Les aventures des oeuvres littéraires antiques donnent le vertige.
Quand on lit
Virgile, on ne lit évidemment pas un original de ce poète, mais un texte qui a passé par de nombreuses mains.
En effet, avant que l'imprimerie ne fige à jamais une oeuvre (et encore…), c'est par l'écriture et la copie que la transmission se faisait, et cela pendant des siècles et des siècles.
Les copistes, même bien intentionnés, commettaient nécessairement des erreurs, des sauts de lignes, quand ils ne se mêlaient pas de « corriger » des erreurs, d'ajouter des variantes ou des commentaires, voire de censurer.
On peut dire que le copiste est le véritable auteur des textes.
Lisant un texte, il se l'approprie.
Malgré les illusions de certains philologues, même en remontant d'une copie à l'autre, on n'arrivera jamais à un original-source, à un ancêtre commun à tous les manuscrits conservés.
C'est cette histoire passionnante que raconte Luigi
Canfora dans cet ouvrage très savant, mais pas hermétique, qui nous engage aussi à nous poser de nombreuses questions quant à notre rapport avec la lecture et l'écriture.
Les éditions Anacharsis ont le mérite de rendre disponible en français ce « Copista come autore » déjà paru en 2002.