La fascination

On quitte l'étude notariale (encore que !) ainsi que son humour moderne pour un roman plus intimiste : une adolescente possessive, "amie" de sa prof. d'histoire-géo. Est-ce réciproque ? Va-t-elle recevoir en retour son exclusivité voulue ? Quand ne compte plus que l'être "amie" ! Enfin à ce point c'est maladif... Une ado qui n'est pas à sa place, peut-être déjà dans le monde des adultes pense-t-elle, en tout cas pas dans celui des ados. C'est des années plus tard, qu'elle comprendra et fera des choix qui n'ont pas pour but de faire plaisir au quand dira-t-on mais bien à sa seule vraie personnalité. L'histoire est courte et simple, en revanche, les phrases qui la compose confirment une facilité à retranscrire certains vécus, une ambiance même, et une plume fluide (moins drôle ici, mais le sujet peut en être la raison ?).

À l'âge adulte, alors qu'elle est maman, elle retrouve ses écrits d'alors et se souvient de cette époque charnière et de sa passion pour sa prof de seulement 10 ans son aînée, passion qui revêt l'absolu de l'adolescence.

Le récit, que l'on peut imaginer autobiographique tant les ressentis sonnent juste, se concentre sur le vécu, les pensées et les émotions de l'ado quelle a été.

J'ai eu quelques difficultés à comprendre l'origine de cette amour, sortie comme ex nihilo du coeur de la jeune fille. On reste dans son ressenti brut mais l'on n'a que très peu accès à la personnalité de la prof, objet de son obsession.

Je comprends le parti pris et, à ce sens, il s'agit plus d'un témoignage que d'un roman.

Malheureusement, je n'ai pas vraiment eu d'empathie pour l'héroïne et cette histoire ne m'a pas emportée, malgré sa brièveté.

Je salue tout de même la finesse et la fluidité de la plume de l'autrice. J'ai par ailleurs beaucoup apprécié les références aux différentes lectures de Claire, dont Maupassant.

Un texte que je recommanderai malgré mes quelques réserves. L'idéal étant de le lire comme un journal intime nous révélant une tranche de vie, plutôt que comme une histoire.

Claire est adulte.
Claire est Maman.
Claire retrouve son journal intime d'adolescente et se souvient…

… de son enfance et de son adolescence dans la ferme familiale à Nuits-Saint-Georges près de Beaune.
Claire a longtemps cherché qui elle était, qui aimer.
Petite, elle portait un pantalon et se voulait garçon.
À l'adolescence, elle a accepté sa féminité, accepté de se laisser approcher et embrasser par des garçons.
Mais son coeur ne battait que pour Elle : Marie Pasolini, sa professeure d'histoire-géographie de dix ans son aînée.
Adulte, Claire a continué à se chercher, dans sa vie amoureuse et professionnelle.

Grâce à l'écriture, elle s'est peut-être enfin trouvée.

La fascination peut être lu comme un roman d'apprentissage, une confession, une malle oubliée au grenier de laquelle on extirpe des souvenirs qui baignent le présent dans une lumière crue.

« On n'échappe pas à son enfance. Elle dit le futur, son malheur et sa joie. »

Émaillé de références littéraires (notamment à Maupassant), magnifiquement écrit, le récit sonne tellement « vrai » que je soupçonne une (large?) part d'autobiographie.

La fascination c'est un récit intimiste, peut être le plus personnel des 4 que l'auteure est écrit.
Claire va ouvrir la boîte de Pandore et se confronter à ses souvenirs d'enfance, douloureux parfois même traumatiques. Dans cette enfance près de Nuits, elle gardera en mémoire sa mère qui la traitait de garçon manqué. Son envie de ressembler aux garçons et le manque d'amour maternelle. Puis l'adolescence, traitre, ingrate où les interrogations l'assaillent car elle n'a aucun attrait pour la gente masculine ni pour la féminité mais essaie de rentrer dans ce fameux moule qui arrange tout le monde. Jusqu'à jour où elle tombe en admiration pour sa professeure d'histoire géographie. Une fascination à la limite de l'amour car pour cette prof, pour un regard, un sourire, elle déplacerait des montagnes.

Un roman tout en profondeur sur le thème de l'adolescence et du souvenir. Mais qui cache en partie un besoin de dire tout haut, de se livrer, de faire table rase de ce passé qui prend beaucoup de place. Peut être une façon de soigner l'adolescente quand l'adulte prend la plume, d'en prendre soin et de la guider vers le vrai soi.
A mon sens, il s'agit là d'une biographie légèrement romancée, comme un roman d'apprentissage, qui permet d'être en paix avec soi même.

j'ai énormément aimé ce roman, la plume et la construction narrative.
Quand Marie Pasolini, professeur d'histoire/géo prend ses fonctions au collège, Claire, cette jeune adolescente qui aurait préférée être un garçon, est totalement fascinée par elle. Toute son âme, son être, ses désirs confus, sa détresse se tournent vers celle qu'elle désire, se ment-elle, devenir l'amie. Une amie avec qui elle rêve d'habiter, de tenir la main, de lui vouer si ce n'est son corps, toute son âme.
Cette jeune fille qui vit en Bourgogne dans une ferme, se sent différente, décalée, sort avec des garçons sans en éprouver le moindre sentiment, se plonge dans les livres avec Maupassant et Rimbaud, et tient son journal intime.
Ce n'est qu'une fois adulte, mariée et maman d'une petite fille qu'elle relira son journal, se souviendra de son trouble, de son attirance pour cette femme. Ces réminiscences lui permettent de faire le point sur son chemin de sentiments et comprendre ce qu'elle est, profondément, aujourd'hui.
Le questionnement sur la honte, la vraie, celle qui cisaille ainsi que celui sur les origines du désir m'ont beaucoup intéressée. On entre en empathie avec Claire, on voudrait s'asseoir avec elle, lui parler, lui dire que ça va aller. C'est un texte écrit à fleur de peau avec une certaine gravité. J'ai beaucoup aimé !