Tisser des liens, tout est là. Gros et beau livre à la découverte d'une civilisation perdurant depuis des millénaires. L'urgence et la précarité de leur situation actuelle met en relief, encore plus, la précieuse culture Kogi et leur système de pensée en lien total entre monde matériel et monde spirituel. L'association Tchendukua permet de racheter des terres pour leur rendre leurs lieux de vie d'où ils sont sortis, leurs sites sacrés, leur permettre non seulement de survivre mais aussi de transmettre leur vision de l'univers, qui présente bien des similitudes avec l'approche bouddhiste. Philosophes de montagne, autonomes, agriculteurs, danseurs... autour du chamane, du Mamu, et dans un esprit de tissage constant, décentralisé, en réseau, physique, vestimentaire, social, spatio-temporel, psychique et mystique.
Des compléments seront nécessaires pour entrer en profondeur dans la culture des Kogis, ici les photos sont superbes et tous les registres sont abordés, mais pas forcément tous creusés (et c'est frustrant). L'achat de ce livre, ou l'opération Carré vert (pour rendre donc des terres de la Sierra), ou d'autres ouvrages ou DVD, tout cela consistue, plus qu'une lecture ou une visite, une action à mener.
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Arrêtons-nous sur cette notion de partage du sens. Elle est essentielle pour les Kogis. Rien ne doit se faire sans partage du sens à l'échelle de la communauté. Partager le sens, c'est créer les conditions pour faire vivre la solidarité.
Agir, c'est créer une solution qui ait le sens voulu et accepté par tous. Si les Kogis, sans ingénieur, technicien, qualiticien ou chef de chantier, savent construire et faire durer un pont dans des conditions défiant les normes de nos experts et ceci, depuis bien avant Christophe Colomb, nous devons nous interroger, non pas sur la prouesse technique, mais sur ce qui la sous-tend : la solidarité, en tant que forme d'intelligence collective, au sens de compréhension et appropriation d'une même solution par tous.
Il y a tant de maisons, tant d'immeubles, tant de voitures, de routes et de bruits chez vous... Qui peut encore entendre quelque chose ?
Miguel Dingula, Mamu kogi
Le CERA a invité Eric Julien pour parler des indiens Kogis : Les gardiens de la planète.
Eric Julien, géographe (DEA) et diplômé en Sciences Politiques, a complété son parcours par une Maîtrise des Sciences et Techniques de la Communication (MSTC) et un DESS Informatique et Systèmes Multimédias.
En 1997, il a créé le réseau « Nouveaux territoires », associations de consultants spécialisés dans l’ingénierie du changement et la création de nouveaux paradigmes.
Eric Julien, également accompagnateur de montagne, fut sauvé d’un oedème pulmonaire par les Indiens Kogis à plus de 5000 mètres d’altitude alors qu’il découvrait leur territoire au cœur de la Colombie.
Il y reviendra des années plus tard et oeuvre désormais à plein temps pour faire connaître la cause des Kogis en fondant une ONG, Tchendukua – Ici et Ailleurs, spécialisée dans l’accompagnement des peuples « racines » et la préservation / reconstitution de la Biodiversité, plus particulièrement en Amérique du Sud Soutenue, entre autre, par Pierre Richard et Edgar Morin, l’association a racheté et rendu aux Kogis près de 2000 hectares de Terre.
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