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Rémi Pépin (Autre)Mathilde Helleu (Traducteur)
EAN : 9782360840502
64 pages
Inculte éditions (07/10/2020)
3.91/5   17 notes
Résumé :
Lorsqu'Emanuel Haldeman-Julius se noie dans la piscine de son jardin le 31 juillet 1951, il est perçu comme un homme fini. Accusé de communisme par la presse américaine et mis sous surveillance par le FBI de J. Edgar Hoover, il vient de perdre un procès pour évasion fiscale et risque la prison. Compte tenu de l'atmosphère qui prévalait en ces temps de guerre froide, on murmura dans les cours d'écoles qu'Haldeman-Julius avait été assassiné car il était un espion sovi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
J'adore ce type de petit livre qui me fait découvrir des personnages dont j'ignorais totalement l'existence. Et là, ce fut une sacrée découverte : pensez donc, l'inventeur du livre de poche, ce format si utile pour nous autres, lecteurs infatigables, aux porte-monnaies guère extensibles, aux mètres linéaires souvent limités et aux sacs de voyage usés à force de stocker des dizaines d'ouvrage pendant les vacances. Il est américain et voulait offrir la culture au plus grand nombre. Il a fait partie de ces socialistes américains, espèce rare et pourchassée avec hargne et volonté pendant des années (il suffit de se rappeler les listes noires du cinéma, avec le départ de Charles Chaplin, entre autres).

Mais avant ces tracas, Emanuel Haldeman-Julius a pu monter une affaire viable, aux côtés d'un journal partisan. Ainsi sont nés les « petits livres bleus ». On y trouvait aussi bien des classiques que des ouvrages engagés, des manuels de bricolage que des manuels de sexualité. Et, en cette époque puritaine, cela était fort utile. Et fort apprécié : les ventes s'envolent. D'autant que l'éditeur n'hésite pas à tordre les titres afin de les rendre plus attrayants : Boule de suif, de Guy de Maupassant devient Sacrifice d'une prostituée française tandis que La toison d'or de Théophile Gautier se transforme en À la recherche d'une maîtresse blonde. Et aussitôt, les ouvrages s'arrachent comme des petits pains ! Dans son souci d'universalisme, même s'il était parfaitement athée, il publiait également des textes religieux, voulant offrir à ses lecteurs le choix. Bel état d'esprit.

Sa maison d'édition était sise à Girard, dans le Kansas, pas vraiment une région rouge. Au contraire. Mais la ville possédait une forte population d'ouvriers venus d'Europe. Dont certains sympathisants de la cause socialiste. D'où ce choix jugé étrange au premier abord. Girard fut même considérée par la suite comme un ville permettant d'échanger des idées entre personnes aux parcours bien opposés : petits fermiers et libre-penseurs, mineurs et athées fervents.

Bien sûr, tout n'était pas parfait dans la vie d'Emanuel Haldeman-Julius. Surtout sa vie privée. Il finit par divorcer et se remarier, après de nombreuses aventures. Mais, surtout, des menaces pèsent sur lui. Ses idées ne plaisent pas à tout le monde et le climat se tend. Il aurait été menacé. Quoiqu'il en soit, et sans qu'on ait trouvé le moindre rapport, il meurt, noyé dans sa piscine, ne laissant qu'un message incompréhensible : « Si tu veux insulter un chien, laisse-moi renifler ton cocktail. » Impressionnant, non ? de quoi étayer bien des rumeurs. Mais rien n'en est sorti.

Rolf Potts, un journaliste américain, nous offre, avec La très mirifique et déchirante histoire de l'homme qui inventa le livre de poche une biographie partielle enlevée et utile. Les chapitres sont courts et efficaces, le style est alerte. Il multiplie les anecdotes, mais sans perdre de vue son but final : expliquer comment et pourquoi ce format d'ouvrage qu'est le livre de poche a été inventé et par qui. Hautement recommandable, donc !
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Little Blue Books ! Et oui les états nord- américains n'ont pas toujours étaient figés, lobotomisés, devant leurs écrans ! Il fut un temps où l'accès et la diffusion aux savoirs pour toutes et tous , et particulièrement pour celles et ceux qui en étaient écartés financièrement, étaient une noble et belle ambition, une mission. Ce projet fut porté et mené à bien par Emmanuel Haldeman- Julius et, c'est à souligner, par Marcet Haldeman-Juliust . En 1920, ce couple révolutionna la culture américain. Ces ouvrages, ces petits livres bleus, de prix très modestes, se diffusèrent dans tous les USA, et particulièrement dans les masses populaires. Ces livres " allaient paver le chemin de la révolution sexuelle, des luttes féministes et des revendications afro-américaines". Qui s'en souvient ? Les livres !! Les livres s'en souviennent ! Et c'est à nous toutes et tous, lectrices et lecteurs, qu'il appartient de transmettre l'histoire, de la faire vivre, pour que soient , quelque soit la noirceur des temps, la férocité du monde, protégés la liberté de penser et le libre accès à tous les savoirs.

