Même si elle voulait être dresseuse d'ours plutôt que fée quand elle était petite, Jaddo réussit à mettre de la magie dans ce qu'elle fait... Soigner avec humour et tendresse ses patients, en témoigner aussi avec humour et tendresse, ou encore dénoncer les aberrations du système et la connerie administrative, hospitalière ou simplement humaine !
J'ai ri de bon coeur à certaines anecdotes, puis été touchée par certaines rencontres ou situations. Mais c'est la révolte qui domine après cette lecture. Révolte devant ces grands pontes de la médecine qui n'arrivent pas à traiter leurs malades comme des personnes. Révolte face à la formation médicale qui laisse des pas-tout-à-fait adultes s'exercer sur des vraies gens. Révolte devant le temps et l'argent perdus, faute de communication entre services notamment, alors que tout le monde en manque cruellement. Révolte devant les règles ineptes et les tracasseries de la paperasse.
Il n'y a pourtant pas de grandes révélations dans ce livre, en tout cas pour ceux qui ont un peu fréquenté les hôpitaux et les médecins. Juste des histoires belles et vraies qui rappellent ce qu'on déteste chez certains médecins et ce qu'on aime tant chez d'autres. Un peu comme chez Winkler, qui a d'ailleurs écrit la préface.
Challenge Multi-Défis 22/52
Commenter  J’apprécie         362
Lorsque vous avez un médecin dans la famille et que celui-ci vous suggère un livre pour mieux comprendre son univers, vous ne pouvez qu'obtempérer.
J'ai donc lu avec curiosité ces tranches de vie, vécues par une étudiante en médecine, billets précédemment publiés sur son bloc à succès.
La donzelle a de l'humour, c'est donc une lecture souvent drôle, voire burlesque.
La demoiselle a été scandalisée parfois par le monde de l'hôpital et on s'insurge avec elle.
L'étudiante a fait de belles rencontres (surtout de patients) et on est ému avec elle.
C'est ludique, révoltant et touchant. Pas à proprement parlé de la littérature, mais un témoignage haut en couleurs.
Commenter  J’apprécie         300
« Juste après dresseuse d'ours est compilation de billets écrits sur le blog jaddo.fr par une jeune médecin généraliste : coups de gueule, illusions d'étudiante détruites par la vie réelle, agacement devant la bureaucratisation des soins et le manque de communication entre collègues qui mènent à des situations ubuesques.
En tant que patient, on en profite pour prendre quelques notes et éviter les faux-pas qui font perdre un temps bête à tout le monde : entre ceux qui n'osent pas décrire un nouveau symptôme pour ne pas donner de soucis supplémentaire à un docteur qui se démène déjà tellement pour eux, ou ceux au contraire qui n'hésitent pas à prendre rendez-vous pour convaincre un enfant de bien boire tout son médicament, on a envie de leur donner un petit coup de pouce quand on peut.
Peu de surprise pour moi avec ce livre, puisque déjà lecteur assidu de son blog. Internet a permis de faire découvrir au grand public ce qui se cachait derrière les apparences de chaque profession, autant en profiter pour tordre le cou à quelques idées reçues.
Commenter  J’apprécie         230
Jaddo elle a des couettes, mais elle est « docteur ». Docteur comme les vrais docteurs : docteur généraliste. Et c'est qu'elle en voit des vertes et des pas-mûres durant ses remplacements au cabinet du Dr Carotte et du Dr Cerise.
Mais avant d'être généraliste et toutes les responsabilités qui vont avec, Jaddo elle était étudiante en médecine. Externe débutante à stabiloter ses beaux schémas d'anatomie, la langue dehors. Puis interne en stage, à appliquer ce qu'on ne dit pas toujours dans les livres, ce qui ressemble à la vie, la vraie, avec des gens malades, pas malades, ou très malades, des patients un peu fous, des patients dont le mal premier ne réside pas dans leurs symptômes, des patients qui ont juste besoin de parler à quelqu'un, des patients qui vont mourir et qui savent rester zen. Et puis toute l'institution médicale, des « chiiii-rrruuu-rrr-giens », les autres médecins, en passant par les représentants médicaux, la CPAM et tout le tintouin ! Pas toujours drôle ce côté-ci que nous, lecteurs hors du cadre de la médecine nous ne côtoyons pas sous cet angle-là.
Jaddo, avec ses couettes, elle a été confrontée à la mort, mais elle en est revenue avec une belle leçon de vie. Jaddo elle n'est pas si naïve, elle sait se tourner en dérision, elle est responsable et elle a surtout un humour à couper au couteau ! Cet humour elle s'en est servie pour écrire son expérience de jeune médecin sur un blog : http://www.jaddo.fr, puis ce livre fait de petits billets d'une page et demi qui se lisent sans faim.
