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EAN : 9783858814326
288 pages
Scheidegger & Spiess (01/08/2014)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Depuis 1995, Sophie Taeuber-Arp (1889-1943) figure sur le billet suisse de 50 francs. Malgré cela, elle est restée une "inconnue connue" à ce jour : seuls quelques-uns connaissent toute l'étendue de son travail. Elle est l'une des artistes suisses les plus importantes du XXe siècle. Incroyablement polyvalent, Taeuber-Arp a créé une œuvre de la plus haute qualité dans les domaines du design, de la peinture, du textile, du dessin, de la sculpture, de l'architecture, d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
On connait assez bien l'oeuvre écrite de Sophie Taüber-Arp (1889-1943) une artiste suisse, ayant fait partie des mouvements Dada, puis surréaliste avec son mari Hans Arp. Notamment au travers de « L'homme qui a perdu son squelette » (2019, Fata Morgana,40 p.), un texte écrit sur le mode des « cadavres exquis ». Ou encore ses réalisations des décors intérieurs comme les salles de l'Aubette à Strasbourg, ou les salons de l'Hôtel Hannong, tous deux à Strasbourg. Oeuvres réalisées avec l'architecte hollandais Theo van Doesburg et son mari Hans Arp. On connait moins son engagement pour un art total, via la réalisation de marionnettes à fil, ou la danse. Son oeuvre est marquée par la géométrie, avec des tableaux de figures, placées et colorées de façon aléatoire. On pourra lire la thèse de B. Mikol, « Les marionnettes de Sophie Taeuber: contribution à l'étude de l'avant-garde artistique et théatrale des années vingt ». (1987, Doctoral dissertation, Université de Paris I, 186 p.). On peut aussi consulter Sophie Taeuber-Arp « Heute ist morgen », (2014, Hatje Cantz Verlag, Aarau/Zürich 400 p.), soit en anglais « Today is Tomorrow» (2014, Aargauer Kunsthaus et Kunsthalle Bielefeld, 288 p.)


Après des études en arts appliqués à Saint Gall, Munich et Hambourg, elle s'installe à Zurich en 1915 où elle rencontre Hans Arp. Grâce à son amie allemande Mary Wigman (1886-1913), elle découvre la danse d'expression. Elle prendra des cours sous la direction du chorégraphe Rudolf von Laban (1879-1958) qui fonde avec Mary Wigman, une école de danse à Ascona sur le Monte Verità que rejoignent bientôt de nombreux partisans de la danse moderne.
Elle épouse Hans Arp en 1921 et le couple s'installe à Clamart, en région parisienne en 1927-1928. Puis le couple, et l'architecte hollandais Theo van Doesburg décorent le bâtiment de l'Aubette à Strasbourg, sur la place Kléber, complètement rénové. le premier étage qui est destiné à servir de foyer-bal, est conçu par Sophie Taüber-Arp et décoré de motifs rectangulaires de couleur. C'est un des lieux les plus significatifs de l'art de cette époque, qui fut qualifié de « Chapelle Sixtine de l'art moderne ». Puis, le trio redécore les salons de l'Hôtel Hannong, tout proche aussi de la place Kléber.
En 1931, elle rejoint le mouvement « Abstraction-Création », en réaction au mouvement surréaliste de André Breton, pour promouvoir l'art abstrait. Elle participe alors à la revue « Plastique » où elle publie avec Hans Arp, Max Ernst, Leonora Carrington, Paul Eluard, Marcel Duchamp un petit livre écrit sur le principe des « Cadavres exquis » intitulé « L'homme qui a perdu son squelette » (2019, Fata Morgana,40 p.).
Pendant la guerre, le couple se réfugie en Dordogne, puis à Grasse, avec Sonia Delaunay dans une « maison entourée d'oliviers dont la vue s'étend jusqu'à la mer ». Elle doit fuir pour Zurich où elle meurt en 1943, intoxiquée par un poêle au fonctionnement défectueux. Hans Arp lui rend hommage dans son recueil de poèmes, essais et souvenirs « Jours Effeuillés » (1966, Gallimard, 672 p.).
« En décembre 1915 j'ai rencontré à Zurich Sophie Taeuber qui s'était affranchie de l'art conventionnel. Déjà en 1915 Sophie Taeuber divise la surface de ses aquarelles en carrés et rectangles qu'elle juxtapose de façon horizontale et perpendiculaire. Elle les construit comme un ouvrage de maçonnerie. Les couleurs sont lumineuses, allant du jaune le plus cru au rouge, ou bleu profond. Dans certaines de ses compositions elle introduit à différents plans des figures trapues et massives qui rappellent celles que plus tard elle façonnera en bois tourné ». Il conclue lors de sa mort à Bâle en 1966 par ces derniers mots « Je vous aime tous, et je m'en vais maintenant rejoindre ma Sophie ».
Lire à ce propos le livre de Cécile Bargues « Sophie Taeuber-Arp, les dernières années » (2022, Fage Editions, 96 p.).
Pendant la première guerre, Sophie Taüber est à Zurich et fait partie intégrante de l'enseignement à la « Kunstgewerbeschule », l'actuelle « Zürcher Hochschule der Künste » (Haute Ecole d'Art de Zurich). En 1918, on lui demande de concevoir un spectacle de théâtre pour une pièce de Carlo Gozzi « König Hisrch » (Le Roi Cerf), écrite en 1762.
La pièce « König Hirsch » est adaptée du roman de Carlo Gozzi traduit par Claude Duneton « le Roi Cerf » (1997, Les Editions de Laquet, 93 p.). Dans ce scénario, le roi Déramo a convoqué toutes les jeunes filles de la cour afin de se choisir une épouse, ce qui ne va pas de soi. Tartaglia, l'ambitieux premier ministre, espère secrètement que sa fille sera choisie. Si elle devient reine, son pouvoir sera sans limite. Malheureusement pour lui, le Roi choisit une autre femme. Aidé pour cela par un buste magique qui détecte et sépare les vrais sentiments des hypocrisies. Au cours d'une chasse, le Roi Déramo est transformé en cerf, alors que Tartaglia a pris l'apparence du Roi. Il envoie ses chasseurs contre le cerf, mais ils n'arrivent pas à le tuer. de retour Il s'empare d'une formule magique qui permet d'effectuer le passage d'un corps dans un autre corps. A la cour le nouveau Roi règne par la terreur. Mais le magicien Durandarté sauve la pièce et la vertu et châtie le vice. Il opère par transmutations qu'il opère sur le roi Déramo et l'ex-premier ministre Tartaglia. Freudanalytikus et son assistant, Dr Oedipus font évoluer les personnages de façon magique, grâce au pouvoir d'Urlibido. La scène se passe dans le bois de Roncislap (Burghölzli), dans le voisinage de Zurich.
C'est une pièce en partie politique qui se moque aux idées réformatrices sous l'influence des penseurs de l'Aufklärung et du Siècle des Lumières. La confrontation des Lumières avec le merveilleux.

