Regrettant le peu de courtisans apte à prendre part à ses ballets, Louis XIV assigne à l'Académie royale de danse la mission de "mettre fin à un grand nombre d'abus capables de porter à la ruine les ballets dansés à sa cour et de rétablir l'art de la danse dans sa pureté, en l'améliorant même autant qu'il serait possible".
Les "académistes" - comme on dit alors - sont tenus de se réunir une fois par mois. En outre, chaque samedi, deux d'entre eux doivent donner des leçons aux apprentis maîtres à danser, ainsi qu'aux amateurs de toutes conditions, et leur enseigner danses anciennes et nouvelles.
(...) Angiolini publie une Dissertation dans laquelle il s'en prend à ce qu'il considère comme une décadence du ballet, ravalé au rang de "l'art de faire des entrechats et des gambades, de sauter ou courir en cadence, ou tout au plus de porter le corps, ou de marcher avec grâce, et sans perdre l'équilibre, d'avoir les bras moelleux et des attitudes pittoresques et élégantes". Et de plaider en faveur d'un "danseur pantomime qui puisse exprimer toutes les passions et tous les mouvements de l'âme".
Louis XIV a le double avantage d'être à la fois excellent danseur et monarque. La danse, qui tient une place prépondérante dans les spectacles de Versailles, fait partie intégrante de l'éducation des jeunes seigneurs. Ne dit-on pas qu'elle compte, au même titre que l'escrime et l'équitation, parmi les "trois arts du gentilhomme"?