Lecteurs lambda, hors du cadre de la médecine, ne vous abstenez surtout pas, lire Jaddo c'est lire une tranche de vie, avec ses hauts et ses bas, mais réaliser que la vie est belle, drôle et faite de plein de moments nuls aussi, mais que l'on peut tourner en sa faveur.
On m'a offert ce livre, je ne connaissais pas le blog et je me suis régalée, engloutissant l'ouvrage en une journée, déçue d'arriver si vite à la dernière page…
Jaddo, c'est la jeunesse d'aujourd'hui, celle dans laquelle je me reconnais, dynamique, drôle et naïve, mais parfois un peu désespérée… Son ouvrage devrait être remboursé par la sécu !
Commenter  J’apprécie         150
Protégée par l'anonymat, Jaddo raconte tout, sans fard, sans effet, sans tabou, avec sa fougue et sa fraîcheur, des bouts de vie acidulés [...]. Tout cela d'une plume légère mais précise, avec un désespoir lumineux et un humour féroce, une force de vie et une tendresse indignée pour ce grand tas de lâchetés, de douleurs et de bosses qu'on appelle, pour faire vite, l'humanité.
Lire la critique sur le site : Telerama
Dans ma longue série hospitalière des "N'oublie pas", il y a tous ces détails idiots, toutes ces choses insignifiantes, qui prendraient si peu de temps à l'équipe soignante, et qui changeraient tellement les choses pour les patients...
Parce qu'il est juste intolérable de voir quelqu'un surgir dans sa chambre sans crier gare, pendant qu'on est tout nu, ou en train de faire pipi, ou en train de se gratter les couilles.
Parce que c'est bon, on a bien compris qu'on est là de passage, que ce n'est pas vraiment "notre" chambre, mais celle de l'hôpital, celle de l'infirmière, celle du médecin.
Qu'ils sont là chez eux, et qu'on est le cent vingt-quatrième "patient de la 12" de l'année.
Qu'ils pourraient aussi pisser aux quatre coins de la chambre pour rendre les choses plus claires.
Parce que s'il est déjà pénible de s'entendre demander par la bouchère si "elle va bien ?", alors qu'on est habillée et digne et maquillée, il est parfaitement insupportable de s'entendre demander si "elle a fait pipi ?" par une infirmière qui voudrait bien récupérer le bassin sur lequel elle nous a abandonnée cinq minutes plus tôt, sous les draps, à côté de notre voisine de chambre qui fait gentiment semblant de dormir pour nous faciliter la tâche.
Non, elle a pas fait pipi, et elle prévoit déjà d'arracher sa perf pour aller pisser clandestinement comme une adulte à la première occasion.
"J'ai compris depuis longtemps qu'une infirmière qui a plusieurs années d'expérience dans le même service sait plus de choses que moi qui viens de débarquer, et j'écoute les conseils qu'elle me donne et les réflexion qu'elle me fait..... J'ai une sincère et profonde admiration pour leur travail, qui va très, très au-delà de la bête exécution des gestes techniques qui sont prescrits.
Parce qu'elles passent chaque minute auprès des patients, de leurs douleurs, de leurs questions, de leurs plaintes, quand on peut se réfugier derrière nos dossiers et nos chiffres.
Parce qu'elles sont la chair à canon des urgences, parce qu'elles sont au front, et que ce sont elles qui reçoivent en pleine face l'agressivité des gens. Qui sont odieux avec elles et adorables avec nous, puisqu'on est LE DOCTEUR....."
Elle n'est malade de rien, au siècle où on doit forcément être malade de quelque chose.
Même les chiffres, les implacables chiffres qui prouvent noir sur blanc une maladie bien nette et sans bavure, même les chiffres ne parviennent pas à trouver de quoi elle meurt.
Ses reins fonctionnent, son cœur fonctionne, sa tête fonctionne.
Et pourtant elle meurt.
Au ralenti. En flottant. Comme une chandelle qui s'éteint tout doucement.
Elle meurt de rien.
Elle meurt de tout.
Elle meurt de la vie.
Ça arrive encore.
Quand j'explique les règles hygiéno-diététiques (voui, on appelle ça comme ça, faire la morale, en médecine. On dit "règles hygiéno-diététiques". Je ne sais pas vous, mais moi, une formulation avec "règles" et "hygiéniques" dedans, je trouve pas ça super sexy), je n'arrive pas à rentrer dedans.
Je n'y crois pas.
Le type, en face, il a pas attendu cinquante ans qu'une fille avec des couettes vienne lui expliquer que c'est mieux de manger des haricots verts que des pizzas, et que fumer ça donne le cancer du poumon.
"Un blog, c'est un lieu de parole, et de quoi avons-nous besoin pour soigner ? Nous avons besoin des mots ; des expériences qu'ils racontent, des sentiments qu'ils portent, des vérités qu'ils mettent au jour."