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EAN : 9782738443878
76 pages
Editions L'Harmattan (03/05/2000)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Le triptyque " recherche, coopération, développement " a été un des fers de lance de la politique française pendant plusieurs décennies. Dans un monde et une France changeants, cette action s'essouffle et dérape. Economiquement dans le peloton de tête des pays développés mais devenue une puissance moyenne, la France s'essouffle à coller à certains de ses modèles, fussent-ils glorieux, hérités du passé. Or les changements internationaux et l'évolution de la France co... >Voir plus
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Autrefois (jusque vers 1975), les institutions sur l'outre-mer avaient une fonction dans un dispositif à l'étranger de la France. Leur fonction était de présence. Quoi qu'il fasse, le professionnel de ces instituts en poste à l'étranger systématiquement, avait une "mission": être présent et concourir à la présence française. La recherche n'était que le sous-produit de cette logique fondamentale. La recherche outre-mer était intellectuellement facile car encore au stade de l'inventaire. Très souvent les sciences sociales avaient été accaparées par des 'anciens de la FOM', (Ecole d'administration de la France d'outre-mer), marginaux parmi les coloniaux et férus de terrain. Dans l'éventail de l'effort de recherche français, certains organismes recueillaient des "faits" (l'ORSTOM...), d'autres effectuaient des "expérimentations" (IRHO...). Les autres instruments de recherche français et internationaux le relayaient vers le "fondamental" (CNRS, Université...) ou l' "appliqué" (SEDES, BDPA...).
Aujourd'hui, la situation est fort différente et sur le plan politique et sur le plan scientifique. Sur le plan politique, les Etats sur tiers monde ont étoffé leurs administrations et de nombreux jeunes de qualité se dirigent vers le secteur de la recherche. Sur le plan scientifique, on ne fait plus de science avec seulement des données. Les grands inventaires de base sont achevés et une recherche dans le Fouta-Djanlon, dans le Durango ou en Bourgogne répondent aux mêmes critères internationaux de problématique, de sérieux, de technologie, d'analyse. Il n'y a plus de science au rabais. L'instrumentation moderne et l'accès aux bases de données et de bibliographie on fait s'effondrer les féodalités. La multiplicité des arènes internationales fait que même si vous êtes brouillé à mort avec le grand patron de tel sujet/tel terrain, vous pourrez quand même étudier et produire, ce qui il y a trente ans était inconcevable, sauf au prix de sacrifices inouïs dont nous avons eu certes quelques exemples.
Les chercheurs spécialisés sur "l'outre-mer" ont, en quelque décennies, totalement perdu leur légitimité scientifique: leur production manquait de sérieux au regard des critères qui devenaient ceux de la communauté mondiale. Attachés à produire des "faits", ils restaient trop longtemps sur le même capital de connaissances (celui qu'ils avaient acquis à la fin de leurs études, agrémenté de quelques petites lectures). Estimés de bien connaître, et de première main, des endroits sur lesquels on ignorait tout, et gratifiait d'autant, ils se croyaient à l'abri, bien à l'abri. C'était une situation qui arrangeait un peu tout le monde, le spécialiste de l'outre-mer d'abord, les autres scientifiques ensuite, qui obtenaient à bon prix des données qu'ils recyclaient dans le processus international de la connaissance. Ce temps est fini, d'où la revendication faite par les personnels: que leurs organismes deviennent des EPST, établissements publics scientifiques et techniques, à l'image du CNRS. Mais ils n'en conservaient pas moins sans vergogne leurs chasses-gardées tropicales dont ils savaient qu'ils ne pouvaient assumer le développement des connaissances. Or, il et complètement absurde et scientifiquement pernicieux de remettre aux mains d'un sous-groupe spécialisé la responsabilité de la coopération scientifique car cette "compétence d'outre-mer" ne motive plus personne, même dans les pays en développement, qui ne s'intéressent qu'à la compétence scientifique. Par ailleurs, le coût de cette plaisanterie est très élevé.
Sur le plan administratif, les avantages qui étaient liés à une "expatriation" étaient légitimés par des difficultés climatiques, un isolement pernicieux et une inscription dans une pratique administrative. Cela est aujourd'hui complètement obsolète. En 1964, il y avait un seul statisticien sénégalais, cinq ans plus tard, une dizaine... Ouagadougou ou Bamako, fins de lignes de chemins de fer décrits comme des petites bourgades par Albert Londres, sont devenus des carrefours internationaux. Par se trouver isolé, indépendamment des difficultés économiques que connaissent nos collègues de pays défavorisés, il faut y mettre de la bonne volonté. Les pays du Sud ne sont plus, sur le plan sanitaire, dans des situations dirimantes: les communications aériennes, la climatisation généralisée pour la zone intertropicale ont considérablement changé le quotidien "colonial" tel que décrit par des gens comme Joseph Conrad, Céline ou Georges Simenon.
Le décalage entre le bien-fondé politique et la nature du fonctionnement réel de certains opérateurs institutionnels amène les acteurs à de l'équilibrisme juridico-financier: c'est ainsi que l'objet des dépenses est évacué au profit de la réalisation administrative de la dépense.
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