Si le discours actuel se lamente de l'absence des pères, les mères seraient tout comme les pères déstabilisées, en recherche de réponses maternelles parfaites et en perte de référence à une négativité qui permettrait de transmettre à l'enfant la possibilité de ne pas être rassasié immédiatement tout en "contenant" la frustration par la présence, la voix et les mots. Quant aux pères il semblerait y avoir une fréquence accru de pères-mères, de pères trop proches qui ne transmettent pas de différenciation ou de désir, de pères qui parlent trop ou partagent leur jouissance, de pères qui ne peuvent être pères pour différentes raisons mais en soutiennent le masque, carence multiple de manière "absente, humiliée, divisée ou postiche" pour reprendre les termes de Lacan. Nous serions ici en présence de pères présents, mais inopérants, évités.
L'inceste est une profonde négation de l'état d'enfant qui anéantit la filiation et l'ordre des générations. L'abus peut être violent mais il peut aussi s'enrober de pseudo tendresse-amour , produisant alors une grande confusion entre amour et cette chose non symbolisable et "pas normale" vécu par l'enfant. Il est cependant toujours violent, difficile à penser et dévastateur.
Ces familles entretiendraient l'illusion qu'il n'y a plus de temps, plus d'Histoire, plus de distances, plus de séparation, plus d'altérité, plus de pertes, plus de manque, plus de castration, avec une fixation à l'objet préœdipien, représenté par l'enfant incestué, enfant "fétiche".