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EAN : 9782905292896
198 pages
Hoëbeke (30/11/-1)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Vous vous souvenez de ces panneaux 4 x 3 mètres placardés dans toutes les villes du monde et montrant une peau tatouée " HIV positive " ? Et de toutes ces immenses photos de reportages estampillées du logo " United colors of Benetton " ? Ces campagnes publicitaires ont partout soulevé des polémiques passionnées, elles ont été interdites dans plusieurs pays, elles ont été exposées dans les grands musées. Oliviero Toscani, le créateur de toutes ces campagnes, répond i... >Voir plus
Que lire après La Pub est une charogne qui nous souritVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'entends souvent parler des « dangers » d'internet, comme on disait naguère, les « dangers » de la télévision. Questionnons-nous : internet est-il dangereux ? la télévision est-elle dangereuse (au sens où le tabac ou l'automobile peuvent l'être) ? Vous ratez un virage, blam ! c'est le mur, c'est l'arbre, c'est le ravin, et vous êtes morts. Vous fumez clope sur clope, dix ans, vingt ans, trente ans de ce régime et l'on sait ce que cela donne. On sait aussi comme c'est facile d'arrêter…

Qu'est-ce qui pousse (ou a poussé dans un passé pas si lointain) les gens à fumer ? Qu'est-ce qui pousse (ou a poussé, idem) les gens à faire les kékés en voiture ? le poids, la force d'attraction, le tropisme social, certes, c'est indéniable, mais aussi et surtout, peut-être, la publicité. Et derrière la publicité, qu'y a-t-il ? L'appât du gain.

Les dangers de la télévision, les dangers d'internet, c'est quoi ? La publicité et l'appât du gain… et un petit quelque chose en plus. Quel est ce petit quelque chose en plus ? L'humain, tout simplement. La télévision est un médium excellent, c'est l'humain derrière, l'humain vicié, vicieux, cupide, putride qui la rend infréquentable. L'internet, qu'en est-il ? Est-ce un mauvais médium ? Pas du tout, c'est même plutôt fantastique. Ce qui l'est moins, ce sont les objectifs que certains poursuivent VIA l'internet, encore et toujours l'humain caché derrière… Donc ça n'est ni la télévision, ni l'internet, ni la future intelligence artificielle qui sont dangereux, mais bien les humains qui les utilisent à des fins parfois peu avouables.

Aussi Oliviero Toscani fustige-t-il la publicité de bout en bout de cet ouvrage, alors que lui-même était publicitaire. Peut-être démontre-t-il que ce qui est gerbant dans la publicité, c'est moins l'acte de " rendre public ", selon l'étymologie du mot publicité, d'utiliser les ressorts propres à ce type de communication, que les intentions de ceux qui composent et affichent les messages à l'attention de tous.

Ce que nous montre ou nous apprend Toscani dans ce livre, outre un réel mépris du consommateur le plus souvent, qu'on juge totalement idiot et incapable de s'élever au-dessus du degré zéro de la réflexion, c'est une absence de morale, une absence d'éthique, un seul désir de cupidité qui conduit à mentir sur tout et partout. On n'est pas obligé de montrer une bimbo semi-dénudée pour vendre une voiture, on n'est pas obligé d'afficher des sourires Colgate pour nous faire comprendre que tel ou tel produit est bien, on n'est pas obligé de faire croire que vous êtes le dernier des ringards si vous ne possédez pas la dernière version de tel produit, etc.

La publicité, ça pourrait être de l'art, ça pourrait être un promoteur de valeurs sociales positives, ça pourrait être des tas de choses que ça n'est pas. Et que ça n'est pas pourquoi ? (J'ai déjà donné la réponse plus haut, il me semble.)

Ainsi, dans cet ouvrage, Oliviero Toscani présente de façon général le bilan de la situation de la pub en 1995 (date de la parution du livre) c'est-à-dire avant le raz-de-marée du numérique mais vis-à-vis duquel on pourrait formuler exactement les mêmes remarques que l'auteur à l'époque pour la télévision et les magazines de mode.

Ensuite, il explique son projet artistique lors des campagnes Benetton, pour lesquelles des visuels en couleurs sont présentés. Il montre comment l'actualité et des convictions forgées de longue date ont présidé à ses choix esthétiques, à ses choix de sujets abordés, à ses choix de traitement.

Ensuite, il dresse le bilan de la réception de son travail dans le milieu de la publicité ou les milieux connexes, allant du politique au marketing en passant par les musées, la presse ou l'éducation.

