Les bras tendus, les ongles longs et pointus, l'expression figée d'une terreur blanche sans nom sur le visage,
la créature s'apprêtait à saisir la vie de la belle innocente de porcelaine, l'emporter vers son au-delà.
Se voilant dans sa cape d'ombre, les crocs prêts à se planter dans la chair d'albâtre, elle....
..coupé !!! Clap !
Le réalisateur von Merhart venait de saisir son instant sublime de frisson. Un épisode qui aurait été immortalisé sur grand écran par le talent de son acteur phare « Morbide » et celui de la comédienne "Porcelaine".
Il y avait là un succès incontestable, au même titre que "le Boucher aveugle » et son célèbre « mouchoir ensanglanté », les gouttes de sang auraient perlé le long du cou de la pauvre enfant et les gouttes de sueur des spectateurs auraient suivi pris par l'ambiance, au rythme sentencieux du piano. C'était parfait.
Pourtant, ce succès s'est évaporé, avant même d'avoir vu le jour, avec l'incendie des Studios von Merhart. L'acteur Morbide fut accusé de l'acte criminel, ainsi que de l'assassinat du réalisateur lui-même. Quelle tragédie!
Deux traces rouges ponctuaient le cou du pauvre von Merhart.
Les jumeaux « Traîne-malheur » n'aurait imaginé film plus épouvantable, ce n'était pas là un scénario pour les enfants.
Oui, mais nous sommes à Sinistreville et le pire est à venir.
Les pauvres Greta et Feliks comprirent rapidement leur malheur suivant leur rencontre avec l'équipe de cinéma, dont faisait parti jadis leur tante Gisela. A l'émerveillement des coulisses suivit l'horreur.
Peu après, la Tante Gisela gisait toute aussi raide que le pauvre van Merhart.
Une ombre maléfique planait sur le studio. Sinistreville était un sinistre endroit où les faits divers pleuvaient à grosses gouttes.
La richissime auteure Olga van Veenen apparut fort heureusement comme l'ange de la providence et extirpa les jumeaux au surnom misérable du centre de redressement, là où l'on plaçait vite fait bien fait les orphelins à Sinistreville.
A eux la résidence luxueuse, les macarons savoureux et autres mets délicieux. Il n'y avait pas de règles avec Olga, pas d'emploi du temps, ni de devoirs, sauf si les jumeaux le demandaient.
D'un claquement de doigts, les petits s'engraissaient de friandises à n'en plus finir...mais !
Attendez ! Cela me rappelle un conte ça ?!
: « Les jumeaux Traîne-malheur » est le tome deux de cette série rétro d'épouvante et d'aventure que sont les affreusement sombres histoires de Sinistreville.
Deux nouveaux héros juvéniles au coeur d'une nouvelle intrigue tortueuse et humoristiquement sombre, imaginés par Christophe William Hill.
Si vous aviez apprécié il y a quelques années « les désastreuses aventures des orphelins
Baudelaire », cramponnez-vous à votre fauteuil jeunes lecteurs (tenez tout de même votre roman d'une main!) car cet auteur monte d'un cran dans l'humour noir désopilant.
Un vrai second degré du frisson qui se savoure. Les malheurs et les morts tombent avec dérision et les ados en riront tellement l'absurde est roi.
Comment peut-il exister un endroit comme Sinistreville, un endroit de conte de fée à l'envers où les gens vivent heureux jusqu'à ce que le couperet tombe sur ce petit bonheur insolent.
A la différence de l'univers gothique de « Hubert très, très méchant », vivant dans la même ville mais dont on ignore si ils sont contemporains, les jumeaux Traîne-malheur offre un cadre année 20 reconnu aux descriptions appréciables et à l'élément fabuleux du cinéma muet d'épouvante.
Les petits se seraient bien crus dans une fiction tant les choses se précipitent de mal en pis, une version cauchemardesque de nuité d'enfants. L'univers de Olga Va Veenen contraste nettement, lumineux, avec le luxe et les gourmandises, cela nous rappelle l'île aux plaisirs et son parc d'attraction de Pinnochio ou la maison de pain d'épice de la sorcière de Hansel et Gretel. La tentation est grande de se laisser dans l'oisiveté par tant de douceurs et pourtant Greta et Feliks, qui ont conservent une bonne éducation de feu leur tante Gisela chérie, ne sont pas rassurés par tant de laissez-aller et de dilletantissme. Cela cache quelque chose, cette Olga n'est pas très douée avec les enfants ou s'intéresse peu à une éducation qui doit les faire pousser droit.
de plus, Valentin le majordome, rappelant lui-même le majordome de la « famille Adams », ne se montre pas des plus chaleureux. Et si Olga, jeune et belle « Cruella Deville », avait d'autres projets pour les jumeaux ? Et si la vague de crimes avaient un rapport avec Olga? La suspicion ne cesse de gagner les jumeaux qui ne savent où tourner la tête, à qui faire confiance tellement Sinistreville est un lieu corrompu par la félonie.
Si la préférence en revient au premier volume personnellement, ce titre propose un bon moment de divertissement qui ne se prend pas au sérieux pour les jeunes amateurs d'horreur .