Un magnifique recueil de poésie qui aide à se sentir bien ! Parfait pour les soirs de grisaille. Ce ne sont pas nécessairement les plus grandes poésies mais elles valent la peine d'être lues et en plus il y a de jolies illustrations
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Je t'apporte, ce soir, comme offrande, ma joie
D'avoir plongé mon corps dans l'or et dans la soie
Du vent joyeux et franc et du soleil superbe ;
Mes pieds sont clairs d'avoir marché parmi les herbes,
Mes mains douces d'avoir touché le coeur des fleurs,
Mes yeux brillants d'avoir soudain senti les pleurs
Naître, sourdre et monter, autour de mes prunelles,
Devant la terre en fête et sa force éternelle.
L'espace entre ses bras de bougeante clarté,
Ivre et fervent et sanglotant, m'a emporté,
Et j'ai passé je ne sais où, très loin, là-bas,
Avec des cris captifs que délivraient mes pas.
Je t'apporte la vie et la beauté des plaines ;
Respire-les sur moi à franche et bonne haleine,
Les origans ont caressé mes doigts, et l'air
Et sa lumière et ses parfums sont dans ma chair.
Émile VERHAEREN - Je t'apporte, ce soir, comme offrande, ma joie
Les fraises dans le plat de blanche porcelaine
Gardent la fraîche odeur de l’aube dans la plaine,
Des branches, de la mousse et des sources glacées.
Sur la nappe, j’ai mis ton bouquet de pensées
Et tandis que, les yeux pensifs, tu te recueilles,
Ce soir grave, je vois glisser entre les feuilles
La lune comme dans les vieilles élégies.
Un souffle tiède et pur caresse les bougies
Et berce la glycine et les roses blafardes
Et la tonnelle. Prends des fraises. Tu regardes
Au champagne doré le sucre se dissoudre ;
Le temps sur nos cheveux verse du sucre en poudre
Et j’aurai quelque jour de larges mèches blanches.
Mais qu’importe ! ce soir vers moi si tu te penches,
Sans crainte de l’automne et des feuilles rougies,
Et si pour mes baisers tu souffles des bougies.
Tristan Derème - La Verdure dorée.
La lumière est sur nous comme un buisson d'abeilles,
En nous vibre une vaste et vermeille rumeur,
Le monde recommence où nos âmes pareilles
Vont piller les vergers du bonheur :
Ce que les coeurs puissants ont rêvé de saisir,
La vie épanouie en gerbe jusqu'aux cimes,
La tendresse, l'éclair, les regrets, le désir,
Quels astres, quelles fleurs! fût-ce au bord des abîmes.
Violette Rieder - Bonheur