Dans le prologue de ce gros carnet de voyage,
Bernard Dupaigne explique en quelques mots son amour pour un pays sauvage à la sérénité perdue qu'il parcourait déjà à vingt ans, à pied, à cheval et en camion. le reste du livre est beaucoup factuel, s'appuyant sur les notes manuscrites prises en temps réel et les souvenirs qui perdurent. Anthropologue au musée de l'Homme, l'auteur a fait de multiples séjours personnels ou professionnels en Afghanistan sur une période de 50 ans.
L'histoire intime de l'Afghanistan se raconte comme un triste roman, terrain de guerres multiples avec soviétiques, talibans, et interventions internationales. L'esprit clanique de gouvernance du pays, l'archaïsme de ses traditions, et le rejet de toute ingérence étrangère mettent à mal toute tentative de reconstruction et de paix durable.
Pas ses chapitres aérés, le document se lit aisément, semé d'anecdotes et de rencontres. On approche au plus près la vie des combattants, le quotidien de la population. On accompagne entre les lignes un homme en colère devant le gâchis de 30 ans de destructions, devant l'incurie des aides humanitaires et des interventions militaires. Trop d'argent dilapidé, trop de corruption, trop de manipulations, trop d'ambitions personnelles grèvent le développement et les tentatives de démocratie. le pays, tentant le triste premier rang mondial de producteur d'opium, est un brûlot d'insécurité larvée, terreau fertile pour tout obscurantisme religieux.
Édifiant.