Peut on faire du pulp en 2020 comme en 1960 ?
Jean Christophe Gapdy, nous montre que le pulp actuel peut ranger sans problème les héros virils au placard et nous offrir des héroïnes cosmopolites et LBGT !
Deux femmes et une jeune ado, soit deux contrebandières et demi, sont en audition devant leur avocat. Elles demandent réparations pour la destruction de leur vaisseau. Pourquoi comment, elles nous font le récit des péripéties qui les ont emmenées au tribunal.
Inhumaine contrebande est un fix up pulp dont le titre résume parfaitement le sujet : les progrès technologiques ne sont pas forcément des progrès humains, loin de là. Il se trouvera toujours une personne pour exploiter à son compte son prochain, qu'il soit clone, cyborg ou humain, ou pour tenter de détourner la technologie pour arriver à ses fins. Bref, le futur ne sera pas forcément tout rose et l'égalité restera encore longtemps un vain mot.
Cependant, quelques personnes, comme nos contrebandières, et malgré leur job pas très légal, gardent une certaine éthique. Asservir son prochain, d'autant si ce sont des gosses, très peu pour elles. L'auteur a eu la bonne idée de nous offrir des personnages atypiques pour renforcer son propos. Déjà, nous avons affaires à des femmes, dont la couleur blanche n'est pas dans leurs gènes et dont deux sont amantes (mais pas de guimauve, ouf !)
Cerise sur le gâteau, l'auteur nous emballe le tout dans des péripéties parfois bien pulpées (que j'ai moins aimées), parfois plus introspectives (que j'ai appréciées). C'est l'aventure qui prime, l'asservissement étant la toile de fond. Bref, de quoi réfléchir tout en se divertissant.
Le seul véritable bémol pour moi est la brièveté de l'ensemble, j'aurais bien aimé quelques pages supplémentaires, d'autant que le final nous montre des personnages à la psychologie plus affirmée.
Mais gageons que nous retrouverons nos héroïnes dans d'autres démêlées...
Un mot sur la couverture dont j'avoue ne pas être un grand fan, et c'est un euphémisme. Je trouve pour ma part qu'elle fait très jeunesse alors que le contenu pourrait plaire à un public adulte. Je suis d'autant plus étonné car l'illustrateur sait nous pondre de très belles illustrations, la preuve sur le site de l'auteur avec quelques portraits des protagonistes ou sur le portfolio du roman
Sous la lumière d'Hélios de
Dominique Lémuri.