Astrid Shriqui Garain

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Dans ce tout petit livre, les Editions Inculte nous proposent de découvrir un destin atypique et admirable, celui d'Emanuel Haldeman-Julius, inventeur des « Petits Livres bleus », premières éditions de poche de l'histoire. C'est en pleine Première Guerre Mondiale que ce journaliste inspiré décide, pour sauver sa publication en déclin, l'Appeal to Reason, de créer une « maison d'édition qui utiliserait les presses du journal pour imprimer des livres bon marché portant sur une variété de sujets intellectuels et de société. » Socialiste convaincu, il voit dans cette initiative l'opportunité d'offrir au peuple, aux innombrables ouvriers américains, une université de papier, l'occasion d'accéder à la culture – et de la garder à portée de main, dans sa poche de pantalon.

Totalement convaincue par ce format court, humoristique mais incroyablement riche, je me suis fait un plaisir de découvrir l'histoire, certes tragique et irrésolue, de cet homme d'affaires éclairé. Son entreprise de petits livres bleus a permis a toute une classe sociale délaissée jusqu'alors d'accéder à des informations essentielles sur la contraception et le sexe, mais aussi à toute une culture réservée aux riches à l'époque (littérature, pensées politiques, économie, religion, etc). Grâce à un marketing agressif et ingénieux, consistant notamment à changer les titres des oeuvres littéraires pour les rendre plus accessibles aux masses, il réussit à essaimer ses petits livres bleus dans tous les foyers d'Amérique – il faut dire que Sacrifice d'une prostituée française, c'est plus vendeur que Boule de suif !

La très mirifique et déchirante histoire de l'homme qui inventa le livre de poche est une lecture très instructive, qui m'a beaucoup appris en seulement 57 pages et que je recommande vivement à tous ceux qui s'intéressent à l'histoire du livre !
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Ce petit livre raconte la carrière d'Emanuel Haldeman-Julius qui, avec ses "Petits livres bleus", diffusa quelques 300 millions d'exemplaires de livres traitant de politique, comme de sexualité, de philosophie comme de littérature. le tout pour 5 cents pièce, dans les années 20.

Il voulait fournir "Une université sur papier", et promettait un niveau lycée pour 2,98 dollars.
Il commença par vendre ses livres 50 cents, mais devant le succès tomba à 10 cents. L'achat d'une nouvelle machine lui permit de baisser encore pour attendre les 5 cents.
Les ouvrages étaient courts et ne se voulaient pas esthétiques. Ils n'avaient peu ou pas d'illustrations. Et le bleu de leur couverture correspondait au papier le moins cher du marché.
Seul le contenu importait. Et la diffusion massive.

Si de grands idéaux l'animent, sa vie fut hautement bariolée. Ses méthodes ne faisaient pas l'unanimité, mais étaient d'une efficacité redoutable. Par exemple, en renommant régulièrement les ouvrages. "Boule de suif" se vendit trois fois plus en devenant "Sacrifice d'une prostituée française". "La dialectique éristique" connu un destin similaire une fois publié comme "L'art d'avoir toujours raison".

Il n'en reste pas moins qu'il diffusa de nombreux ouvrages à grand tirage sur des sujets non-traités ailleurs, sur les luttes féministes ou les revendications des africains-américains.
Un livre passionnant sur un personnage étonnant, parsemé de savoureuses citations de Haldeman-Julius.
Encore une belle trouvaille des éditions Inculte.
Un seul regret : c'est trop court !
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Je ne connaissais pas l'homme en question.
Les précurseurs et visionnaires et passionnés brillent, laissons les briller, arrêtons de les bafouer, de leur cracher dessus parce qu'on est médiocre. Parce que c'est toujours la même putain d'histoire, l'humain.
Et on l'oublie à chaque fois.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Haldeman-Julius se distingua des précédents entrepreneurs par son talent de promoteur, sa volonté de s'adapter aux besoins du lectorat et son sentiment indéfectible d'être investi d'une mission. En 1924, il fit l'acquisition d'un nouveau modèle de presse à cylindre pouvant produire 40 000 livres en huit heures, ce qui lui permit de réduire une fois de plus le prix de l'exemplaire à 5 cents - en limitant les dimensions à 9cm par 13 pour cinquante ou soixante pages, brochées dans une couverture imprimée sur le papier cartonné le moins cher du marché (qui se trouvait être bleu).
Haldeman-Julius finit par se lasser de cette couleur et se diversifier, mais l'association demeura : les volumes de la collection naissante, surnommés "Petits Livres bleus", le restèrent jusqu'à la fin.
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En 1927 [...], figuraient parmi les meilleures ventes Ce que toute femme mariée devrait savoir et Ce que tout homme marié devrait savoir, ouvrages aux titres euphemistiques guidant le lecteur sur les chemins de la santé et de la jouissance sexuelles. Le premier instruisait les femmes sur des sujets tels que les menstruations, la fréquence des rapports amoureux, la grossesse et la ménopause, tandis que le second rappelait aux hommes que "le clitoris est le siège principal du plaisir chez la femme", mais qu'il existe "plusieurs autres zones érogènes ayant une importance manifeste dans la stimulation des sensations". (38)
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À New-York, des distributeurs automatiques furent installés dans le métro. Haldeman-Julius envisagea même un temps de transformer des camions en librairies itinérantes destinées à la population rurale. (28)
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[slogan] Enfin les livres sont moins chers que les hamburgers ! (27)
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