AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Kill my mother tome 2 sur 1
EAN : 9782330119126
128 pages
Actes Sud (09/01/2019)
5/5   1 notes
Résumé :
Deuxième volet de la trilogie époustouflante de Jules Feiffer. Préquel à "Kill My Mother" où nous découvrirons qui a tué le détective honnête et patriote Sam Hannigan !
Que lire après Kill my mother, tome 2 : Cousin JosephVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le deuxième d'une trilogie : Killl my mother en 2014, Cousin Joseph, The Ghost Script (VO) en 2018. La première édition date de 2016. Cette bande dessinée est écrite, dessinée et mise en couleurs par Jules Feiffer, auteur de dessins de presse et de BD, écrivain, scénariste de cinéma et auteur de théâtre.

En 1931, dans une riche demeure dans la banlieue de Bay City, le cousin Joseph est en train de donner ses instructions à Baxter. Celui-ci prend les boîtes à musique dont il vient de prendre la charge pour les emmener à Sam Hannigan. Ce dernier est un inspecteur de police travaillant à Bay City. Il se lève discrètement et s'habille. Sa femme Elsie s'est levée et le serre dans ses bras. Elle lui offre un bracelet porte-bonheur avec le prénom de Sam dessus. Sans s'en rendre compte ce geste l'émeut, et il évoque le départ prochain de son collègue Neil Hammond qui a créé sa propre entreprise de détective privé. Sam Hannigan rencontre Baxter à l'écart de la ville dans un lieu désert. Baxter lui explique que Sam doit aller livrer 3 boîtes à des producteurs de cinéma pour éviter qu'ils ne mettent en chantier des films montrant une mauvaise image des États-Unis. Sam Hannigan prend en charge les boîtes à musique et monte dans la limousine qui lui est mise à disposition. Il se rend compte qu'il reconnaît le chauffeur, un type qu'il avait fait coffrer quelques années de cela dans le passé : Gaffney. Sam lui demande s'il est armé.

Dans l'appentis du jardin d'une riche demeure de Bay City, un jeune homme se tient devant Valerie Knox, la fille du magnat Knox. Elle lui a promis un dollar s'il lui montre son pénis. Neil Hammond (le partenaire de Sam Hannigan) va boire un coup (sans alcool) chez Addie. Celle-ci lui indique qu'elle a appris qu'il allait démissionner pour créer son agence de détective. Au collège, Archie Goldman rappelle à Artie Folsom qu'il a promis de venir jouer avec lui après les cours. Annie Hannigan le remet à sa place. À travers la baie vitrée de son bureau, monsieur Knox (le père de Valerie) observe ses ouvriers sortir de l'usine de conserverie et entonner des chants revendicateurs. Il se retourne et demande à son assistant Foster Elliot de le frapper à l'estomac. Il résiste à tous les coups, alors qu'Elliot s'essouffle. Il lui prédit que le syndicat s'essoufflera tout aussi vite face à sa poigne de patron. Pendant ce temps-là, Sam Hannigan apporte une boîte à musique à monsieur Ackerman, riche producteur de films. Hannigan lui fait signer un reçu. Puis il remonte dans la limousine, et Gaffney le conduit à la demeure du deuxième producteur.

Le lecteur entame ce deuxième un peu craintif, en se souvenant qu'il n'avait pas forcément tout compris dans le premier tome (mais c'est qui la sans-abri ?), et en se demandant pourquoi l'auteur n'a pas choisi un ordre chronologique pour ses récits. Effectivement, ce deuxième tome se déroule en 1931, alors que le premier commençait en 1933, pour se terminer en 1943. le premier effet est bénéfique : le lecteur identifie des personnages qu'il connaît déjà comme Neil Hammond (le privé alcoolique de Kill my mother), Annie & Elsie (la fille et la femme de Sam Hannigan), Artie Folsom (le copain d'Annie), Gaffney (l'homme de main faisant les sales boulots pour des commanditaires criminels). Il arrive à assimiler facilement les autres personnages : Cousin Joseph qui apparaît dans la deuxième page) et Baxter son homme de confiance, Valerie Knox (et sa curiosité pour les pénis), Addie la barman, ou encore le syndicaliste Billy Doyle et l'ouvrier Monty Dobbs, Archie Goldman et sa mère Cissy. Chacun d'entre eux apparaît avec sa position sociale clairement définie et sa relation avec un ou plusieurs autres personnages connus. le lecteur se rend compte que ça lui facilite la lecture, car l'auteur continue de sauter d'un personnage à l'autre, parfois dans des chapitres qui ne durent qu'une seule page (il y a 39 chapitres pour 111 pages de bande dessinée), et le temps écoulé entre 2 chapitres n'est jamais précisé, qu'il s'agisse de plusieurs heures, ou parfois d'événements se déroulant simultanément.

En outre, le lecteur comprend mieux les enjeux : le trafic d'influence de Cousin Joseph auprès des producteurs de films, l'ouverture de l'agence de détective privé dans quelques jours, la grève ouvrière imminente. Même si le lecteur ne dispose pas de culture particulière sur la Grande Dépression, c'est-à-dire la crise économique des années 1930. Il reste quand même décontenancé au départ par le comportement de Valerie Knox, et par le changement systématique de personnage d'un chapitre à l'autre. Ce dernier point donne un rythme très rapide au récit, sans que le lecteur ne puisse détecter un lien autre que chronologique d'un chapitre à l'autre. Il retrouve également les mêmes caractéristiques en ce qui concerne la narration visuelle. Jules Feiffer continue de détourer ses personnages de traits de contour irréguliers, donnant une impression floue de croquis vite réalisé, parfois avec un rendu de trait de crayon plutôt que de trait encré, avec parfois des traits un peu lâches, parfois un peu cassant pour les plis des vêtements. Les visages sont représentés avec une forme de caricature, insistant parfois plus sur la bouche, parfois plus sur les yeux, mais avec une justesse d'expression déconcertante malgré leur aspect fruste. Comme dans le tome précédent, l'artiste apporte un soin visible au choix des costumes pour en assurer leur authenticité par rapport à l'époque.

