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EAN : 9782702156469
384 pages
Calmann-Lévy (26/10/2016)
3.29/5   12 notes
Résumé :

Briançon, de nos jours.

Quand le corps désarticulé d’Agnès Ladoucette est retrouvé au pied du pont d’Asfeld dans le lit de la Durance soixante mètres plus bas, la population briançonnaise est consternée. Médecin installée en ville depuis vingt ans, la victime était connue pour sa gentillesse et son dévouement. Accident, suicide ?


La stupeur est à son comble quand le commissaire Pierre Chancel annonce que les premiers é... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
L'intrigue se déroule dans le territoire du Briançonnais, au coeur des sommets enneigés des Hautes-Alpes. Au sein de cette région d'Art et d'Histoire, nous découvrons les bords de la Durance, la très belle ville de Briançon et les célèbres fortifications de Vauban, inscrites au Patrimoine mondial de l'UNESCO.

Le style d'écriture est fluide et le récit nous tient en haleine du début jusqu'à la fin du roman. Outre les magnifiques descriptions du massif des Ecrins et les judicieux rappels historiques des ouvrages fortifiés de la région, l'auteur nous entraîne avec frénésie dans le tumulte des investigations policières menées afin de retrouver le coupable de trois meurtres violents. Au fil des pages, nous arpentons les routes et les sentiers des massifs alpins aux côtés de Pierre Chancel, commissaire et personnage central de l'intrigue, de son équipe d'inspecteurs ainsi que de Claire Ambrosini, journaliste au « Dauphiné », dont la clairvoyance et la détermination aideront efficacement à la résolution de l'enquête.
Le suspense est à son paroxysme lorsqu'il nous précipite depuis le pont d'Asfeld (pont du Diable) jusqu'au fond des gorges de la Durance, décor funeste d'une scène de crime effroyable, au début du roman, puis lieu tragique du triste dénouement de cette histoire. Ce roman policier est un bijou de littérature !
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La collection France de toujours et d'aujourd'hui aux Editions Calmann-Levy réunit des auteurs qui partagent le goût des romans enracinés dans nos terroirs.
Il s'agit cette fois d'une intrigue policière dont l'action se situe à Briançon, dans le Dauphiné.
Le commissaire Pierre Chancel, un homme plutôt méfiant et tatillon, a bien du mal à faire progresser son enquête.Est-ce dû au lien qui unissait celui-ci à la victime, affectant ce dernier et faussant ainsi ses facultés de déduction ? Et la collaboration avec une journaliste du Dauphiné, imposée par le Préfet, ne semble pas non plus apporter une avancée déterminante.

Jean-Baptiste Bester nous livre une intrigue digne des meilleurs auteurs d'enquêtes policières.
La description de l'environnement (Briançon, le pont d'Asfeld, la cité Vauban, ...) nous plonge d'autant plus facilement dans l'histoire et suscite même l'envie d'y passer un séjour.
On a droit aussi à une initiation théorique au zazen, la posture de méditation assise de la pratique du bouddhisme zen, dont la commissaire Chancel est un adepte. Pratiqué quotidiennement, il est très efficace pour l'élargissement de la conscience et le développement de l'intuition.
Je regrette juste un manque de profondeur dans l'aspect psychologique des personnages principaux, diminuant ainsi l'empathie à leur égard.
C'en est pas moins un polar agréable, avec des chapitres courts, une écriture fluide, une lecture facile et captivante.
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Un gros coup de coeur pour ce polar qui se passe dans la région de Briançon.
le style est magnifique. Les descriptions de Briançon et de la montagne sont tellement belles que je vais y séjourner dès que possible. En prime, le livre initie au zazen et à l'hypnose ericksonienne. En plus, il célèbre quelques femmes. Je me suis régalée . A ne pas râter !
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Un joggeur a trouvé le corps d'une femme qui semblait avoir fait une chute d'un pont sur la Durance.

La victime était rapidement identifiée comme étant le docteur Agnès Ladoucette, praticien estimé de la ville de Briançon, où elle s'était installée vingt ans auparavant après avoir quitté Paris.

