L’académie du grand billard central que tout le monde appelle le central se trouve au centre de Paris dans une des rues les plus passantes, les plus bruyantes et les plus polluées de la capitale. Rue étroite, goulot obligé entre deux avenues, les voitures s’engouffrent dans cette erreur d’urbanisme, s’y entassent immobiles puis s’y énervent pare-chocs contre pare-chocs, avant de s’y affronter rageusement à grands coups d’accélérateurs, chaque centimètre gagné ici valant son poids de haine et d’oxyde de carbone confondus. Certains jours il arrive aussi qu’à trois mille kilomètres de là, dans la splendeur azuréenne de ses huit mille mètres d’altitude, l’anticyclone des Açores, pris de paresse, refuse de se dérouler convenablement.
Concernant la grâce, chacun le sait, deux écoles s’affrontent. Certains la croient donnée, offerte par Dieu à de rares prédestinés. C’est entre autres l’école de Jansénius, dont on connaît le malheureux destin des disciples, d’autant plus injustement frappés par Louis XIV que ce dernier se disait roi par la grâce de Dieu. D’autres, comme les jésuites, affirment au contraire la grâce comme non offerte mais à conquérir au terme d’une croisade aussi longue qu’intime, âpre cheminement encombré des pièges du malin dont le mystique se jouera à force de prières, de renoncements, voire d’autoflagellations, toutes actions méritoires qui, d’illumination en illumination, le mèneront à la triomphale béatitude.