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EAN : 9782359491296
228 pages
Don Quichotte éditions (07/03/2013)
4.14/5   37 notes
Résumé :
Ce récit est l'histoire vraie d'un homme exceptionnel, d'un personnage de légende. Naoto Matsumura, tel un samouraï sans maître, a refusé en mars 2011 d'évacuer la zone interdite autour de la centrale explosée de Fukushima. Malgré le tsunami et l'apocalypse nucléaire, malgré les réacteurs qui, deux ans après, continuent de cracher de la radioactivité, il a choisi de rester sur la terre de ses ancêtres, dans sa ferme, auprès des quelques animaux encore vivants. Il es... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Le Dernier Homme de Fukushima est un livre à lire pour connaître la vérité sur la situation catastrophique du Japon et pour faire connaissance avec ce héros international qu'est devenu Naoto Matsumura.

Antonio Pagnotta est un photoreporter qui court après les zones interdites et les photos choc. Il est alors parti au Japon, pays qui le passionne, pour rencontrer un certain Naoto Matsumura. En mars 2011, après un séïsme et un tsunami, le Japon subit une troisième catastrophe consécutive avec l'explosion de réacteurs à la centrale nucléaire de la région de Fukushima. Les familles sont évacuées mais on leur demande de laisser leurs animaux derrière eux. Fukushima est une région très agricole ; on y trouve, avant l'accident nucléaire, des milliers et des milliers de vaches, de cochons et de poules. Les habitants des villes et villages condamnés laissent derrière eux leurs chats et leurs chiens ; les agriculteurs ont, pour certains, ouvert les enclos pour rendre sa liberté à leur bétail. Un homme, un seul, décide de ne pas quitter sa ville natale ; c'est un fermier d'une cinquantaine d'années qui reste seul, debout, dans la zone irradiée, contre le géant nucléaire japonais Tepco. Naoto Matsumura dévoue alors, depuis l'accident nucléaire, sa vie à apporter de la nourriture et de l'amour aux animaux abandonnés à leur triste sort. Enormément sont morts de faim, condamnés par le gouvernement à ne pas rejoindre leurs familles entassées dans des refuges improvisés et, normalement, provisoires. Matsumura verra alors beaucoup de vaches et de veaux mourir de faim et de soif dans leurs minuscules enclos ; c'est un crime. le fermier se lèvera également contre les autorités qui pénètrent dans la zone interdite pour euthanasier des troupeaux de vaches ; elles ne doivent pas mourir "pour rien". Naoto Matsumura, petit à petit, deviendra connu à travers la toile. Il fera un appel sur YouTube et récupérera des dons à travers le monde pour acheter les croquettes pour les chiens et les chats qui viennent toujours plus nombreux vers lui, accompagnés parfois de cochons ou d'autruches, ainsi que de la nourriture pour ses vaches et celles qu'il a prises sous son aile.

A travers son livre, Antonio Pagnotta nous décrit sa rencontre avec le héros japonais, le quotidien de celui-ci dans la zone hautement radioactive mais il dévoilera aussi les mensonges qui seront dits aux Japonais, des mensonges pour préserver l'économie d'un pays comme corrompu. Les pages regorgent alors de révélations émouvantes et outrageantes ; au fil des pages, les photos du reporter visibles sur Internet nous reviennent en mémoire comme une grande claque dans la figure : les cadavres des vaches dont l'agonie a été bien trop longue, les sourires malgré tout de Naoto Matsumura, le supermaché sens dessus dessous, les brioches de la boulangerie encore en parfait état, conservées par la radioactivité, les tas de morceaux de maison ou de véhicules qui ont été formés par-ci par-là, le tombeau immense de la famille du fermier qui occupait les terres aujourd'hui souillées depuis cinq générations...

Naoto Matsumura brave la mort ; pire que celle-ci, il y a le déshonneur et c'est ainsi qu'il tient debout la tête haute, tout en restant le même. Antonio Pagnotta, lui, a bravé les radiations pour rapporter dans sa valise des photos touchantes et choquantes et un récit qui dénonce. Impossible de ne pas s'émouvoir face au combat de Matsumura et de s'alarmer sur la situation qui promet une catastrophe sanitaire (cancers dus à la radioactivité dans l'air et dans la terre). Je ne m'attendais pas à une telle insouciance venant d'un pays si "carré" ; mais au fil des pages, on réalise à quel point le gouvernement choisit sans aucun remords de condamner des gens, des animaux, des villes, des villages et des paysages pour ne pas voir son système s'écrouler. On a (excusez le terme) envie de botter les fesses des Japonais dont les autorités se moquent. Réveillez-vous ! On vous tue à petit feu, on vous ment sur les taux de radiactivité présente dans l'air, on ne contrôle plus les aliments de vos enfants à la cantine, on laisse vos animaux de compagnie mourir sans aucun scrupule ! Quel inhumanité ! On prie, une fois le livre refermé, pour que quelqu'un finisse par payer pour tous ces crimes. En attendant, prions pour qu'une traduction de ce témoignage soit faite, pour que le monde entier et le Japon lui-même en apprennent encore plus que les choses qui leur sont déjà dites sur la toile.