Elle n'avait aucune famille à l'exception d'un cousin mais beaucoup d'amis, dont le commissaire Chancel en charge de l'enquête.

La piste d'un crime est privilégiée. On pense dans un premier temps à un acte crapuleux commis par un drogué mais le cousin de la victime, sur le point de confier au commissaire Chancel un secret de famille, se fait tuer par un snipper lors de l'entrevue. Dés lors le crime effectivement commis par un drogué rapidement identifié change de dimension. Il apparaît que l'auteur s'est fait payer pour agresser le médecin.

Le commissaire Chancel se voit imposer la présence de la journaliste Claire Ambrosini pour laquelle la résolution du crime dont a été victime Agnès se révèle importante.

Plusieurs rebondissements aboutissent à la résolution de l'affaire.Le style est clair, précis, l'histoire pas trop mal, les personnages manquent peut être un peu d'épaisseur..j'ai bien aimé et je n'ai pas lâché le livre, que j'ai lu rapidement.

Bref, même si ce n'est pas le roman policier du siècle, on passe un moment agréable à le lire.
Lien : http://mespoliciers.canalblo..
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Citations et extraits (88) Voir plus Ajouter une citation
Le docteur Levasseur était un petit bout de femme d'une soixantaine d'années, d'un abord agréable. Elle pratiquait l'hypnose ericksonienne(1), du nom d'un psychiâtre américain dyslexique, daltonien et handicapé qui avait développé sa propre méthode. Ici, pas d'injonction de la part du thérapeute..Seulement un accompagnement vers un état de conscience modifié permettant d'accéder à l'inconscient.
Chancel fut conduit dans une pièce sombre. Quant à la journaliste, elle fut priée de patienter dans la salle d'attente.
- Asseyez-vous là, commissaire, commença le docteur en lui montrant un large fauteuil.
Chancel s'exécuta. Elle s'assit en face de lui.
- Détendez-vous, à présent. Respirez profondément.
Le commissaire sourit. Il avait l'impression d'être au dojo. Cependant la position était moins douloureuse..
- Sentez comme vos bras sont lourds. Relâchez-les.
Il suivit les instructions.
- Voilà. Vos muscles sont plus légers. A présent, efforcez-vous de penser à un événement positif. Avez-vous des enfants ?
- Une petite fille.
- Peut-être l'un de ses anniversaires, un réveillon, une communion...
Chancel ferma les yeux. Il revit Bonnie, bébé, dans les bras de Marie, juste après l'accouchement. Image de plénitude, d'un bonheur pur. Son visage se décrispa. Il semblait parfaitement serein.
- Très bien. Maintenant, observez-vous. Ou plutôt, regardez à l'intérieur de vous. Pourriez-vous me dire quelles sont vos qualités principales ?
La question le surprit. Puis, se prêtant au jeu, il répondit :
- Je dirais le sérieux. Mais est-ce une qualité ?
- Incontestablement.
- Et aussi la ténacité. Je ne renonce jamais.
- Même quand les difficultés s'accumulent ?
- Surtout quand les difficultés s'accumulent. Plus c'est dur, plus je m'accroche.
- Voilà une manière d'appréhender les choses qui doit être utile dans votre métier. Refermez les yeux.
Le commissaire obéit. Le docteur Levasseur avait toutes les cartes en main. Ambrosini lui avait parlé. Elle savait tout sur l'affaire et sur la relation que son patient avait eue avec la victime. Mais il lui fallait avancer à pas feutrés, sans dévoiler ses atouts.
- Songez maintenant à un être cher, vivant ou disparu, aux moments que vous avez partagés. Bons ou mauvais.
Les pensées de Chancel se dirigèrent vers le docteur Ladoucette. Il se remémora leurs balades à Paris, les cafés, les musées, le cinéma... Souvenirs agréables, tempérés toutefois par une note dissonante. Alors qu'ils filaient le patfait amour, Agnès était souvent la proie d'accès de mélancolie. Il avait cherché à en connaître la cause. Mais elle ne lui avait fait aucune confidence.
Le commissaire glissait peu à peu dans un état second qui n'était pas sans rappeler les effets du zazen.
- Voyez-vous cette personne ?
Oui, répondit-il d'une voix cotonneuse.
- Pourriez-vous la décrire ?
- Elle est blonde, les yeux bleus, les cheveux tirés en arrière. Elle porte une saharienne.
- Bien. Ne la quittez pas des yeux. Efforcez-vous de la suivre.
- Agnès le prenait par la main, mutine. Ils montaient l'escalier qui menait à leur petit appartement. Avec empressement. Ils avaient hâte de se retrouver en tête à tête. Sitôt rentrés, ils se déshabillaient, jetaient leurs vêtements à même le sol et filaient dans la chambre.
Ils s'aimaient avec fougue, à plusieurs reprises. Leurs corps reposaient ensuite côte à côte dans une douce harmonie.
Ambrosini avait décrit Agnès avec précision. Aussi le docteur Levasseur comprit-il que la femme qu'évoquait le commissaire était bien celle que son travail devait cibler.
Une fois le déclic produit, il convenait parfois d'encourager le patient en l'encourageant à poursuivre, si possible à voix haute, son voyage intérieur. Mais Chancel était un bon client : il continua sur sa lancée, dans une sorte de transe, anticipant les demandes de la thérapeute.
