Quelle lectrice, quel lecteur n'a jamais eu envie d'écrire ? D'écrire quelques mots, quelques lignes ou bien un livre tout entier, pour tenter de faire aussi bien que celui que l'on vient de terminer. Écrire pour se connaître mieux, écrire pour se faire connaître. Écrire pour quelle raison finalement ? Quelle est celle qui surplombe toutes les autres, la raison viscérale qui fera de l'écriture une priorité ?
Parce que si vous voulez écrire, il faut que l'écriture soit une priorité, un travail journalier. Moi-même, j'ai parfois en tête l'idée naïve d'une illumination qui me fera écrire d'une traite un roman, avec le coeur. Alors certains ont des fulgurances mais l'écriture c'est avant tout, en tout cas, au commencement, un travail, une routine pour permettre au cerveau, au corps de comprendre ce qui doit se mettre en place.
L'auteur nous met face à nos peurs, conscientes ou non, celles qui nous bloquent et nous donnent des excuses. Parce qu'ici, il est question d'écrire mais cela pourrait également correspondre à un autre projet. Pourquoi recule-t-on devant l'inconnu ? Pourquoi nos peurs ancrées nous empêchent de mener à bien un projet qui nous plaît ? J'ai beaucoup appris lors de cette lecture, notamment sur certains modes de pensées que j'ai et dont je découvre la signification.
Retenez qu'écrire, cela peut-être pour mille raisons et qu'être publié n'est pas le but premier. Écrire comme un besoin, comme une envie d'avancer, pour se connaître mieux, pour faire face à soi-même. Ce livre remue des petites choses et ça fait du bien et surtout, il nous donne un petit coup pour avancer mais tout en nous tenant la main.
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Tous les grands écrivains sans exception recommandent de lire le plus possible afin de garder son esprit vivant et toujours en pleine floraison. Soyons donc florissants et rappelons-nous que le mot "lecture" est étymologiquement lié au verbe "cueillir". On lira, donc, et beaucoup, mais sans obligation et sans crainte, un peu comme on jardine...
J'ai écris avec des mots qui arrivent de tous cotés, derrière, et qui se bousculent pour être les premiers à se présenter, quitte à être mal placés. Certains s'arrêtent, attendent leurs tours, s'attardent sur les cotés en attendant patiemment d'être appelés, quand d'autres s'échappent pour ne pas être vus et disparaissent comme ils sont venus. D'autres encore, ayant compris ce qui les attendait hésitent, repartent pour revenir avec une force nouvelle.
J'écris au temps présent, c'est le choix de l'immédiateté. Avancer, courir, attraper les mots qui volent et se tortillent joyeusement pour frapper au plus près de la réalité. Avec une personnalité joyeuse et drôle, lucide, parfois triste mais toujours optimiste, les mots se préparent au spectacle pour montrer que derrière la peur de dire se cache la lumière. -
Si l'écriture se trouve en ce moment dans un cercle périphérique - parce que nous n'y travaillons pas tous les jours -, nous savons que nous devons la déplacer dans le cercle central. Mais comment traduire cette nouvelle centralité dans la vie quotidienne ?
Rien de plus simple. Donnez-vous une règle. Par exemple, des le matin, au lever, ouvrez votre ordinateur ou votre cahier et regarderez votre manuscrit. Celui-ci devra rester visible tout au long de la journée, éventuellement en arrière-plan des autres taches qui réclament votre attention. Il fera ainsi partie de votre camp attentionnel. Peu importe que vous y travaillez deux minutes ou deux heures. Ce qui compte, c'est de marquer symboliquement, et aussi par les actes, le fait que ce projet est une priorité pour vous. Et pour toutes les situations qui ne vous permettront pas d'avoir accès à votre ordinateur ou à votre manuscrit, vous prendrez simplement des notes sur un bout de papier ou sur votre téléphone.
Ce simple geste - presque un rituel - sera suffisant pour garder à l'écriture son caractère - sacré de priorité. - Un écrivain, dit fort justement est écrivain même lorsqu'il n'écrit pas.
Il ne s'agit pas d'un métier, d'une occupation, encore moins d'un devoir, mais d'un état dont il ne saurait se défaire, même sous la torture.
Un diner, une visite, une lecture sont autant d'occasions de créer un nouveau personnage, repenser un chapitre ou déplacer une virgule douloureuse.
Un adulte est une personne capable de se donner des limites et de les respecter. On pourrait dire de manière plus directe, en paraphrasant Albert Camus : Un adulte, ça s'empêche.
Il faut donc paraitre au grand jour même si cela fait peur. - C'est est parce que je suis pas encore arrivé à terminé un seul texte que je n'ose pas me présenter comme un écrivain -prétendront certains. À quoi je répondrai simplement ceci : si vous n'osez pas dire que vous êtes écrivain maintenant, vous aurez le plus grand mal à le devenir plus tard. Osez dépasser votre peur.
Annoncez-vous et apprenez ce qui doit être appris. Peu importe que vous soyez employé de banque comme Gino ou Apollinaire, inspecteur d'assurances comme Kafka, médecin comme Céline, facteur comme Charles Bukowski, étudiant, chauffeur de taxi ou quoi que ce soit d'autre : à partir du moment où vous écrivez, vous êtes un écrivain. Ne négligez pas ce point crucial. Car, comme en témoignent l'expérimentation et l'observation psychologiques, c'est uniquement depuis cette place assumée d'écrivain que pourra se construire une estime de soi solide et que se déploieront de nouvelles dispositions à) l'écriture. Décider d'être écrivain, écrit Mario Vargas Llosa, - c'est déjà une façon - la seule possible - de commencer à l'être -.
Extrait du livre audio "Les quatre peurs qui nous empêchent de vivre" d'Eudes Séméria lu par Jean-Philippe Renaud. Parution numérique le 27 octobre 2021.
https://www.audiolib.fr/livre/les-quatre-peurs-qui-nous-empechent-de-vivre-9791035406691/