Pour aller plus loin :
- les photos d'Antonio Pagnotta (quel regret qu'elles n'apparaissent pas dans le livre) : http://www.mediapart.fr/portfolios/photographe/antonio-pagnotta,
- la page Facebook dédiée à Naoto Matsumura : https://www.facebook.com/#!/pages/Naoto-Matsumura-Guardian-of-Fukushimas-Animals/182452015189991?fref=ts,
- le projet "Le dernier homme de Fukushima à Fessenheim" pour la venue de Naoto Matsumura en France en 2014 : http://www.ledernierhommedefukushimaafessenheim.com/.
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Un témoignage bouleversant.

Antonio Pagnotta, photoreporter, a bravé les interdictions et les radiations nucléaires pour rencontrer le seul homme resté dans la zone interdite de vingt kilomètres autour des centrales nucléaires de Fukushima après la catastrophe qui a fait suite au tremblement de terre et au tsunami le 11 mars 2011 : Naoto Matsumura.


Naoto Matsumura, la cinquantaine, qui partageait son temps entre son emploi dans les travaux publics et la ferme de sa famille, a refusé, en toute conscience de quitter la zone hautement contaminée de Fukushima. Plutôt que de subir une vie déracinée, d'un centre d'hébergement provisoire à un autre, plutôt que de supporter le regard discriminatoire de ceux qui ont eu la chance de ne pas être contaminés, il a choisi de retourner vivre à Tomioka, à quelques kilomètres des centrales nucléaires de Fukushima Daiichi et Daini.

Il vit désormais seul dans sa ferme, sans eau et sans électricité. Pour se nourrir, il consomme parfois des produits locaux mais depuis quelques mois, il privilégie les colis que des Japonais lui envoient.
Descendant d'un moine shinto, il s'est donné pour mission de venir en aide aux animaux domestiques, abandonnés lors de l'évacuation ou menacés d'abattage par les autorités, et de faire revivre sa terre natale en la décontaminant afin qu'elle soit un jour à nouveau habitable.


Dans ce livre très documenté, l'auteur nous raconte l'aventure de Naoto Matsumura et les trois séjours qu'il a effectués, entre juin 2011 et novembre 2012, dans la zone interdite. Il y révèle des informations très précieuses concernant la catastrophe et ses suites : l'omnipotence de TEPCO qui « Nonobstant un empire industriel et de milliards de yens de bénéfices ces quarante dernières années, […] obéissait à la première et unique règle du capitalisme sauvage : les bénéfices sont privés, mais les pertes doivent être assumées par la collectivité. », les fausses mesures du METI -Ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie japonais-, la distribution d'iode retardée, le trafic de voitures contaminées, les policiers et les employés de TEPCO sacrifiés parce qu'ils travaillent dans la zone hautement contaminée,…
Il montre aussi comment l'attitude des uns et des autres est liée à différents aspects de la tradition ancestrale japonaise et nous permet de mieux comprendre les liens particuliers entre les différents pouvoirs de la société japonaise.


Une lecture qui provoque à la fois l'effroi par rapport aux conséquences d'une catastrophe nucléaire et à la désinformation dont sont victimes les populations et l'admiration face au courage de ce fermier qui « Dans un acte insensé de résistance, motivé par une légitime colère, [...] a choisi les radiations plutôt que la soumission. » et à celui d'un journaliste qui a pris des risques pour porter son témoignage aux yeux du monde.