Elle propose une idée influencée par son activité d'enseignement de design artistique et son expérience de la danse d'expression qu'elle a acquise auprès de Rudolf von Laban. Elle va créer 17 marionnettes à fil, toutes basées sur des formes géométriques, utilisant des boules, cylindres et cônes. Les proportions humaines ne sont pas forcément respectées. le corps et les habits forment une entité sculpturale, où les tissus sont réduits à des fragments symboliques
Les corps géométriques peuvent déployer une gamme de mouvements inattendue, proche de la danse. Durandarté est un « magicien qui connait la magie blanche, la magie noire, la magie rouge et des magies tellement subtiles qu'elles nous échappent ».
Le roi Déramo est constitué de cônes allongés réunis entre eux, tous dorés. Et le roi est surmonté d'une couronne plate plus haute que sa tête. Les gardes sont formés d'un empilement de cylindres gris, à plusieurs tètes bleu en bois tourné. Avec plusieurs têtes sans visage et de nombreux bras armés, le pantin-robot représente à la fois un soldat et un groupe de soldats pouvant se mouvoir et attaquer dans plusieurs directions. Clarissse, la fille de Tartaglia est amoureuse de Léandre le fils de Pantaleone, un simple chevalier de cour selon Tartaglia. Tous deux sont en costume de cour, blanc et rouge, très beaux et tout froufroutant. Déjà, avec cette présentation, on entre dans un monde magique. Transformé en cerf, le roi garde des bois dorés comme une grande couronne.

La collection du « Museum für Gestaltung » à Zurich comprend quelque 350 marionnettes
« Tentez de parvenir à un bon rythme, en plaçant par exemple, à côté d'une forme de grande taille, trois petites formes ou de taille décroissante, et cela plusieurs fois, côte à côte.» Sophie Taeuber-Arp, 1922. Extrait d'un texte à destination de ses élèves à l'Ecole des arts appliqués de Zurich
Sophie Taeuber-Arp est une exploratrice, une expérimentatrice. Son projet général est double : créer dans tous les arts et créer une nouvelle alliance entre eux.

Mais ce n'est pas tout. Sophie Taeuber-Arp envisage un problème plus large, plus inouï, celui de l'inclusion d'un art dans un autre, à la manière de l'emboîtement des poupées russes.
Ainsi la grande question : quel art peut contenir tous les autres ? le théâtre ou l'opéra sont souvent évoqués pour leur capacité à accueillir et réunir les autres arts.

Pour ce spectacle, elle projette la marionnette dans l'avant-garde, et devance de quelques années les expérimentations de Paul Klee et Fernand Léger. Pour cela, elle réduit ses figures à des volumes géométriques élémentaires, cônes, cylindres, sphères, qu'elle assemble, comme des atomes formels, les uns aux autres. Aucun travail n'avait auparavant atteint une telle épure minimaliste dans ce domaine.

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