Une couverture, étui de carton recouvert de portées, s'ouvre, comme un prélude, sur autant de verticales. Des verticales qui se révèlent bien vite être des troncs d'arbres. Presque camouflée derrière ces troncs noueux, une jambe s'avance : un petit bonhomme en habit, qui aussitôt se hisse au sommet des ramures. Apparaît alors l'élément le plus discret mais vrai déclencheur de l'histoire : sa baguette de chef d'orchestre. Des boules de végétation vont jaillir des créatures merveilleuses, mi- feuilles, mi-oiseaux, mi-graines, mi-notes, pour dessiner d'extraordinaires motifs sur la page blanche.
Peut-on, sans mots, sans sons, presque sans couleur, représenter la musique ? La faire vibrer, la faire ressentir ?
Cet accordéon d'une soixantaine de doubles pages, rythmées par des portées verticales, emportées par des arabesques mouvantes, prouve que tout cela est possible quant on a le talent de
Laetitia Devernay. Sa plume dessine des andante, crescendo, allegro de feuilles et d'ailes, des bulles de musique dans un silence immaculé, une musique si belle, si riche, qu'elle porte en elle une nouvelle force créatrice.
Alors, oui ce livre paraîtra déconcertant à plus d'un titre, mais est-ce si difficile ? Il suffit de se laisser emporter par l'émotion, de se laisser bercer par cette musique graphique, guidé par la plume de Laetitia Devenay.