La fille des hauts plateaux

_, Pardonnez mon indiscrétion... Vos poèmes de ce matin sont inspirés par l'asile ? ...
-Vous êtes déjà allée au cimetière, bien sûr. Qu'avez-vous ressenti ?
-Les croix anonymes, les cyprès, le vent, le trépas... Ces malades enfermés une bonne partie de leur vie, souvent abandonnés par leurs familles qui perdent jusqu'à leur nom...Des morts-vivants, puis le néant. C'est horrible.
j'ai ressenti ce vide face à ce cimetière de croix en bois. Depuis 1914, avec André Breton, nous nous sommes battus contre les traitements que l'on infligeait aux aliénés. aliénation est l'une des pires représentations de l'exclusion. À cette époque, j'ai écrit Le fou parle:
"C'est ma mère, monsieur, avec ma fiancée / Elles passent là-bas, l'une à l'autre pressée. / La jeune m'a giflé, la vieille m'a fessé. / Je vous jure pourtant que je les aimais bien / Mais, constamment, j'avais le besoin bénin / d'exiger trop d'amour ses larmes et sort sein... " P.E.
Treize ou quatorze ans plus tard, voilà que j'écris sur le cimetière des fous. Nusch a été ma première auditrice, je vous livre le début, j'espère que tout va me revenir: :
"Ce cimetière enfanté par la lune / Entre deux vagues de ciel noir / Ce cimetière archipel de mémoire / Vit de vents fous et d'esprits en ruine / Trois cents tombeaux réglés de terre nue / Pour trois cents morts masqués de terre / Des croix sans nom corps du mystère / . La terre éteinte et l'homme disparu... / Leur cimetière est un lieu sans raison " P.E.
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