Laurence Vielle a été élue, pour l'année 2016, poète national, dichter des vaderlands, nationale dichter. Dans les trois langues du pays, s'il vous plait bien, als U blieft, bitte.
Domo di poezia rassemble les textes écrits alors. Ce sont autant de messages poélitiques, (peut-être un peu trop) teintés de belgitude, brossant les grands événements de notre petit pays. Vielle nous parle des attentats du 22 mars 2016 (poème « cible » d'une puissante simplicité), de la répression violente des sans-papiers, la gestion scandaleuse de la crise des migrants, de la prolifération des SDF dans les rues de Bruxelles, exclus d'une sécurité sociale de plus en plus détricotée par le libéralisme.
On y trouve aussi un hommage à Verhaeren et d'autres choses plus légères comme ce clin d'oeil à la fresque immense, apparue un beau matin sur un mur du centre-ville de
Saint-Gilles (commune de Bruxelles), représentant un sexe masculin, et qui en ces « temps [qui] enferment, […] fait du bien à nos neurones de citoyens de citoyennes ! » et narguant le bon goût et le bien pensé de nos politiciens (qui entretemps ont fait disparaitre ladite fresque).
Ensuite Laurence déambule à travers le pays, d'Ostende à Louvain, en passant par Gand, Brugge. Et Heuvelland. Et Warneton, terre de mon enfance. A la recherche du centre poétique de la Belgique. A la rencontre des poètes du quotidien. Comme vous et moi.
Le tout est accompagné d'un CD où Laurence « écrit-dit avec sa façon si particulière de prendre l'air, elle offre au monde les mots de son intime respiration », sur les sons, les bruits, la musique du génial Vincent Granger.
Pour une poésie incarnée. Pour une poésie accessible. Pour une poésie loin de tout intellectualisme, toute pédanterie, toute académisme.
Merci Laurence.