête. Lorsque j'exécute ce travail, je pense aux générations de moinillons condamnés à ce substitut sur lequel ils projetteront leurs chimères. Je veux qu'au travers de cette pierre vivante, ils n'ignorent rien de la réalité féminine, de la mère, de l'amante, de la fille, réunies en une seule courbe. Une telle grâce, une telle beauté ne peuvent rendre hideuse la jouissance qu'elles génèrent sous les couvertures humides des paillasses du dortoir glacé d'un moutier silencieux.

- Par Dieu, Luigi, tu me tourmentes.

- Ta naïveté me confond. Tu ne vois que la lumière et tu ignores l'ombre. Il n'y a point d'ombre sans lumière ni de lumière sans ombre. L'ombre n'est que le refuge des actes inavoués, elle est aussi l'abri des passions amoureuses. Elle permet à l'être de s'affranchir des contraintes terrestres et de s'emparer d'une part du divin que la lumière nous dérobe en contraignant notre regard.
Commenter  J’apprécie          160
La cité est dominée par quelques riches marchands qui fixent le prix des denrées, le montant des loyers et des salaires. Le fossé est profond entre les ventres gras et les autres. Parmi les bannis de cette société, il y a tous ceux que la campagne rejette. Les enfants de mamelle abandonnés sous le portail de l’église, les filles séduites, engrossées, sources de honte et d’infamie pour la famille qui ne peut plus cacher l’enflure non souhaitée. Les infirmes, de naissance ou par accident, les déformés, les vieillards caducs et tout cassés, sans oublier les lépreux, ces méséaux, ladres ou caqueux dont la présence suscite parfois une peur panique dans la population, une terreur qui engendre la haine. Il arrive qu’ils soient brûlés vifs. Les fous natureux, ces faibles d’esprit atteints de maladie frénétique, sont condamnés à la solitude dans la foule, à l’errance, car si, intouchables dans l’innocence de leur état, on les transforme en diseurs de vérités dans les récits et dans les farces et on s’en amuse, il n’en est pas moins vrai qu’ils suscitent la crainte. Les vagabonds, les voleurs, les criminels en fuite, tous ces êtres instables complètent cette populace responsable de la violence à fleur de peau.
Commenter  J’apprécie          80
15 août 1097. Ceci est ma seconde lettre. Après avoir quitté Dorylée en bel arroi, nous voici enfin à Iconium. Nous avons traversé l’Enfer. Un mois et demi de marche pour franchir cette centaine de lieues à travers un paysage de fin du monde ou d’avant sa création, accablés de soleil, sans eau, sans nourriture. Nos poitrines étaient desséchées, nos narines aspiraient le feu. C’était la première fois de ma vie que je ressentais les affres de la faim, il semblait à mon ventre que le diable avait emporté mes dents ! 
(...)Je sais que de ma vie ne s’effaceront les scènes horribles auxquelles j’ai été donné d’assister : les femmes accouchaient au vu de tous, sous le feu du soleil, hurlant leur souffrance, des mères abandonnaient leurs nourrissons qui mouraient de faim, suspendus au sein nourricier désormais sinistre poche plate, vide de toute espérance.
(...) Les premières bêtes à crever furent nos destriers, habitués à être choyés. Trident, mon fidèle Trident qui a partagé avec moi les grands moments émouvants des tournois bourguignons, qui a franchi la mer pour venir jusqu’en Asie Mineure, a rendu son dernier soupir, l’écume à la bouche. Il a fixé sur moi un regard craintif, étonné que je ne puisse lui venir en aide. J’ai rejoint la piétaille. Mes pieds sont en sang, la peau reste accrochée à l’intérieur de mes chaussures. Mes lèvres sont crevassées, mes yeux brûlent. 
Commenter  J’apprécie          40
Je ne cours pas derrière les richesses de ce monde. Seule m'intéresse au plus haut point la connaissance des êtres et des choses, ce qui explique ma passion pour les livres et ma fréquentation assidue des bibliothèques.
Commenter  J’apprécie          290
Soudain, des clochettes se font entendre. Sinistres notes annonciatrices de la pire misère de l’Humanité. Difformes, trébuchant sur leurs béquilles, leur chair blanchâtre décomposée, les paupières enflées, les yeux rouges dégoulinant de sang, couinant comme des rats, les hardes collées à leurs plaies suintantes, exclus du monde terrestre, ils vivent leur enfer sous nos regards effrayés : les lépreux.
Commenter  J’apprécie          80

autres livres classés : littérature picaresqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (19) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3179 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}