Nous revoici avec
André Bucher dans la vallée du Jabron où Sam, la quarantaine, célibataire, vit sous l'emprise de sa mère Élise, un peu dérangée. Dans les collines, le feu, ça peut partir sans prévenir, et faire de nombreux dégâts. Sam, quand il n'est pas chauffeur de car, il est pompier volontaire, et des feux, il en a combattu des accidentels, des naturels, mais aussi des criminels, et les voisins, avec qui il y a souvent un froid, sont vite suspectés. C'est comme ça, là-haut, des brouilles dont on ne connaît plus l'origine, mais on est brouillé, souvent pour la terre, pour s'agrandir…
Un jour, il y a ce grand incendie, seul au milieu des flammes, Sam découvre le corps d'un homme calciné, à peu près de sa corpulence et de son âge. C'est
Pascal Delorme, ornithologue. Sam prend une décision insensée en un instant. Il dépose son casque de pompier près du corps, prend les papiers du mort et disparaît. C'est aussi simple que ça.
Commence alors pour lui la vie de l'autre, qui comptait les oiseaux près des Saintes Maries de la mer, vivait dans un petit mas au bord de l'eau, et possédait même une barque, et un vélo. Si au début, c'est enivrant, cette nouvelle identité devient difficile à gérer, surtout lorsqu'il rencontre Rose, qui ne connaissait Pascal que de nom…
Le roman alterne entre la douceur de la plaine et de cette Méditerranée si calme à la rudesse de la vie tourmentée d'en haut, celle d'Élise, et de la cascade qui ne coule pas.
Élise, qui a déjà perdu un premier amant, puis un mari, aujourd'hui un fils, essaie de se reconstruire avec le voisin, à quelques lieues de sa maison. Élise est dans la souffrance de ses hommes disparus, comme a disparu l'eau de sa précieuse cascade où elle a pendu des miroirs pour lui redonner vie, pour tenter le sort et que l'eau revienne…
Dans ce roman paru il y a quelques années,
André Bucher est déjà installé dans son style, dans son chant de la nature qu'il côtoie tous les jours et qu'on va retrouver dans les nombreux romans suivants, comme
Fée d'hiver,
Déneiger le ciel,
À l'écart, La Vallée seule, et son dernier,
Un court instant de grâce…
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