- Nous sommes dans cette petite chambre, je la prends dans mes bras. Dieu que j'aime cette fille ! Elle me demande de la satisfaire à nouveau. Je n'ai aucune peine à exaucer son souhait. Ça dure toute la nuit. Nous sommes en nage, repus. Nos deux corps n'en forment plus qu'un. Elle s'endort sur mon épaule.. Je m'assoupis à mon tour..Plus tard, au petit matin, je l'entends gémir . "Gérard, pardonne-moi ! Je ne voulais pas.. Si tu savais à quel point j'ai honte..Je ne m'en remettrai jamais. Oh, mon Dieu, qu'ai-je fait ? Je t'ai tué une seconde fois.."
Il régnait un silence pesant dans l'habitacle de la Mégane. Chancel avait l'impression d'être tombé dans un piège. Jamais, au grand jamais, il n'avait dévoilé autant de détails sur sa vie intime. L'air de rien, et tout en douceur, le docteur Levasseur l'avait foutu à poil.
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Le dojo consistait en une pièce d'une trentaine de mètres carrés. Un rez-de-chaussée donnant sur rue, des pratiquants en kimono noir, bien alignés et accroupis dans la position du lotus pour les expérimentés, du demi-lotus pour les néophytes. L'endroit fleurait bon l'encens. Trois coups de gong signalaient le début de la séance. Après le gassho, la salutation d'usage, chaque participant s'asseyait sur un zafu, un coussin noir arrondi, rembourré de coton. Il joignait ses deux pouces, redressait le dos, relâchait les épaules et inclinait son regard à quarante-cinq degrés sans jamais fermer les yeux. Il ne s'agissait pas de s'assoupir mais de vivre l'instant présent en pleine conscience. Ici et maintenant.
Derrière le mur qui séparait les adeptes du zazen du monde extérieur, frénétique, on entendait des bruits de talons sur le trottoir, des gens qui parlaient fort, des rugissements de scooters et autres pollutions sonores. Mais le maître expliquait que ces nuisances n'étaient que des phénomènes et qu'en étant assidu dans la pratique de la méditation, on finissait par ne plus les remarquer.
Il en allait de même pour les pensées. Elles passaient comme les nuages dans le ciel. Ne pas les retenir ni les chasser de son esprit. Seulement les contempler, en simple spectateur. Se concentrer sur la posture et la respiration, un souffle profond et régulier, tel était le secret de cet enseignement éprouvé depuis plus de deux mille ans. On pouvait alors parvenir non au satori, l'éveil que seuls quelques grands sages avaient atteint, mais à une altération de la conscience, un état second, libérateur : le fameux lâcher-prise. Le flot ininterompu des pensées, pernicieux et stérile, se tarissait quelque peu. C'était un réel soulagement que tout impétrant ne songeait plus ensuite qu'à réexpérimenter. On avait l'impression de faire partie d'une caste de privilégiés qui connaissait le moyen de se débarrasser de la douleur, qu'elle fut physique ou morale. Bref, on touchait à l'essentiel.
Pierre Chancel venait au dojo depuis trois ans. Pourtant, malgré son expérience, il souffrait encore de cette position contraignante qu'il devait garder durant les deux méditations d'une demi-heure chacune. Ses genoux et son dos lui faisaient mal. Et ses pensées le tourmentaient de plus belle.
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Le mokugyo, instrument en bois traditionnel, rythmait la fin des séances lorsque les pratiquants récitaient les sutras.
Le zazen, silencieux, finissait toujours par un joyeux brouhaha où les sons des bols chantants se mêlaient aux déclamations.
Si nombreux que soient les êtres, je fais voeu de les sauver tous.
Si nombreuses que soient les passions, je fais voeu de les vaincre toutes.
Si nombreux que soient les dharmas, je fais voeu de les acquérir tous.
Si parfaite que soit la voie de Bouddha, je fais voeu de la réaliser.
Pour certains, le dernier coup de gong était une délivrance. Pour d'autres, il sognifiait l'appréhension de revenir à la vie normale, au train-train quotidien plein de tout ce qu'on s'efforçait d'éloigner lors de ces rassemblements : le flot intarissable des pensées parasites, l'ego à l'origine de la souffrance, l'attachement aux valeurs matérielles.
Les grands maîtres d'antan qui finissaient par accéder au statut de bouddhas tant leur pratique était assidue, avaient passé le plus clair de leur temps dans la position du lotus, à méditer. La plupart avaient atteint le nirvana, la paix de l'esprit. Ils s'étaient débarrassés des trois poisons qui, depuis des millénaires, gangrènent notre civilisation : l'avidité, la haine et l'ignorance. Mais comment parvenir à un tel niveau de sagesse lorsqu'on n'était qu'un simple policier de province, confronté chaque jour aux turpitudes de ses semblables autant qu'à ses propres doutes ?
Chancel, comme bien d'autres, avait l'impression de perdre tout le bénéfice de cet enseignement dès qu'il ôtait son kimono.
- Ça n'a duré que quelques secondes mais je pense avoir compris ce qui fait l'intérêt de ces séances.
La jeune femme qui faisait ce constat s'adressait à Chancel.

