Nouvelle édition du livre " Demain : un nouveau monde en marche ", augmentée d'un aperçu des répercussions du film en France et dans le monde.
Je suis contente de cette édition car, en plus, le DVD est inclus. À noter que le livre et le film ne se répètent pas mais se complètent. On a parfois l’idée qu’un « documentaire » sera moins passionnant qu’une fiction… Or cet ouvrage est tout aussi émouvant et stimulant, il y a des défis, des stress, des enjeux audacieux et des réussites inédites. Il nous rappelle que l’homme est naturellement créatif, qu’il est capable de résoudre des problèmes complexes et d’en tirer une grande satisfaction. La reconnaissance sociale sera là aussi, non vis à vis d’un gars qui éblouit tout le monde par ses signes extérieurs de richesse (ce qui est à double tranchant), mais vis à vis d’un gars qui donne du travail à tout un quartier, plante des fruitiers, protège les nappes phréatiques, etc.
Le livre est constitué de deux choses : d'une part, la transcription des interviews des personnes les plus qualifiées pour répondre aux questions que l'on peut se poser sur l'état de l'environnement et de la société, ainsi que des moyens efficaces et vérifiés pour s'en sortir. Et d'autre part, la description des expériences innovantes, récentes ou moins, que l'équipe du film est allée visiter. Il est structuré comme le film : agriculture, énergie, économie, démocratie, éducation.
Les informations, parfois surprenantes, recueillies auprès des scientifiques les plus experts sur les différents sujets, sont livrées sous forme de conversations simples et passionnantes.
Mais la description concrète des incroyables initiatives pionnières qui fonctionnent bien est encore plus intéressante. Les innovations qui ont lieu à Detroit, Todmorden, Malmö, San Francisco, Bâle, Bristol, Kuttambakkam... et aussi en France sont captivantes à lire. Les perspectives qui s’ouvrent à nous sont plus agréables que je n’osais l’espérer. En effet, les réjouissantes nouveautés créées ici et là vont certainement participer à en encourager de nouvelles. C'est du moins ce qu'on peut comprendre dans la dernière partie du livre.
Si vous cherchez à quoi le monde pourrait bien ressembler si on s'y met tous, chacun avec ses compétences propres... Pour nous, pour nos enfants, pour notre environnement, je souhaite beaucoup de lecteurs à ce livre !
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Lister le problèmes de notre temps, beaucoup de monde le fait et les médias nous les rabâchent pour in fine nous horrifier et nous replier sur nous mêmes (c'est trop tard, c'est trop énorme, c'est la finance/les multinationales, c'est aux dirigeants de faire, nos dirigeants sont sous tutelle de la finance, c'est pas à mon échelle qu'on peut... Ces nombreux mantras négatifs).
Et là, l'auteur nous raconte ses rencontres avec des personnes qui, à leur échelle, ont imaginé des solutions, entrepris de se retrousser les manches, de monter des réseaux pour démultiplier.
Bref, il n'est jamais trop tard pour rentrer dans la danse !
Livresquement votre ;-)
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Difficile de transposer un film de témoignages en livre sans qu'il soit un pavé difficile à lire.
Les témoignages sont très intéressants mais le format de l'ouvrage en fait une lecture indigeste à la longue... il vaut mieux piocher ici et là les initiatives environnementales qui nous intéressent en premier lieux. Quelques images auraient été un plus pour égayer ce pavé somme toute très passionnant par ces nombreuses personnes qui agissent pour la planète.
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Mais les statistiques obscurcissent notre jugement. Pour une dinde qui va se faire manger à Noël, les risques statistiques étaient absolument infimes. Du 1er janvier au 23 décembre tout va bien, elle est admirablement nourrie... Mais le 24 décembre arrive et avec lui un très grave problème. Elle ne l'a pas vu venir parce que, statistiquement, elle venait de passer le plus clair de sa vie sans que rien de problématique ne se produise. Puisqu'il ne s'est rien passé jusqu'ici, demain, il ne se passera rien non plus.
Toutes les études sérieuses sur cette question aboutissent à la même conclusion. Et nos travaux sur la France le confirment : nous gaspillons la moitié de l'énergie que nous produisons. Le problème est que ces négaWatts sont un peu comme la mer de plastique : on ne les voit pas. Pourtant ils sont tout autour de nous.
[...]
Il y a quelques années, un calcul montrait qu'à l'échelle européenne, 6 à 7 réacteurs servaient uniquement pour les appareils en veille. Dont 2 en France.
Nous aimons penser au changement en termes d’événements graduels et observables. Et c’est effectivement de cette façon que les systèmes biologiques réagissent… jusqu’à un certain point.
Puis tout change, soudainement. C’est un peu comme une bouilloire sur le feu. Pendant de longues minutes il ne se passe rien puis, d’une seconde à l’autre, l’eau se met à bouillir et se transforme en vapeur.
La particularité de notre étude est d’avoir parlé de ce point de bascule comme d’une chose qui pourrait arriver à la planète entière (et pas seulement à des systèmes isolés), à l’échelle de notre vie.
(Introduction : interview de Antony Barnosky)
À bien des égards, ce que nous avons coutume d’appeler le « rêve du progrès » est une fiction qui, par sa capacité à faire fantasmer une bonne part de l’humanité (et donc à la faire adhérer pleinement à ce récit, au point de participer à le mettre en œuvre), a bouleversé notre humanité tout entière.
Vouloir engager tout ou partie de l’humanité dans une nouvelle voie, plus écologique, plus humaine, ne pouvait donc se faire sans jeter les bases d’une nouvelle fiction collective.
[...]
Comme une sorte d’ébauche, où nous poserions les murs que nous connaissons déjà : les initiatives pionnières participant à réinventer l’agriculture, l’énergie, l’urbanisme, l’économie, la démocratie, l’éducation…
Je voulais voir si, les mettant bout à bout, nous verrions émerger un récit décrivant ce que le monde de demain pourrait être.
Et si cette fiction serait suffisamment inspirante pour susciter action et créativité, comme la fiction du “progrès” avait réussi à le faire soixante ans plus tôt.
Je me souviens de la Seconde Guerre mondiale. Après l’attaque de Pearl Harbor, les États-Unis se sont retrouvés en guerre du jour au lendemain, sans avoir rien planifié. Le président Roosevelt avait annoncé que nous devions produire 60 000 avions, 40 000 tanks... les chiffres étaient considérables. Personne ne voyait comment y parvenir.
[…]
Il ne nous a pas fallu des décennies pour réorienter l’économie, ni même des années. Nous l’avons fait en quelques mois. Si nous avons réussi à l’époque, nous pouvons aussi empêcher le climat de se dérégler hors de tout contrôle. Mais nous avons besoin d’un Pearl Harbor.