De page en page, le lecteur reste déstabilisé par les choix narratifs visuels. Comme dans le tome précédent, il utilise une seule couleur par page, peinte comme de l'aquarelle entre gris et vert de gris. Dans quelques rares pages, il peut appliquer une autre couleur, par exemple du rose saumon pour le pull de Valerie Knox page 28, ou le blouson de Billy Doyle page 39, sans que le lecteur ne puisse y détecter une intention narrative explicite ou implicite. le récit commence par un dessin en pleine page : la luxueuse demeure de Cousin Joseph et l'allée qui y mène, vues du ciel. Il combine habilement le détourage au trait fin de la villa, avec les effets de la peinture utilisée comme un lavis. La seconde page est également un dessin en pleine page : Cousin Joseph en costume, porte-cigarette à la main, installé sur son fauteuil avec le motif du tapis par terre. L'artiste représente alors des éléments de décors, précis et descriptifs. Il peut aussi utiliser un dessin en pleine page pour montrer une route à travers bois, et la voiture dans 6 positions différentes au fur et à mesure qu'elle avance sur la route (page 18), ou bien Sam & Neil représentés 4 fois sur un décor (leur bureau au commissariat) représenté en dessin pleine page.

La plupart du temps, Jules Feiffer détoure ses cases avec des cadres rectangulaires, parfois avec un espace blanc entre chaque case, parfois directement accolées sans espace séparateur. Il varie souvent les tailles de case, rectangulaires et alignées, ou rectangulaires et imbriquées avec des décrochés, à de rares occurrences de la largeur de la page, parfois de la hauteur de la page. Il utilise régulièrement des cases sans bordure, ou des bandes de cases sans séparation entre les cases d'une même bande. Cette variété ajoute au ressenti du lecteur de changer constamment de point de focal, en plus du passage très régulier d'un personnage à un autre entre 2 scènes consécutives. Une trentaine de pages sont dépourvues de décors en arrière-plan et une vingtaine ne comportent qu'une case avec un décor évoqué par un ou deux traits irréguliers, la narration semblant alors s'apparenter à une mise en scène sur la scène vide d'un théâtre.

Pourtant, le lecteur se rend compte que de nombreuses pages présentent un attrait visuel mémorable : la vision de la demeure de Cousin Joseph, celui-ci assis sur son fauteuil, les ouvriers sortant de l'usine KnoxWorks, Monty Dobbs envoyant un coup de poing dans l'estomac de monsieur Knox, Valerie Knox demandant à Foster Elliot s'il a vu son journal intime, Sam et Billy se bagarrant dans la rue, la manifestation des grévistes dégénérant en émeute, etc. le lecteur éprouve la sensation d'être souvent en équilibre instable dans sa lecture et dans le même temps il éprouve un réel plaisir à pouvoir suivre l'intrigue. Au vu de la diversité des personnages, les enjeux sont nombreux et variés, personnels pour chaque protagoniste, mais aussi sociétaux, que ce soient les revendications, ou les manoeuvres pour éviter des films qui montrerait une image négative des États-Unis. Mine de rien, au travers d'un polar (il se produit un meurtre, avec une enquête pour découvrir le coupable), l'auteur aborde de nombreux thèmes : les revendications des ouvriers, le mode de gestion du patronat, la manipulation des foules, la manipulation des individus, le trafic d'influence et la corruption d'une partie des élites culturelles d'Hollywood, les petits arrangements avec la morale, les convictions patriotiques, les idéaux incarnés par les États-Unis, la pulsion sexuelle, le pouvoir de l'argent, l'entremêlement de la sphère politique et de la sphère privée, l'incidence du comportement des uns sur les convictions des autres, etc. Alors qu'il peut initialement ressentir une impression de narration fouillis sautant du coq à l'âne, le lecteur constate après coup l'élégance de la construction du récit, et la densité de son propos. Il n'est pas sûr qu'il en ressorte convaincu de l'utilité de l'inversion chronologique entre Kill my Mother (1933/1943) et ce tome ci.

Il est vraisemblable que le lecteur éprouvait quelques appréhensions à l'idée d'entamer ce deuxième volet de la trilogie, l'expérience de lecture du premier tome s'étant avérée pour le moins déroutante, sans être forcément déplaisante. Il se rend compte que celui-ci nécessite moins d'investissement pour retenir les personnages et saisir les différents fils de l'intrigue. Il perçoit plus rapidement qu'il s'agit bel et bien d'un polar une enquête policière inscrite dans son époque et servant de révélateur de cette société. Avec le premier tome, il s'est habitué aux idiosyncrasies de la narration visuelle de cet artiste. S'il est parfois bien en peine de savoir si ça lui plaît, il ressent l'efficacité de ces caractéristiques si particulières.
Commenter  J’apprécie          40


Video de Jules Feiffer (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jules Feiffer
Vous l'attendiez tous, les contes de Gersende, bonne écoute ! Commandez les livres sur notre site filigranes.be !
Les livres dans l'ordre : "Aboie, Georges !" de Jules Feiffer, L'école des loisirs "Pas sage ?" d'Alex Sanders; L'écoles de loisirs "La grenouille à grande bouche" de Francine Vidal, Didier Jeunesse
On se retrouve la semaine prochaine !
autres livres classés : musiqueVoir plus
Les plus populaires : Bande dessinée Voir plus


Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1084 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}