Pour retrouver les photos de Naoto Matsumura et des environs Fukushima par Antonio Pagnotta publiées sur le site de Mediapart...
Lien : http://www.mediapart.fr/port..
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Après la catastrophe nucléaire de Fukushima, la population a été obligée d'évacuer la zone. Seul un homme refuse de partir. Malgré le risque encouru qu'il connait parfaitement, il a décidé de continuer à vivre seul dans sa ferme pour s'occuper des animaux abandonnés par les hommes et destinés à être tués. Il sait que son corps est complètement irradié mais souhaite tout de même garder un soupçon d'espoir et d'humanité.
Alors il va essayer de lutter, pour la vie, contre le césium mais aussi contre ceux qui n'approuvent pas ses opinions. Car il s'agit du Dernier Homme de Fukushima mais aussi de celui qui dérange, celui qui peut témoigner de ce que l'on cherche à cacher et à faire oublier.
Un beau documentaire très dur, mais aussi un soupçon d'espoir avec quelques anecdotes comme sa rencontre avec une autruche. Une belle leçon de vie.
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Le 11 mars 2011 la vie de Naoto Matsumura a été anéantie. Antonio Pagnotta, à travers un livre bouleversant, nous fait vivre le destin de cet homme simple, qui par amour de sa ferme et des animaux, par respect de sa culture et de ses valeurs, n'a pas voulu abandonner sa terre. Il brave l'interdit et se condamne non par héroïsme mais pour l'humanité.
Au-delà du récit de cet homme admirable, l'auteur, qui lui aussi, dans son besoin et désir d'informer prend tous les risques, retrace la catastrophe de Fukushima de manière très précise : les mensonges des autorités, la solitude et le désarroi des populations face au désastre, l'omnipotence de l'entreprise Tepco, l'incapacité à décontaminer...
A l'issue de la lecture de ce livre, une question se pose : que ferions-nous, quel choix prendrions-nous si nous devions vivre un tel événement ?
Nathalie B
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L'énergie nucléaire est une affaire d'homme.
Devant la toute puissance d'une élite un homme se dresse, Naoto Matsumura, incarnation de la résistance contre les mensonges de la société chargée des centrales atomiques Tepco (Tokyo Electric Power Company) et contre l'avilissement de son cadre de vie. Tel le chien de Hachiko qui durant 20 ans vint attendre son maître à la sortie de son travail alors que celui-ci était mort, Naoto attend le retour de sa terre humiliée par la catastrophe nucléaire. Il entretien le faible rayon de vie en s'occupant des animaux domestiques délaissés et affamés. Il entraine dans son combat des scientifiques ainsi que des politiques. le 4 mars 2012, fut un moment important. Il participera à la cérémonie de la purification de la zone interdite au temple bouddhiste de Zen-Kochi. L'harmonie chère aux japonais pourrait à nouveau se laisser contempler.
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critiques presse (1)
LaPresse
21 juin 2013
Entre essai et journalisme, le résultat est parfois troublant, souvent surréaliste. Devenu une sorte de François d'Assise, Matsumura vit aujourd'hui en ermite, sans eau potable et sans électricité, ses seuls compagnons se limitant à une centaine de vaches, de chiens, de chats et d'autruches rescapés du désastre.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
La trahison de l'élite était grave, mais l'étincelle qui avait déclenché sa colère était la perte du sens des mots et du sens de la parole. Il s'en était rendu compte en se souvenant du porte-à-porte de Tepco. La confiance donnée avait été trahie avec une totale absence de sentiment. C'était cet élément anodin, cette froideur qui allait déclencher son mouvement de résistance. Le manque d'humanité allait produire une infinité de drames. Le premier serait l'irradiation inéluctable des personnes, puis la trahison involontaire du pacte de solidarité avec les animaux. Contre Tepco et les fonctionnaires gouvernementaux, Matsumura allait personnifier la compassion pour les hommes et les animaux irradiés. Puis leur courroux.
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Tel Faust, nous avons vendu notre humanité pour le confort fourni par le nucléaire et la paix qu'il assure. Par incapacité d'empathie envers le vivant présent et futur, nous avons aussi hypothéqué sur les générations futures. Sur elles, pourtant, nous n'avions aucun droit. Dans un certain sens, et même dans tous les sens, c'est un crime contre l'humanité.
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Doués pour l'organisation collective, le perfectionnement maniaque des méthodes et l'obsession du travail infime, les Japonais sont beaucoup trop appliqués, trop occupés par leur routine, pour envisager l'imprévu. Par dégoût culturel, une forme de superstition populaire, ils rechignent à imaginer des scénarios d'accidents majeurs, parce qu'ils craignent, ainsi faisant, de les provoquer.
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Nonobstant un empire industriel et de milliards de yens de bénéfices ces quarante dernières années, Tepco obéissait à la première et unique règle du capitalisme sauvage : les bénéfices sont privés, mais les pertes doivent être assumées par la collectivité.
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L'idéogramme "shinto" se compose de deux termes et veut dire "la voie des dieux". De quelle façon le décrire, si ce n'est en reprenant les mots de Jean Herbert, l'orientaliste français, expert d'hindouisme et féru de shinto : "Cette religion est une philosophie universelle de la nature", et le kisuna son messager.
Le shinto est le culte de la nature, le respect de celle-ci et l'admiration de sa beauté sont la foi des Japonais.
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