Le Dernier Homme de Fukushima est un livre à lire pour connaître la vérité sur la situation catastrophique du Japon et pour faire connaissance avec ce héros international qu'est devenu Naoto Matsumura.
Antonio Pagnotta est un photoreporter qui court après les zones interdites et les photos choc. Il est alors parti au Japon, pays qui le passionne, pour rencontrer un certain Naoto Matsumura. En mars 2011, après un séïsme et un tsunami, le Japon subit une troisième catastrophe consécutive avec l'explosion de réacteurs à la centrale nucléaire de la région de Fukushima. Les familles sont évacuées mais on leur demande de laisser leurs animaux derrière eux. Fukushima est une région très agricole ; on y trouve, avant l'accident nucléaire, des milliers et des milliers de vaches, de cochons et de poules. Les habitants des villes et villages condamnés laissent derrière eux leurs chats et leurs chiens ; les agriculteurs ont, pour certains, ouvert les enclos pour rendre sa liberté à leur bétail. Un homme, un seul, décide de ne pas quitter sa ville natale ; c'est un fermier d'une cinquantaine d'années qui reste seul, debout, dans la zone irradiée, contre le géant nucléaire japonais Tepco. Naoto Matsumura dévoue alors, depuis l'accident nucléaire, sa vie à apporter de la nourriture et de l'amour aux animaux abandonnés à leur triste sort. Enormément sont morts de faim, condamnés par le gouvernement à ne pas rejoindre leurs familles entassées dans des refuges improvisés et, normalement, provisoires. Matsumura verra alors beaucoup de vaches et de veaux mourir de faim et de soif dans leurs minuscules enclos ; c'est un crime. le fermier se lèvera également contre les autorités qui pénètrent dans la zone interdite pour euthanasier des troupeaux de vaches ; elles ne doivent pas mourir "pour rien". Naoto Matsumura, petit à petit, deviendra connu à travers la toile. Il fera un appel sur YouTube et récupérera des dons à travers le monde pour acheter les croquettes pour les chiens et les chats qui viennent toujours plus nombreux vers lui, accompagnés parfois de cochons ou d'autruches, ainsi que de la nourriture pour ses vaches et celles qu'il a prises sous son aile.
A travers son livre,
Antonio Pagnotta nous décrit sa rencontre avec le héros japonais, le quotidien de celui-ci dans la zone hautement radioactive mais il dévoilera aussi les mensonges qui seront dits aux Japonais, des mensonges pour préserver l'économie d'un pays comme corrompu. Les pages regorgent alors de révélations émouvantes et outrageantes ; au fil des pages, les photos du reporter visibles sur Internet nous reviennent en mémoire comme une grande claque dans la figure : les cadavres des vaches dont l'agonie a été bien trop longue, les sourires malgré tout de Naoto Matsumura, le supermaché sens dessus dessous, les brioches de la boulangerie encore en parfait état, conservées par la radioactivité, les tas de morceaux de maison ou de véhicules qui ont été formés par-ci par-là, le tombeau immense de la famille du fermier qui occupait les terres aujourd'hui souillées depuis cinq générations...
Naoto Matsumura brave la mort ; pire que celle-ci, il y a le déshonneur et c'est ainsi qu'il tient debout la tête haute, tout en restant le même.
Antonio Pagnotta, lui, a bravé les radiations pour rapporter dans sa valise des photos touchantes et choquantes et un récit qui dénonce. Impossible de ne pas s'émouvoir face au combat de Matsumura et de s'alarmer sur la situation qui promet une catastrophe sanitaire (cancers dus à la radioactivité dans l'air et dans la terre). Je ne m'attendais pas à une telle insouciance venant d'un pays si "carré" ; mais au fil des pages, on réalise à quel point le gouvernement choisit sans aucun remords de condamner des gens, des animaux, des villes, des villages et des paysages pour ne pas voir son système s'écrouler. On a (excusez le terme) envie de botter les fesses des Japonais dont les autorités se moquent. Réveillez-vous ! On vous tue à petit feu, on vous ment sur les taux de radiactivité présente dans l'air, on ne contrôle plus les aliments de vos enfants à la cantine, on laisse vos animaux de compagnie mourir sans aucun scrupule ! Quel inhumanité ! On prie, une fois le livre refermé, pour que quelqu'un finisse par payer pour tous ces crimes. En attendant, prions pour qu'une traduction de ce témoignage soit faite, pour que le monde entier et le Japon lui-même en apprennent encore plus que les choses qui leur sont déjà dites sur la toile.
Pour aller plus loin :
- les photos d'
Antonio Pagnotta (quel regret qu'elles n'apparaissent pas dans le livre) : http://www.mediapart.fr/portfolios/photographe/antonio-pagnotta,
- la page Facebook dédiée à Naoto Matsumura : https://www.facebook.com/#!/pages/Naoto-Matsumura-Guardian-of-Fukushimas-Animals/182452015189991?fref=ts,
- le projet "
Le dernier homme de Fukushima à Fessenheim" pour la venue de Naoto Matsumura en France en 2014 : http://www.ledernierhommedefukushimaafessenheim.com/.