D'après moi, un bon ouvrage, sans plus. Intéressant mais pas captivant.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Plusieurs fois, quand je débutais dans la publicité et la mode, me heurtant à des esprits bornés, un vrai mur, qui me demandaient de produire des campagnes imbéciles, je me suis dit : " Oliviero qu'est-ce que tu es en train de faire ? " J'avais l'impression d'être un collabo pendant la guerre, qui travaillait à abêtir et tyranniser les peuples.
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La publicité moderne, de sa manière angélique, n'échappe pas à la mythologie chrétienne, mais elle prétend la réduire à quelques formules en croyant échapper à sa dramaturgie. La publicité nous fait miroiter le royaume de Dieu sans que nous fassions d'autre effort que l'acheter. Elle nous promet le paradis à crédit. Elle nous offre chaque jour des apparitions de divinités. Elle sacralise l'univers quotidien et profane qu'elle transfigure en une communion solennelle avec les produits miraculeux. Comme la religion, elle exploite la culpabilité de tous ceux qui ne méritent pas d'entrer au royaume des Élus de la consommation. La publicité, c'est le contraire de l'amour. Elle promet tout, mais ne donne rien. La publicité est le catéchisme de la religion de la consommation. Son imagerie niaise. Sa profession de foi. […]
La publicité est un livre de messe sans imagination, sans aucun sens du drame ni du mystère humain. C'est une religion matérialiste, une monstruosité. Pour les chrétiens, le paradis n'est pas de ce monde, le royaume annoncé se bâtit, après des siècles et des siècles de réflexion et d'épreuves. La pub, elle, confond miracle et porte-monnaie, les fresques de la chapelle Sixtine et catalogue sexy, musique sacrée et musak internationale, le rêve d'une autre vie et le paradis imbécile de la « fraîcheur de vivre », la pietà et la pépée.

Chapitre 7 : CROIX, SVASTIKA, COCA-COLA, La pub est une religion matérialiste, une monstruosité.
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J'ai déjà assisté à des « meetings » pour discuter d'une campagne. Une quinzaine de « médiaplanners », de « directeurs de prod », de « créatifs » se retrouvent autour d'une table design et chacun y va de son petit avis pour justifier un salaire à faire pâlir une infirmière de nuit. Je propose une photo, aussitôt nos grands clercs me disent comment la faire, quel type de décor choisir, la couleur des vêtements à utiliser, la dimension des seins des mannequins, etc. Ensuite, ils se contredisent tous les uns les autres, défendent mordicus leurs petites idées, jouent les prophètes, annoncent un flop total si on utilise un mannequin métis ou de plus de 23 ans et au final n'importe quelle bonne idée finit par être banalisée et vidée de toute substance.
Je me souviens d'une campagne Lesieur pour l'agence Young & Rubicam. Ils étaient dix-neuf autour de la table ! C'était la cinquième réunion d'enculage de mouches — pardon, de préproduction d'un clip. À un moment, je me suis levé, j'ai pris le patron de Lesieur à part et je lui ai dit : « Monsieur, c'est vous qui payez tout le monde ici. Dix-neuf personnes, alors que deux suffiraient. Je perds mon temps. »

Chapitre 8 : BRAINSTORMING, BRIEFING, MÉDIAPLANNING, BULLSHITING…, Moquette, meubles high-tech, langage codé, dircom, DA, vous êtes dans une agence de pub.
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Les publicitaires ne font pas leur métier : communiquer. Ils manquent d'audace et de sens moral. Ils ne réfléchissent pas au rôle social, public, éducatif, de l'entreprise qui leur confie un budget. […] Ils ne veulent surtout pas penser, informer le public, de crainte de perdre leurs annonceurs. Leur responsabilité est immense. Il leur incombe de réfléchir à la communication d'une marque au-delà du seul marketing. C'est leur rôle de faire avancer ce système publicitaire qui tourne en rond, appelle à toujours consommer plus et ne convainc plus. La condition humaine est inséparable de la consommation, pourquoi la communication qui va avec serait-elle superficielle ?

Chapitre 2 : CRIME CONTRE L'INTELLIGENCE, Crime d'inutilité sociale.
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Il faut ressembler à l'imagerie des pubs pour être classé dans les normes sociales, reconnu conforme, intégré, réel. La pub c'est le cliché de la réalité, donc c'est la réalité. La pub nous apprend comment nous comporter dans la société de consommation. Elle propose un modèle social : j'achète donc je suis. Plus vous vous rapprochez du modèle, plus vous incarnez le summum de la réussite moderne.

Chapitre 9 : CONTRE LA MONOCULTURE, Comment je me suis marié en photo, pas à la mairie ou à l'église.
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