Dharma : ensemble des lois de l'univers, enseignement de Bouddha.
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-Dans le dojo naît une émulation qui vous empêche de céder à la première fatigue, à la première douleur. Faire zazen ensemble, avec les autres, nous conduit à pratiquer la méditation comme si c'était la première fois.
- C'est joli. C'est de vous ?
- Non, de Taisen Deshimaru.
- Je suppose que c'est encore l'un de ces grands sages qui a passé sa vie dans la position du lotus ?
- Vous caricaturez, mais quelque part, vous n'êtes pas loin de la vérité. Il y a différentes écoles zen. La nôtre, le zen Soto, est d'origine japonaise. Ça, je ne vous l'apprends pas. Maître Deshimaru l'a implantée en Europe. Il a oeuvré au rapprochement des spiritualités d'Orient et d'Occident.
Sophie Lantier s'étira en grimaçant. La première séance s'étzit déroulée sans encombre. La seconde fut un véritable calvaire.
- Ça vous fait encore mal, pas vrai ? constata Chancel.
- Oui. Pourtant, je suis assez sportive. Je cours, je skie, je joue au tenmis.
- Je vous rassure tout de suite : ça fait des années que je pratique le zazen et c'est encore douloureux. Mais, comme disent les encadrants, et c'est l'un des aspects fondamentaux de l'enseignement, la souffrance ne doit être considérée que comme un phénomène.
- C'est-à-dire ?
- Vous la ressentez dans votre chair, c'est un fait. Mais il faut s'efforcer de l'appréhender comme ces pensées qui encombrent notre esprit. Ne pas se focaliser dessus. Il en va de même des nuisances sonores qui peuvent parfois perturber le zazen : les bruits de la rue, des gens qui parlent dans la pièce voisine, etc. On finit par s'y faire.
- Facile à dire. Je n'en suis pas encore là.
- Vous comprendrez tôt ou tard. On n'est pas là pour en baver. Un pratiquant de ma connaissance s'entêtait à faire zazen alors qu'il avait de sérieux problèmes articulaires. Çà s'est terminé par une tendinite aigüe. Sa démarche n'était pas bonne, puisqu'elle n'était guidée que par la fierté, autrement dit par l'ego. Il voulait à tout prix se prouver qu'il était capable d'y arriver, alors que sa mauvaise santé l'en empêchait.
- Quel mal à cela ? Pour moi, ce gars était plutôt courageux, non ?
- Bien sûr. Mais il n'était pas dans la Voie de l'oiseau.
- La Voie de l'oiseau ?
- Oui. C'est un chemin aléatoire, sans repères. Il représente l'état d'esprit dans lequel on doit être pendant zazen. C'est comme lorsque on fait kin hin : on ne marche vers aucun endroit en particulier, autrement dit, on ne poursuit pas un but spécifique. Comme le disait fort justement maître Dogen (1)
: "Sans trace aucune, le canard va et vient sur l'eau. Cependant, il n'oublie jamais son chemin."

