Aussi convient-il de lire Deuil, de Dominique Fourcade, non seulement comme une élégie inquiète mais comme une tentative pour maintenir à flot, à travers le geste élégiaque, le rapport à l’écriture.
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j’ai juste la force de dire à Hirsch que je le rejoins à la maison d’édition. incapable de conduire je me gare dans la voie des bus, encombrements klaxons sans nom sanglots. je hurle de désarroi. une patrouille de police, constatant mon état, veut me faire descendre de voiture. je me reprends, explique la situation, ils veulent bien me laisser poursuivre. je me gare dans une rue latérale, je connais le quartier, j’achète des pommes place Jacques Demy au marché du vendredi, et je fréquente chez Desnoyer. je veux faire vite mais je suis d’une grande maladresse, tout m’est hostile et étranger, je heurte la mallette arrière d’une moto, j’écrase un pigeon
entre la phrase « j’ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer » et « Paul est mort », il ne s’est pas passé un millième de seconde, que j’ai vécu comme une éternité, tentant de la mettre à profit pour écarter qu’il puisse s’agir de Paul et lui substituer n’importe qui, n’importe quoi pouvant faire l’objet de la catastrophe qui va s’abattre. tout sauf lui
Dominique Fourcade - ça va bien dans la pluie glacée ? - éditions P.O.L - à l'occasion de la parution de "ça va bien dans la pluie glacée ?" aux éditions P.O.L, à Paris le 22 février 2024