(1). L'un des pères fondateurs de l'école zen qu' il introduisit au Japon au XIII° siècle sous sa forme la plus pure : shikantaza, qu'on peut traduire en ces termes : "seulement s'asseoir".
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Un samouraï pêchait le long d'une rivière. Il prit un beau poisson. Il s'apprêtait à le cuire, se réjouissant du festin à venir, lorsqu'un chat, tapi dans un buisson, bondit et lui vola son repas. Fou de rage, le guerrier sortit son sabre et se lança à sa poursuite. Il le rattrapa et le coupa en deux. Mais le remords d'avoir ôté la vie à cet animal le tenailla. Sur le chemin du retour, le bruit du vent dans les arbres semblait évoquer un miaulement. Ses pas sur le sol aussi. Même les gens qu'il croisait, amis ou inconnus, paraissaient lui dire "miaou". La nuit, il entendait le chat. Le jour, chaque geste, chaque pensée le ramenaient à son cri. Son obsession le torturait. Comme il ne pouvait en venir à bout, il se rendit dans un temple pour demander de l'aide à un vieux maître zen. Une fois qu'il lui eut raconté son histoire, le sage le toisa avec sévérité et lui dit : " Vous êtes un guerrier. Comment avez-vous pu tomber si bas? Si vous ne pouvez surmonter par vous-même cette épreuve, vous ne méritez plus de vivre. Vous n'avez d'autre solution que de vous faire hara-kiri. Cependant je suis moine et j'ai pitié de vous. Dès que vous aurez commencé à vous ouvrir le ventre, je vous trancherai la tête pour abréger vos souffrances. ". Le samouraï acquiesça. Malgré sa peur de la mort, il se prépara pour la cérémonie. Il s'agenouilla, prit son poignard à deux mains. Derrière lui, debout, le moine se préparait à le frapper. "C'est le moment. Allez-y.,", lui dit-il. Lentement, le guerrier posa la pointe du couteau sur son abdomen. C'est alors que le sage lui demanda: "Entendez-vous toujours des miaulements?."A la fois surpris et agacé d'entendre pareille question dans un moment aussi crucial, le samouraï répondit: "Pas maintenant ! Vraiment pas maintenant !." Le vieux reprit, en baissant son sabre : "Alors il n'est plus nécessaire de mourir."
Le commissaire et Sophie Lantier échangèrent un sourire complice. Lors du second zazen, les pratiquants avaient parfois droit à une histoire de cet acabit, censée souligner tel ou tel aspect de la pratique. Il s'ensuivait généralement un échange entre le godo et les adeptes sous forme de questions / réponses : le mondo.
Hortense, petite brune piquante d'une trentaine d'années, commenta:
- Cette histoire nous explique comment distinguer dans nos vies ce qui a de l'importance et ce qui n'en a pas. Au moment de la mort, plus rien ne compte. L'attention du samouraï, jusqu'alors absorbé par ses remords, n'est plus focalisée que sur le sort qui l'attend.
- C'est exact, reconnut le godo. Le samouraï sait que son heure est venue. Ici et maintenant. Il est dans l'instant présent. Son esprit est délivré de toute autre pensée.
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